Affichage des articles dont le libellé est pixar. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est pixar. Afficher tous les articles

samedi 7 mai 2016

(Re)visionnages récents - 4



Legend (2015) - Brian Helgeland



Intrigué, je l'étais après visionnage du trailer de Legend, le nouveau long-métrage de Brian Helgeland, surtout connu pour ses talents de scénariste.
Le film relate l'histoire des jumeaux Ronnie et Reggie Kray (tous deux incarnés par Tom Hardy), deux gangster qui ont régné sur Londres dans les années 1960.
Alors évidemment, l'attraction principale du film est de voir la double interprétation de Tom Hardy qui change complètement son jeu lorsqu'il doit passer de Reggie à Ronnie, alors que ce dernier souffre de schizophrénie (malheureusement il cabotine un peu trop dans le deuxième cas). L'intégration des deux incarnations de Hardy sur un même plan est d'ailleurs assez saisissante.
Le film joue beaucoup sur le concept de dualité, il est en effet rare de ne voir qu'un seul personnage à l'écran. Outre les jumeaux, il y a une relation entre Reggie et sa femme (la douce Emily Browning), entre Ronnie, homosexuel, et son ami (Taron Egerton), entre les jumeaux et leur mère, etc. Brian Helgeland (dont c'est le premier film que je visionne) démontre en plus un certain talent de mise en scène avec beaucoup de longs plans et de travellings.
Legend était une très bonne expérience, assez impressionnante visuellement parlant et avec cette inspiration scorsesienne dans sa construction qui m'a beaucoup plût.
Après, ce n'est en tout cas pas ce film qui renouvellera le genre du film de gangsters, tant sa construction est classique, mais ça reste un bon moment à passer.


Cookie's Fortune (1999) - Robert Altman


Film vu à la Cinémathèque sur un petit coup de tête. Je connaissais Robert Altman de nom, je savais que c'était un très grand nom du cinéma et une figure du Nouvel Hollywood...et pourtant je n'avais jamais vu un seul de ses films !
C'est donc par un de ses derniers films que j'ai eu l'honneur de commencer : Cookie's Fortune, verdict ? J'ai adoré !
Le film se passe au Mississippi où une vieille dame, "Cookie", se donne la mort et est retrouvée dans sa chambre pas ses deux nièces, très catholiques.
L'une d'elle, qui voit le suicide comme un signe de lâcheté de de déshonneur, décide de déguiser le suicide en assassinat. S'entame alors une enquête afin de faire la lumière sur cette histoire.
Il y a une assez longue exposition au début qui permet de bien présenter les personnages, tous plus intéressants et bien écrits les uns que les autres (mention à la tante insupportable jouée par la géniale Glenn Close).
Le film est génialement écrit avec des touches d'humour qui font mouche à chaque fois. Le naturalisme de Altman se ressent dans le jeu des acteurs, très organique comme le répète d'ailleurs quelques fois la tante, à l'image des personnages de la pièce de théâtre mise en scène par celle-ci.
Après, ne connaissant pas l'oeuvre de Altman, il m'est difficile d'y déceler des thèmes récurrents mais une chose est sûre, c'est que je vais me plonger dans son imposante filmographie car j'ai vraiment pris mon pied !


Steve Jobs (2016) - Danny Boyle


Considéré en quelque sorte comme la suite spirituelle de The Social Network, le nouveau film de Danny Boyle le mettait face à un défi de taille : faire au moins aussi bien que David Fincher (même si on ne lui en aurait pas voulu de ne pas y arriver, faut pas déconner hein !).
Egalement écrit de la main de Aaron Sorkin, scénariste de génie, Steve Jobs se démarque du biopic conventionnel par sa structure en 3 actes, trois séquences distinctes qui sont les moments précédant la présentation du premier Macintosh, du NeXT Computer et de l'iMac.
C'est dans ce découpage particulier qu'est le vrai tour de force, ça nous permet de constater, par le biais de 3 moments particuliers de sa vie, à quel point Steve Jobs ne s'est jamais écarté de ses convictions professionnelles, lui qui a toujours voulu des systèmes fermés.
Mais l'enjeu principal du film tourne plutôt autour de l'homme et de ses problèmes familiaux, de sa fille dont il ne voulair pas reconnaître la paternité à ses problèmes avec celle-ci mais également avec ses collaborateurs comme Steve Wozniak (magnifiquement interprété par Seth Rogen) qu'il a toujours refusé de mentionner ou de congratuler lors de ses présentations ultérieures.
Le film avait donc toutes les cartes pour me plaire mais il s'avère que j'en suis ressorti un peu déçu car il ne raconte finalement pas grand chose et ce qu'il raconte n'est pas très intéressant (en plus je n'aime pas Steve Jobs de base).
J'aurais vraiment voulu entrer dedans, les acteurs sont bons (Michael Fassbender est très crédible, Kate Winslet excellente) mais quand on a vu The Social Network avant, il faut quand même dire que Steve Jobs souffre de la comparaison. Un bon film mais oubliable en ce qui me concerne.


The Danish Girl (2016) - Tom Hooper


Dans la catégorie "film consensuel à faire pleurer les ménagères", The Danish Girl mérite de figurer en bonne place. J'avais aimé Le Discours d'un Roi et quelques aspects des Misérables de Tom Hooper.
Cependant, avec sa dernière réalisation, le cinéaste revient avec un film calibré comme jamais pour plaire aux membres de l'Académie des Oscars ; on prend un sujet tabou, l'acteur ayant raflé la statuette l'an passé, le compositeur ayant fait de même, on enrobe le tout dans une réalisation on ne peut plus plate et on obtient The Danish Girl.
Ce film, c'est un peu tout ce qui m'exaspère, on savait que Tom Hooper n'est pas forcément réputé pour sa subtilité, mais un nouveau pallier est franchi ici, on a vraiment l'impression que le film veut toujours forcer l'émotion chez le spectateur à coup de scènes "fortes" et de musique triste, sauf que non, l'émotion ne passe pas comme ça. J'avais apprécié Carol qui traitait également d'un sujet assez sensible sans pour autant tomber dans le pathos, ici il n'y a que ça ! Et le pire c'est qu'il faut se coltiner un Eddie Redmayne insupportable pendant deux longues heures avec ses mimiques et ses regards de pute à Oscar ! Heureusement que Alicia Vikander est là pour sauver ce qu'il y a à sauver, c'est elle qui m'a fait tenir le film entier.
On concédera comme d'habitude à Tom Hooper une bonne retranscription des années 1930 avec des décors réussi (c'est toujours l'aspect le plus réussi de ses films) mais il va vraiment falloir qu'il passe à autre chose au lieu de chercher à chaque fois à truster les cérémonies. D'ailleurs, c'est même raté à ce niveau puisqu'il n'y a aucune nomination à l'Oscar du meilleur film à la clé...une belle crotte !


Room (2016) - Lenny Abrahamson


Vaguement inspiré de l'affaire Josef Fritzl, Room raconte l'histoire d'une jeune femme retenue prisonnière dans une cabane de jardin pendant 7 ans, dont 5 avec son fils qu'elle a eu avec son ravisseur.
Le film s'annonçait comme un huis clos, et c'est ce qu'il est durant toute sa première moitié où l'on nous présente le quotidien de Joy (Brie Larson) et Jack (Jacob Tremblay) à l'intérieur de la Room comme ils l'appellent eux-mêmes, jusqu'à finalement mettre au point un plan pour s'évader.
Dès lors, le film entre dans une deuxième phase, plus dramatique, où le jeune Jack va découvrir un monde qu'il n'a jamais vu si ce n'est à la télévision et Joy qui va devoir se réadapter alors qu'elle est mise sous le feu des projecteurs de par ce que'elle a vécu.
Autant j'ai trouvé que la première partie traînait un peu en longueur, autant la seconde redonne un souffle au film qui en a besoin.
L'histoire de cette mère et de son fils est touchante et montre que même après avoir été enfermé pendant si longtemps dans une pièce close, il peut être difficile de retrouver sa liberté.
Mais la grande réussite du film réside surtout dans les performances respectives des acteurs. Brie Larson est bien sûr excellente, mais c'est surtout la formidable performance du jeune Jacob Tremblay, saisissante de justesse qui vaut le coup d’œil...une belle découverte.


Avé, César ! (2016) - Joel et Ethan Coen


La filmographie des frères Coen a ceci de particulier qu'elle peut être divisée en deux parties bien différentes : les comédies très légères d'un côté et les films beaucoup plus noirs et sérieux de l'autre.
Avé, César ! fait clairement partie de la seconde catégorie mais restera malheureusement un Coen plutôt mineur (alors que leur dernier, Inside Llewyn Davis, m'avait enchanté).
Le film est découpé en différents sketchs sans réel rapport les uns avec les autres si ce n'est que c'est à chaque fois le personnage central, Eddie Mannix (incarné par le superbe Josh Brolin) qui en réglera les différents problèmes. Le personnage de Mannix est clairement le gros point fort du film, toutes les galères du monde lui tombent sur les épaules et il garde (presque) toujours la tête froide, de manière parfois assez comique. C'est un personnage auquel on s'attache très vite et l'unique véritable fil rouge de l'histoire.
Le problème c'est que tous les sketchs ne se valent pas : la partie avec Alden Ehrenreich est absolument hilarante tandis que l'intrigue autour du personnage de Scarlett Johansson n'est pas vraiment intéressante et ne mène finalement nulle part...
Au fond c'est un peu le problème du film, il y a beaucoup de personnages, beaucoup de sketchs à gauche à droite mais il n'y a pas vraiment de réunion entre ceux-ci. Les véritables enjeux de l'histoire sont ceux entourant le sort du personnage de George Clooney qui se fait kidnapper mais même là je trouve que les Coen sont un peu passés à côté de leur sujet.
Reste que le film reste un bel hommage aux studios hollywoodien des années 1950 et leurs grosses productions (principalement le péplum en l’occurrence), toujours éclairé par le talent de Roger Deakins (même si on l'a connu plus transcendant à ce niveau). Cependant, quand on a vu The Big Lebowski et la trilogie des idiots on est en droit d'attendre mieux des frères Coen dans leur versant comédie.


Th Assassin (2016) - Hou Hsiao-hsien


Une de mes grosses attentes de ce début d'année, le dernier prix de la mise en scène du Festival de Cannes a connu une production assez chaotique avant de pouvoir finalement sortir dans nos contrées. On me chantait les louanges du film depuis des semaines et je comprends pourquoi : chaque plan est une oeuvre d'art à lui tout seul, un tableau devant lequel on pourrait rester de longues minutes durant, à simplement s'émerveiller.
On tient sans problème ici l'un des plus beau film de la décennie, il y a un travail incroyable sur les couleurs : les complémentaires (principalement le rouge et le vert), le chaud/froid (les scènes d'intérieur sont sublimes à ce niveau) et le noir/blanc (d'ailleurs les 15 premières minutes d'exposition sont tournées entièrement en noir et blanc avec également une photographie à tomber par terre).
J'avoue ne pas avoir vraiment bien suivi l'histoire car il m'arrivait "d'oublier" de lire les sous-titres, de peur de perdre ne serait-ce qu'une miette de ce que j'avais devant les yeux !
Je dois également faire l'éloge de Shu Qi, quel charisme ! Alors que son temps de présence est finalement assez limité, elle crève l'écran à chacun de ses apparitions (en parlant de ça, j'ai toujours trouvé que les acteurs chinois avaient un gros charisme naturel, chose que l'on ne retrouve pas forcément chez les occidentaux).
Hou Hsiao-hsien limite au maximum le nombre de plans, il les prolonge le plus possible quand il le peut (notamment pour les longs moments de silence entre les personnages, c'est génial parce que ça incorpore une certaine tension aux scènes).
Les combats sont finalement assez peu nombreux mais superbement filmés, sans musique, uniquement avec le son des lames qui s'entrechoquent (le combat dans la forêt de bouleaux est à tomber).
The Assassin est une vraie expérience, un film qui se vit et qui s'admire, d'une beauté et d'une direction artistique difficilement égalables (il n'a clairement pas volé son prix de la mise en scène).
Il faut savoir se que l'on va voir par contre et ne pas s'attendre à un gros film d'arts martiaux (je regrette d'ailleurs d'y être allé en fin de journée alors que j'était vraiment fatigué, je n'ai pas pu apprécier l'histoire à sa juste valeur).


Hunger Games : La Révolte, partie 2 (2015) - Francis Lawrence


Tout ça pour ça ! Alors que j'avais apprécié le premier, que le deuxième n'était qu'une redite en plus d'être une bande-annonce du 3ème et que celui-ci n'était qu'une bande-annonce pour ce dernier, j'espérais au moins une conclusion un minimum intéressante, c'est raté !
Ce qui me gave, c'est que je me me suis plus emmerdé que dans la première partie qui était censée être une exposition de 2h, présenter les enjeux finaux, etc. Cette dernière partie consiste en fait à 80% de Katniss et ses copains qui marchent vers le Capitole en évitant les pièges qui se dressent sur leur chemin (idée intéressante mais très mal exploitée, sur l'hologramme on a l'impression qu'il y a un piège tous les 10 mètres et ils tombent sur 3 ou 4 de tout le film), 10% de blabla et de Peeta qui dit une fois qu'il est dangereux, qu'il faut le buter et l'instant d'après qui s'apitoie sur son sort et 10% d'action...ou plutôt d'un semblant d'action.

Parce que l'action il faut bien la chercher hein, y'en a un peu dans la dernière demi-heure, y'a la séquence avec le pétrole et l'attaque des mutants dans les égouts (d'ailleurs quelle idée de passer par les égouts...), c'est tout !
En plus Katniss n'arrête pas de chouiner, moins que dans la première partie certes (déjà heureux !), mais c'est quand même pénible...surtout que Jennifer Lawrence commence sérieusement à me sortir par les trous de nez ! Son personnage est en plus censé être le héros central de l'histoire mais elle prend une seule décision importante de tout le film, tout à la fin (un choix important vous me direz) et ça se voit tellement venir à des kilomètres que ce n'est même plus jouissif.
J'appréciais la présence de Woody Harrelson et de Donald Sutherland dans la série car, même mal dirigés, il apportaient quelque chose à leurs personnages respectifs, dans cette dernière partie je n'ai même pas pu m'appuyer là-dessus car leur temps de présence à l''écran est très limité pour l'un comme pour l'autre (je ne parlerai même pas de Julianne Moore qui vient à nouveau cachetonner).

Bref c'est décevant, c'est vraiment dommage car ça fourmillait de bonnes idées, le premier film était prometteur mais ça se casse la figure par la suite...au moins le deuxième Divergente m'avait fait rire par sa stupidité !


Shotgun Stories (2008) - Jeff Nichols


Alors que je ronge fébrilement mon frein en attendant la sortie de Midnight Special en Suisse romande, j'ai décidé de me lancer dans la (courte) filmographie de Jeff Nichols dont j'entends le plus grand bien depuis pas mal de temps sans jamais avoir vu une seule de ses réalisations.
Production à très petit budget, Shotgun Stories est le premier essai du grand réalisateur en devenir qu'est Nichols et présente un des thèmes qu'il affectionne particulièrement : le rapport à la famille et un certain goût pour la contemplation que ne renierait pas le Malick de ses premières années (un petit air de La Balade Sauvage se ressent d'ailleurs dans le film).
Le pitch est assez simple : 3 hommes (Son, Kid et Boy) apprennent la mort de leur père qui les a abandonné depuis longtemps. A son enterrement, Son (Michael Shannon) vient dire ses 4 vérités et tout le mal qu'il pensait de son père à la fratrie issu du mariage de leur père avec une nouvelle épouse. Il débute alors un conflit très violent entre les deux fratries ennemies.

J'ai beau reconnaître une beauté formelle certaine du film, des paysages de l'Arkansas rural sublimés par la réalisation de Nichols, j'ai eu de la peine à entrer dans le film, probablement en raison d'un problème de rythme (le film met passablement de temps à se mettre véritablement en route).
C'est un film véritablement violent mais Nichols fait passer cette violence au second plan (aucune mort n'est montrée explicitement), préférant se concentrer sur les personnages ayant chacun une personnalité propre. Il filme ce qu'ils sont, mais surtout ce qu'ils ne sont pas et auraient pu (ou auraient dû) être : Son aurait pu faire de grande études car on apprend qu'il est très intelligent et doués avec les chiffres, Boy aurait pu être un grand entraîneur de Basket mais il se contente d'élaborer des stratégies pour les jeunes du quartier et Kid aurait pu vivre une vie heureuse avec sa petite amie si les circonstances avaient été différentes...
On pourra éventuellement déceler dans le film un discours sur les armes à feu, c'est en effet à partir du moment où des fusils entrent en jeu qu'il n'y a plus aucun victime et que les deux clans décident de faire la paix, j'ai trouvé cet aspect intéressant mais il arrive vraiment tard.
Bref une petite déception vu les attentes que j'avais mais je ne perds en tout cas pas espoir pour le suite car Nichols a déjà montré, dès son premier film, qu'il savait faire quelque chose avec une caméra.


Take Shelter (2012) - Jeff Nichols


Ce n'est véritablement qu'avec Take Shelter que Jeff Nichols se fait connaître. Vainqueur du Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes, son deuxième long métrage reprend la thématique de la famille pour la transposer dans un drame teinté de fantastique.
Le film relate la vie d'un couple et de leur fille, atteinte de surdité, qui va basculer quand le père (Michael Shannon) va se mettre à faire des rêves inquiétants incluant des tornades et des personnes le mettant en danger lui et sa famille.
Atteint de paranoïa, il se met alors dans l'esprit qu'une tempête va arriver et décide d'agrandir l'abri anti-tornade situé dans le jardin, quitte à y laisser toutes ses économies.
L'exercice du deuxième film n'est jamais simple et pourtant, Jeff Nichols s'en sort avec une maestria à couper le souffle.
Cela passe bien entendu par sa réalisation, encore sublimée par rapport à son premier film, toujours très horizontale et utilisant à merveille le format 2.35. Il y a toujours cette propension du réalisateur à filmer les paysages, renforcée ici par ces visions apocalyptiques des gigantesques tornades à l'horizon (la dernière séquence du film est d'une beauté folle !).
Michael Shannon nous livre certainement ici un de ses meilleurs rôles, bouleversant dans la peau de ce père qui se voit prendre le même chemin que sa mère (elle-même ayant été internée pour troubles mentaux quand elle avait son âge) sans pouvoir lutter. Jessica Chastain n'est pas en reste alors que c'est à elle de gérer les crises de son mari, son personnage est touchant et très bien écrit.

Take Shelter est un grand film et la confirmation du génie de Jeff Nichols, décidément promis à une grande carrière. Sachant user de ses références (ici Spielberg n'est jamais loin) tout en s'en émancipant, le réalisateur arkansasais se forge son propre style, ses propres thématiques et s'affirme comme un véritable auteur du cinéma américain.


Mud : Sur les rives du Mississippi (2013) - Jeff Nichols


Après un petit détour par l'Ohio, Jeff Nichols revient dans son Arkansas natale et fait de deux jeunes garçons (Tye Sheridan et Jacob Lofland) les personnages principaux de Mud : Sur les rives du Mississippi, parfaitement épaulés par un grand Matthew McConaughey qui vit alors une véritable renaissance avec ses rôles remarqués dans La Défense Lincoln et Killer Joe.
Comme son nom le laisse supposer, l'histoire se passe dans un petit village de pêcheurs sur les rives du Mississippi. Deux enfants vont tomber sur Mud, un homme réfugié sur une île au beau milieu du fleuve.
Celui-ci demande l'aide des deux garçons afin de pouvoir se construire un bateau et quitter l'île avec Juniper (Reese Witherspoon), la femme de sa vie. Les deux garçons apprendront par la suite que Mud a tué un homme qui faisait des avances à Juniper et que la famille de la victime est à sa recherche afin de se venger.
Mud est peut-être le film le plus contemplatif de Nichols, peut-être le plus beau, celui qui se rapproche le plus de La Balade Sauvage de son idole de toujours. A mi-chemin entre le drame et la romance, Mud est une vraie aventure humaine, une sorte de Robinson Crusoé moderne.
A nouveau, Nichols fait preuve d'un véritable talent pour sublimer ses plans, il rend vraiment hommage à la beauté sauvage du Mississippi qui est véritablement un personnage à part entière du récit.

Mud est également l'occasion pour le réalisateur de s'essayer à d'autres registres comme celui de la fusillade finale, maîtrisée mais peut-être too much vu le ton du film.
S'il n'est pas autant mémorable que Take Shelter, Mud reste à coup sûr dans la continuité du travail de son auteur...un véritable émerveillement de chaque instant.
J'attends désormais avec impatience son Midnight Special, première incursion de Jeff Nichols dans la science-fiction et qui a été chaleureusement accueilli par la critique lors de sa sortie française.


Le Voyage d'Arlo (2015) - Peter Sohn


Même pas 6 mois après Vice-versa, Pixar nous sort à nouveau un long-métrage d'animation original qui nous raconte ce qu'il se serait passé si la comète qui a provoqué l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années avait manqué la Terre.
L'histoire se concentre sur Arlo, un apatosaure plus petit que la moyenne et très peureux qui du jour au lendemain va perdre son père et se faire emporter lui-même par un torrent bien loin de chez lui.
Il va alors rencontrer Spot, un petit garçon des cavernes orphelin qui venait souvent voler du maïs et qui va l'aider à retrouver son chemin.

Tout cela vous semble familier ? Et bien le problème est exactement là : alors que le concept était plutôt prometteur sur le papier, le film n'est finalement qu'un récit initiatique comme on en a déjà vu par camions entiers auparavant.
Pourtant, j'ai bien aimé l'idée d'inverser les rôles : les dinosaures sont les humains, les humains sont les chiens, les méchants sont plutôt gentils, etc. Mais l'idée aurait pu être poussée encore plus loin car le reste du film est plat et pas vraiment intéressant.
Alors certes le film est une claque technique, on atteint un niveau de photo-réalisme que je n'avais encore jamais vu, mais la direction artistique et le character design ne suivent pas (voir ces dinosaures très typés cartoon dans des décors si réalistes ça fait vraiment très bizarre, Spot est mieux réussi à ce niveau).
Avec Vice-versa qui avait été un gros coup de cœur, je pensais que Pixar allait repartir pour un nouvel "âge d'or". Il s'avère que Le Voyage d'Arlo ne tient pas vraiment ses promesses et que je l'aurai certainement oublié d'ici quelques jours. C'est d'ailleurs triste en y pensant car il s'agissait du dernier film original du studio avant un long moment (j'attends quand même beaucoup la suite des Indestructibles mais ce sera en 2019)...


Monsters (2010) - Gareth Edwards


Godzilla m'avait déçu, énormément déçu lors de sa sortie il y a 2 ans, le film n'étant clairement pas à la hauteur de ce qu'annonçaient les différents trailers. Maintenant que Gareth Edwards s'est malheureusement complètement laissé engloutir par la machine hollywoodienne (il réalisera le premier spin-off de Star Wars), je me suis décidé à regarder son premier long-métrage, le seul sur lequel il ait eut une liberté artistique totale.
Et je dois bien avouer que c'est une petite claque ! Le pitch est assez simple mais c'est ce qui fera toute sa force : un homme et chargé de ramener une femme du Mexique aux Etats-Unis alors qu'une grande partie du pays est mis en quarantaine à cause d'une invasion extra-terrestre. Réunis un peu malgré eux, ils vont rapidement se prendre d'affection l'un pour l'autre.
Et ça là toute la beauté du film, voir ces deux personnages hyper attachants, très simples mais sans être clichés, rigoler ensemble, pleurer ensemble. Le film lorgne bien entendu vers la science-fiction avec ces fameuses créatures (ces "Monsters") qui rôdent un peu partout mais ce n'est finalement qu'un prétexte pour réunir les deux personnages et ce n'est pas plus mal. On ne voit finalement que très peu les envahisseurs mais qu'importe, leur présence est ressentie tout du long et ça nous permet un final dans une station-service de toute beauté.
Le film est très humain, très beau, on ne lâche que rarement les protagonistes et tout est présenté de leur point de vue (avec cette manière de filmer les créatures à hauteur d'homme, point qui était d'ailleurs un des seuls points forts de Godzilla).
Un très beau moment avec des très beaux personnages de cinéma, malheureusement on risque de ne plus jamais avoir un film de ce calibre de la part de Edwards désormais.


La 5ème Vague (2016) - Jonathan Blakeson


Je ne sais pas ce qu'il m'a prit...mais j'ai été faible mes frères et sœurs, faible de m'être résolu à visionner ce film dont je savais que tout allait être pourri du début à la fin mais également faible d'avoir osé croire pendant les 5 premières minutes que peut-être ça n'allait pas être si affreux.
Parce que oui, durant ces 5 premières minutes je me suis dit "tiens, un survival avec Chloë Moretz, why not ?", puis est venue la suite.
Oui car tout le reste c'est un enchaînement de tout ce qui est insupportable dans ces films tirés de la littérature pour jeunesse : on prend un héroïne forte qui a perdu des proches, on fout un triangle amoureux, on fait prendre aux personnages toutes les décisions les plus connes possibles (la scène du bus quand elle va chercher l'ours en peluche à son petit frère m'a fait halluciner), à croire que ça ne gêne pas les spectateurs de laisser leur intelligence se faire insulter de la sorte...
J'ai eu le même genre de fou-rire que j'avais eu dans Divergente 2, comme par exemple quand je me suis dit dès que le "beau gosse" de l'histoire est apparu "s'il nous foutent une scène où il s'exhibe torse nu devant l'héroïne je deviens violent" et que la scène en question est arrivée quelques minutes plus tard.
Sérieusement, comment peut-on s'attacher à ces personnages ? Ils sont tous faux, tous cons et ne survivent uniquement car le scénario le veut (scénario d'ailleurs écrit par Akiva Goldsman qui avait commis Un Amour d'Hiver, un des plus gros navets atomiques de ces dernières années).

Même les effets-spéciaux sont à la ramasse : cette vague numérique qui détruit cette ville numérique, je n'en avais pas vu d'aussi moche depuis Meurs un Autre Jour, et c'était en 2002 !
A la limite on pourra accorder au film une réalisation correcte et assez lisible (en attendant il ne se passe pas souvent grand-chose donc bon...) et un minimum de travail sur la photographie mais sérieusement faudrait vraiment arrêter avec ces adaptations de livres dont tout le monde se fout...déjà qu'on doit supporter tous les films de super-héros !


Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E (2015) - Guy Ritchie


Autant le dire tout de suite : je ne suis pas un grand fan de Guy Ritchie, je le trouve extrêmement sur-estimé et ses "classiques" Snatch et Arnaques, crimes et botanique que l'on m'avait très bien venu m'ont les deux laissés de marbre. J'avais néanmoins bien apprécié son premier Sherlock Holmes (un peu moins le second) et je me demandais si le réalisateur anglais allait réussir à me surprendre avec sa dernière réalisation, un film d'espionnage en pleine guerre froide.
Ça c'est le pitch de départ, un espion américain et un espion russe qui vont devoir s'allier contre un ennemi commun qui est en train de construire une bombe atomique en cachette. Rien de bien original vous en conviendrez, pourtant, dans l'ensemble, j'ai plutôt apprécié le résultat.
Alors attention, ce n'est clairement pas le film du siècle, tout est trop bancal et les personnages sont tous bien clichés comme il le faut (mention à la grande méchante du film qui, de surcroît, surjoue au possible), sans parler de la réalisation toujours assez insipide de Guy Ritchie (dont certains combats au corps-à-corps illisibles). Le fait est que je ne me suis pas vraiment ennuyé. J'ai trouvé l'humour assez bien amené, sans être trop lourd, une histoire d'amour se profile entre deux personnages mais elle est à chaque fois désamorcée et on évite de tomber dans le niais.
Comme souvent avec Ritchie ça reste du sous-Tarantino, très convenu, prévisible et ça ne décolle jamais vraiment assez pour marquer. Il n'en reste pas moins que Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E remplit assez bien son rôle de divertissement. Dans le même genre, je lui ai quand même préféré Kingsman de Matthew Vaughn sorti un peu plus tôt dans l'année.


10 Cloverfield Lane (2016) - Dan Trachtenberg


Sortie un peu de nulle part, la suite (plutôt une suite spirituelle) du Cloverfield de Matt Reeves (qui n'était pas extraordinaire) a été annoncé peu de temps avant sa sortie et a tout de suite joué la carte du mystère, on se savait pas vraiment de quoi il en retournait. Vendu comme "film produit par J.J. Abrams" (dont le nom doit faire mouiller bien du monde depuis Star Wars VII), 10 Cloverfield Lane est en fait la première grosse réalisation de Dan Trachtenberg qui avait fait parler de lui en 2011 avec son court métrage sur Portal.
Le film est un huis-clos, on a une brève exposition pas forcément nécessaire puis le personnage joué par Mary Elizabeth Winstead se réveille dans une sorte de cave après un accident de voiture. Son "sauveur" (John Goodman) lui annonce qu'il y a eu une attaque et que l'air dehors est devenu irrespirable, ils sont donc condamnés à rester dans leur abri jusqu'à nouvel ordre...
J'ai plutôt bien aimé toute la partie huis-clos, on ne sait pas trop où on est, on découvre tout ce qu'il se passe en même temps que Mary Elizabeth Winsted, on se demande si on peut faire confiance au personnage de John Goodman ou non...
A défaut d'être vraiment anxiogène, toute cette partie dans l'abri est plutôt réussi, le rythme est maîtrisé et les personnages sont intéressants (même si celui de John Goodman n'est pas très bien écrit, il est assez caricatural malgré des efforts pour le rendre ambigu).
Le film aurait été vraiment bon s'il s'était contenté de ce huis clos, malheureusement, le dernier quart d'heure part un peu dans le n'importe quoi avec une invasion extra-terrestre qui jure complètement avec le ton du film jusque-là. J'imagine bien que ça a été mis là pour faire le lien avec Cloverfield premier du nom mais le film y aurait vraiment gagné à ne rien montrer, à nous laisser nous demander jusqu'à la fin quel est le danger, s'il est réel (un peu à la manière d'un Projet Blair Witch). Ici, on a une sorte de réminiscence de la Guerre des Mondes mais sans le génie de Spielberg derrière.
Pour un film dont je n'attendais absolument rien c'est plutôt pas mal et, surtout, c'est mieux que le premier Cloverfield. Maintenant, j'ai quand même peur qu'il y ait une suite (ce que la fin laisse envisager) car ça risque de basculer dans de l'action débile et de revenir vers le premier film et ça c'est nul !

jeudi 13 août 2015

(Re)visionnages récents - 2


It Follows (2015) - David Robert Mitchell



Alors que les bons films d'horreur se font rares sur grand écran (beaucoup sortent directement en VOD), It Follows arrive avec un concept assez génial dans l'idée, celui de la malédiction qui se transmet par voie sexuelle (métaphore évidente du sida et des MST en tous genres).
La malédiction en question, c'est une entité qui vous suit en permanence dès que vous couchez avec quelqu'un qui en est "infecté". La "chose" avance très lentement mais elle peut prendre toutes les formes possibles, du parfait inconnu au voisin de palier en passant par les parents proches.
Mon dieu, qu'est-ce que c'est bon de voir un film d'horreur qui n'abuse pas ad nauseam des jump scare (je n'en retiens qu'un seul de tout le film et il n'est pas là que pour faire "genre") mais qui arrive à installer un sentiment de malaise permanent et à plonger le spectateur dans une paranoïa qui le poursuivra tout du long, ne vous attendez pas à hurler de terreur, on a clairement à faire à un film d'ambiance.
Jamais vous n'allez regarder les arrière-plans autant que dans ce film et David Robert Mitchell l'a très bien compris avec ses plans souvent très longs et fixes qui laissent parfaitement le temps de scruter les alentours.
A noter également une bande son excellente signée Disasterpeace qui ajoute sa pierre à l'édifice qu'est It Follows, un excellent film d'horreur comme on aimerait en voir plus.


Gunman (2015) - Pierre Morel


Après avoir fait basculer Liam Neeson vers le côté obscur avec Taken en 2008 (rôle qu'il ne cesse de reprendre à toutes les sauces ces derniers temps fort malheureusement), Pierre Morel nous refait le coup avec cette fois-ci Sean Penn dans un rôle assez éloigné de ce qu'on a l'habitude de voir avec lui.
J'avoue éprouver une certaine sympathie pour le premier Taken, probablement parce que voir Liam Neeson défourailler tout le monde c'était plutôt fun, malgré les énormes défauts du film.
Gunman est finalement assez éloigné de Taken, principalement car il est beaucoup plus calme et laisse de côté le cliché habituel du père qui va sauver sa fille blablabla (bon ne vous inquiétez pas, vous allez en trouver d'autres des clichés dans ce film : triangle amoureux débile, vision de l'Afrique caricaturale et j'en passe des meilleurs).
On a toujours droit aux quelques éclairs de violence vraiment cruelle dont Pierre Morel a le secret mais dans l'ensemble, on se fait quand même plutôt chier ! La faute à Sean Penn qui ne dégage absolument rien, pas de charisme, on s'en fout limite de lui. Il faut également se coltiner un pauvre Javier Bardem qui cabotine un max pour ne rien arranger.
On pourra accorder au film une réalisation plutôt correcte avec des scènes d'action lisibles dans l'ensemble mais ça ne suffit pas, le film ne décolle jamais et quand on s'ennuie devant un film d'action, c'est qu'il y a un problème quelque part.


Brazil (1985) - Terry Gilliam


Considéré par beaucoup comme le chef d'oeuvre de Terry Gilliam, Brazil est la première de ses réalisations à s'écarter quelque peu des univers étranges auxquels il nous avait habitués jusqu'alors. Inspiré pour son fond par le classique de George Orwell, 1984 (mais également de grands chefs-d’œuvre dystopiques comme le Metropolis de Fritz Lang entre autres) le film s'en écarte par sa forme tout en gardant une ambiance à la fois dérangeante et absurde.
L'idée du totalitarisme (principalement stalinien mais on peut évidemment également penser au régime nazi) décrit par Orwell est parfaitement retranscrit avec ces humains quasiment déshumanisés dont la liberté d'expression n'a pratiquement plus lieu d'être. Le personnage principal, superbement interprété par Jonathan Pryce, ne connaît de moments de répit que lorsqu'il s’endort et se met à rêver. La thématique du rêve est également au centre du film, si bien qu'on en arrive à se demander si tout ce qui est vécu par les personnages est réel ou non.

Le gros point fort du film, c'est évidemment la maestria avec laquelle Gilliam retranscrit cet univers dystopique qui regorge de coins glauques de toutes parts. La patte Gilliam se retrouve également dans ces décors parfois surréalistes mais toujours très crédibles.
Un grand film à n'en pas douter mais j'avoue avoir eu un peu de peine à vraiment rentrer dedans. Je pense que le film aurait eu encore plus d'impact si Gilliam s'était affranchi de ce second degré et de ce côté un peu absurde.
A noter par contre l'énorme Robert De Niro qui, dans un second rôle, apporte cette touche humoristique qui contraste totalement avec l'univers.


Vice-Versa (2015) - Pete Docter


Alors que Pixar traverse une période un peu difficile d'un point de vue créatif (3 de leurs 4 derniers films sont des suites pas toujours vraiment inspirées si on met de côté le dernier Toy Story), la nouvelle réalisation de Pete Docter (Monstres et Cie, Là-haut) promettait à nouveau un univers original se concentrant sur les différentes émotions vivant dans la tête de Riley, une petite fille de 11 ans qui va voir sa vie bouleversée par un déménagement qui va la faire quitter le Minnesota et tous ses amis.
S'il y a bien quelque chose qu'il faut laisser aux studios Pixar, c'est bien leur talent d'écriture, on va vraiment suivre les différentes émotions de la petite Riley : la joie, la tristesse, la colère, la peur et le dégoût (même si l'histoire se concentre surtout sur ces deux premières). Les personnages sont certes des stéréotypes (la tristesse grassouillette et à lunettes, la colère avec sa grosse voix, la peur et son look nerd, etc.) mais ça leur colle parfaitement et c'est ce qui permet de s'attacher à eux.
Là où le film réussit parfaitement ce qu'il entreprend, c'est qu'il fait réellement ressentir des émotions au spectateur : j'ai rigolé de bon cœur à de nombreuses occasions mais j'ai également été plutôt triste à certains moments, particulièrement lors de la dernière scène avec l'ami imaginaire de Riley (que je ne spoilerai pas ici) qui est extrêmement touchante.
Je reprocherais par contre une DA pas forcément toujours très inspirée, autant je trouve les personnages de la tristesse ou de la peur très bien réussis, autant le design de la joie aurait pu être un peu plus "foufou". Le monde du cerveau de Riley est très réussi par contre celui du "vrai" monde extérieur est plutôt banal et ne réinvente en tout cas pas le genre.
Vice-Versa est vraiment un beau film et un petit coup de cœur me concernant, je suis ressorti de la séance avec un grand sourire et c'est vraiment ce que j'attends d'un film du genre.
Par contre, je rajouterais juste que le court-métrage qui précède le film, Lava, est à des années-lumière de ce que Pixar à l'habitude d'offrir dans le domaine. J'ai trouvé celui-ci d'un goût vraiment douteux, si bien que j'étais mal à l'aise pendant les 7 minutes que ça aura duré...carton rouge sur ce coup !


Divergente 2 : L'Insurrection (2015) - Robert Schwentke


Ahlala...y'a des fois où je me demande vraiment pourquoi je me donne tant de peine pour écrire quelques lignes sur certains films.
J'avoue avoir une certaine amitié pour le premier opus de la série Divergente, tout comme j'en éprouve également une pour le premier volet de la franchise Hunger Games (un peu pour les mêmes raisons, c'est-à-dire que dans les deux cas je m'attendais à voir le truc le plus con jamais imaginé).
Insurgent (le titre anglais est bien plus simple) reprend bien évidemment là où son prédécesseur nous avait laissé à coup de gros flashbacks bien appuyés comme il faut pour rappeler au spectateur le plus con les (immenses !) enjeux qui avaient été laissés en suspens.
La suite ? Un enchaînement de tout ce qu'il y a de plus insupportable dans ce genre de films : ne s'arrêtant pas en si bon chemin en ce qui concerne prendre le spectateur pour le dernier des débiles, le film ne se prive pas d'appuyer lourdement sur tous les sentiments afin de mieux les faire passer auprès de la minette de 12 printemps. Tris se sent responsable de la mort de ses parents ? Ne vous inquiétez pas, celle-ci sera mentionnée 32 fois et Tris pleurera autant de fois en y repensant. Le personnage de Zoë Kravitz est en colère contre Tris quand elle apprend que cette dernière a tué son copain ? On va aller la positionner droit devant celle-ci pour lui jeter 18 regards bien noirs comme il faut (mais ne vous inquiétez pas, tout sera oublié en 10 secondes plus loin dans l'histoire). Theo James est en colère ? Pas de souci, on va lui faire serrer les poings et grogner profondément...Si un jour il me vient l'idée masochiste de revoir ce film, il faudra que je pense à faire un décompte du nombre de fois où j'ai levé les yeux au ciel.

Mais encore, s'il n'y avait que ça ! Que vient foutre Naomi Watts dans ce bordel sérieux ? Autant on peut accorder à Kate Winslet de se préoccuper un peu de ce qu'elle fait mais Watts a l'air de ne piger absolument rien à ce que son personnage raconte. Heureusement qu'on la voit peu car bon dieu que c'est navrant.
Et puis c'est quoi ce délire avec Tris sérieux ? Je veux bien que l'on ait une héroïne principale qui soit forte mais dans ce cas il ne fallait pas prendre Shailene Woodley pour l'incarner, elle est toute frêle ! Du coup j'y crois pas une seule seconde quand je la vois se farcir 3 mecs armés à la fois à la seule force de ses poings (ce qui donne parfois lieu à des chorégraphies assez surréalistes)...lui faire se couper les cheveux pour se donner un air de garçon manqué n'a aucune chance d'aider dans ce sens.

Je garde le meilleur pour la fin, et là j'ai presque hurlé de rire, ils nous font le coup de la fausse mort de l'héroïne ! Tout le monde sait qu'il y a un troisième bouquin, tout le monde sait que personne ne va y croire mais les mecs se sont quand même dit : "Allez les gars, on fait mourir Tris mais en fait non car [insérer justification improbable]". C'est énorme !
Du coup maintenant j'ai envie de voir la suite, j'ai envie de savoir s'il est techniquement possible de faire pire, les scénaristes auront en plus l'occasion de briller par deux fois encore comme la dernière partie va (encore) être divisée en 2 chapitres au cinéma. Vite !


L'Armée des Douze Singes (1995) - Terry Gilliam


10 ans après Brazil, Terry Gilliam revient au film d'anticipation dans un univers dystopique avec cette adaptation libre de La Jetée, un court-métrage français de 1962. Reprenant en grande partie la direction artistique utilisée pour Brazil, Gilliam y retrouve également les thèmes qui lui sont chers avec un univers sombre et cette confrontation entre l'homme et la technologie, plus spécifiquement la science qui sera la cause de la disparition de 99% de la population mondiale à cause d'un virus d'origine inconnue répandu à travers le monde en 1996.
James Cole (Bruce Willis), prisonnier en 2035 est envoyé dans le passé pour essayer de recueillir des informations sur le virus et sa propagation ainsi que sur une organisation terroriste amoureuse des animaux, L'Armée des 12 Singes, qui est soupçonnée d'être à l'origine de l'épidémie.
L'exercice du voyage dans le temps au cinéma est plutôt délicat et bon nombre de films actuels qui le tente se cassent souvent les dents, le voyage temporel n'étant qu'un prétexte sans jamais vraiment servir le scénario.
Ici, tout est d'une cohérence folle, l'histoire est superbement écrite et l'univers monté par Gilliam est extraordinaire : il est d'ailleurs à noter que la majorité des décors sont réels car l'équipe n'a pas pu tourner en studio en raison d'un budget trop serré, Gilliam a donc tourné en grande partie dans des entrepôts abandonnés.
les personnages qui habitent cet univers ne sont bien évidemment pas en reste, et le mérite revient à leur interprétation : que ce soit Bruce Willis (certainement ici dans un de ses meilleurs rôles), l'hilarant Brad Pitt, complètement halluciné ou la belle Madeleine Stowe, parfaite dans son rôle.
Clairement au-dessus à mes yeux que Brazil qui m'avait laissé un petit arrière-goût amer, L'Armée des Douze Singes reste pour moi le grand chef-d'oeuvre de Terry Gilliam et un des meilleurs longs-métrages traitant du voyage temporel.


Loin de la Foule Déchaînée (2015) - Thomas Vinterberg


N'étant pas du tout un connaisseur du cinéma de Vinterberg (je n'ai vu aucun de ses films tout en sachant qu'ils divisent beaucoup), j'ai donc vécu mon dépucelage avec cette adaptation du grand classique du romancier anglais Thomas Hardy, pas loin de 50 ans après la version de John Schlesinger que je compte regarder prochainement pour comparer.
La première chose qui saute aux yeux dès les premières minutes du film, c'est cette beauté formelle, cette photographie somptueuse qui met en valeur de la plus belle des manières l'Angleterre rurale du 19ème siècle.
Le film contient son lot de scènes fortes, j'en retiens essentiellement deux, celle de la chanson autour d'une table entre les personnages de Carey Mulligan et Michael Sheen et celle de la rencontre entre cette première et Frank (Tom Sturridge) dans un bosquet, éblouissante visuellement par son jeu sur les contrastes.
Le casting n'est pas en reste avec Carey Mulligan comme souvent très touchante avec un jeu de regard formidable, un Michael Sheen parfait et Matthias Schoenaerts dont le personnage est finalement le plus unilatéral, le plus loyal et finalement peut-être le plus attachant.
Loin de la Foule Déchaînée est une belle histoire mise en scène de très belle manière et qui devrait se savourer de la sorte. Sans qu'il m'ait réellement transcendé, le film a au moins le mérite de présenter quelque chose de différent parmi la masse de produits hollywoodiens insipides que l'on nous sert ces temps-ci.


Mission Impossible (1996) - Brian De Palma


Avec la sortie imminente de Rogue Nation, l'occasion est idéale pour un revisionnage de ses prédécesseurs en commençant par un des plus grands classiques du film d'espionnage/action j'ai nommé Mission Impossible (premier du nom). Mon dernier visionnage du film remontant à très longtemps, je n'avais plus de gros souvenirs et autant dire que ça a été pour moi une redécouverte totale. Dirigé de main de maître par Brian De Palma, qui restait pourtant sur plusieurs échecs au box-office (dont un très récent avec L'Impasse), ce premier volet présente tout ce que j'adore dans le genre : un héros charismatique, une intrigue en béton et des scènes au suspense insoutenable : je pense bien évidemment en premier lieu à cette scène absolument géniale du vol de la disquette, sans aucune musique, avec des plans jonglant constamment entre Ethan et tous les potentiels dangers pouvant venir ruiner sa mission : la température, le bruit, etc.
Toute la séquence à Prague au début du film n'est pas en reste non plus avec juste ce qu'il faut d'action, sans en faire des tonnes.
Le chef-d'oeuvre aurait été total sans cette fin complètement too much dans le train avec la scène de l'hélicoptère qui a extrêmement mal vieillie (le saignement des yeux n'était pas loin) en plus d'apporter une surdose d'action alors que le film s'en était parfaitement passé jusque-là (je crois d'ailleurs que c'est Tom Cruise, producteur, qui a insisté pour la tourner).
Ceci étant dit, ça ne gâche pas pour autant le film, tout ce qui précède étant tellement maîtrisé que je pardonne bien volontiers cette "erreur" qui contribue d'ailleurs à donner un charme certain à ce premier volet de la série.


Mission Impossible 2 (2000) - John Woo


On enchaîne avec la suite ! Considérée par certains comme un navet et par beaucoup comme un nanar, je serai un peu plus gentil en le qualifiant de "bon" nanar.
A mille lieux de celle de De Palma, la réalisation de John Woo y est pour beaucoup dans cette chute drastique de qualité. N'étant pourtant pas un manche en temps normal, Woo a l'air de n'en avoir complètement rien à branler durant tout le film, jusqu'à en tomber dans l’auto-parodie salace.
Mission Impossible 2 c'est des ralentis, beaucoup de ralentis, TROP de ralentis. Woo nous en fout lors des scènes d'action mais pas seulement (pendant la scène de rencontre entre Ethan et Nyah par exemple, pour bien te montrer le coup de foudre). Rappelons quand même qu'à la même époque (grosso modo) sortait Matrix qui révolutionnait le genre avec son utilisation inédite (et impressionnante) du bullet time.
Mission Impossible 2 c'est aussi des scènes complètement "what the fuck" telle celle de l'escalade à main nu d'une falaise par Ethan, complètement relax style jogging du matin, ou celle où celui-ci passe derrière un mur de flamme avec une colombe qui s'en échappe (véridique, vous la sentez la grosse symbolique ?).
Tout ça n'a pas l'air glorieux dit comme ça mais le fait est que je me suis pas mal éclaté : les ralentis ? Ça me fait souffler du nez. Ethan qui prend la position du Christ sur sa falaise ? Ça me fait sourire. Le combat final avec un Tom Cruise ninja (avec des ralentis partout bien entendu) ? Ça me fait marrer.
Ajoutez à ça une intrigue totalement prévisible (le coup des masques ça marchait bien dans le premier mais là il y a clairement abus) et un méchant inintéressant au possible et vous obtenez tous les ingrédients pour un bon petit nanar.
Alors certes c'est honteux quand on le compare à la maîtrise du film de Brian De Palma mais pris en tant que tel, j'avoue avoir pris un certain plaisir (coupable à n'en pas douter) durant le visionnage...le charisme intact de Tom Cruise n'y est certainement pas étranger.


Mission Impossible 3 (2006) - J.J. Abrams



Pas grand-chose à dire sur le premier long métrage de J.J. Abrams. Le film n'est clairement pas exempt de défauts mais je le placerais à ce stade derrière le premier mais devant l'opus de John Woo.
Jamais désagréable mais jamais totalement excitant pour autant, le film se démarque surtout par son méchant campé par le génial mais regretté Philip Seymour Hoffman qui est certainement l'antagoniste le plus réussi de la franchise.
Le casting des rôles secondaires est d'ailleurs très intéressant et réussi dans son ensemble avec les apparitions de Simon Pegg, Laurence Fishburne, Michelle Monaghan ou Jonathan Rhys-Meyers pour ne citer qu'eux.
Abrams remonte clairement le niveau du film de Woo même si sa mise en scène n'est pas forcément toujours très lisible, surtout lors des scènes d'action où il abuse un peu trop du shaky cam (par contre il est encore plutôt calme sur les lens flare dont il abusera complètement dans ses deux Star Trek).
Il en résulte un film d'action plutôt généreux, centrant son intrigue sur la recherche d'une "patte de lapin", sorte de MacGuffin dont on ne connaîtra jamais réellement la réelle nature. Abrams ne renouvelle certes pas le genre (voire la franchise) mais il évite plutôt bien les travers dans lesquels était tombé Woo et nous signe un premier film plus que correct.


Mission Impossible : Protocole Fantôme (2011) - Brad Bird


Après la première grande réalisation de J.J. Abrams, Brad Bird vient à son tour s'essayer pour la première fois au film live après avoir connu de gros succès dans l'animation (Le Géant de Fer d'abord, puis chez Pixar avec Ratatouille et Les Indestructibles). Premier visionnage me concernant et donc découverte totale et je ne dirai qu'une chose : Woah !
De la part d'un néophyte dans le domaine, on ne peut que saluer l'incroyable travail qu'a effectué Bird sur son film qui retrouve enfin une mise en scène digne de ce nom avec un sens du suspense et de la tension (la scène de l'escalade de Dubaï mon dieu, j'ai cru asphyxier). L'ingrédient de base est toujours là mais il est agrémenté d'ajouts vraiment bienvenus comme l'humour qui transparaît principalement à travers le personnage de Simon Pegg (et qui fait bien mieux passer certaines incohérences, inhérentes à la série) ou l'esprit d'équipe beaucoup plus mis en avant (d'ailleurs, l'affiche du film elle-même laisse enfin de la place aux "sidekicks" de Tom Cruise).
Et cette équipe, il faut dire qu'elle a de la gueule : j'ai déjà parlé de Pegg mais Jérémy Renner et Paula Patton sont aussi excellents et assez développés pour qu'on puisse s'attacher à eux.
Rempli de bonnes idées, grâce notamment aux gadgets ultra modernes utilisés par l'équipe (l'infiltration du Kremlin avec le panneau dans le couloir est juste géniale, l'idée de la lentille oculaire à reconnaissance faciale également), Protocole Fantôme surpasse ses deux prédécesseurs que ce soit au niveau de l'écriture ou de la réalisation et offre ce que le film d'action a pu faire de mieux ces dernières années.


Les Frères Grimm (2005) - Terry Gilliam


Après le fiasco Don Quichotte, adaptation qu'il avait en tête depuis de nombreuses années et annuléeTerry Gilliam se tourne vers une autre adaptation, celle de la vie de Jacob et Wilhelm Grimm.
en plein tournage après de nombreux problème,
Le film marque le retour de Gilliam au film d'aventure fantastique, dans la lignée de Bandits, bandits et des Aventures du Baron de Münchhausen. Plutôt que de relater simplement la vie des deux célèbres conteurs allemands, Terry Gilliam a la bonne idée de confronter directement Wilhelm (Matt Damon) et Jacob (Heath Ledger) à leurs propres contes. Les deux frères sont décrits ici comme des aventuriers ayant acquis une grande renommée en chassant sorcières et maléfices à travers l'Allemagne...renommée bâtie uniquement sur l'usage de trucages ingénieux.
Le film transpire de l'imagination un peu folle de Gilliam dans un domaine qui est parfaitement calibré pour son style. Il ne se prive pas d'aller puiser ses influences dans de nombreux contes des frères Grimm...mais pas que !
Le film est plutôt sombre et le style "papier-mâché" particulier du réalisateur vient appuyer l'aspect fantastique de l'histoire. On pourra déplorer certains effets numériques vraiment moches qui viennent quelque peu ternir la beauté formelle du film mais sans que ce soit rédhibitoire pour autant.
Le casting cinq étoiles s'en sort honorablement avec un duo Damon-Ledger qui fonctionne très bien (malgré un Matt Damon un peu en roue libre il faut l'avouer). Mention spéciale à Peter Stromare et son accent italien qui m'aura bien fait rire.
Une belle réussite donc que cette adaptation libre de la vie des Frères Grimm qui se laisse découvrir et savourer un petit peu à la manière d'un conte, avec la petite touche d'humour "gilliamesque" qui va avec bien évidemment !


Into The Woods (2015) - Rob Marshall


Le film musical...voilà un concept qui m'échappe encore. Prendre des acteurs pour pousser la chansonnette alors qu'ils ne sont clairement pas tous égaux face à l'exercice ça peut donner du très bon où ça peut faire souffrir vos oreilles.
A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qui m'a poussé à voir Into The Woods, production Disney sortie en début d'année et réunissant un casting pas dégueulasse du tout (peut-être le fait que j'avais vu les Frères Grimm le soir d'avant).
Je ne sais vraiment pas trop quoi dire tellement c'est mauvais, là où j'éprouvais une certaine sympathie pour Les Misérables qui était pourtant loin d'être parfait, on a ici un concentré de tout ce qui est à gerber chez les productions Disney.
C'est niais mon dieu mais que c'est niais, toutes les musiques sont d'une bêtise à peine croyable. On va avoir droit aux traditionnels discours (chantés) sur le pouvoir de l'amitié, le pouvoir de la famille, etc.
Plusieurs contes viennent s'entremêler dans ce fouillis sans aucun enjeux et qui ne respectent même pas leur matériau d'origine (Cendrillon c'est juste du gros n'importe quoi).
Il faut en plus se coltiner Johnny Depp (le "loup") qui joue du Johnny Depp et qui continue de creuser sa tombe artistique, à croire qu'il n'était déjà tombé assez bas et une Meryl Streep qui vient cachetonner et décrocher une nomination pour un Oscar qui nous prouve une fois de plus que l'Académie n'a dû voir que son nom sur l'affiche sans voir le film. Ah oui il y a aussi l'insupportable Chris Pine qui joue le prince charmant de Cendrillon et qui s'offre une scène musicale totalement hallucinante de ridicule avec son frère (amoureux de Raiponce) dans une rivière. Au final, c'est Anna Kendricks qui s'en tire le mieux car la seule qui n'essaye pas toutes les 2 minutes d'en faire des tonnes.
Mais le pire c'est que c'est long mon dieu, il faut supporter ce calvaire pendant 2h ! Heureusement que le chant ne représente au final qu'une minorité du film sinon Disney auraient été coupables d'avoir créé la pire torture qu'un homme puisse endurer.