jeudi 18 août 2016

Jason Bourne (2016)

Titre : Jason Bourne

Date de sortie française : 10 août 2016

Réalisateur : Paul Greengrass

Scénario : Paul Greengrass et Christopher Rouse d'après les personnages créés par Robert Ludlum

Directeur de la photographie : Barry Ackroyd

Montage : Christopher Rouse

Musique : David Buckley et John Powell

Durée : 2h03

Avec : Matt Damon, Tommy Lee Jones, Alicia Vikander, Vincent Cassel, Julia Stiles, Riz Ahmed, Ato Essandoh

Synopsis La traque de Jason Bourne par les services secrets américains se poursuit. Des îles Canaries à Londres en passant par Las Vegas... (Source : Allociné)


Mon avis


Si vous vous intéressez un minimum au cinéma, l'évocation du nom de Jason Bourne doit forcément allumer une petite ampoule au-dessus de votre tête. Après avoir redéfini les codes du cinéma d'action-espionnage des années 2000, la saga portée par Matt Damon revient 9 ans après la fin de la trilogie (The Bourne Identity, Supremacy et Ultimatum) avec à nouveau Paul Greengrass aux commandes alors qu'il avait déjà réalisé les deux derniers (et les meilleurs !) Bourne de la trilogie (vous remarquerez que je laisse volontairement le spin-off de côté, pas uniquement parce qu'il est plutôt médiocre mais parce qu'il n'est pas du tout pris en compte pour ce nouvel opus).

Alors que le retour du duo Damon-Greengrass pouvait laisser rêveur, une question méritait tout de même d'être posée : il y'avait-il un réel intérêt à dépoussiérer la franchise et est-ce que Greengrass allait réussir à renouveler celle-ci alors que la société et les problèmes en découlant ne sont plus les mêmes qu'au début des années 2000 ?
Parce qu'il faut dire que les trois premiers volets, en plus d'être de brillants films d'action, ont toujours intégré leur intrigue au milieu d'une société minée par la paranoïa post-11 septembre. De ceci découlaient ces fameuses agences gouvernementales qui, dotées d'une liberté d'action sans limites (ou presque), se retrouvaient mêlées à pas mal d'affaires pas toujours très nettes.

Aujourd'hui, les Etats-Unis (et le monde par extension) vivent dans la crainte d'autres types de menaces. On a bien sûr le terrorisme, qui s'étend de plus en plus, mais également toutes les atteintes à la vie privée avec à nouveau certaines agences dont les méthodes ont été mises sous le feu des projecteurs grâce à Edward Snowden principalement.
C'est justement là que se positionne Greengrass avec ce nouveau Jason Bourne (qui cite d'ailleurs explicitement Snowden) où il est question principalement de surveillance de masse.


Il s'avère au final que le film ne remplit que partiellement son contrat, il est moins percutant et bien moins intéressant dans son intrigue que les trois premiers Bourne. J'en arrive ici d'ailleurs directement au principal problème du film, c'est sa ressemblance avec la trilogie. Alors certes il faut qu'on ait l'impression de regarder un Jason Bourne (je reviendrai sur l'aspect visuel pur plus loin) mais on sent tout de même que la prise de risque a été moindre. Ce n'est pas tant un problème d'écriture mais plutôt le fait que le schéma narratif qui faisait la force des Bourne a été vu et revu un nombre incalculable de fois depuis. Pour vous donner une idée, on retrouve tous les éléments que l'on trouvait déjà dans les premiers films : phases d'espionnage, de cache-cache, de combat au corps à corps, de course-poursuite, etc.
Tout ceci amène à une première moitié de film pas toujours très passionnante si l'on excepte le passage à Athènes assez incroyable. Le film se décante véritablement dans sa seconde partie et devient alors véritablement intéressant et jouissif.

Si le fond laisse donc parfois à désirer, il serait difficile d'en dire autant sur la forme tant Paul Greengrass nous démontre une nouvelle fois à quel point il maîtrise son sujet.
J'aime beaucoup l'épisode de Doug Liman mais, à mes yeux, l'identité visuelle de la franchise s'est véritablement forgée à partir du moment où Greengrass a débarqué. Ce style très documentaire, l'utilisation maîtrisée de la shaky cam et un montage très nerveux, le tout couplé à cette tension toujours très présente, on ne peut pas s'y tromper, le réalisateur britannique n'a rien perdu de sa superbe.
Le travail de Greengrass est en plus parfaitement magnifié par la très belle photographie de Barry Ackroyd, particulièrement durant les scènes de nuit (la séquence à Las Vegas est particulièrement parlante à ce niveau, c'est vraiment sublime !).


Le casting est imposant à première vue mais tous ne se valent finalement pas. Matt Damon est toujours excellent en David Webb / Jason Bourne alors même que c'est certainement l'épisode où il a le moins de dialogue (alors qu'il n'est déjà pas bien bavard de base). Alicia Vikander fait le job, tout comme Vincent Cassel même si j'ai trouvé que le personnage de ce dernier n'était pas forcément bien écrit, principalement en ce qui concerne ses motivations.
Celui qui s'en sort le moins bien est finalement Tommy Lee Jones, non pas que sa performance soit mauvaise (il est très bon pour tirer la gueule et le rôle lui va à merveille dans ce sens) mais plutôt car il fait plutôt pâle figure à côté des anciens "chefs" que Bourne a eu à affronter par le passé.

Tout ceci se conclut, comme d'habitude, sur une version réarrangée de Extreme Ways plutôt agréable et qui nous rappelle une dernière fois, pour ceux qui auraient dormi jusque-là, que nous sommes en territoire connu. Finalement ceci est un peu à l'image du film : tout, absolument tout transpire le Jason Bourne que nous avons tant apprécié dans les années 2000, à tel point que le renouvellement peine à montrer le bout de son nez.
Souffrant de la comparaison avec ses prédécesseurs en ce qui concerne le fond, ce 5ème opus (le 4ème avec Damon) brille toujours autant par sa forme avec cette nervosité, ces moment de tension et ces bastonnades dans des espaces restreints.
Maintenant, est-ce que j'aurais envie d'une éventuelle suite ? Difficile à dire, la franchise risque de s’essouffler très rapidement à ce rythme et je préfère garder en tête la mini-révolution qu'avait été la trilogie plutôt que de penser à un éventuel déclin dont ce Jason Bourne porte déjà quelques stigmates.
Il n'en demeure pas moins que nous tenons là le meilleur blockbuster de l'été (un peu par défaut, tant la concurrence est à la ramasse).


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