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vendredi 3 mars 2017

(Re)visionnages récents - 6

La Porte du paradis (1980) - Michael Cimino

Mulan (1998) - Tony Bancroft et Barry Cook


Mulan a toujours été mon Disney préféré, c'est celui que j'ai le plus vu étant petit, je me passais toutes les chansons du films en boucle, il y a donc un aspect très personnel là-dedans mais le film en soit contient énormément de qualités. Déjà je suis très friand de la culture orientale, je trouve ça vraiment passionnant et voir Disney (très américain) s'attaquer pour la première fois à une légende chinoise c'est vraiment du genre à m'émoustiller. Parce que Mulan est un super film, certes très épuré dans sa direction artistique mais collant parfaitement avec le style oriental. Les personnages sont attachants : Mulan est pour moi la meilleure héroïne Disney (parce que pour le coup elle effectue véritablement des actes héroïques !), j'adore Muchu (que beaucoup trouvent insupportables) et Shan-Yu est monstrueusement classe !

Niveau animation, c'est parfois la folie pure, comme l'incroyable séquence dans la montagne avec l'armée des Huns et l'avalanche. Même au niveau musical on passe à un niveau supérieur avec l'arrivée du légendaire Jerry Goldsmith qui signe quelques uns des thèmes que j'aime le plus dans la longue filmographie de Disney (notamment ce thème) et qui marque véritablement le passage de Mulan de la fille fragile à la femme).

J'ai entendu beaucoup de critiques sur Mulan disant que le film serait misogyne, macho et j'en passe des meilleures. Certes certains passages donnent l'impression d'aller clairement dans ce sens (la chanson "Comme un homme" en est un bel exemple) mais il faut voir comment sont caractérisés les soldats au début du film : ce sont soit des porcs, soit des gros beaufs, la toile dressée n'est pas vraiment joyeuse à ce niveau-là non plus !
Et puis surtout Mulan c'est l'histoire d'une fille qui se déguise en homme pour enfin devenir une vraie femme courageuse et intelligente, ce n'est pas un beau message ça ?
En plus, lors de la dernière séquence au palais de l'empereur, ce sont les hommes qui se griment en concubines pour tromper la vigilance des soldats de Shan-Yu et c'est Mulan seule qui donne le coup fatal ! Alors, un film macho ? Vraiment ?

On pourra toujours reprocher au film quelques incohérences et ficelles scénaristiques, comme le fait que l'armure du père à Mulan lui aille parfaitement alors que celui-ci est bien plus grand qu'elle ou le fait que personne n'ait remarqué plus tôt que Mulan était une femme (à ce point faut être bigleux, je ne vois pas d'autre explication) mais tout ceci participe au charme du film et j'aurais vraiment du mal à lui en tenir rigueur car tous les Disney en contiennent.

Un film toujours aussi sublime et le dernier grand Disney !


Assassin's Creed (2016) - Justin Kurzel


On connaît la relation qu'entretient Hollywood avec les adaptations de jeux-vidéos, à chaque fois on nous fait miroiter un miracle et à chaque fois ça donne la même soupe imbuvable. Après l'ignoble Warcraft sorti cet été, c'est au tour d'Ubisoft d'adapter sa franchise phare et, ô surprise, c'est à nouveau mauvais !

C'est la mode de nos jours, prendre un réalisateur prometteur, le mettre à la barre d'un blockbuster en roue libre et le saboter complètement sur l'autel de la bêtise. C'est ce qu'est Assassin's Creed, un film d'une bêtise sans nom qui semble avoir été lâché par la Fox avant même sa sortie à en voir la campagne de promotion quasiment inexistante. A sa tête, Justin Kurzel qui reprend son casting de Macbeth et qui en fait n'importe quoi tout simplement parce qu'il semble n'en avoir rien à foutre.


Non mais franchement, qui a cru à un moment donné que ce serait une bonne idée de faire ça ? Alors que tout l'intérêt du jeu réside justement à incarner un Assassin dans le passé, ici les séquences se déroulant en Espagne occupent à tout casser 20 minutes, le reste ce n'est que des tunnels de dialogues interminables tentant sans jamais y parvenir de développer une intrigue qu'un enfant de 12 ans aurait pu imaginer sans trop se creuser le cerveau. Et le pire c'est que tout ceci se prend incroyablement au sérieux ! Si c'était fun à la limite je pourrais lui pardonner certaines tares (encore que...) mais là c'est vraiment pas possible, tout semble forcé et prétexte à des scènes d'action illisibles et montées à la truelle, entrecoupées de séquences dans le présent avec Fassbender qui ne se bat contre rien du tout, qui a pensé ne serait-ce qu'une seconde que ce serait cool de faire ça ? Car non ça ne l'est pas, ça casse juste encore plus le rythme des affrontements qui sont déjà complètement loupés à ce niveau-là.

Et que dire du visuel ? Ça oscille entre le mauvais goût, les effets numériques dégueulasses et la suresthétisation ridicule, ça devrait être interdit par la loi de sortir des trucs pareils.
Finalement on arrive péniblement au bout des deux heures, rien ne s'est passé, aucune dramaturgie n'a été mise en place, on aura beau eu nous expliquer 4 fois l'importance de la Pomme (merci Jeremy Irons) on en est toujours autant avancé qu'au début.

Assassin's Creed c'est l'exemple typique du navet made in Hollywood, sans âme, sans volonté de proposer quoi que ce soit ou de développer une once de thématique intéressante...le néant absolu !


La Chair et le Sang (1985) - Paul Verhoeven


Après être devenu indésirable dans son pays natal, Paul Verhoeven s'exile aux Etats-Unis où il y tournera 7 films et où son cinéma prendra une nouvelle envergure.
La Chair et le Sang est le premier film de la carrière américaine de Verhoeven et préfigure déjà tout ce qu'il fera outre-atlantique, tout en gardant sa patte et son regard si particulier sur l'être humain.

Dès le début, on est plongé dans la violence traditionnelle du cinéaste qui décide ici de la transposer au 16ème siècle. Comme à son habitude, le hollandais violent est très crû dans ce qu'il montre, en témoigne cette scène de viol collectif sur le personnage de la jeune et sublime Jennifer Jason Leigh dans son premier grand rôle.

Verhoeven laisse volontairement de côté le réalisme de la reconstitution historique pour se concentrer sur ses personnages, emmenés par le toujours autant charismatique Rutger Hauer, leur foi et leurs pulsions. Il prend toujours un malin plaisir à jouer sur les tonalités et évite soigneusement tout manichéisme. L'identification aux personnages est volontairement empêchée tant ceux-ci sont pour la plupart des salopards.
La Chair et le Sang c'est aussi l'histoire d'une femme qui ne se laisse pas faire, qui manipule le personnage de Martin (Hauer justement) comme en témoigne par exemple la scène du viol où elle resserre ses jambes sur lui en lui disant "maintenant c'est moi qui te baise".

Un thème cher à Verhoeven revient aussi dans le film : celui de l'émancipation ou plutôt de la tentative d'émancipation. Martin est censé être à la tête d'une petite communauté soudée (il aurait d'ailleurs été choisi par Saint Martin lui-même) mais son individualisme prend vite le dessus lorsqu'il refuse de partager le corps de Agnès. C'est ce qui rend les personnages du cinéaste si intéressants, leur ambiguïté due à cette incapacité de vivre en communauté.
Bien évidemment, Verhoeven arrive toujours à accompagner son fond d'une formidable mise en scène, toujours extrêmement précise et avec à nouveau une très belle photographie de Jan de Bont, toujours dans des tons chauds, qui a suivi son ami Verhoeven jusqu'aux Etats-Unis...

Un super film qui annonce déjà un avenir radieux pour le hollandais violent et qui pose les bases, bien qu'assez éloigné, d'un certain Robocop !


The Social Network (2010) - David Fincher


Je suis toujours impressionné par la capacité qu'a David Fincher de ressortir le meilleur de tout ce qui tombe entre ses main, même avec un projet casse-gueule comme The Social Network.
Déjà lors de mon premier visionnage j'avais été fasciné par la manière avec laquelle Fincher met en scène le génie (bien aidé certes par l'écriture de Aaron Sorkin). Ici Zuckerberg domine vraiment le spectateur intellectuellement parlant, on sent qu'il est vraiment surdoué, dans sa manière de parler, de travailler, d'être tout simplement (je le précise ici car j'ai visionné le "Snowden" de Oliver Stone la veille et Fincher réussit justement ce qu'a de la peine à faire Stone, c'est-à-dire mettre en scène un génie de l'informatique).

Et ça se remarque dès la formidable séquence d'ouverture entre Mark Zuckerberg et celle qui est encore pendant quelques minutes sa petite-amie. Le rythme imposé par les dialogues est décoiffant, Zuckerberg parle véritablement comme il code et il semble un peu déconnecté de la réalité...et Fincher filme ça à la perfection (on parle d'une centaine de prises pour obtenir le résultat, signe encore une fois de l'obsession de la perfection qu'a le cinéaste). Le tout est en plus accompagné des compositions enivrantes de Reznor et Ross, qui vont d'ailleurs continuer de collaborer avec Fincher pour ses films suivants...

Jesse Eisenberg ne joue pas Mark Zuckerberg, il EST Mark Zuckerberg, tout le reste du casting est d'ailleurs génial, que ce soit les premiers rôles ou les seconds couteaux.

The Social Network est le biopic quasi-parfait, doté d'une intelligence d'écriture rare et mis en scène par un cinéaste qui est tout autant doué dans son domaine que le personnage qu'il filme.


Paterson (2016) - Jim Jarmusch


Les films présentant un personnage ordinaire, pas forcément intéressant au premier abord, sont nombreux. Seulement, là où beaucoup de ces personnages essaient à un moment ou à un autre de se révolter, de faire quelque chose d'extraordinaire dans leur vie, Jim Jarmusch en fait l'opposé en faisant l'éloge du quotidien, celui de Paterson, un chauffeur de bus, poète à ses heures perdues, dans la ville du même nom (ça ne s'invente pas quand on nous parle dès le début d'un rêve concernant des jumeaux, beaucoup de choses vont de paire dans ce film).

Paterson présente donc une semaine entière de la vie de cet homme (magnifique Adam Driver) qui se lève tous les jours à la même heure sans avoir besoin de réveil, qui va faire sa tournée en bus et qui rentre chez lui le soir retrouver sa petite-amie, créatrice dans l'âme avant de finir sa soirée en buvant une bière au bar du coin.
Ce train-train quotidien pourrait sembler barbant à première vue mais ce serait oublier le talent de Jim Jarmusch pour mettre en scène et raconter son histoire. On s'attache extrêmement vite à Paterson et chaque rencontre qu'il fera (dont notamment Method Man qui fait une apparition, j'ai été très surpris !), chaque conversation qu'il écoutera du coin de l'oreille au volant de son bus seront finalement de micro-événements qui font de lui l'homme qu'il est et l'homme qu'il sera.

Et c'est juste beau ! C'est beau de voir se couple s'aimer infiniment, comme si rien ne pouvait leur arriver, c'est beau de voir Paterson aborder une petite fille, qui écrit elle-même ses poèmes, et d'être sous le charme de l'un de ses textes, c'est beau de le voir arriver au bar, discuter avec le tenancier pendant qu'un homme vit un immense chagrin à cause d'un amour impossible.

Le film entier est un poème à la vie, Jim Jarmusch filme simplement de très beaux personnages (tous formidablement interprétés) qui font de belles rencontres et vivent de beaux moments malgré la banalité.


Vivre (1952) - Akira Kurosawa


Premier film de Akira Kurosawa se déroulant à notre époque que j'ai la chance de visionner et tout de suite ce qui saute aux yeux c'est la (désormais) traditionnelle maîtrise du cadre, ces mouvements de caméras réglés au millimètre et ces compositions qui, même si elles ne m'ont pas impressionnées comme dans Les 7 Samouraïs ou La Forteresse cachée, relève régulièrement du grand art !

Kurosawa reste dans l'exploration de la société humaine, le monde des fonctionnaires en l'occurrence et place là au milieu un homme qui n'a jamais manqué un seul jour de travail en 30 ans et qui va apprendre qu'il est atteint d'un cancer à l'estomac ne lui laissant plus que quelques mois à vivre.

Kurosawa nous pose donc une question simple mais terrible : que ferions-nous s'il nous restait 6 mois à vivre ? Kanji Watanabe (fantastique Takashi Shimura) fait tout d'abord ce que beaucoup d'entre nous feraient : rattraper le temps perdu. Le temps d'une nuit il boit, il joue, il chante (magnifique scène d'ailleurs). Puis il se met dans l'esprit de construire un parc où les enfants pourraient s'amuser.

Puis soudain : cut !
On est directement projeté 5 mois plus tard aux funérailles de Watanabe auxquels assistent ses collègues et sa famille à qui il avait caché sa maladie. Passé ce moment, le récit prend une tournure rappelant un peu celle de Rashomon, différents personnages vont raconter une étape du projet de Watanabe concernant le parc et les difficultés qui se sont dressées sur le chemin de cet homme déjà mort qui erre tel un fantôme.

Kurosawa jette un regard assez satirique sur son histoire, en témoigne par exemple la séquence où les médecins n'osent avouer à Watanabe son cancer, préférant parler "d'ulcère bénin". Il n'en oublie cependant pas ses très beaux personnages, capables d'émouvoir profondément par un simple regard.

Pourtant, malgré toutes ces qualités, cette maîtrise que personne ne pourra nier, c'est certainement le Kurosawa que j'ai le moins apprécié pour l'instant (comprenez : que je n'ai pas adoré comme les autres), peut-être est-ce le fait qu'il m'a fallu un moment pour m'habituer à cet environnement moderne alors que j'ai eu l'habitude, pour l'instant, de voir le maître filmer des samouraïs et autres guerriers du Japon médiéval.
Ce petit bémol personnel ne remettra de toute manière pas en cause l'immense film qu'est Vivre.


La Horde Sauvage (1969) - Sam Peckinpah


Je continue ma découverte du cinéma de Peckinpah avec un de ses films les plus connus : La Horde Sauvage, western sorti en 1969.
Le Nouvel Hollywood est en train de se mettre en route et ça se ressent. Sam Peckinpah est réputé pour la violence de son cinéma, La Horde Sauvage ne fait pas exception puisqu'il s'agit tout simplement d'un des westerns les plus violents jamais réalisés.
Deux grosses scènes d'une grande violence ouvrent et concluent le film mais, contrairement à ce qui a pu être dit, la violence n'est pas gratuite, c'est plus un témoignage tragique sur la nature humaine, sur une Amérique brisée dont les héros ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Fini le temps des westerns aux grand héros quasi mythologiques et intouchables, ici ce sont des brigands, des salopards que l'on va suivre pendant près de 2h30 en train de préparer un ultime coup.
Peckinpah se refuse donc ici tout manichéisme, c'est sale, peu accueillant et personne n'est tout blanc...

Et il y a la mise en scène - osons le dire - incroyable du cinéaste, ces ralentis de corps qui tombent comme seul lui sait les faire, ces zooms et mouvements de caméra très amples, le films (surtout dans sa dernière heure) est un régal pour les yeux et ses scènes de massacres sont, malgré leur cruauté, purement jouissives !

On pourra regretter une première heure qui souffre d'un léger manque de rythme, la véritable histoire et les véritables enjeux n'étant mis en place qu'une fois passé ce palier, mais la maestria qui suit est telle que le film se place sans trop de soucis dans le Panthéon du Nouvel Hollywood !


La Grande Muraille (2017) - Zhang Yimou


Premier projet le plus improbable de l'année, La Grande Muraille avait de quoi faire peur à la vue des premières images. Cependant, cette commande d'Universal, production américaine "blockbusteresque" n'est pas le ratage attendu et la raison a un nom : Zhang Yimou.

Car oui, il s'agit certes d'un film destiné au public occidental (le cast de Matt Damon va clairement dans ce sens) mais la liberté qui a été laissée à Yimou en fait un film que se démarque du blockbuster habituel.
Alors non ce n'est pas un grand film, il y a plein de problèmes, de grosses ficelles scénaristiques, des deus ex machina à toutes les sauces, des effets spéciaux parfois totalement raté, le design des "bêtes" qui l'est tout autant, une soupe auditive bien américaine et j'en passe...

Il n'en demeure pas moins que le film est assez jouasse, plutôt beau visuellement par moments et contient nombre d'idées qu'on ne verrait pas dans un blockbuster américain lambda, par exemple les femmes qui tapent les tambours de guerre avec des nunchaku, les différentes couleurs des combattant qui font très Power Rangers a priori mais qui ajoutent une lisibilité bienvenue dans les combats. Ces derniers, d'ailleurs, se renouvellent beaucoup, il y a à chaque fois de nouvelles armes qui sont utilisées et la mise en scène prend régulièrement de l'envergure avec son lot de plans bien sympas !

La Grande Muraille est donc loin d'être la catastrophe annoncée mais on est aussi loin d'avoir un grand film. Sans aucun doute un petit plaisir coupable, le film a au moins le mérite de mettre un petit coup de pied dans la fourmilière des grosses productions américaines en apportant un regard asiatique sur tout ça.
Et ma foi, je ne vais pas m'en plaindre.


Live by Night (2017) - Ben Affleck


4 ans après son triomphe aux Oscars avec Argo, Ben Affleck repasse derrière la caméra pour une nouvelle adaptation d'un roman de Dennis Lehane après Gone Baby Gone.
Le talentueux réalisateur s'attaque donc cette fois-ci au film de gangster situé durant la Prohibition et il incarne à nouveau lui-même le personnage principal : un "petit" gangster de Boston qui va se retrouver à la tête du plus gros trafic de rhum de Floride.

Il faut laisser à Ben Affleck une chose : il sait s'entourer. Il en résulte un film très réussi d'un point de vue formel avec la belle photographie de Robert Richardson et une reconstitution des années 20 vraiment réussie et une réalisation plutôt sobre, presque académique mais sans que ce soit criard.

Malheureusement, le reste ne suit pas toujours. Le scénario est très (trop ?) classique, le film a beau brasser pas mal de thématiques comme la religion, le racisme, la drogue, celles-ci ne sont jamais assez développées pour obtenir une véritable réflexion dessus. L'intrigue met aussi passablement de temps à véritablement démarrer et Ben Affleck manque sa fin en ajoutant 5 minutes totalement dispensables étant donné leur inutilité dans le développement de la psychologie des personnages.


Affleck acteur est lui-même un problème car il n'a absolument pas les épaules pour le rôle. Le voir serrer constamment la mâchoire dans des costumes qui semblent toujours trop grands pour lui ça prête clairement à sourire, on peut vraiment regretter qu'il n'ait pas eu l'humilité de confier le rôle principal à quelqu'un de plus crédible car il est difficile de toujours croire à ce qu'il se passe à l'écran quand le protagoniste, celui à qui le spectateur est censé s'identifier, affiche la plupart du temps un air assez béat et naïf.


Loin de livrer un mauvais film, Ben Affleck nous en livre un vraiment oubliable qui ne révolutionne en tout cas pas le genre et qui est desservi par ce même Ben Affleck de l'autre côté de la caméra.
Reste que le film est formellement agréable pour la rétine et que certains gunfights sont vraiment réussis, le minimum est donc clairement atteint mais peut-on vraiment s'en contenter ?


La Colline des Potences (1959) - Delmer Daves


La Colline des Potences, sorti en 1959, marque à la fois le dernier western de son réalisateur Delmer Daves mais également de son acteur principal, le monstre sacré Gary Cooper.

En premier je voulais juste passer un coup de gueule à la version DVD que j'ai visionnée qui a été recadrée en 4/3, ne rendant absolument pas hommage au film, initialement tourné en 1.85.
Une fois la pilule avalée, on ne peut qu'admirer le spectacle ! Le film présente tous les éléments d'un grand western : des personnages forts, un cadre sublime et des musiques qui le sont tout autant, on est très vite embarqué !

Une nouvelle fois, le charisme rutilant de Gary Cooper inonde l'écran, son personnage est d'ailleurs très réussi car ambigu, énigmatique, on ne comprend pas toujours ses actes et on ressent une part d'ombre chez lui.
D'ailleurs tous les personnages sont intéressants de par leur ambiguïté : Rune est un voleur au début de l'histoire, Frenchy entretien une relation très étrange avec la jeune femme qui est elle même à l'opposé de la femme telle que normalement représentée dans les westerns américains.
Le film raconte également de grandes choses sur l'Amérique, sur la Conquête de l'Ouest et le destin des chercheurs d'or qui repose en grande partie sur la chance (qui est évoquée plusieurs fois dans le film).

Et puis il y a la réalisation de Delmer Daves, d'une maîtrise formidable, sans jamais trop en faire. Les cadres sont précis, les décors magnifiquement utilisés (le film est tourné en grande majorité en extérieur).
Un western sublime mais malheureusement trop peu connu et qui fait office de chant du cygne remarquable pour cet acteur légendaire qu'est Gary Cooper.


Les Parapluies de Cherbourg (1964) - Jacques Demy


Avec le triomphe de La La Land, le genre du musical refait beaucoup parler de lui. C'était donc l'occasion de se tourner un peu vers Jacques Demy (une des influences principales de Damien Chazelle) en revoyant un de ses films les plus connus : Les Parapluies de Cherbourg.

Le film se déroule donc à Cherbourg, sur une période s'étalant du début des années 50 au milieu des années 60 et raconte l'histoire d'un couple obligé de se séparer car Guy (Nino Castelnuovo) est appelé pour aller servir en Algérie. Leur amour va donc être mis à rude épreuve.

Si je livre ce petit synopsis, c'est parce que le film aborde un sujet plutôt tabou pour l'époque : la Guerre d'Algérie et les répercussion qu'elle peut avoir non seulement pour ceux qui s'y trouvent mais également pour tous les autres qui se retrouvent séparés de leurs proches.
Jacques Demy assume ici un parti-pris drastique et totalement irréaliste d'un film entièrement chanté : si cela peut paraître très étrange au début, après quelques minutes tout cela semble presque naturel (même si la synchro labiale n'est pas toujours parfaite).

Mais ce qui touche vraiment dans les Parapluies de Cherbourg, c'est son histoire, ces deux jeunes gens qui s'aiment profondément et qui se retrouvent séparés malgré eux et dont le couple n'y survivra pas. C'est très universel car nous sommes tous un jour confrontés à ça : un ami, un amant, quelqu'un que nous aimons qui sort de notre vie.
Catherine Deneuve est merveilleuse, on sent toute la tristesse en elle quand elle est obligée de laisser partir Guy, son jeu de regard n'est d'ailleurs pas sans rappeler une certaine Emma Stone, tant celui-ci transmet d'émotions.

Le film n'en fait pas trop niveau réalisation, il n'y a pas de chorégraphies très élaborées, peu de montage, le film est vraiment centré sur les relations humaines avant tout. J'ai profité de ce visionnage pour regarder la version restaurée et le film est très beau et coloré (beaucoup de bleu et de rose sans que ce soit criard).

Les Parapluies de Cherbourg est une très belle fable sur l'amour et la séparation ainsi que sur l'oubli, en témoigne cette dernière séquence qu'on pourrait penser de trop a priori mais qui montre avec une grande tristesse que Guy et Geneviève sont passés à autre chose, qu'ils ont recommencé leur vie mais, qu'au fond, ils ne se sont jamais vraiment oubliés...


Total Recall (1990) - Paul Verhoeven


Après Robocop et son entreprise toute puissante, Paul Verhoven continue son exploration de la société américaine, de l'état totalitaire plus précisément, en adaptant cette fois ci le grand Philip K. Dick.

Total Recall est certainement mon Verhoeven préféré, tout y est : le spectacle bien sûr mais également tout ce qui fait la force du cinéma du hollandais comme la critique par l'ironie, un personnage principal qui ne se sent pas à sa place dans le moule de la société et le rapport au corps et à la chair, encore une fois particulièrement charcutés.
Ce personnage, c'est Quaid, campé par un Schwarzenegger parfait en musclor à l'air naïf, reflet total du cinéma de son auteur.

Ici, Verhoeven ne s'embarrasse pas d'un suspens inutile, la fin du film est déjà racontée dans les 15 premières minutes car ce qui compte dans Total Recall n'est pas de savoir comment cela se finit mais plutôt comment est-ce qu'on y parvient.
L'intrigue se parcoure donc telles les méandres de l'esprit de Quaid qui va vivre un "ego trip" sous la forme d'un agent secret envoyé sur mars. Cependant, il apprendra par la suite qu'il travaille en fait depuis le début pour le gouvernement, que son nom est Hauser et qu'il a pris la couverture de Quaid (en subissant un lavage de cerveau).

L'évolution de Quaid est donc très intéressante, il devra d'abord de libérer du moule dans lequel il se trouve (plan très symbolique où il brise la barrière à rayons X qui le fait donc passer de simple squelette à individu à part entière) puis accomplir sa mission sur Mars. Cependant, et c'est là le génie de Verhoeven, le doute sur le fait que ce soit un rêve ou non est maintenu jusqu'à la fin du film et la mise en abîme du spectateur (qui ne sait pas lui même si ce qu'il regarde est vrai) est complète. La fin est d'ailleurs très ambiguë, à la manière du "Je suis Murphy" à la fin de Robocop, et ne constitue pas le happy end qu'elle semble être.

Total Recall est le sommet de ce que veut raconter Verhoeven avec son cinéma et peut-être également le sommet de sa carrière hollywoodienne, à voir et revoir sans modération !


La nuit nous appartient (2007) - James Gray


Plus je découvre la filmographie de James Gray, plus je me demande comment j'ai pu faire pour passer à côté de son cinéma durant tout ce temps !
Troisième Gray, deuxième baffe ni plus ni moins !

Après un Little Odessa qui mettait déjà en place les thématiques et le sens du visuel propre au réalisateur, celui-ci enchaînait en 2000 avec le formidable The Yards dont le gros raté au box-office fit perdre la confiance des studios envers James Gray (qui n'a jamais fonctionné dans son propre pays d'ailleurs).
Il lui faut 7 ans pour sortir son prochain film : La Nuit nous Appartient (We Own The Night) qui assoit pour de bon James Gray en tant que très grand auteur.

Le film ressemble en bien des points à The Yards (et même Little Odessa) : cette attirance pour les ambiances nocturnes, ces personnages dont la famille est à la fois destructrice et reconstructrice et de sublimes personnages.
Le film s'ouvre d'ailleurs sur une scène formidable et très sensuelle entre Joaquin Phoenix et Eva Mendes sur un son de Blondie, le ton est tout de suite posé !

Comme déjà dit, la famille est une composante essentielle du cinéma de James Gray et la particularité de celle-ci c'est qu'elle est dysfonctionnelle et l'écriture très dramaturgique.
Tout ceci est bien sûr tenu ensemble par la performance extraordinaire de tous les acteurs, que ce soient les désormais habitués Mark Wahlberg ou Phoenix mais également les seconds couteaux comme Robert Duvall qui est d'ailleurs le second acteur issu de la trilogie du Parrain après James Caan (dans The Yards) à rejoindre la distribution d'un film de Gray.

La Nuit nous Appartient est le polar noir par excellence, extrêmement juste dans ce qu'il raconte, parfaitement rythmé et mis en scène avec une élégance rare. James Gray atteint déjà sa maturité après 3 films et on ne peut qu'être enthousiastes pour son futur Lost City of Z. A voir absolument !


La Porte du paradis (1980) - Michael Cimino


La Porte du Paradis est un film légendaire. Pourquoi ça ? Le western épique à 40 millions de budget de Michael Cimino avait fait un tel flop au box-office lors de sa sortie qu'il avait plongé United Artists dans la faillite tout en précipitant la fin du Nouvel Hollywood. La Porte du Paradis marque la fin de la liberté des auteurs et la reprise petit à petit du contrôle par les studios.
Michael Cimino lui-même ne se remettra jamais de cet échec.

Pourtant, le film a fait l'objet d'une restauration en 2012 dans une version remontée "director's cut" de 216 minutes et a depuis été totalement réhabilité et considéré comme un chef-d'oeuvre du 7ème art.

Il faut dire que La Porte du Paradis c'est du cinéma total : beau à en tomber avec certainement une des plus belles photographies du cinéma américain, sans lourdeur, sans exagération. Les compositions de plan de Cimino sont toutes plus folles les unes que les autres et il a un talent assez incroyable pour filmer les foules car il y en a beaucoup, que ce soit pour de simples danses ou pour des combats sanglants (comme en témoigne la dernière grande séquence de bataille du film, on n'est pas loin d'un Sam Peckinpah).

Surtout, c'est plus qu'un simple western. L'influence de Peckinpah se fait à nouveau ressentir dans la manière qu'a Cimino de détourner les grands mythes américains. Car non, La Porte du Paradis n'est pas tendre avec les Etats-Unis, elle en dresse un portrait violent et ceci n'est peut-être pas étranger à l'échec du film quand on sait à quel point les américains n'aiment pas qu'on égratigne leur beau pays.

Le personnage du, désormais, regretté John Hurt est assez parlant à ce niveau. Au début du film on nous le présente comme un grand déconneur, porte-parole de sa promotion à Harvard et enjoué.
Des années plus tard on le retrouve alcoolique, désabusé face à la cruauté de l'espère humaine. C'est beau et terrible !

Les personnage sont d'ailleurs tous très beaux : il y a bien sûr Kris Kristofferson et son immense charisme ainsi que la splendide Isabelle Huppert mais tout le reste du casting est parfaitement utilisé : que ce soit Jeff Bridges, Christopher Walken ou même Mickey Rourke !
Aucun ne fait du remplissage alors qu'on sait à quel point c'est difficile de diriger un aussi grand casting.

Malgré le fait que j'ai quand même ressenti quelques longueurs (surtout vers la moitié), le film se laisse regarder très facilement, rien n'est de trop dans ces 216 minutes.
Un film légendaire que tout le monde se doit de voir au moins une fois pour ce qu'il raconte, comment il le raconte mais également pour ce qui a forgé sa légende.


Split (2017) - M. Night Shyamalan


M. Night Shyamalan est un cas assez étrange à Hollywood. Après deux premiers longs-métrages (Sixième Sens et Incassable) qui avaient connu un grand succès critique, le cinéaste d'origine indienne est ensuite tombé de plus en plus dans la médiocrité jusqu'à toucher le fond avec des films comme Le dernier Maître de l'Air ou After Earth. Ayant désormais totalement perdu le mojo, on parle depuis quelques temps d'une rédemption pour Shyamalan, c'était déjà le cas avec The Visit (que je n'ai pas vu) et désormais donc avec Split qui parle d'un personnage atteint de trouble de la personnalité et qui promettait de se rapprocher de ce que faisait le réalisateur à ses débuts.
Si on peut accorder à M. Night Shyamalan une certaine audace, la rédemption attendra encore car Split est raté dans les grandes largeurs et n'est au final qu'une fausse bonne idée de plus dans le paysage hollywoodien actuel.

Le film se passe en quasi huis-clos, Kevin (James McAvoy) kidnappe 3 jeunes filles qu'il va retenir prisonnières chez lui et celles-ci vont être confrontées aux multiples personnalités (24 en tout mais on en voit surtout 4) du personnage.
Le huis-clos est un genre qui peut s'avérer très anxiogène s'il est bien maîtrisé et bien écrit. Or, d'entrée, le film pêche à ce niveau car les 3 filles sont censées être enfermée mais durant les 20 premières minutes du film elles auraient eu largement les moyens de s'évader au moins 3 ou 4 fois mais ne le font pas (pour prolonger l'histoire bien évidemment, sinon le film serait bien vite achevé). C'est typiquement le genre de truc qui m'exaspère quand des personnages ne font pas quelque chose qui semble évident pour tout le monde, surtout qu'il n'y a pas de raison particulière à ce qu'elles agissent comme ça (il y a une tentative d'explication qui peine franchement à convaincre).

L'histoire tourne bien évidemment autour de James McAvoy qui doit parfois jouer plusieurs personnages au cours d'une même scène en changeant donc à la fois d'apparence mais également de manière de jouer. Sauf que ça ne prend pas car son jeu n'est pas assez bon pour y croire, moi je vois juste McAvoy qui joue le psychopathe (à la limite même du cabotinage parfois), il N'EST PAS un psychopathe et c'est extrêmement gênant car c'est censé être le centre même du film.
Shyamalan essaye quand même de le filmer afin de mettre en avant sa folie : il est notamment souvent filmé en gros plan avec une focale courte (procédé dont raffole un certain Terry Gilliam pour mettre en avant la folie chez ses personnages) qui donne un aspect assez déformé à son visage. Je dis pourquoi pas mais alors pourquoi le faire également pour les autres personnages ? Cette idée de mise en scène perd du coup tout son intérêt car on a des plans du type sur plusieurs personnages durant tout le film sans que ce soit justifié.
Ce n'est d'ailleurs pas la seule bizarrerie, certaines idées de mise en scène sont carrément douteuses comme notamment le passage à une vue subjective par moments ou l'utilisation de flashbacks qui n'ont pas vraiment de sens si ce n'est pour expliquer certains retournement qui auront lieu plus tard (paies ta subtilité, on est dans la définition littérale du fusil de Tchekhov !).
On a vraiment l'impression que Shyamalan voulait faire quelque chose de son film, lui apporter une certaine ampleur mais qu'il n'a pas su comment (ou n'a plus le talent pour) y arriver.

En plus, le film est interminable et c'est d'un ennui rare. Les personnages secondaires (mis à part Casey) ne sont pas assez développés pour qu'on se soucie de leur sort et du coup on voit toute cette histoire se passer sous nos yeux avec James McAvoy qui essaie de faire son numéro mais il n'y a rien qui se dégage de tout ça, c'est le néant. Pour tout dire j'ai largement préféré le personnage de Casey à celui de Kevin pour tout vous dire...
La dernière personnalité de Kevin n'a en plus aucun sens, rien n'explique qu'il réagisse de cette manière, c'est juste du gros n'importe quoi !
Seule la fin réussit à relever un peu le niveau car la musique est très belle et ça a le mérite de ne pas trop expliquer. Il y a en plus une grosse surprise (ce n'est pas un twist mais une apparition) qui m'a fait sourire car je ne m'y attendais pas du tout.

Un film inintéressant au possible qui ne constituera en tout cas pas une renaissance pour M.Night Shyamalan (en tout cas pas dans mon coeur). Le film semble cependant fonctionner au box-office américain et les critiques spécialisées sont encourageantes, peut-être que ça redonnera un second souffle au cinéaste mais pour moi c'est directement poubelle !


Manchester by the Sea (2016) - Kenneth Lonergan


Manchester by the Sea fait parler de lui depuis un petit moment déjà. Il était temps pour moi de découvrir le film de Kenneth Lonergan, un mélodrame se situant dans le nord est des Etats-Unis où Lee Chandler (Casey Affleck) est confronté au décès de son frère et doit retourner à Manchester-by-the-Sea, où il a vécu auparavant, pour s'occuper de son neveu.

Le genre du mélo est assez casse-gueule, il est facile de vite tomber dans le pathos mais difficile de raconter quelque chose de vraiment touchant sans utiliser d'artifices lourdingues. Pourtant, Kenneth Lonergan y arrive à la perfection et la principale raison à ça est qu'il garde toujours une certaine distance avec ses personnages. Ici, pas de gros plans sur des personnages qui pleurent (d'ailleurs il ne doit pas y avoir un seul gros plan dans le film de mémoire), tout est toujours présenté en plans assez larges et qui durent souvent longtemps.
Casey Affleck est fantastique, son personnage est confronté à la mort de son frère mais on apprendra en cours de film, via un des nombreux flashbacks habilement intégrés au récit, qu'il avait déjà vécu un drame dans sa vie. Ce moment est déchirant car on nous laisse déjà entendre via certains personnages (qui parlent de lui comme LE Lee Chandler, comme s'il était célèbre pour une quelconque raison) qu'il a dû vivre un événement traumatisant mais le revivre avec lui est assez bouleversant.

On ne peut donc qu'être assez admiratif devant le courage de cet homme qui fait ce qu'il peut pour garder la tête froide. Je me suis très rapidement attaché à lui (ayant moi-même vécu un deuil) et la performance de Casey Affleck y est pour beaucoup, il intériorise beaucoup jusqu'à arriver à un point de rupture qui le rend d'autant plus touchant.
Les seconds rôles ne sont pas en reste non plus, la très belle Michelle Williams illumine l'écran et le jeune Lucas Hedges (qu'on avait déjà vu chez Wes Anderson) affiche une très belle complicité avec Affleck.

La photographie est à l'image du film, belle mais sans fioritures, elle sublime à merveille les paysages enneigés du Massachusetts. J'aurai un peu plus de réserves sur la musique, à base de chœurs principalement, trop présente à certains moments où le silence aurait été préférable.
Un film dont on ressort assez déprimé mais qui rappelle que la vie ce n'est pas toujours la joie.


Basic Instinct (1992) - Paul Verhoeven


Un miroir, un couple qui fait l'amour, un meurtre extrêmement sanglant. La première séquence de Basic Instinct à elle seule donne déjà le ton de tout ce que sera le film mais également de toute la carrière de Paul Verhoeven : un jeu sur les faux semblants, la violence et la sexualité.

Le hollandais violent et jusqu'à présent connu aux Etats-Unis pour Robocop et Total Recall, deux films à gros budget. Avec Basic Instinct, il revient à un cinéma plus intimiste, aux racines qui s'étendaient sur toute sa période hollandaise où le sexe et les femmes fortes constituaient une composante fondamentale de son cinéma.

Basic Instinct est plus qu'un simple thriller érotique destiné à exciter l'homme moyen (choses que l'on a pu lire à gauche à droite), c'est surtout un film que seul Verhoeven aurait été capable de faire, plein de sous-entendus et de messages sur la société américaine.
Le personnage de Catherine Tramell (bouillante Sharon Stone) rappelle fortement celui incarné par Renée Soutendijk dans Le Quatrième Homme : intelligente, manipulatrice, terriblement séduisante qui va attirer à elle l'inspecteur Nick Curran (Michael Douglas) qui enquête sur l'homicide présenté dans la première scène du film.
Le personnage de Nick a ça d'intéressant qu'il est dans un premier temps éloigné du personnage verhoevenien traditionnel dans le sens où il ne tente pas de s'extraire du moule de la société, il essaye au contraire de s'y intégrer en voulant être l'américain modèle qui a arrêté l'alcool, la cigarette et la drogue. C'est Catherine qui va être le déclencheur et faire retomber Nick dans tous ses travers.

Paul Verhoeven joue habilement sur le jeu de séduction entre Nick et Catherine et l'ambiguïté de leur relation, chacun pensant avoir l'avantage sur l'autre pour au final ne faire qu'un sous les draps. Nick et Catherine représentent d'ailleurs une figure majeur dans le cinéma du hollandais violent, celle du double. Tel Murphy/Robocop, tel Douglas/Hauser, on peut voir Nick/Catherine comme le miroir l'un de l'autre, celui-ci allant même jusqu'à piquer les répliques de Catherine lorsqu'il est interrogé dans la même salle que celle-ci (la fameuse scène du décroisé de jambes).

Toute l'intrigue autour de l'enquête a ça d'intéressant qu'elle ne donne pas, à la manière des faux happy-end de Robocop et Total Recall, de réponse définitive. Si le premier plan nous présentait la mort, celui final nous laisse dans l'expectative, si bien que les certitudes que semble avancer le film au début, s'écroulent petit à petit l'une après l'autre.

Film résolument hitchcockien dans l'âme (notamment de par son voyeurisme) et rythmé par les partitions lancinantes de Jerry Goldsmith, Basic Instinct a marqué les esprit lors de sa sortie. On pourra lui reprocher quelques longueurs dans sa deuxième moitié mais il n'en demeure pas moins un film majeur dans la carrière de son auteur.


Les salauds dorment en paix (1960) - Akira Kurosawa


Premier film de Akira Kurosawa produit par ses soins (toujours coproduit par la Toho), Les Salauds dorment en paix (très beau titre français au passage), adaptation très libre du Hamlet de Shakespeare, continue l'exploration de la société japonaise moderne. Après avoir parlé de la peur de la mort et d'une nouvelle catastrophe nucléaire (à peine 10 ans après le double bombardement de 1945), le maître japonais s'attaque cette fois-ci à la corruption au sein d'une grande entreprise avec toujours la justesse et le génie de mise en scène qui le caractérise depuis ses débuts.

Le film débute par une formidable séquence d'ouverture de 20 minutes nous montrant le mariage de la fille du vice-directeur de l'entreprise avec Nishi (un Toshiro Mifune qui irradie à nouveau l'écran de son charisme), secrétaire de celui-ci.
La scène brille par la clarté avec laquelle elle met déjà en place tous les enjeux et toute la mythologie du film et démontre une nouvelle fois le talent qu'a Kurosawa pour mettre en scène les foules : c'est fluide, dynamique, cadré au millimètre, tout y est !

Le Japon que décrit Kurosawa dans Les Salauds dorment en paix est nihiliste au possible et la noirceur de l'être humain est ici poussée à son paroxysme, chacun étant prêt à tout pour arriver à ses fins (comme pousser ses employés au suicide).
Le film ne tombe pourtant pas dans le manichéisme bas de gamme, chaque personnage défendant de près ou de loin ses propres intérêts avec une ambiguïté parfaitement dosée.
Le personnage incarné par Mifune est un bel exemple : il se marie avec la fille du vice-directeur uniquement pour atteindre plus facilement ce dernier qu'il considère comme responsable du suicide de son père et qu'il veut venger. Cependant, il se rendra compte au fur et à mesure qu'il aime réellement la fille et ce sentiment le déchire intérieurement...

Avec Les Salauds dorment en paix, Akira Kurosawa nous livre une nouvelle fois un film magistral, jouant sur la noirceur et l'amoralité, à l'image de sa fin, pessimiste au possible et nous faisant comprendre que rien n'est vraiment réglé.
Le film a beau être assez peu connu (surtout si on compare à ses chanbara les plus célèbres), il n'en demeure pas moins un film majeur dans la carrière du cinéaste et est à voir absolument !


Loving (2017) - Jeff Nichols


Jeff Nichols carbure fort ces derniers temps !
Après avoir exploré le drame sous toutes ses formes avec Shotgun Stories, Take Shelter et Mud, puis la science-fiction l'an passé avec le très beau Midnight Special, le réalisateur arkansasais change à nouveau de registre pour s'attaquer au biopic en adaptant à l'écran l'affaire Loving v. Virginia qui avait fait grand bruit dans l'Amérique ségrégationniste des années 50.
L'arrêt rendu par la Cour suprême américaine avait alors déclaré comme anticonstitutionnelle la loi en vigueur dans l'Etat de Virginie (notamment) qui interdisait le mariage interracial.

Jeff Nichols étale son histoire sur à peu près une décennie, entre le moment où Mildred (Ruth Negga) et Richard Loving (Joel Edgerton) se marient, jusqu'au moment où le verdict est rendu en 1967.
On connaît le penchant du cinéaste pour la cellule familial, son cinéma ayant toujours été basé sur celle-ci et les drames qui peuvent venir la bousculer (il est d'ailleurs souvent rapproché de Spielberg à ce niveau-là).
Loving ne fait pas exception, Nichols fait un choix plutôt radical de se concentrer presque intégralement à ce couple, à l'amour très fort qui les unis (rejoignant donc le titre) et que rien ne semble pouvoir atteindre.
Nichols met ici le classicisme de sa mise en scène au service de cette histoire sans jamais juger, prenant même passablement de recul par rapport aux événements et en n'accentuant jamais les quelques rares violences que subit le couple Loving.

Le choix volontaire de Jeff Nichols d'éclipser en très grande partie le jugement devant la Cour suprême peut surprendre voir frustrer, ça a d'ailleurs été mon cas, moi qui adore les films de procès (que je trouve très cinématographiques) en sortant de la salle. Cependant, avec le recul, je me suis dit que c'était finalement une continuité dans le cinéma du réalisateur et que traiter tout l'aspect juridique différemment n'aurait finalement pas rendu hommage aux valeurs que défend Nichols.

On pourra reprocher aux films quelques lourdeurs telles que la symbolique de la construction du mur, beaucoup trop appuyé, quelques séquences sans réel intérêt et certains personnages sous-écrits. Il n'en demeure pas moins que Jeff Nichols nous livre à nouveau un très bon film, parvenant à faire ressortir la beauté de ses personnages (impeccablement interprétés d'ailleurs) et sachant instaurer de la tension à certains moment (en jouant notamment sur la paranoïa des protagonistes qui ont peur de se faire dénoncer).

Loving est certes moins marquant qu'un Take Shelter, moins beau qu'un Mud ou moins ambitieux qu'un Midnight Special mais il reste un film de Jeff Nichols, pas son meilleur mais intéressant par ce qu'il raconte et la manière dont c'est fait. S'il y a une chose qu'il faut laisser à Nichols, c'est qu'il n'a encore jamais trahi son cinéma .
J'attends maintenant au tournant le prochain film du cinéaste qui a déjà annoncé vouloir retourner à la science-fiction !


T2 Trainspotting (2017) - Danny Boyle


Autant le dire tout de suite, je n'ai pas d'attachement particulier envers Trainspotting premier du nom, que j'avais d'ailleurs regardé la veille et aimé sans l'adorer.
Cette suite m'intéressait tout de même, ne serait-ce que par curiosité de retrouver tous ces personnages (car le casting est inchangé, ce qui est assez fort de nos jours) 20 ans plus tard, de voir ce qu'ils ont fait de leur vie et si leur rancœur est encore vive...

Et c'est exactement ce que nous propose le film avec un Mark Renton (Ewan McGregor) qui, après 20 ans passé à Amsterdam par culpabilité (même si ce n'est jamais vraiment expliqué dans le film), revient à Édimbourg afin de reprendre contact avec les amis qu'il a trahi et qui ne sont pas tous enchantés de son retour.

La jeunesse, la folie et la camaraderie de Trainspotting laissent donc place aux déceptions la vie adulte, aux regrets et à la haine. C'est ce qui est vraiment intéressant dans le film : voir ces jeunes que l'on a vu planer au 7ème ciel à coup d'injections d'héroïne se retrouver avec des rides et le poids des années en plus, poids qui est très difficile à porter.

Cependant, T2 reste une suite et fait très régulièrement le lien avec le premier, que ce soit via des flashbacks ou via des éléments de mise en scène et des cadres directement repris du premier film. On pourra ici reprocher le peu de subtilité dont fait parfois preuve Danny Boyle (qui lui aussi a 20 ans de plus rappelons-le) avec ses effets qui passaient convenablement quand il s'agissait de retranscrire les trips de jeunes héroïnomanes mais qui font très tape-à-l’œil - en plus d'être assez moches et vains - quand ils sont appliqués aux mêmes personnages qui essaient justement de passer à autre chose.

Danny Boyle brille pourtant lors de certaines séquences comme celle où Mark et Simon doivent improviser une chanson sur la Bataille de la Boyne dans un club protestant où on retrouve justement la folie et l'audace du premier film sans faire dans le simple clin d’œil.
Ce sont précisément ces moments là que j'ai le plus apprécié, ceux qui apportent véritablement quelque chose sans s'appuyer trop fortement sur le premier film.

Les fans seront certainement enchantés de retrouver ces personnages qui ont marqué toute une génération, ainsi que leur fort accent écossais. Il faut dire que le casting est vraiment convaincant, que ce soit McGregor, Jonny Lee Miller, Ewen Bremner ou Robert Carlyle. Même Anjela Nedyalkova, la nouvelle venue, réussi à tirer son épingle du jeu alors qu'on aurait pu craindre un simple rôle de figuration (ce qui est le cas du personnage de Diane par exemple).

T2 Trainspotting m'a donc convaincu à défaut de m'avoir charmé, je lui reprocherai principalement une mise en scène pas toujours inspirée dans les effets qu'elle utilise (ces arrêts sur image je ne comprendrai jamais le délire) et qui ne colle pas à son sujet ainsi que des références parfois trop appuyées au premier film.
Cependant, le capital sympathie de ses personnages est toujours intact et permet de ne jamais s'ennuyer durant ces 2h et d'en ressortir avec une envie de parler comme Sean Connery...et ça c'est cool !


John Wick 2 (2017) - Chad Stahelski


Disons le tout de suite, le premier John Wick avait été une excellente surprise lors de sa sortie en 2014. Alors que l'on pouvait craindre un énième film d'action testostéroné mais décérébré à la Taken, le film faisait le pari de l'hommage aux séries B des années 80 en misant sur le charisme et l'icônisation (en 15 minutes chrono !) de son acteur principal : un Keanu Reeves au sommet de sa forme.
Il en résultait un film absolument jouasse, qui ne tergiversait pas et allait directement à l'essentiel, de la bastonnade savamment mise en scène et un rythme parfaitement géré.

Trois ans plus tard, John Wick est de retour avec toujours Reeves dans le rôle titre, Chad Stahelski à la réalisation (seul cette fois-ci, David Leitch étant allé réaliser ses propres projets) mais un budget doublé.
Et si cette suite reprend en grande partie le fun procuré par le premier chapitre, il souffre aussi de certaines tares inhérentes à la suite plus (trop ?) ambitieuse.

Car là où le premier jouait beaucoup sur sa spontanéité et sur des enjeux clairs et simples, sa suite tente de développer une intrigue plus poussée autour de la fameuse "confrérie" d'assassins qu'on voyait déjà dans le premier. C'est précisément là que l'on trouve le principal défaut que l'on peut reprocher au film, son rythme s'en retrouve bancal car Stahelski n'est pas aussi douer pour filmer les dialogues qu'il ne l'est pour mettre en scène l'action, il est résulte certains passages explicatifs (Wick lui-même parle beaucoup alors qu'il était très peu bavard dans le premier) pas forcément intéressants.

Le film a d'ailleurs joué à me faire peur avec une première séquence plutôt ratée car totalement dispensable dans laquelle John Wick retourne récupérer sa voiture chez le frère de Viggo (l'antagoniste principal du premier film). Cependant, une fois passé cette introduction laborieuse, le film retombe dans ce qu'il fait de mieux : de l'action rythmée, impactante et parfaitement lisible. Il est toujours autant appréciable de voir Stahelski (qui est un ancien cascadeur rappelons-le) nous proposer ce type de baston à l'heure où les cuts toutes les secondes semblent être devenus le mètre-étalon du genre.
Et c'est vraiment dans ces moments là que le film est fun, quand il fait ce qu'il sait faire, parce que franchement, voir un Keanu Reeves aussi classe trucider 20 mecs à la minutes, c'est quand même foutrement jouissif !

Il en résulte donc un épisode un peu inférieur au premier, la faute à un rythme pas toujours maîtrisé et plombé par une intrigue qui se veut trop poussée et qui dessert le film. Néanmoins, le film de Chad Stahelski est à nouveau un très bon moment d'action, le sang gicle toujours autant et le capital charisme de Keanu Reeves est intact.
La fin laissant imaginer un troisième chapitre, il faut cependant se demander désormais si John Wick aura encore du neuf à proposer afin d'éviter une certaine lassitude. En attendant, il serait dommage de se priver de ce John Wick 2 qui rempli parfaitement son rôle de divertissement en plus de présenter des choses plutôt belles à l'écran.

samedi 11 février 2017

Silence (2017)

Titre : Silence

Date de sortie française : 8 février 2017

Réalisateur : Martin Scorsese

Scénario : Jay Cocks et Martin Scorsese, d'après le livre de Shûsaku Endô

Photographie : Rodrigo Prieto

Montage : Thelma Schoonmaker

Musique : Kathryn Kluge et Kim Allen Kluge

Durée : 2h41

Avec : Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Ciarán Hinds, Issei Ogata, Shin'ya Tsukamoto, Yoshi Oida, Yôsuke Kubozuka


Synopsis XVIIème siècle, deux prêtres jésuites (Andrew Garfield et Adam Driver) se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira (Liam Neeson), disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme.Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves. (Source : Premiere.fr)


Mon avis


La sortie d'un nouveau film de Martin Scorsese est toujours un événement, le réalisateur new-yorkais est en effet très apprécié auprès des cinéphiles et après son sublime Le Loup de Wall Street, il était attendu au tournant pour l'aboutissement d'un projet qu'il cogitait depuis près de 30 ans.
Le papa de Taxi Driver et des Affranchis est principalement connu auprès du grand public grâce à ses histoires de gangsters et de personnages en marge de la société qui finissent par connaître la déchéance. Cependant, même s'il n'a abordé le thème de la religion de manière directe que dans deux films jusque-là (La dernière tentation du Christ et Kundun), celle-ci se retrouve dans à peu près tous les films qu'a tourné Scorsese avec des chemins de croix, et autres réminiscences de Judas.

Avec Silence (qui avait d'ailleurs déjà été adapté en 1971 par Masahiro Shinoda), Scorsese conclut donc sa trilogie sur la foi et on pouvait placer de grands espoirs sur ce film très personnel vu sa longue genèse. Au final, on peut donc être un peu déçu de se retrouver devant un film si bancal qui présente de nombreuses belles choses mais se perd parfois dans des lourdeurs et des fautes de goût qui font que l'on ressort de ces 2h40 avec un arrière-goût d'inachevé dans la bouche.


Ce n'est un secret pour personne, Martin Scorsese est un grand fan du cinéma asiatique, le voir retranscrire le Japon du XVIIème siècle à l'écran est d'ailleurs ce qui fait la plus grande réussite du film : c'est formellement impeccable ! Dès la première scène du film on se retrouve avec des compositions de plans sur plusieurs couches qu'un certain Akira Kurosawa n'aurait pas renié : c'est beau, c'est brumeux, la première impression est vraiment bonne.
Et puis il y a tout le travail de reconstitution qui est vraiment réussi, le film a beau avoir été tourné à Taïwan, l'architecture et les décors renvoient totalement à la culture nippone. Le tout est souligné par la très belle photographie de Rodrigo Prieto (qui opérait déjà sur Le Loup de Wall Street) mettant à l'honneur ces paysages parfois très vastes.

Le souci principal du film est donc à chercher ailleurs : celui-ci est profondément ennuyant durant toute sa première heure. On se retrouve donc balancé avec les pères Rodrigues (Andrew Garfield) et Garupe (Adam Driver) au cœur de ce Japon hostile au christianisme qui recherche activement ses fidèles pour les pousser à l'apostasie sans quoi ceux-ci sont torturés et exécutés (le fait de tuer au nom de dieu renvoie d'ailleurs de manière assez évidente à ce qu'il se passe de nos jours dans le monde avec l'extrémisme religieux). Le problème c'est que je n'avais pas d'attache particulière avec le personnage de Rodrigues et que Andrew Garfield a de la peine à porter le film à lui seul. Adam Driver n'a finalement qu'un rôle assez secondaire alors que je trouve son personnage bien plus intéressant de par le rapport qu'il a envers sa foi (Liam Neeson apparaît encore moins). Nous sommes donc confrontés aux doutes de Rodrigues face au silence de dieu, ce qui aurait pu être profondément passionnant s'il n'y avait pas certaines lourdeurs pour venir ternir le tableau. 


Une première faute de goût qu'on pourrait reprocher au film est cette voix-off qui intervient à plusieurs moments du film (jusqu'à être carrément remplacée vers la fin) et qui brise du coup ce silence que Scorsese s'est donné la peine de respecter en limitant au maximum la musique extradiégétique. Cette lourdeur dispensable m'a sortie du film à plusieurs moments, heureusement qu'elle se fait plus discrète dans la seconde partie. Un tournant majeur a lieu lorsque Rodrigues contemple son reflet dans l'eau et voit venir s'y superposer le visage de Jésus (séquence d'un goût une nouvelle fois assez douteux, un certain Paul Verhoeven représentait la figure sacrée de Rutger Hauer de manière bien plus subtile dans La Chair et le Sang). Dès ce moment, le film devient plus intéressant mais tombe dans d'autres travers tels ces interminables tunnels de dialogues qui se répètent souvent pour dire la même chose. Le spectateur l'a compris depuis un moment : on est face à un dialogue de sourd entre les bouddhistes et les chrétiens qui ne veulent pas entendre la position de l'un et l'autre.

Il faut reconnaître à Scorsese un effort pour ne pas tomber dans le manichéisme et le discours trop orienté (le personnage de Tadanobu Asano est d'ailleurs intéressant à ce niveau). Cependant, la dernière partie du film me pose un problème à ce niveau-là quand Rodrigues se retrouve malgré lui obligé d'apostasier après avoir enfin retrouvé le père Ferreira (Liam Neeson) qui lui force lui-même la main afin d'épargner la vie de quelques fidèles. On pourrait croire à ce moment-là que Scorsese prend finalement le parti des Japonais afin d'équilibrer la balance mais la mise en scène autour du personnage de Liam Neeson jette le doute sur la sincérité de ses propos, tout comme le plan final annule en quelque sorte tout ce que le film a voulu démontrer dans son dernier acte, rapportant à nouveau la foi à quelque chose de matériel et non plus spirituel.


Plus qu'un film sur la foi, Silence parle plutôt du rapport à la foi et c'est un des aspects les plus intéressants du métrage car tout le monde n'est pas égal face à sa foi, rien que les deux pères l'appréhendent d'une manière différente. Cependant, au final, c'est une certaine forme d'incompréhension qui nous gagne car il est difficile de toujours bien voir où veut en venir Martin Scorsese avec son histoire. Ajoutons encore certains personnages très bizarrement représentés (Issei Ogata est assez ridicule par exemple) et nous obtenons un film qui peine à convaincre totalement sur la durée.

C'est donc un sentiment mitigé qui prédomine avec un déséquilibre entre la forme - splendide - et le fond. L'ampleur du projet amenait certainement à des espoirs trop grands mais il faudra sans doute que je visionne le film de 1971 pour pouvoir situer véritablement le film de Scorsese. Dans tous les cas, c'est un film que je conseille quand même car il faut soutenir ce type de productions (le film a déjà fait un four aux Etats-Unis). Attention toutefois, il faut savoir ce que l'on va regarder car ceux qui ont vu Le Loup de Wall Street seront peut-être pris à contre-pied par le côté bien plus austère de Silence...
A réévaluer, peut-être, d'ici quelques temps.


jeudi 15 décembre 2016

(Re)visionnages récents - 5


X-Men: Days of Future Past, the Rogue Cut (2015) - Bryan Singer


Alors que j'avais déjà adoré Days of Future Past lors de sa sortie au cinéma en 2014, je n'avais pas encore eu l'occasion de regarder la Rogue Cut, montage alternatif avec une durée augmentée de 17 minutes qui présente le film tel que Bryan Singer l'avait pensé à l'origine.
Comme son nom le laisse présager, cette version alternative met le personnage de Malicia (Anna Paquin) bien plus en avant que la version cinéma dans laquelle elle n'apparaissait qu'en tant que caméo à la toute fin.
La principale différence avec le montage d'origine est l'inclusion de deux séquences inédites : l'une présente un dialogue pas forcément intéressant entre Mystique (Jennifer Lawrence) et le Fauve (Nicholas Hoult). Par contre, toute la séquence inédite du sauvetage de Malicia permet à Singer de se faire vraiment plaisir en proposant un montage alterné entre Magnéto vieux (Ian McKellen) qui s'infiltre dans le manoir avant d'échapper aux Sentinelles et son homologue jeune (Michael Fassbender) qui s'en va récupérer son casque.
La séquence avec Fassbender était déjà présente dans la version cinéma mais le nouveau montage fait gagner toute la scène en rythme, en plus de la réalisation toujours maîtrisée de Bryan Singer.
Je dois dire que cette version Rogue Cut me conforte dans mon idée que Days of Future Past est sans aucun doute le meilleur film de super-héros depuis Watchmen. La vision d'auteur que Singer injecte dans ses films fait vraiment du bien au milieu de la masse informe de blockbusters super-héroïques qu'on nous balance à la figure actuellement. Des séquences comme celle des portails ou de Quicksilver j'en redemande, et je veux que ce soit un type comme Bryan Singer, qui sait filmer l'action sans jamais tomber dans l'exagération, qui me l'apporte.


Pusher (1996) - Nicolas Winding Refn


Depuis le triomphe de Drive, chaque film de Nicolas Winding Refn est attendu au moins autant qu'il divise à sa sortie. Son esthétisme à outrance charme les uns et à tendance à en agacer d'autres. Pourtant, à ses débuts, le cinéma de Refn n'était pas encore exactement celui que l'on connaît aujourd'hui, même si on pouvait déjà y déceler certains signes précurseurs.
Ayant de grosses lacunes dans la filmographie du cinéaste, je me suis lancé plein d'enthousiasme dans son premier film, Pusher, premier volet d'une trilogie extrêmement appréciée des cinéphiles.
Et il faut dire que c'est une petite claque ! Filmé intégralement en caméra à l'épaule, Refn nous emmène au cœur du quotidien d'un trafiquant de stupéfiants à Copenhague. Étalé sur une durée de une semaine, le film est magnifiquement bien rythmé et embelli par la réalisation de Refn et ses très longs plans, on a peut-être là le meilleur long-métrage jamais tourné en caméra-épaule, rien que ça ! Comme je l'ai dit, on y voit déjà apparaître certains éléments visuels qui deviendront si chers au cinéaste par la suite, particulièrement cette attirance pour les néons et les lumières très vives (beaucoup de scènes se passent dans des bars ou des boites de nuit illuminées de toutes parts) qui contrastent avec la grisaille extérieure de la capitale danoise.
Il y a aussi ce casting de "gueules" : Mads Mikkelsen bien entendu mais surtout Kim Bodnia qu'on ne lâchera pratiquement pas d'une semelle durant ses péripéties. Un gros tour de force pour un premier film !


Pusher 2 : Du sang sur les mains (2004) - Nicolas Winding Refn


Essai transformé pour Nicolas Winding Refn ! Après l'échec cuisant enregistré par Inside Job, sa première réalisation en langue anglaise avec John Turturro, le réalisateur danois revient dans son pays natal pour faire une suite à son premier film. Pusher 2 se concentre cette fois-ci sur le personnage de Tonny (Mads Mikkelsen), l'ami du protagoniste principal du premier Pusher, qui vient de sortir de prison et qui retourne chercher du boulot auprès de son père, un gangster sans scrupules.
Si je parle d'essai transformé, c'est que le film réussi la prouesse d'être au niveau du premier alors que NWR lui-même avait peur de ternir le succès de son premier film. L'histoire est à nouveau racontée du point de vue du personnage principal avec cette incroyable caméra à l'épaule hyper dynamique qui permet, comme dans Pusher premier du nom, de maintenir un rythme effréné tout du long. C'est simple, jamais on ne s'ennuie, il se passe toujours quelque chose alors que l'on suit Tonny dans cette Copenhague froide, toujours représentée de manière très peu accueillante par Refn.
Si Inside Job prenait à contre-pied ce qu'il avait fait jusque là avec un rythme très lent des des plans très fixes (à se demander parfois s'il s'agissait bien du même réalisateur que Pusher et Bleeder), Refn revient ici à ses premiers amours avec toujours cette attirance pour les ambiances nocturnes et les lumières rouges (ça doit d'ailleurs être son film qui en contenait le plus jusque là), il imprime de ce fait sa patte si particulière sur le métrage et augure déjà un peu le tournant ultra esthétique que prendra sa carrière quelques années plus tard. Un grand film !


Pusher 3 : L'ange de la mort (2006) - Nicolas Winding Refn


Pour conclure sa trilogie, Nicolas Winding Refn décide cette fois-ci de suivre un des personnages secondaire des deux premiers volets, Milo (Zlatko Buric), un baron de la drogue serbe qui doit s'occuper d'organiser l'anniversaire de sa fille qui fête ses 25 ans.
Comme les deux premiers Pusher, l'histoire tourne autour du trafic de stupéfiants à Copenhague avec une réalisation toujours aussi maîtrisé caméra-épaule de Refn (ce sera d'ailleurs son dernier film à être tourné de façon aussi nerveuse).
Le film est clairement le moins bon des 3, principalement parce que le personnage principal souffre un peu de la comparaison avec Kim Bodnia et, surtout, Mads Mikkelsen. Alors certes il a de la présence en raison de sa carrure, mais il en imposait clairement plus quand il était un personnage secondaire, surtout dans le premier. Après ça reste très bon, Refn a le mérite d'avoir fait 3 films très semblables formellement parlant mais avec à chaque fois un autre personnage au centre de son histoire (là où, de nos jours, les trilogies suivent généralement le parcours d'un unique protagoniste principal).
Si l'attirance de Refn pour les personnages déviants n'est pas sans rappeler un certain Martin Scorsese, la froideur avec laquelle celui-ci filme Copenhague lorgne plutôt du côté de chez Kubrick (qui sera d'ailleurs son influence principale pour Bronson). Avec sa trilogie, le cinéaste danois s'est pourtant forgé son propre style, qu'il tournera de plus en plus vers l'ultra-esthétisme par la suite.


Midnight Special (2016) - Jeff Nichols


Alors que je l'attendais avec une grande impatience, Midnight Special n'a jamais daigné montrer le bout de son nez dans les salles romandes. Ayant enfin eu l'occasion de le voir, je peux enfin donner mon avis sur la première plongée de Jeff Nichols dans la science-fiction.
Si j'ai moins apprécié dans l'ensemble que Take Shelter qui est pour l'instant mon Nichols préféré, le réalisateur nous livre ici un très bon film de science-fiction, très spielbergien et avec toujours ce petit soupçon de Malick que le réalisateur arkansasais aime tant. Comme souvent chez Nichols, le film nous plonge directement dans le feu de l'action : on ne sait pas vraiment où on est, qui est ce jeune garçon, on sait juste que lui et son père biologique sont poursuivis par la police pour enlèvement.
Là où bon nombre de gros films de science-fiction actuels tentent par tous les moyens de nous en mettre plein la vue, Midnight Special a le mérite de ne pas trop en montrer jusqu'à la toute fin. On ne sait pas vraiment d'où proviennent les pouvoirs du gamin et quelle est véritablement sa missions.
Mais surtout, c'est beau, c'est très beau même, comme on en a pris l'habitude avec Jeff Nichols. Certains plans aériens notamment m'ont vraiment soufflé, tout comme la partie finale, très impressionnante mais que j'ai également trouvé très poétique.
Je retiens aussi une excellente bande-son qui accompagne très bien la tension (car il y en a, encore une chose que le réalisateur maîtrise bien).
Je reprocherais au film au défaut en particulier, c'est un problème de rythme vers le début du film, les premières scènes avec Adam Driver notamment (alors qu'il est très bon, là n'est pas le souci) qui ne font pas vraiment avancer l'histoire.
Midnight Special est de nouveau une réussite pour Jeff Nichols qui nous livre un film de science-fiction se recentrant sur l'essentiel : la cellule familiale et l'amour d'un père pour son enfant...De quoi attendre avec une certaine impatience Loving, le prochain film du réalisateur qui a d'ailleurs déjà été présenté à Cannes cette année.


Zootopie (2016) - Byron Howard, Rich Moore & Jared Bush


Gros carton de ce début d'année, Zootopie était intéressant sur le papier car il marquait le retour de Disney à un genre qui a donné naissance à de très grands films : l'anthropomorphisme.
La seule bande-annonce (qui était plutôt un extrait) que j'avais vu, avec le paresseux m'avait bien fait sourire et j'étais donc curieux de voir le résultat final.
Finalement, le film est un peu à l'image de ce que fait Disney depuis quelques années : c'est beau, c'est plutôt sympa mais ça reste très classique !
On suit en effet le parcours le Judy, premier lapin à intégrer le service de police de la ville de Zootopie où ne vivent que des animaux. Elle va devoir prouver sa valeur et va vite se retrouver confronter à une histoire d'enlèvement et d'animaux qui deviennent enragés (les prédateurs), elle va donc s'attacher les services de Nick, un renard spécialisé dans les arnaques (et dont le design m'a beaucoup fait penser à Fantastic Mr. Fox) pour résoudre cette affaire.
Et le problème, c'est justement que le métrage suive un schéma totalement classique d'enquête policière où au final, des personnages présentés comme gentils vont finalement s'avérer être de grands méchants.
Surtout que, arrivé à la fin du film, pas grand chose n'a changé, tout le monde se retrouve pour danser sur du Shakira mais il n'y a pas de réelle remise en question (principalement concernant le travail de la police ou de cette "utopie" qui n'en est pas vraiment une).
A la fin je me suis donc retrouvé à me dire "meh", c'est certes très solide techniquement et la direction artistique a un charme certain, mais je n'ai pas eu l'impression d'avoir vraiment quelque chose de neuf devant les yeux et c'est vraiment dommage.


Une histoire vraie (1999) - David Lynch


Finissant petit à petit la filmographie de David Lynch, il me restait un film que je n'avais pas encore vu de lui, celui relatant l'histoire vraie (comme le titre pouvait potentiellement mettre la puce à l'oreille) d'un vieillard de 73 ans qui va parcourir plus de 550km au volant d'une tondeuse à gazon pour aller rendre visite à son frère qui a été victime d'un infarctus.
Je n'en attendais pas grand chose pour tout dire, je savais que c'était un film passablement éloigné du style très torturé du cinéaste et beaucoup plus accessible qu'un Lost Highway ou un Mulholland Drive pour ne citer qu'eux.
Eh bien quel coup de coeur ça a été ! Lynch nous livre ici un magnifique road-trip, assez extravagant vu le moyen de locomotion utilisé par Alvin Straight mais d'une beauté sans pareil.
Je ne m'étais jamais attaché autant rapidement à un personnage, il faut dire que Richard Farnsworth livre une prestation incroyable de justesse en faisant passer énormément d'émotion par son regard. Plusieurs fois j'ai eu la larme à l'oeil en voyant Alvin croiser sur sa route différentes personnes à qui il raconte sa vie, ses bonheurs mais également ses malheurs, sans que jamais il ne soit jugé de telle ou telle manière. Le tout est agrémenté de la magnifique musique de Angelo Badalamenti qui souligne à merveille l'ambiance très mélancolique qui se dégage de cette virée parmi ces paysages si sublimement mis en avant par David Lynch.
Une histoire vraie est un film très simple dans sa forme mais avec un gros travail de fond derrière. Si jusqu'alors, Blue Velvet avait ma préférence dans la filmographie de Lynch, celui-ci vient de se faire chiper sa place par ce pur morceau de cinéma, ce pur morceau de beauté. Un chef-d'oeuvre !


Holy Motors (2012) - Leos Carax


Difficile de parler d'un tel film, tant son étrangeté risque d'en laisser pas mal sur le carreau. Ne connaissant pas Leos Carax, mais étant familier avec la très bonne réputation du film, je me suis donc lancé avec curiosité et j'ai vraiment aimé, sans être une claque non plus.
Pendant tout le film, nous suivons une journée de M. Oscar (Denis Lavant), un homme dont le métier est de changer constamment d'apparence, de se mettre dans la peau de différents personnages afin d'aller à plusieurs rendez-vous. Tout le film, ou presque, se construit donc sur le schéma M. Oscar monte dans la limousine - il est informé de son prochain rendez-vous - il se prépare, se déguise - va au rendez-vous - remonte dans la limousine - etc. Ce qui est très fort, c'est la performance de Denis Lavant qui arrive à nous faire croire à tous les personnages qu'il incarne, que ce soit un père de famille, un tuer professionnel, Merde (un personnage tiré du court-métrage du même nom de Carax), même un vieux sur son lit de mort qui est saisissant de réalisme alors qu'on sait qui est la personne se cachant sous le maquillage. Lavant effectue en fait le travail que fait un acteur traditionnel sur plusieurs films mais le concentre en un seul métrage mais garde quand même une certaine distance avec ses personnages (si ceux-ci meurent, M. Oscar reste en vie, la séquence du tueur est d'ailleurs assez représentative de cet aspect).
Alors certes, toutes les saynètes ne se valent pas - j'ai adoré la séquence des égouts et l'entracte aux accordéons (juste génialissime !) mais j'ai par contre moins aimé la séquence avec Kylie Minogue ou celle du vieil homme que je trouve vraiment trop longues pour ce qu'elles racontent.
Une chose est sûre, c'est que Leos Carax sait mettre en scène son histoire (la scène du studio d'animation est assez folle visuellement) que je ne me risquerai pas à essayer d'interpréter, si tant est qu'il existe une interprétation. Un film que je conseille pour son concept et le formidable Denis Lavant.


Warcraft : Le Commencement (2016) - Duncan Jones


Incroyable...j'en reste sans voix. Il y a de ces films dont vous n'attendez absolument rien, éventuellement qu'ils soient un poil divertissant et dont vous ressortez quand même déçu. Disons-le tout de suite, Warcraft : Le Commencement en fait partie, tant nous tenons là une des pires merdes de l'année.
C'est effarant. On te balance dans l'histoire sans aucun développement des personnages, on ne sait pas où on est, qui sont ces gens, moi qui n'ai jamais joué à Warcraft je n'ai absolument rien pigé à quels étaient les enjeux de ce gros bordel. Là on est face à un film sans doute prévu pour faire plaisir aux fans mais j'ai horreur de ça ! Un film, même tiré d'un autre média, devrait pouvoir réussir à contenter tout le monde, pas cracher à la gueule de ceux qui débarquent.
Pis mon dieu qu'est-ce que c'est moche, entre les orcs tous plus ignobles les uns que les autres, des CGI parfois à la ramasse, rien n'est vrai, ce ne sont que des personnages vides qui s'excitent devant des fonds verts dégueulasses.

Pis ce n'est pas l'immense profondeur des personnages (et du casting surtout) qui va sauver ça quand on voit la gueule du roi et de la reine qui n'ont l'air d'avoir aucune idée de ce qu'ils foutent là, la femme mi-orc, mi-humaine (appelons-là humorc, j'ai oublié son nom de toute manière) qui après quelques heures s'attache au personnage principal et réciproquement.
Et le gros méchant orc alors, qu'est-ce qu'il branle pendant la grosse bataille finale (qui d'ailleurs se fait complètement sodomiser par n'importe quel affrontement du Seigneur des Anneaux) ? Tout le monde se tape dessus mais lui on ne le voit jamais sauf quand il faut venir gueuler sur ses soldats, il est quand même censé être surpuissant le mec...On a même droit au roi qui prend le temps, alors que toute son armée se fait égorger autour de lui, de débiter les banalités habituelles à l'humorc sur comment elle doit prendre le relai, qu'il se sacrifie, blablabla...
Mes yeux et mon corps entier n'étaient pas prêts pour ça, je n'ai pas de mots...et le pire c'est qu'il y aura sûrement une suite vu le sous-titre français du film. Duncan Jones aurait vraiment dû rester éloigné de ces conneries.


Croix de fer (1977) - Sam Peckinpah


Je ne suis pas un fin connaisseur du cinéma de Sam Peckinpah, le seul souvenir que j'ai d'un de ses films concerne Les Chiens de paille mais c'est vraiment lointain.
Je me suis donc attaqué à un de ses derniers films, considéré comme le plus abouti de sa riche carrière : Croix de fer.
Premier fait original à constater, le film se positionne du côté Allemand, peu après la Bataille de Stalingrad, sur le front russe. On y suit l'unité du Sergent Rolf Steiner (campé par le formidable James Coburn), chef désabusé, cynique, opposé à l'idéologie nazie et qui estime n'avoir de comptes à rendre à personne si ce ne sont ses hommes qu'il apprécie comme sa propre famille.
Ce qui est génial, c'est qu'on s'attache vite à Steiner et à ses hommes, on veut qu'ils survivent alors que les soldats de l'armée allemande sont plutôt dépeints comme les méchants de l'histoire dans bon nombre de films traitant de la Seconde Guerre mondiale. Peckinpah n'en fait pas pour autant un film manichéen, des salauds il y en a des deux côtés (dont notamment l'officier allemand qui convoite la croix de fer plus que tout)

Le film met toutefois une baffe visuelle assez folle, tant le réalisateur californien est un patron de la mise en scène. Croix de Fer est certainement le film de guerre le plus réaliste qu'il soit, que ce soit dans sa façon de reconstituer l'armement (Peckinpah a notamment réussi à utiliser les vrais tank soviétiques utilisés durant la guerre) ou dans sa manière de filmer les combats. Son utilisation des ralentis est toujours autant pertinente afin d'appuyer encore plus la violence des affrontements (car le film est très violent), il n'hésite pas non plus à suivre les soldats caméra à l'épaule dans un style quasi-documentaire pour nous emmener au coeur de l'action.

Croix de Fer est un film de guerre majeur et demeure, même 40 ans après, d'une modernité assez incroyable. Le film n'a pas pris une ride et continue d'influencer certains réalisateurs qui s'essaient au genre (comme le récent Fury de David Ayer). Un chef-d'oeuvre que je ne peux que vous conseiller !


Swiss Army Man (2016) - Daniel Scheinert et Daniel Kwan


Au menu des étrangetés qui avaient attiré ma curiosité, Swiss Army Man figurait en tête de liste. Premier long métrage des Daniels (primés pour leur mise en scène au Festival Sundance) comme ils s'appellent eux-mêmes, le film relate l'histoire d'un homme, Hank (Paul Dano), échoué sur une minuscule île déserte et qui tente de se suicider. Il fait alors la connaissance d'un cadavre pétomane pas vraiment mort nommé Manny (Daniel Radcliffe) avec qui il va se lier d'amitié. Le macchabée va également révéler avoir certains pouvoirs qui vont aider  Hank à survivre et retrouver la civilisation (d'où le titre du film qui fait références aux célèbres Swiss Army Knives ou couteaux suisses dans la langue de Molière).
Au vu de ce synopsis complètement hallucinant et de la bande-annonce, je m'attendais à un truc absurde à souhait, il s'avère que c'est au final une espèce de patchwork des différentes idées que l'on retrouve dans les courts-métrages réalisés par les Daniels.
Le film est certes drôle mais il est raconté d'un ton plutôt sérieux, comme si les cinéastes avaient tenté de livre une sorte de poésie absurde et décalée. Le problème c'est que ça ne marche pas tout le temps, surtout quand c'est accompagné de certaines réflexions pas franchement subtiles. Il n'empêche que les deux réalisateurs montrent un certain talent de mise en scène et que l'alchimie entre Dano et Radcliffe fonctionne vraiment bien. Il en résulte certains passages très drôles, certaines belles séquences mais également d'autres plus déconcertantes.
Si le concept est vraiment respecté du début à la fin, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine déception, je pense que j'aurais préféré un film sans queue ni tête où il n'y a aucun question à se poser sur ce que l'on voit à l'écran (comme le fait bien Quentin Dupieux par exemple). Le film reste quand même une expérience vraiment agréable que je conseille ne serait-ce que pour son concept assez génial.


Ma Loute (2016) - Bruno Dumont


Dans le paysage cinématographique français, Bruno Dumont est un cas particulier, une exception, une des pattes les plus reconnaissables qu'il soit. Son cinéma, très orienté vers le vrai dans son sens le plus pur, ne m'a pas toujours séduit mais j'ai toujours reconnu chez lui une maîtrise formelle. Parfois ça me transporte complètement (Hadewijch, son meilleur film à mes yeux), d'autres fois beaucoup moins (Hors Satan ou Twentynine Palms).
Il est intéressant de constater à quel point le cinéma de Dumont ne cesse d'évoluer : après avoir dirigé pour la première fois un acteur professionnel (en l'occurrence Juliette Binoche dans Camille Claudel 1915) et s'être tourné vers la comédie (lui plutôt habitué aux drames sociaux) avec le très bon téléfilm P'tit Quinquin, le cinéaste nordiste reste dans le même registre avec Ma Loute, sa première comédie dédiée au cinéma.
Il faut très peu de temps pour voir à qui on a à faire : ces paysages du Nord si magnifiquement filmés, ces personnages en décalage avec leur monde mais toujours magnifiés par le cinéaste. Nous avons ici un beau film, peut-être la plus belle comédie de l'année d'un point de vue purement formel.
Le film peut décontenancer car ce n'est pas une comédie comme les autres et son absurde pourra laisser sur le carreau. N'en déplaise aux détracteurs du cinéaste qui lui reprochent souvent d'avoir du mépris pour les habitants du Nord, ce sont eux qui sont le mieux dépeints ici, sans qu'ils ne soient blancs comme neige évidemment (ce serait mal connaître Bruno Dumont). Les dindons de la farce, ce sont clairement les nobles, incarnés entre autres par un Fabrice Luchini et une Juliette Binoche en contre-emploi total, qui exagèrent toutes leurs paroles et leurs gestes de manière complètement hilarante. Dans Ma Loute, c'est clairement la bourgeoisie qui est tournée en dérision.
Le choix de Dumont de choisir des acteurs professionnels pour jouer la noblesse et des amateurs pour jouer le "petit peuple" fait sens ici, il n'aurait en effet pas été facile pour n'importe qui de jouer les bouffonneries auxquelles on assiste (la séquence du repas de famille est un festival de n'importe quoi, dans le bon sens).
Ma Loute fait du bien, c'est une bouffée d'air dans la comédie française trop souvent réduite aux grosses productions avec Kev Adams, Franck Dubosc ou Dany Boon en tête d'affiche. S'il ne devait y avoir un seul reproche à lui adresser, ce serait sa durée (2h c'est un poil trop long) mais ce n'est clairement pas rédhibitoire. Je pense toutefois qu'il est quand même nécessaire de connaître un minimum le cinéma de Dumont pour pouvoir comprendre ses intention et ainsi entrer totalement dans le film. Il ne faut non plus pas être totalement allergique à son style bien évidemment...


Insaisissables 2 (2016) - Jon M. Chu


Insaisissables avait été une grosse déception à sa sortie. Ne connaissant presque rien du film, j'étais allé le regarder pour voir des tours de magie (moi qui aime ça) et m'étais au final retrouvé devant un déluge de tours en CGI tous plus capillotractés les uns que les autres.
Le film avait cependant bien fonctionné au box-office, et comme tout film qui rencontre un gros succès ces temps, une suite a vite été annoncée. Autant dire que cette fois-ci je n'en attendais rien, j'espérais éventuellement qu'il soit mieux que le premier mais il n'en est rien, pire, il réussit à être encore pire, la faute à une surenchère permanente.
Insaisissables 2, ce sont tous les défauts du premier qui resurgissent : des "tours" totalement impossibles, des explications sans queue ni tête, des ficelles de scénario grosses comme le bras et cette sensation permanente qu'on me prend vraiment pour un débile. Non parce qu'il faut voir la gueule des "twists" du film, principalement celui de fin (alors déjà faudra m'expliquer comment les Cavaliers ont pu revenir à Londres depuis la Chine alors qu'ils sont recherchés par le FBI) où, par un concours de circonstances tout ce qu'il y a de plus improbable, nos 4 compères réussissent à la perfection leur final car les méchants sont assez intelligents pour aller exactement là où les magiciens voulaient qu'ils aillent. D'ailleurs parlons-en des "méchants" (parce qu'on ne sait jamais trop, parfois ils sont méchants, ensuite amis) : Daniel Radcliffe débarque dans ce gros bordel et constitue l'antagoniste principal alors qu'il n'est pas crédible pour un sou, sans parler de ce pauvre Michael Caine qui n'en finit plus d'enchaîner les rôles à des années-lumières de son véritable talent (tout comme Freeman d'ailleurs). Au final, encore un film où je suis arrivé à la fin énervé de voir qu'on se fout de ma gueule à ce point là (je ne parlerai pas de la fille et de l'histoire d'amour qui sort d'on ne sait où, c'est au-dessus de mes forces).
Insaisissables 2 est finalement à l'image de la majorité des blockbusters de cet été (et de l'année de manière plus générale) : fade et sans idées, se retrouvant obligé d'user d'artifices débiles pour nous faire croire que ça marche, mais personne n'est dupe (en tout cas pas moi). A éviter donc, le vrai tour de magie ce serait que le film se soit planté au box-office et qu'une suite ne voit jamais le jour...


Les Sept Samouraïs (1954) - Akira Kurosawa


En pleine découverte de la filmographie de Kurosawa, il fallait bien que je commence par quelque part et mon choix s'est tourné vers ce qui est considéré comme son plus grand film, celui qui l'a fait connaître en occident, je veux bien sûr parler de Les Sept Samouraïs !
Sa durée (à peine moins de 3h30) pourrait en rebuter quelqu'un mais ce serait mal connaître le génie de Akira Kurosawa pour raconter des histoires, en l'occurrence celle de 7 samouraïs qui ont pour mission de protéger un village de paysans d'une attaque imminente de bandits.
Jamais je n'ai senti le temps passer durant le film, il y a une exposition qui nous présente simplement les tenants et aboutissants mais, surtout, cette galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres (dont un Toshiro Mifune en clown de service juste savoureux !), même ceux qui sont plus secondaires. Digne héritier des chanbara traditionnels japonais (revisité à la sauce Kurosawa), Les Sept Samouraïs est un chef-d'oeuvre total et un monument de mise en scène ! Jamais je n'avais vu quelqu'un maîtriser à ce point le 1.37, la composition de cadre est constamment retravaillée au point de nous donner des plans juste hallucinants de beauté sans jamais surcharger l'image.
Puis il y a ce dynamisme, il se passe toujours quelque chose à l'écran et le choix de Kurosawa de filmer l'action en longue focale n'est pas anodin, tout comme l'utilisation de ralentis qui étaient déjà précurseur - allez savoir - du cinéma d'un certain Sam Peckinpah.
L'humanisme qui se dégage de la fresque du maître Kurosawa (présentant à la fois les samouraïs et les paysans avec leurs bons côtés et leurs défauts) couplé à cette perfection formelle font de Les Sept Samouraïs un film total, un chef-d'oeuvre ultime pour l'éternité.


Il était une fois dans l'Ouest (1968) - Sergio Leone


Après avoir connu la gloire internationale avec sa Trilogie du Dollar (principalement grâce au carton énorme de Le Bon, la Brute et le Truand), Sergio Leone n'a pas mis longtemps à se pencher sur son nouveau projet, Il était une fois dans l'Ouest, première pierre de se qui constituera au final une nouvelle trilogie centrée cette fois-ci sur plusieurs périodes clés de l'histoire américaine.
Cette fois-ci, exit Clint Eastwood et autres Lee Van Cleef qui sont remplacés (dans des rôles assez similaires) par Charles Bronson et Henry Fonda.
Je ne pouvais passer à côté de l'occasion de redécouvrir ce qui est considéré comme la quintessence du western spaghetti sur grand écran, je me suis donc rendu à la Cinémathèque excité comme une puce et en suis ressorti émerveillé.
Dès la superbe séquence d'introduction, Sergio Leone nous rappelle à quel point il est un réalisateur hors-paire. Tout le reste du film sera du même acabit, tout est réglé au millimètre : les travellings, le cadrage (notamment ces fameux très gros plans centrés sur les yeux et si chers à Leone), cette photographie dorée à en tomber d'émerveillement.
Le réalisateur italien a également un don pour iconiser instantanément ses personnages. A l'instar de l'homme sans nom dans la Trilogie du dollar, l'homme à l'harmonica est présenté en un seul long plan et il nous sera expliqué que tout à la fin qui il est vraiment à l'aide - à nouveau - d'une unique séquence et d'une seule ligne de dialogue. C'est clair, concis mais diablement efficace, beaucoup de scénaristes actuels pourraient d'ailleurs s'en inspirer au lieu de se perdre dans des développements interminables.
Puis il y a ce duel final entre ces deux gueules légendaires du cinéma hollywoodien classique (des gueules telles qu'on en voit plus d'ailleurs) que sont Fonda et Bronson, rythmé par ce qui est certainement une des meilleures compositions de l'éternel Ennio Morricone...Un de mes plus grands moments de cinéma assurément ! Que l'on aime ou non, il serait impensable de ne pas considérer Il était une fois dans l'Ouest comme un des westerns majeurs de l'histoire, qui se démarque (comme le faisait déjà la Trilogie du dollar) par son ambiance très baroque, profondément dramatique mais avec ces quelques pointes d'humour que Leone sait si bien doser.


Café Society (2016) - Woody Allen


Woody Allen me plaît ces derniers temps ! Après son magnifique Magic in the Moonlight (véritable coup de cœur il y a deux ans) et son très bon - bien que moins marquant - L'homme Irrationnel, le réalisateur new-yorkais continue son rythme de 1 film/an et nous emmène cette fois-ci dans les Etats-Unis des années 1930 où un jeune homme, Bobby (Jesse Eisenberg) quitte New-York pour essayer d'aller percer à Hollywood.
Comme à son habitude, Woody Allen injecte de sa propre personne dans ses personnages, dont Bobby, jeune homme juif originaire de New-York. Je dois dire que même si le talent de Allen pour filmer ses actrices est intact (je ne trouve pas Kristen Stewart particulièrement jolie en temps normal mais il parvient à la rendre mignonne), Emma Stone manque un peu car il s'agit à mes yeux de la plus belle muse qu'ait jamais filmé Woody Allen et il est donc difficile de passer après.

Mis à part ce détail complètement subjectif, autant dire que le charme opère : le Hollywood des années '30 est magnifiquement reconstruit et, comme c'est souvent le cas chez le metteur en scène, la photographie est chatoyante et de toute beauté. L'alchimie entre Eisenberg et Stewart fonctionne vraiment bien et leur romance est vraiment crédible bien qu'assez classique. C'est d'ailleurs le seul petit défaut que je pourrais vraiment lui trouver c'est que le film est un peu en-dessous au niveau de l'écriture, c'est assez classique et je ne me sens pas forcément très concerné. La fin est par contre très belle, Allen arrive à éviter certains pièges dans lesquels il aurait pu tomber (en ce qui concerne la relation amoureuse sans en dire plus).
C'est donc à nouveau une bonne cuvée Allen qui, mine de rien, de bonifie vraiment avec le temps. Alors c'est certes inférieur à Magic in The Moonlight mais ça tient la distance par rapport à L'homme Irrationnel (je cite ces deux-là parce que c'est ceux dont je me rappelle le mieux). Un bon moment à passer, en plus ça ne dure qu'1h40 !


La Tortue rouge (2016) - Michael Dudok de Wit


Wow...parfois, les mots ne suffisent pas pour décrire ce que vous ressentez après le visionnage d'un film, La Tortue Rouge en fait partie mais je vais tout de même essayer d'écrire quelques mots.
Je suis un grand fan des courts-métrages de Michael Dudok de Wit, notamment son formidable Le Moine et le Poisson que je considère à titre personnel comme un petit chef-d'oeuvre d'animation.
Pourtant, le néerlandais ne s'était encore jamais essayé au format long, il a donc passé près d'une décennie, avec l'aide des studios Ghibli, à préparer La Tortue Rouge qui est sorti dans nos salles cet été et que j'ai eu le malheur de rater au cinéma.
Oh oui, quel malheur quand je vois le résultat, peut-être un des plus beaux films d'animation qu'il m'ait été donné de voir. L'histoire est simple et elle commence in media res avec cet homme échoué sur une île déserte sans vraiment d'autre explication. Alors qu'il essaye de nombreuses fois, sans succès, de quitter l'île, tel une Sisyphe transportant inlassablement sa pierre, ce homme va se résigner et se voir contraint à passer le reste de sa vie sur cette île.
Sans dialogues et d'une beauté à en tomber (avec un chara-design qui rappelle beaucoup les dessins de Hergé), le film est une ode à la poésie (on ressent la touche Ghibli), un récit universel sur la naissance, l'amour et la mort tandis qu'on passe de la tristesse à la colère en passant par une angoisse profonde (la séquence dans l'espère de grotte) et un bonheur éphémère.
Les dessins sont épurés, beaucoup d'émotion passe par la mise en scène et la magnifique musique parfaitement utilisée sans qu'elle ne soit trop envahissante. L'absence de dialogue (les rares fois où les personnages s'expriment c'est avec des cris) est formidable car il n'y en a pas besoin, tout passe par l'image, ce qui en fait une magnifique oeuvre visuelle, un pur film de cinéma.

La Tortue Rouge, ce n'est pas un film de survie mais plutôt un film sur l'homme face à la nature avec cet aspect fantastique lié à la fameuse tortue, justement, et à ce qu'elle advient (ce que je ne révélerai pas ici). Les très nombreux plans larges donnent une idée de l'échelle et nous rappelle à quel point nous sommes petits, à l'image des grains de sable de la plage sur laquelle va s'échouer tant de fois ce pauvre homme.
Au moment où j'écris ces lignes, quelques heures après le visionnage, j'en ai encore la gorge serrée, bouleversé par ce que je viens de voir, signe que le cinéma d'animation, quand il est entre les mains de tels artistes, a encore de magnifiques jours devant lui.