Date de sortie française : 5 novembre 2014
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénario : Christopher Nolan et Jonathan Nolan
Directeur de la photographie : Hoyte Van Hoytema
Musique : Hans Zimmer
Durée : 2h49
Avec : Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Wes Bentley, David Gyasi, Casey Affleck, Michael Caine
Synopsis : Dans un futur proche sur une Terre exsangue, un groupe d'explorateurs mené par Cooper utilise un vaisseau interstellaire pour franchir un trou de ver, récemment découvert, permettant de parcourir des distances jusque-là infranchissables afin de trouver une nouvelle planète habitable à coloniser pour l'humanité (Source : Wikipedia)
Mon avis
Avant de commencer, je tiens à préciser que j'ai visionné le film dans les meilleures conditions possibles, c'est-à-dire en IMAX VO. Je ne peux que vous conseiller de faire de même si vous avez une salle IMAX à proximité afin de pouvoir apprécier pleinement le film.
Interstellar est donc le 9ème film de Christopher Nolan, qui a réussi à obtenir une notoriété certaine auprès du public grâce à ses blockbusters qualifiés de "intelligents" mais également car il a réussi ce qui semblait impensable il y a 10 ans de cela : ressusciter la licence Batman au cinéma.
Comme je l'avais déjà signalé dans mon article concernant mes attentes sur Interstellar, le cinéma de Nolan me parle tout particulièrement, bien qu'il ne soit pas exempt de défaut. Interstellar représentait depuis son annonce une sorte de fantasme ultime mélangeant cinéma de science-fiction et astrophysique, deux domaines qui me parlent beaucoup.
Mais qu'est-ce donc qu'Interstellar, concrètement ?
Le film nous présente notre planète dans un futur proche où les plantations se meurent d'année en année et où seul le maïs est encore cultivable. La civilisation doit vivre au rythme d'énormes tempêtes de sable et l'avenir de notre planète bleue nous est présenté comme étant invivable.
Cooper (Matthew McConaughey), un ancien ingénieur, pilote hors pair devenu agriculteur, est choisi par la NASA pour mener un groupe de scientifiques à la recherche d'une nouvelle planète habitable pour les habitants de la Terre.
Comme les planètes du système solaire et des systèmes alentours ne sont pas viables, il leur sera nécessaire de voyager extrêmement loin en passant par un "trou de ver" situé près de Saturne.
Pour obtenir le film le plus crédible possible, Nolan s'est attaché les services de l'astrophysicien Kip Thorne, grand spécialiste des trous noirs qui avait déjà participé au film Contact de Robert Zemeckis (et dans lequel, fait amusant, jouait également Matthew McConaughey). Le trou noir visible dans le film a d'ailleurs été modélisé à partir des équations écrites par Kip Thorne et qui ont été utilisées par l'équipe en charge des effets spéciaux.
Le film se présentait donc comme étant extrêmement ambitieux, se voulant le plus réaliste possible. L'influence de Kubrick est très présente, Nolan ne s'en est jamais caché, mais Interstellar n'atteint toutefois pas le niveau métaphysique de 2001 : L'odyssée de l'espace, sauf pour sa dernière partie (sur laquelle je reviendrai plus loin).
Un scénario qui se repose autant sur des théories elles-mêmes incertaines n'était pas à l'abri d'un certain nombre d'incohérences et force est de constater que le film en contient un certain nombre qui, même si elles ne m'ont pas gâché le film, pourrait en interloquer certains (je ne les citerai pas ici pour éviter de spoiler).
Comme dit précédemment, l'espace est représenté de manière extrêmement réaliste dans le sens où, comme 2001 et Gravity plus récemment, aucun son n'est perceptible en dehors du vaisseau, l'Endurance.
Le trou noir est très impressionnant et le rendu est encore amplifié par les plans tournés en IMAX qui donnent une sensation de grandeur et de vertige. De nombreux plans ont été tournés avec une caméra IMAX fixée sur l'extérieur de la navette pour être au plus proche de l'action et le rendu visuel est très intéressant.
A noter que Wally Pfister, le chef opérateur habituel de Nolan, n'est pas directeur de la photographie sur Interstellar car celui-ci a préféré aller se tester à la réalisation avec Transcendance (mal lui en a pris car le résultat est absolument navrant).
C'est donc Hoyte Van Hoytema (qui avait déjà montré son talent sur Her cette année) qui le remplace et il réalise à nouveau un excellent travail ici.
Les séquences dans l'espace sont à couper le souffle et celles se passant sur terre ont également une esthétique très soignée, à l'exception notable de certains plans vraiment jaunâtres qui donnent l'impression que les personnages sont atteints d'une maladie du foie. Ce genre de photographie assez dégueulasse est devenue, étrangement, récurrente chez Nolan (je me rappelle de certaines scènes de Inception et de Dark Knight qui étaient éclairées de la même manière).
Interstellar devait à la base être réalisé par Spielberg avant que Nolan ne reprenne le projet, ce n'est donc pas une surprise de voir que ce dernier a beaucoup insisté sur l'aspect émotionnel et familial du film pendant toute la promotion en parlant de dresser à la fois une fresque cosmique mais également humaine.
Seulement, n'est pas Spielberg qui veut. Le cinéma de Nolan a toujours été considéré comme étant très froid, ses récits laissant peu de place aux émotions. Alors certes, il ne réussit pas forcément toujours à nous faire ressentir de l'émotion à travers ses personnages mais je retiens quand même certaines scènes qui m'ont émues, ce qui est déjà un grand pas en avant pour le réalisateur britannique dont la famille tient une place importante (sa femme Emma Thomas a produit tous ses films et son frère Jonathan participe régulièrement à l'écriture du scénario).
Mais les vraies émotions passent par les moments de suspense et d'angoisse traversés par les personnages, certaines scènes sont extrêmement prenantes (je pense ici en particulier à ce qu'il se passe sur la première exo-planète). Ces émotions sont transcendées par la musique de Hans Zimmer qui, pour une fois, laisse de côté ses traditionnelles percussions pour nous livrer des mélodies à base d'orgue et de violon qui collent parfaitement au côté dramatique de ces séquences.
L'OST, parlons-en justement. Comme je l'avais souligné dans mon précédent article, j'avais peur de me retrouver en face d'une musique peu inspirée, ne collant pas du tout à cet univers froid et silencieux. Le fait que Hans Zimmer ait dû composer la musique sans avoir lu le script pouvait donner des sueurs froides mais force est de constater que le pari est réussi. Certes la bande originale ne comprend pas énormément de musiques (j'ai d'ailleurs eu l'impression de toujours entendre le même thème comprenant quelques variations) mais celles-ci ont le mérite de m'être restées dans la tête après la séance et même encore au moment où j'écris cet article.
Tout n'est pas parfait cependant : à l'instar de Man of Steel l'an passé, la musique est parfois beaucoup trop forte, à tel point qu'elle recouvre tout le reste (et croyez-moi, quand le son est trop fort dans une salle IMAX, c'est tout le siège qui vibre). Le mixage du son aurait pu être beaucoup plus subtil à ce niveau-là.
Les acteurs, dans l'ensemble, s'en sortent plutôt bien. On pourra regretter le fait que Michael Caine joue encore et toujours la figure du "vieux sage" de l'histoire, c'est-à-dire le même rôle que toutes ses collaborations avec Nolan (à l'exception particulière du Prestige). Il est fort dommage que Nolan n'exploite pas plus les capacités de ce grand acteur car, même s'il a toujours été très convaincant, l'effet copié-collé se fait de plus en plus visible.
Matthew McConaughey livre une prestation solide, comme à son habitude ces derniers temps (mais pitié, regardez-le en VO pour pouvoir savourer son timbre de voix et son accent texan si particulier) sans chercher la performance de manière trop poussée (comme a tendance à le faire Christian Bale par exemple).
Anne Hathaway est correcte mais sans plus, on lui décernera la médaille du dialogue le plus niais du film (qui ressort plus d'un problème d'écriture, ne nous voilons pas la face).
Le reste du casting est bon, même si certains personnages ne font clairement que de la figuration : le fils de Cooper ou Doyle pour ne citer qu'eux.
J'ai quand même eu un petit coup de coeur pour Mackenzie Foy (qui joue la fille de Cooper petite) qui livre une performance vraiment touchante.
En bonus, si vous n'avez pas suivi l'actualité du film, vous risquez d'être plutôt surpris par un personnage qui débarque environ aux 3/4 du film et qui enchantera les fans de l'acteur en question.
La fin du film repose à nouveau sur un "twist" qui pourra en faire jaser plus d'un. Personnellement, je l'avais vu arriver un peu avant car l'histoire nous laisse de gros indices. Avec le recul, je regrette un peu cette fin tirée par les cheveux et le fait que Nolan veuille toujours trop expliquer. Alors que Inception avait le mérite de nous offrir une fin ouverte, nous avons ici droit à une conclusion bien moins ambigüe (avec d'ailleurs une grosse référence visuelle à Inception).
Alors certes le film n'est pas exempt de défaut mais je peux les pardonner facilement car, en sortant de la salle, il m'a fallu un moment pour me remettre de ce que je venais de voir et ce genre de sensation se fait de plus en plus rare au cinéma.
J'attendais ce film impatiemment depuis près de 2 ans et le simple fait qu'il ne m'ait pas déçu constitue déjà en soi un exploit. J'ai ressenti les mêmes émotions qu'en 2010, la première fois que j'ai visionné Inception, avec de longs moments où je suis resté bouche bée sur mon siège à la vue de ce qui se passait à l'écran.
Interstellar est une expérience à vivre si vous êtes fan de science-fiction réaliste et n'êtes pas totalement hermétique au style de Nolan, vous n'en ressortirez sûrement pas indemne.
Mankind was born on earth. It was never meant to die here
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