dimanche 12 mars 2017

Logan (2017)

Titre : Logan

Date de sortie française : 1er mars 2017

Réalisateur : James Mangold

Scénario : Scott Frank, James Mangold et Michael Green d'après le comic-book Old Man Logan

Photographie : John Mathieson

Montage : Michael McCusker et Dirk Westervelt

Musique : Marco Beltrami

Durée : 2h15

Avec : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Stephen Merchant, Elizabeth Rodriguez, Richard E. Grant, Eriq La Salle, Elise Neal

Synopsis Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui. (Source : Premiere.fr)


Mon avis


Si les films super-héroïques occupent aujourd'hui une place majeure dans le paysage cinématographique hollywoodien, cela n'a pas toujours été le cas. Richard Donner et Tim Burton avaient réalisé d'excellentes choses avec Superman et Batman respectivement mais il a fallu attendre l'an 2000 et le X-Men de Bryan Singer pour que le genre se développe véritablement et entre dans une nouvelle ère.
Dix-sept ans plus tard, il est triste de constater que la qualité s'est drastiquement détériorée : Disney/Marvel préférant la quantité à la qualité et Warner/DC leur emboîtant le pas, à croire que c'est un concours de qui fera le plus mauvais film.

Il ne faut cependant pas oublier qu'il y a encore des survivants du X-Men de Singer et le plus emblématique est certainement Wolverine, interprété depuis 17 ans par Hugh Jackman qui a connu la gloire grâce à ce rôle.
Ce filon a très vite été exploité par la Fox, studio à l'origine de tous les films de la franchise, qui sort en 2009 X-Men Origins : Wolverine, un film raté dans les grandes largeurs et dont le flop annulera pendant un long moments d'autres projets d'origin stories autour des mutants.
L'arrivée de James Mangold pour Wolverine : Le Combat de l'immortel, en 2013, s'était soldé par un film très imparfait, typique d'un studio qui ne laisse pas carte blanche à son réalisateur, qui plus est plutôt talentueux.

Logan était donc la dernière chance d'offrir une sortie digne de ce nom à Hugh Jackman pour sa dernière apparition dans le rôle. Le film ayant reçu l'accord de la Fox pour être classé Rated R aux Etats-Unis (le succès de Deadpool ayant beaucoup aidé en ce sens) et James Mangold ayant bénéficié d'une liberté bien plus importante que pour Le Combat de l'immortel, le film s'annonçait très prometteur et il s'agit en effet d'une très belle réussite !


Le film nous plonge en 2029 (donc après n'importe quel film X-Men) où l'on retrouve un Logan vieilli, dont les pouvoirs s'amenuisent, à une époque où les mutants sont proches de l'extinction. Logan passe ses journées en tant que chauffeur et se procure en douce des médicaments pour soigner un professeur Charles Xavier (Patrick Stewart) proche de la sénilité et en proie à des crises pendant lesquelles il perd le contrôle de ses dons de télépathie, ce qui a des effets dévastateurs. Considéré comme le cerveau le plus dangereux du monde, le Professeur X est donc gardé par Logan à l'écart de la société, dans une zone désert proche de la frontière Mexicaine. L'irruption d'une petite fille ayant des pouvoirs similaires à Logan et poursuivie par le gouvernement va pousser ce dernier à entreprendre un road trip très dangereux pour l'emmener en sécurité.

S'il semble utile de rappeler les enjeux, c'est essentiellement parce que nous somme cette fois-ci vraiment en présence d'un film de James Mangold avant tout, le réalisateur de Walk the Line nous emmenant au cœur d'un neo-western crépusculaire où les héros de jadis ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, vieillis et courbés, à la manière d'une véritable fresque peckinpahesque !
L'ambition de Mangold est manifeste, faire autre chose, aborder le genre super-héroïque d'une manière bien plus violente et désenchantée. Car oui, Logan est violent, il y a du démembrement, ça parle crûment mais ce n'est jamais gratuit car c'est avant tout la société qui est violente.

Les thématiques brassées par le film sont multiples : le rapport à la vieillesse, à la maladie, à la famille, le combat contre soi-même. Ce dernier aspect est d'ailleurs un des éléments importants de l'intrigue qui se transforme pour le coup en Combat du mortel, contrairement à son prédécesseur. L'adamantium greffé au squelette de Logan, commence à l'empoisonner tel un cancer (parallèle intéressant à faire quand on sait que Hugh Jackman doit lui-même faire face à cette maladie). Il doit donc se battre contre ceux qui les pourchassent mais avant tout contre lui-même, jusqu'au point d'en arriver à affronter son propre double, métaphore assez peu subtile mais qui fait sens.


James Mangold brasse avec un certain talent plusieurs genres, que ce soit le western évidemment, avec d'ailleurs une référence explicite à L'homme des Vallées perdues auquel il emprunte certaines thématiques, le post-apocalyptique (Mad Max n'est jamais loin), le road-trip ou le drame. Tout ceci se mélange pour donner un film vraiment singulier qui ne parle pas tant de super-héros mais plus de mythes déchus qui ne sont plus à leur place dans la société et qui effectuent un dernier baroud d'honneur (la comparaison précédente avec Sam Peckinpah n'est donc pas tirée par les cheveux, c'est un schéma que l'on retrouve souvent chez lui, ne serait-ce que dans La Horde Sauvage).

Ces figures vieillissantes, ce sont Logan et Charles, les derniers représentants du X-Men de Bryan Singer qui vivent toujours la même relation professeur-élève qui jongle entre le profond respect et la chamaillerie. Le symbole d'espoir est, de manière assez paradoxale quand on connaît son histoire, la jeune Laura (Dafne Keen dans son premier rôle au cinéma) qui représente, elle, le futur, le prolongement de Wolverine et des mutants dans leur ensemble.
Les relations tissées entre ces trois personnages sont particulièrement réussies et trouvent leur point d'orgue lors d'une scène de repas, probablement la plus belle du film, durant laquelle il y a une sorte de tentative de reconstruction de la cellule familiale. C'est simple, beau et c'est certainement le moment le plus posé du film. Toute la symbolique du dernier repas prend d'ailleurs un sens très premier degré suite au destin funèbre de certains des personnages...

L'intrigue se concentrant quasi-totalement sur ce trio, le revers de la médaille est que les personnages secondaires sont trop effacés pour être réellement intéressants à l'image de Donald (Boyd Holbrook), antagoniste de fonction, trop anecdotique pour être véritablement menaçant. Mais est-ce réellement un défaut quand, un acteur comme Hugh Jackman irradie l'écran en face ? On vous laissera juges...


Logan, c'est également l'occasion pour James Mangold de se réaffirmer comme étant un réalisateur vraiment intéressant et de nous conforter dans notre idée que Le Combat de l'immortel n'était qu'une erreur de parcours due aux volontés de la Fox. L'ancien protégé de Milos Forman sait composer ses cadres et instaurer une véritable ambiance dans son long-métrage, aidé, il est vrai, par l'excellent travail photographique de John Mathieson, collaborateur occasionnel de Ridley Scott au demeurant.
La lisibilité de sa mise en scène, notamment lors des séquences de combat, est également à signaler, surtout que la violence arrive par pics et qu'elle n'est jamais gratuite, le véritable combat se déroulant dans le corps même de Logan.

On retrouve en plus enfin un Marco Beltrami inspiré, même si ses compositions se retrouvent souvent en retrait. Un grand pas en avant pour un compositeur talentueux mais bien trop souvent embarqué dans des blockbusters insipides (pour ne pas utiliser d'autre terme).
Pourtant, et de manière finalement assez logique, c'est sur du Johnny Cash que se termine Logan, tel un clin-d'oeil de Mangold à cet artiste qu'il apprécie particulièrement et qui aura si bien chanté la douleur.

Finalement, Logan ce n'est ni plus ni moins que le meilleur film de super-héros depuis Days of Future Past et l'exemple parfait de ce que peut faire un réalisateur compétent lorsqu'on le laisse faire son film selon sa vision.
Encore plus même qu'un simple film de super-héros, Logan est avant tout un film de James Mangold avec son visuel et ses thématiques, qui offre enfin à Wolverine et Hugh Jackman le film qu'il aurait toujours dû avoir et surtout la fin qu'il mérite.
Le film est certes imparfait, il met passablement de temps à véritablement démarrer, les personnages secondaires ne sont pas assez approfondis et certaines lourdeurs viennent entacher le récit. Il n'en demeure pas moins que c'est le genre de blockbusters que je veux voir, encore plus dans ce genre super-héroïque si formaté et voué à la médiocrité.


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