dimanche 19 février 2017

Rétrospective Disney - Bilan



Je n'en ai pas parlé sur le blog mais ceux qui me suivent sur Facebook sont certainement au courant : en octobre dernier j'ai décidé de me lancer dans une grande rétrospective avec pour but but le visionnage de tous les Classiques Disney (c'est-à-dire ceux appartenant à cette liste).
L'objectif de cette rétrospective était principalement de pouvoir juger les films avec le regard qui est le mien aujourd'hui et qui est donc bien différent de celui que j'avais enfant, tout en redécouvrant certains grands classiques que je n'avais plus revu depuis plus de 15 ans (et en découvrant totalement ceux que je n'avais jamais vu, essentiellement de la période post-2000). C'était donc l'occasion de (re)découvrir certains films qui ont marqué plusieurs générations de cinéphiles de Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) au tout récent Vaiana (2016).

Cela a donc fait en tout 54 films (je n'ai pas revu Les Nouveaux Héros et Zootopie car je l'ai avais tous deux visionné en 2016) visionnés en 3 mois et demi et maintenant que je suis arrivé à la fin, il est temps de dresser le bilan de ce voyage au pays de la firme aux grandes oreilles !


Âge noir, âge d'or, quid de mon ressenti ?



On le sait, Disney a connu des hauts et des bas. Après des débuts tonitruants dans les longs-métrages à la fin des années 30 / début des années 40, la firme s'en enfoncée dans une période creuse de quasiment une décennie en nous ressortant la même recette à chaque fois : compilations de courts-métrages regroupés pour en faire un long (dont la durée varie entre 45 minutes et 1h15). Si j'ai plutôt apprécié certains de ceux-ci (comme Saludos Amigos par exemple), force est de constater que j'ai eu beaucoup de peine à m'enthousiasmer pour ceux-ci. Le sortir de la Seconde Guerre Mondiale n'a donc pas été du tout source d'inspiration pour Disney.

Il faut attendre 1950 et la sortie de Cendrillon pour voir Disney revenir véritablement aux affaires en reprenant la recette qui avait fait de Blanche-Neige un succès : une princesse, des chansons, bref des contes de fées !
Il s'en suivra donc une période très faste pour le studio avec certains de leurs meilleurs films sortis durant cette époque (Alice au pays des merveilles, Peter Pan, La Belle au bois dormant). Celle-ci durera jusqu'au décès de Walt Disney en 1966, après quoi le studio retombera à nouveau dans une période de léthargie, recyclant sans cesse la même recette, jusqu'à voir des films étant quasiment des copié-collés les uns des autres. Si j'ai beaucoup aimé certains films de cette période, il m'a fallu attendre l'arrivée de La Petite Sirène (qui correspond justement au début d'un nouvel Âge d'Or) pour me voir adorer à nouveau un Disney. Toute la période s'étendant jusqu'à la sortie de Fantasia 2000 (en 1999) est celle qui contient mes Disney préférés et probablement ceux que j'ai le plus vus étant petit.

La suite ? Une dégringolade complète avec certains des pires films sortis par le studio (on est encore pire que dans les années 40). Il faudra attendre le rachat de Pixar et l'arrivée de John Lasseter en tant que producteur délégué pour revoir des films dignes d'intérêt mais malheureusement rien qui n'égalera leurs plus grands films des années 50 et 90.

L'évolution de mon ressenti lors de cette rétrospective collait donc de manière générale aux périodes fastes et creuses des studios Disney. J'ai même réévalué fortement à la hausse certains films dont j'avais de très mauvais souvenirs (l'exemple le plus marquant est Bambi) tandis que d'autres ont moins bien supporté le revisionnage (Pocahontas, Hercule).
Force est de constater, néanmoins, que Disney n'a plus le talent des grandes années, malgré quelques très bons films sortis ces dernières années. Les résultats au box-office sont certes très bons mais il est difficile de ne pas ressentir un formatage qui empêche désormais le studio de prendre de véritables risques tels que Pinocchio ou Taram et le Chaudron Magique par exemple.

Après ces quelques éclaircissements, il est donc temps de vous livrer mon Top 10 et mon Flop 10 (car il m'a été demandé aussi) des Classiques Disney, basé fortement sur mon ressenti et avec une très grande part de nostalgie qui rentre en compte, j'ai cependant essayé de rester le plus objectif possible tant que faire se pouvait.


Top 10 des Classiques Disney



1. Mulan (1998) - Mon préféré depuis très longtemps et je ne pense pas que ça bougera. J'en avais d'ailleurs écrit une critique détaillée sur la page Facebook.

2. Le Roi lion (1994) - Celui qui a mis à peu près tout le monde d'accord. Premier Disney à mettre en scène uniquement des animaux sans mention aucune de l'homme, Le Roi lion est une réussite à tous les niveaux : de ses chansons qui sont restées dans la tête de tout le monde à l'animation ébouriffante des animaux en passant par une direction artistique soignée et une retranscription impressionnante de la savane africaine.

3. Aladdin (1992) - Encore un film de cette fameuse période 89-99 qui adapte assez librement différents contes des Mille et Une Nuits pour une franche réussite avec un Génie ayant marqué les esprits (certainement un des personnages Disney les plus réussis) et le meilleur méchant qu'ait créé la firme en la personne de Jafar.

4. Peter Pan (1953) - On remonte dans le temps cette fois-ci avec un film dont j'avais de bons souvenirs mais qui m'a réellement marqué durant cette rétrospective. Un des Disney qui me fait le plus rêver mais également le plus rire (le duo Capitaine Crochet et M. Mouche est exquis).

5. La Petite Sirène (1989) - Le film n'est certes pas exempte de défauts mais il me paraissait impensable de ne pas le mettre dans ce Top tant je suis un fan de Sébastien (version Henri Salvador) et des musiques du film.

6. Rox et Rouky (1981) - Cas un peu particulier puisqu'il provient justement d'une période un peu creuse pour Disney mais il m'a tellement touché que je voulais le faire figurer dans ce Top.

7. La Belle au bois dormant (1959) - La raison principale a un nom : Maléfique, probablement l'antagoniste de plus impressionnant et le plus marquant de la filmographie Disney. L'ambiance très glauque du film m'avait déjà beaucoup marquée à l'époque et c'est toujours le cas aujourd'hui.

8. Alice au pays des merveilles (1951) - Le Disney le plus étrange mais un de ceux que j'aime le plus. Le travail sur l'univers est tellement poussé et le résultat tellement convainquant qu'il mérite sa place dans ce classement.

9. La Belle et la Bête (1991) - Premier Disney à être sorti après ma naissance, le film est un des plus impressionnant techniquement grâce à l'apport de l'animation de synthèse. La musique de Alan Menken est également une des plus grandes réussites du film.

10. Robin des Bois (1973) - Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours beaucoup aimé celui-ci. L'histoire me touche beaucoup et, malgré un méchant un peu raté, j'ai à nouveau pris énormément de plaisir devant Robin des Bois.


Flop 10 des Classiques Disney



1. Dinosaure (2000) - Une très mauvaise découverte pour le coup. Je me demande franchement à quoi pensaient les studios Disney quand ils se sont dit que ce serait une bonne idée de faire ça. Tout est moche (ça a vieilli certes mais n'oublions pas qu'un certain Jurassic Park était sorti sept ans auparavant), c'est chiant comme la pluie, poubelle !

2. La ferme se rebelle (2004) - Considéré de manière assez unanime comme l'un des pires Disney, le film n'a pas volé sa réputation. Avec sa direction artistique douteuse et son animation aux fraises, le film échoue à peu près dans tout ce qu'il entreprend. J'avoue (honteusement) avoir rigolé à un moment du film mais je mettrai ça sur le coup de la fatigue ou d'un excès de faiblesse de ma part.
Un triste adieux de Disney à l'animation traditionnelle (heureusement, ils reviendront sur leur décision avec La princesse et la grenouille)

3. Winnie l'ourson (2011) - Ici c'est un ressenti vraiment personnel car je reconnais au film bien des qualités telles que l'animation traditionnelle du plus bel effet ou le capital sympathie de Winnie. Par contre je me suis vraiment ennuyé tout le long (et pourtant c'est court), l'exemple typique du film d'animation dont je ne suis pas du tout la cible.

4. Le Crapaud et le Maître d'école (1949) - Enfin un film de cette fameuse période qui a suivi la guerre et probablement le pire de celle-ci. Le film est divisé en deux histoires distinctes : la première parlant d'un crapaud passionné d'automobile et la seconde étant une adaptation totalement édulcorée de La Légende de Sleepy Hollow qui est une atteinte au bon goût de tous les instants en plus d'être une amère déception pour moi qui adore l'histoire du Cavalier sans tête.

5. Les Trois Caballeros (1944) - Le film reprend la recette de Saludos Amigos (que j'ai aimé) avec une compilation de différents court-métrages mais fait tout en moins bien, moins drôle, mois beau, moins...tout !

6. Chicken Little (2005) - Premier Disney entièrement en animation de synthèse 3D, le film est une piètre entrée du studio dans ce nouveau type d'animation maîtrisé à la perfection par Pixar. Chicken Little est un amoncellement de clichés tous plus insupportables les uns que les autres et a terriblement mal vieilli.

7. La Boîte à musique (1946) - Même recette, mêmes défauts que Les Trois Caballeros ou Le Crapaud et le Maître d'école et film symptomatique de la période dans laquelle il est sorti.

8. La Planète au trésor (2002) - Celui-ci est à l'image de ce que faisait Disney au début des années 2000 : un film sans idées, à la direction artistique paresseuse et l'impression d'avoir vu beaucoup mieux ailleurs.

9. Mélodie Cocktail (1948) - Le quadruplé pour cette période ! Je ne développerai pas plus car ce qui a été dit pour les autres est valable pour celui-ci également.

10. Les Aventures de Winnie l'ourson (1977) - Pour les mêmes raisons que celui de 2011. L'ayant quand même mieux apprécié, j'ai tout de même un problème avec l'univers de Winnie l'ourson qui ne me parle absolument pas et ça ne date pas d'aujourd'hui. J'ai beaucoup hésité entre plusieurs films pour clôturer ce classement mais c'est finalement celui-ci qui s'est imposé, même si ce n'est objectivement pas le plus mauvais de ceux-ci.


Conclusion



Cette rétrospective m'aura permis de redécouvrir certains des films que j'adorais regarder sur VHS quand j'étais gosse (pour le meilleur et pour le pire). Ce top/flop a finalement beaucoup plus une valeur indicative que réellement objective car j'ai beaucoup de mal à laisser totalement de côté l'aspect nostalgique...

Il était très intéressant de constater l'évolution des studios Disney depuis leurs débuts dans les long-métrages d'animation et de mettre en perspective leurs hauts et leurs bas par rapport au contexte de l'époque. Gardons tout de même à l'esprit que, si Disney aujourd'hui est devenu une grosse machine privilégiant les succès au box-office plutôt que la créativité, il n'en a pas toujours été ainsi et il ne faut pas oublier ce que la firme a apporté au cinéma d'animation (mais pas que).
En espérant que ce bilan vous plaira, il est maintenant temps pour moi de voguer vers d'autres horizons cinématographiques !

samedi 11 février 2017

Silence (2017)

Titre : Silence

Date de sortie française : 8 février 2017

Réalisateur : Martin Scorsese

Scénario : Jay Cocks et Martin Scorsese, d'après le livre de Shûsaku Endô

Photographie : Rodrigo Prieto

Montage : Thelma Schoonmaker

Musique : Kathryn Kluge et Kim Allen Kluge

Durée : 2h41

Avec : Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Ciarán Hinds, Issei Ogata, Shin'ya Tsukamoto, Yoshi Oida, Yôsuke Kubozuka


Synopsis XVIIème siècle, deux prêtres jésuites (Andrew Garfield et Adam Driver) se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira (Liam Neeson), disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme.Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves. (Source : Premiere.fr)


Mon avis


La sortie d'un nouveau film de Martin Scorsese est toujours un événement, le réalisateur new-yorkais est en effet très apprécié auprès des cinéphiles et après son sublime Le Loup de Wall Street, il était attendu au tournant pour l'aboutissement d'un projet qu'il cogitait depuis près de 30 ans.
Le papa de Taxi Driver et des Affranchis est principalement connu auprès du grand public grâce à ses histoires de gangsters et de personnages en marge de la société qui finissent par connaître la déchéance. Cependant, même s'il n'a abordé le thème de la religion de manière directe que dans deux films jusque-là (La dernière tentation du Christ et Kundun), celle-ci se retrouve dans à peu près tous les films qu'a tourné Scorsese avec des chemins de croix, et autres réminiscences de Judas.

Avec Silence (qui avait d'ailleurs déjà été adapté en 1971 par Masahiro Shinoda), Scorsese conclut donc sa trilogie sur la foi et on pouvait placer de grands espoirs sur ce film très personnel vu sa longue genèse. Au final, on peut donc être un peu déçu de se retrouver devant un film si bancal qui présente de nombreuses belles choses mais se perd parfois dans des lourdeurs et des fautes de goût qui font que l'on ressort de ces 2h40 avec un arrière-goût d'inachevé dans la bouche.


Ce n'est un secret pour personne, Martin Scorsese est un grand fan du cinéma asiatique, le voir retranscrire le Japon du XVIIème siècle à l'écran est d'ailleurs ce qui fait la plus grande réussite du film : c'est formellement impeccable ! Dès la première scène du film on se retrouve avec des compositions de plans sur plusieurs couches qu'un certain Akira Kurosawa n'aurait pas renié : c'est beau, c'est brumeux, la première impression est vraiment bonne.
Et puis il y a tout le travail de reconstitution qui est vraiment réussi, le film a beau avoir été tourné à Taïwan, l'architecture et les décors renvoient totalement à la culture nippone. Le tout est souligné par la très belle photographie de Rodrigo Prieto (qui opérait déjà sur Le Loup de Wall Street) mettant à l'honneur ces paysages parfois très vastes.

Le souci principal du film est donc à chercher ailleurs : celui-ci est profondément ennuyant durant toute sa première heure. On se retrouve donc balancé avec les pères Rodrigues (Andrew Garfield) et Garupe (Adam Driver) au cœur de ce Japon hostile au christianisme qui recherche activement ses fidèles pour les pousser à l'apostasie sans quoi ceux-ci sont torturés et exécutés (le fait de tuer au nom de dieu renvoie d'ailleurs de manière assez évidente à ce qu'il se passe de nos jours dans le monde avec l'extrémisme religieux). Le problème c'est que je n'avais pas d'attache particulière avec le personnage de Rodrigues et que Andrew Garfield a de la peine à porter le film à lui seul. Adam Driver n'a finalement qu'un rôle assez secondaire alors que je trouve son personnage bien plus intéressant de par le rapport qu'il a envers sa foi (Liam Neeson apparaît encore moins). Nous sommes donc confrontés aux doutes de Rodrigues face au silence de dieu, ce qui aurait pu être profondément passionnant s'il n'y avait pas certaines lourdeurs pour venir ternir le tableau. 


Une première faute de goût qu'on pourrait reprocher au film est cette voix-off qui intervient à plusieurs moments du film (jusqu'à être carrément remplacée vers la fin) et qui brise du coup ce silence que Scorsese s'est donné la peine de respecter en limitant au maximum la musique extradiégétique. Cette lourdeur dispensable m'a sortie du film à plusieurs moments, heureusement qu'elle se fait plus discrète dans la seconde partie. Un tournant majeur a lieu lorsque Rodrigues contemple son reflet dans l'eau et voit venir s'y superposer le visage de Jésus (séquence d'un goût une nouvelle fois assez douteux, un certain Paul Verhoeven représentait la figure sacrée de Rutger Hauer de manière bien plus subtile dans La Chair et le Sang). Dès ce moment, le film devient plus intéressant mais tombe dans d'autres travers tels ces interminables tunnels de dialogues qui se répètent souvent pour dire la même chose. Le spectateur l'a compris depuis un moment : on est face à un dialogue de sourd entre les bouddhistes et les chrétiens qui ne veulent pas entendre la position de l'un et l'autre.

Il faut reconnaître à Scorsese un effort pour ne pas tomber dans le manichéisme et le discours trop orienté (le personnage de Tadanobu Asano est d'ailleurs intéressant à ce niveau). Cependant, la dernière partie du film me pose un problème à ce niveau-là quand Rodrigues se retrouve malgré lui obligé d'apostasier après avoir enfin retrouvé le père Ferreira (Liam Neeson) qui lui force lui-même la main afin d'épargner la vie de quelques fidèles. On pourrait croire à ce moment-là que Scorsese prend finalement le parti des Japonais afin d'équilibrer la balance mais la mise en scène autour du personnage de Liam Neeson jette le doute sur la sincérité de ses propos, tout comme le plan final annule en quelque sorte tout ce que le film a voulu démontrer dans son dernier acte, rapportant à nouveau la foi à quelque chose de matériel et non plus spirituel.


Plus qu'un film sur la foi, Silence parle plutôt du rapport à la foi et c'est un des aspects les plus intéressants du métrage car tout le monde n'est pas égal face à sa foi, rien que les deux pères l'appréhendent d'une manière différente. Cependant, au final, c'est une certaine forme d'incompréhension qui nous gagne car il est difficile de toujours bien voir où veut en venir Martin Scorsese avec son histoire. Ajoutons encore certains personnages très bizarrement représentés (Issei Ogata est assez ridicule par exemple) et nous obtenons un film qui peine à convaincre totalement sur la durée.

C'est donc un sentiment mitigé qui prédomine avec un déséquilibre entre la forme - splendide - et le fond. L'ampleur du projet amenait certainement à des espoirs trop grands mais il faudra sans doute que je visionne le film de 1971 pour pouvoir situer véritablement le film de Scorsese. Dans tous les cas, c'est un film que je conseille quand même car il faut soutenir ce type de productions (le film a déjà fait un four aux Etats-Unis). Attention toutefois, il faut savoir ce que l'on va regarder car ceux qui ont vu Le Loup de Wall Street seront peut-être pris à contre-pied par le côté bien plus austère de Silence...
A réévaluer, peut-être, d'ici quelques temps.