jeudi 30 octobre 2014

Fury (2014)

Titre : Fury

Date de sortie française : 22 octobre 2014

Réalisateur : David Ayer (également scénariste)

Directeur de la photographie : Roman Vasyanov

Musique : Steven Price

Durée : 2h14

Avec : Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña, John Bernthal







SynopsisAvril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Wardaddy et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Wardaddy et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur… (Source Allocine)

Mon avis


Les films de guerre, qui pullulaient il n'y a pas si longtemps que ça, se font de plus en plus rare de nos jours. Les bons films de guerres sont encore moins courant. 
Le genre a intéressé bon nombre de réalisateurs renommés au fil des années : Steven Spielberg (Il faut sauver le soldat Ryan), Brian De Palma (Outrages), Terrence Malick (La ligne Rouge), Ridley Scott (La chute du Faucon Noir) ou encore Clint Eastwood (diptyque IwoJima) pour ne citer qu'eux.
Depuis les années 2010, c'est plutôt le calme plat et c'est donc avec une certaine appréhension que je suis allé voir Fury, dernière réalisation de David Ayer (à qui on doit le médiocre Sabotage sorti il y a quelques mois). Voici ce que j'en ai pensé.

Le film se passe à la toute fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors que les forces alliées avancent de plus en plus au coeur de l'Allemagne nazie. L'intrigue est centrée sur les 5 membres d'équipage d'un char américain, le Fury.
Dès le tout début du film, le décor est posé. On se retrouve happé par le réalisme brutal du film (que je déconseillerais d'ailleurs aux âmes sensibles), on y va pas par quatre chemins : c'est la guerre avec toute la violence qui s'y rapporte. La photographie du film est en parfait accord avec le sujet, celle-ci est plutôt froide, avec un brouillard quasi permanent pour souligner encore plus la grisaille permanente. Cette esthétique est nuancée de manière surprenante, mais finalement assez réussie, par l'usage de balles traçantes durant les combats, rendant ceux-ci parfaitement lisibles ainsi que par un final à l'ambiance quasi apocalyptique.

Après la mort de leur artilleur, les 4 occupants du Fury restants, qui combattent ensemble depuis de nombreuses années, se voient attribuer un "bleu" comme remplaçant (Norman Ellison, incarné par Logan Lerman). Celui-ci n'a jamais connu la bataille et n'a aucune formation militaire mais il n'y a pas la place pour les bons sentiments, l'équipage ne lui fera pas de cadeau et lui font clairement comprendre que s'ils veulent rester en vie, celui-ci devra mettre la main à la pâte.
De part son inexpérience et ses peurs, Norman représente le personnage auquel le public va s'identifier, à travers lequel il va ressentir l'impact émotionnel que de tels combats engendrent.


Le char a évidemment une place centrale dans l'histoire mais, contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'accent n'est pas mis sur l'aspect claustrophobique de cet espace confiné. Les protagonistes sont très proches l'un de l'autre, à tel point qu'on pourrait les comparer à une famille dont le char serait la maison, l'endroit où ils se sentent le plus en sécurité au milieu des nombreux guet-apens tendus par les SS.

Comme déjà dit plus haut, le film est violent, très violent même et il faudra avoir le cœur bien accroché pour regarder certaines séquences. Le film est cependant entrecoupé de certains moments plus légers, servant essentiellement au développement psychologique des personnages. Une séquence de romance m'ayant particulièrement marquée se trouve au milieu du film, dans un village venant juste de tomber aux mains des alliés (je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler). La séquence casse certes le rythme que le film avait entretenu jusque là mais je l'ai trouvée très bien venue et plutôt touchante, sans parler du fait qu'elle marque également un tournant dans les relations qu'entretiennent certains des personnages entre eux.

Puisque nous en sommes aux personnages, parlons justement des acteurs.
Plus de cinq ans après Inglourious Basterds, Bradd Pitt se retrouve donc de nouveau dans la peau d'un personnage qui tue des nazis, l'humour si particulier de Tarantino en moins, bien évidemment. Il livre ici une prestation correcte, interprétant son personnage très "borderline" avec justesse.

Shia LaBeouf, comme à son habitude, en a de nouveau fait des tonnes pour rentrer dans son rôle : il a notamment refusé de se doucher pendant de longues semaines pour se sentir comme un soldat des tranchées. Il s'est également arraché lui même une dent et s'est mutilé le visage régulièrement car il trouvait que les cicatrices faites par la maquilleuse n'étaient pas crédibles.
Ces frasques à volonté ont-elles portées leur fruit ? Personnellement je ne trouve pas, mais je prendrai ici un peu de recul car il s'agit d'un acteur que je n'ai jamais apprécié et je l'ai trouvé vraiment faux à plusieurs moments dans le film. Force est de constater tout de même que l'alchimie avec Brad Pitt est efficace.
Michael Peña (qui avait déjà été dirigé par Ayer dans End of Watch) et John Bernthal s'en sortent également très bien, tout comme Logan Lerman (ce qui m'a d'ailleurs agréablement surpris car je n'avais pas du tout aimé sa prestation dans Noé).



Comme je l'avais dit dans mon précédent article, j'avais beaucoup aimé le travail de Steven Price pour Gravity. Nous le retrouvons à nouveau à la composition pour Fury et j'ai été une nouvelle fois conquis.
La musique passe à merveille de tonalités tout en puissance à des thèmes beaucoup plus mélo qui m'ont donné plusieurs fois des frissons.
Tout comme dans Gravity, on retrouve beaucoup de thèmes avec choeurs qui accompagnent à merveille les moments dramatiques du film (mention spéciale au thème accompagnant le plan zénithal final qui m'a tout bonnement émerveillé).

La caméra de David Ayer filme la guerre telle qu'elle est, de manière très directe et très violente. Ici, peu d'actes de bravoure, pas d'affrontements sous la bannière étoilée, c'est sale, sanglant, boueux et les personnages nous sont finalement présentés comme étant pratiquement des "machines à tuer les nazis", qu'ils soient hommes, femmes, enfants ou infirmes.
Si on pourra reprocher au film sa fin un peu trop convenue et un poil irréaliste, ce serait dommage de bouder son plaisir et de passer à côté de Fury qui nous offre enfin le bon film de guerre que l'on attendait depuis un moment.


vendredi 24 octobre 2014

Mes attentes pour Interstellar



Toute personne s'intéressant un minimum à l'actualité cinématographique devrait être au courant que le 5 novembre prochain sortira chez nous Interstellar, le nouveau film de science fiction de Christopher Nolan.

Dire que j'attends ce film serait un doux euphémisme tant mes attentes n'ont cessé de grandir depuis l'annonce de la reprise du projet par Nolan fin 2012. Le film devait originellement être réalisé par Steven Spielberg sur un scénario de Jonathan Nolan mais ce premier abandonna le projet.
Le scénario fut par la suite remanié pour coller à la vision de Chris Nolan.

Je vais tenter ici d'énumérer les raisons qui font de ce film ma plus grande attente de cette année mais également de certaines de mes craintes inhérentes à cette impatience.

Parce que c'est Christopher Nolan


Je sens déjà venir les commentaires criant au "fanboyisme", et vous seriez totalement en droit de le faire. Qu'on aime Chris Nolan ou non, il est difficile de rester indifférent à son style, je comprends parfaitement que l'on ne puisse pas accrocher. Me concernant, je ne m'en suis jamais caché, son cinéma me parle énormément.
J'ai adoré toute sa filmographie et Inception et Dark Knight restent deux de mes films préférés à l'heure actuelle (et je mets bien l'accent sur le fait que cet avis est totalement subjectif, jamais je ne pourrai dire en toute objectivité que ce sont les deux meilleurs films jamais réalisés, tout ceci part d'un ressenti lorsque je regarde un film pour la première fois. Inception et TDK m'ont tous les deux envoyé une baffe monumentale au premier visionnage et même encore par la suite).

C'est donc tout naturellement que j'attends Interstellar en espérant retrouver ce qui m'avait tant enthousiasmé dans les deux films mentionnés ci-dessus.

Parce que le film reste mystérieux


Nolan a pris l'habitude de teaser ses films sur la durée. Tout comme Inception avait bénéficié d'un premier teaser pratiquement un an avant la sortie du film, Interstellar a également eu droit à son premier "teaser-trailer" en décembre dernier ne dévoilant que très peu d'images du film.
Le premier vrai aperçu du film a été dévoilé en mai et deux nouvelles bande annonces suivront.


On en sait donc un peu plus sur le film qu'il y a un an mais les bandes annonces ont le mérite de ne pas en dévoiler trop sur l'intrigue du film. On peut donc s'attendre à des rebondissements tout au long des 2h49 (record pour Nolan !) que durera le film. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant que nous ayions droit à une fin ouverte "à la Inception", tout en espérant que Nolan ne reproduise pas l'erreur de Dark Knight Rises avec ce fameux contre-champ de fin qui avait fait jaser (je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler ceux qui ne l'auraient pas encore vu).

Parce que le casting est très prometteur


Outre le retour de Michael Caine (6ème collaboration avec Nolan !) et de Anne Hathaway (2ème collaboration après son excellente interprétation de Cat Woman dans TDKR), Chris Nolan s'est entouré de certains des acteurs les plus en vue à Hollywood actuellement.
Tout d'abord Matthew McConaughey qui vit une véritable renaissance depuis La défense Lincoln et son rôle dans la série True Detective, renaissance qui le mènera jusqu'à l'Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans le très bon Dallas Buyers Club en début d'année.
Autant dire que McConaughey est actuellement l'un des acteurs les plus "bankable" et je suis impatient de voir sa prestation dans Interstellar.

D'un autre côté, Jessica Chastain rejoint également le casting après ses performances remarquées dans La Couleur des Sentiments et Zero Dark Thirty et je suis plutôt confiant quant à sa présence ici.
Citons encore la présence de Casey Affleck, Wes Bentley et même Matt Damon pour un petit rôle.

Bref, je suis plutôt enthousiaste quant au casting et ai vraiment hâte de voir ce qu'il en retournera à l'écran.

Parce que je suis passionné d'astronomie


On sait depuis le début que le film s'inspirera des travaux de Kip Thorne sur les trous de ver et que celui-ci a participé au scénario. Je ne m'étalerai pas ici à tenter d'expliquer ce qu'est un trou de ver, des recherches sur internet vous donneront toutes les informations qui vous désirez à leur sujet.

Le film m'enthousiaste d'autant plus que je suis passionné d'astronomie depuis tout petit et que l'idée de voir Nolan exploiter le domaine encore très abstrait du voyage temporel sous un angle "réaliste" (mot à prendre avec de grosses pincettes évidemment) représente en quelque sorte un fantasme qui se réalisera bientôt.

Parce que ce sera ma première expérience IMAX


Nous avons de la chance, en Suisse romande, d'avoir depuis cette année une salle IMAX au cinéma Pathé Balexert de Genève. Et la sortie de Interstellar sera l'occasion pour moi de vivre pour la première fois l'expérience sur grand écran.
Piqûre de rappel : Nolan est un admirateur du format IMAX (contrairement à la 3D), TDK était d'ailleurs le premier long-métrage grand public à avoir été tourné en partie avec ce format (dont la fameuse scène d'introduction du Joker). Il doubla le temps total de scènes filmées en IMAX pour Dark Knight Rises et Interstellar a été annoncé comme étant son film ayant le plus de plans tournés dans ce format.

Au vu de l'immensité de l'espace et de l'ambition du film, on peut s'attendre à une immersion total grâce à l'utilisation du format IMAX, Nolan a même carrément réussi à installer une caméra dans le nez d'un avion pour filmer certains plans.
En résumé, c'est enfin l'occasion pour moi d'aller voir un film qui a véritablement été tourné en IMAX dans une salle prévue pour, mon impatience n'en est que plus grande.

Pour en savoir plus sur la technologie IMAX, je vous redirige vers cet excellent article qui répondra sûrement à certaines de vos questions.

Mais...


Eh oui, tout n'est pas rose non plus et il y a quand même un mais, plusieurs pour être précis, des petites appréhensions que j'aimerais aussi partager.

Une grande impatience implique de grandes déceptions

C'est ce qui me fait le plus peur à vrai dire. Je sais par expérience qu'il ne faudrait jamais trop attendre quelque chose car la déception n'en serait que plus grande si l'oeuvre ne répond pas à nos attentes (et par "oeuvre" je parle ici de cinéma mais également de jeux vidéos).

Au niveau du 7ème art, j'en ai fais la douloureuse expérience cette année avec Transcendance, premier film de Wally Pfister (jusque là directeur de la photographie attitré de Nolan) en qui j'avais placé de grands espoirs et qui s'est avéré être un fiasco total.
Je pourrai aussi citer, mais dans une moindre mesure, le dernier Godzilla dont les bandes-annonces extrêmement bien montées avaient fait naître en moi de grandes attentes rapidement refroidies lors du visionnage.
C'est cet effet que je redoute. Ayant placé tellement d'attentes en Interstellar, les risques que je sois déçu ne sont clairement pas négligeables et j'essaie donc, comme je peux, de temporiser un peu d'ici là.

Un nouveau 2001 : L'odyssée de l'espace ?


Ça peut sembler blasphématoire dit comme ça, mais laissez-moi étayer mon propos :
2001 : L'odyssée de l'espace est considéré comme beaucoup comme le plus grand classique de science fiction, à juste titre d'ailleurs. Le film était extrêmement en avance sur son temps et très impressionnant pour l'époque (il fut le seul film de Kubrick à recevoir un Oscar, celui des meilleurs effets spéciaux).
Cependant, il s'avère que c'est un des films de Stanley Kubrick que j'ai le moins aimé ; je n'ai jamais accroché à l'univers vraiment très froid et aux thématiques métaphysiques abordées par l'oeuvre, tout aussi culte soit-elle.

J'ai peur de retrouver la même chose avec Interstellar, d'autant plus que Nolan cite depuis le début Kubrick comme référence quand il parle de son film. Ce que je veux, c'est ressentir des émotions fortes, que ça passe par le visuel ou par les émotions transmises par le film ou les personnages (même si, avouons-le nous, Nolan n'est pas le plus doué pour la direction d'acteurs).

La musique de Hans Zimmer

J'apprécie habituellement bien le travail de Zimmer (j'ai déjà écouté plusieurs fois l'OST de Inception pendant les révisions pour me motiver), malgré le fait qu'il soit assez répétitif.
Le problème est que son style habituel risque de ne pas du tout coller à l'univers SF que semble vouloir montrer Nolan. Ses habituels sons très puissants feraient vraiment tâche dans cet environnement si profondément silencieux qu'est l'espace.
Quand on sait que Zimmer a commencé à composer la musique de Interstellar sans même connaitre le script, on est en droit d'être perplexe.

J'espère que Zimmer saura se renouveler pour nous offrir une ambiance sonore digne d'un film de Science-fiction de cette ambition. Ayant beaucoup aimé le travail de Steven Price sur Gravity, je serais enthousiasmé de retrouver quelque chose dans ces sonorités-là.

En résumé...


Interstellar est le film que j'attends le plus cette année, la perspective de pouvoir enfin vivre l'expérience IMAX avec un film qui a été tourné dans ce format m'enthousiasme au plus haut point.
N'ayant jamais été déçu par le travail de Zimmer (même si TDKR est une petite déception par rapport à TDK, il reste un très bon film), je suis plutôt confiant vis-à-vis de cette échéance.

Cependant, je ne peux pas m'empêcher de ressentir une crainte, une certaine fébrilité à l'approche de la date fatidique. L'intelligence des bandes-annonces de ne pas trop en montrer pourrait peut-être finalement se retourner contre le film qui risque de ne pas offrir à certaines personnes, dont moi, ce à quoi elles s'attendaient.