dimanche 30 octobre 2016

Ma vie de Courgette (2016)

Titre : Ma vie de Courgette

Date de sortie française : 19 octobre 2016

Réalisateur : Claude Barras

Scénario : Céline Sciamma, Germano Zullo, Claude Barras, Morgan Navarro, d'après l'oeuvre de Gilles Paris (Autobiographie d'une Courgette)

Directeur de la photographie : David Toutevoix

Montage : Valentin Rotelli

Musique : Sophie Hunger

Durée : 1h06

Avec : Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud, Michel Vuillermoz, Raul Ribera, Estelle Hennard

Synopsis Ma vie de Courgette raconte l'histoire de plusieurs orphelins qui, pour surmonter leurs peines, vont s'aider les uns les autres. (Source : Wikipédia).


Mon avis


Rares se font les productions helvétiques qui suscitent réellement l'intérêt de nos jours. Pourtant, Ma Vie de Courgette a réussi à faire parler de lui et à instaurer une réelle aura autour de lui dès sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs du dernier Festival de Cannes où il avait su charmer le jury (sans être toutefois primé). Plus récemment, le film a triomphé au Festival international du film d'animation à Annecy et j'étais vraiment curieux de voir le résultat du travail de Claude Barras qui a bossé pendant plus de 2 ans sur ce film avec son équipe. Le tournage s'étant déroulé sur huit mois à raison de 3 secondes par jour et par animateur afin d'arriver au résultat final d'une durée de 66 minutes (ce qui est peu conventionnel de nos jours). C'est dire le travail d'orfèvre derrière ce métrage qui relate l'histoire de Icare (qui préfère qu'on l'appelle Courgette) qui est envoyé dans un foyer suite à la mort accidentelle de sa mère. Il y fera la rencontre d'autres enfants abandonnés par leurs parents pour différentes raisons et va devoir s'intégrer et trouver sa place afin de recommencer une nouvelle vie.

L'animation en stop-motion est à la mode ces derniers temps, après Kubo et l'Armure Magique sorti il y a peu et qui m'avait impressionné par sa technique, Ma Vie de Courgette reprend le procédé pour donner vie à ses marionnettes. Le choix est intéressant d'un point de vue artistique car quoi de plus logique que d'utiliser une technique qui donne des images plus saccadées, moins parfaites, que l'animation traditionnelle pour représenter ces petits personnages eux-mêmes imparfaits, vacillants et parfois dépassés par leur condition ? La direction artistique, principalement le design des personnages, est faite pour qu'on s'attache à eux très rapidement, ils sont tous créées à partir d'un même concept mais ils ont tous leurs propres particularités, leur propre look qui fait qu'on les reconnait très facilement.
Hergé affirmait que plus le style graphique d'un visage était simplifié, plus le spectateur pouvait y projeter ses émotions et, donc, s'identifier à lui. C'est un principe que Claude Barras a suivi à la lettre lors de l'élaboration de ses personnages tant ceux-ci sont plus attachants les uns que les autres.


Le film réussi à parler d'un sujet très grave mais en nous le présentant du point de vue de jeunes garçons et filles, en ce sens il parlera à la fois aux plus jeunes qui rejoindront cette espèce de naïveté assez touchante et aux adultes qui appréhenderont le métrage de manière plus terre à terre.
Il n'en demeure pas moins que le réalisateur valaisan porte un regard plein de tendresse et de bienveillance sur ces personnages confectionnés de toutes pièces. N'allez pas pour autant croire que le film verse bêtement dans le larmoyant primaire, il n'en est rien. Le film est même plutôt drôle dans l'ensemble et il est touchant de voir les pérégrinations de ces gosses qui vont parfois se chamailler, parfois s'entraider mais toujours en restant ensemble, comme au sein d'une famille qu'ils n'ont jamais vraiment eu.
Puis il y a ce personnage du policier qui amène Courgette au foyer et qui est peut-être le plus touchant de tous car c'est réellement lui qui fait le pont entre le monde extérieur, adulte, qui a tant blessé les enfants et le foyer, véritable havre de paix où il rend des visites régulières à Courgette.

Je voulais aussi revenir sur la très bonne BO composée par la bernoise Sophie Hunger qui est à l'image du film : légère mais sobre, ça n'en fait jamais trop, ça ne cherche pas à tout prix à tirer des larmes au spectateur et ça se conclut surtout par une superbe reprise de Le Vent nous Portera de Noir Désir. Je dois avouer que même moi avec mon cœur de pierre je n'étais pas loin de verser ma petite larme devant tant de beauté.


Ma Vie de Courgette est un véritable coup de cœur en cette fin d'année et une fierté de voir une production aussi maîtrisée et touchante sortie de l'esprit de compatriotes. Ma Vie de Courgette est un film que je conseille à tous, allez-y seul ou en famille il y en a pour tout le monde. Finalement si je ne devais lui reprocher qu'une seule chose ce serait d'être trop court, les 1h06 sont passées à une vitesse folle et à la fin j'en voulais encore même si, paradoxalement, le film ne pouvait pas s'achever à un meilleur moment.
J'espère profondément que le film fonctionnera et qu'il permettra à la Suisse de décrocher une nomination aux Oscars (que ce soit en tant que meilleur film étranger ou meilleur film d'animation puisqu'il est candidat dans les deux catégories) afin de démontrer que le talent et la créativité existent encore et qu'il suffit juste de s'éloigner un peu des chemins balisés pour s'en rendre compte.


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