samedi 4 avril 2015

Fast & Furious 7 (2015)

Titre original : Furious 7

Date de sortie française : 1er avril 2015

Réalisateur :  James Wan

Scénario : Chris Morgan

Directeur de la photographie : Stephen F. Windon

Musique : Brian Tyler

Durée : 2h20

Avec : Vin Diesel, Paul Walker, Jason Statham, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez, Tyrese Gibson, Chris Bridges, Jordana Brewster et Kurt Russell




Synopsis Dominic Toretto et sa « famille » doivent faire face à un mystérieux agresseur, Deckard Shaw, bien décidé à venger son frère, Owen Shaw, qui a été gravement blessé par la bande de Dominic. (Source : Wikipédia).

Mon avis


La franchise de bagnoles la plus connue du grand public et la plus rentable de chez Universal est de retour pour une 7ème cuvée ! Celle-ci a bien évidemment une saveur un peu particulière avec la mort de Paul Walker qui est intervenue en plein milieu de tournage et qui a repoussé la sortie du film de 9 mois. Avant de parler de ce dernier volet, je tenais à revenir rapidement sur cette franchise qui me tient particulièrement à cœur.

Les deux premiers épisodes (sortis respectivement en 2001 et 2003) se démarquaient par leur ambiance très underground et étaient complètement axée sur le côté courses urbaines et tuning. Cet aspect a d'ailleurs lancé une sorte de mode à l'époque, avec des jeux comme Need For Speed Underground qui s'inspiraient fortement de cet univers.
Fast and Furious et sa suite font partie de ces films qui ont considérablement marqués ma jeunesse et qui m'ont permis de commencer à développer une affection certaine pour les personnages, même si, de manière objective, la qualité des films n'était pas vraiment folichonne (la faute à une réalisation assez dégueulasse).

Tokyo Drift (2006) est un épisode que je considère un peu à part à cause du fait que tous les principaux protagonistes des autres films sont absents (à l'exception de Vin Diesel qui apparaît pour un caméo). L'ambiance des deux premiers films était là mais le personnage principal (interprété par Lucas Black) manquait clairement de charisme et le film, même si je l'ai apprécié à sa sortie, reste un peu en retrait me concernant. Il viendra quand même, par la suite, se rattacher au reste de la franchise pour lui permettre d'enlever son label un peu "bâtard" qu'il traînait avec lui.



Le quatrième opus (2009) a commencé à marquer le changement d'orientation de la franchise vers un aspect résolument tourné vers l'action. Le film en souffre d'ailleurs car cet aspect n'est pas encore maîtrisé (et assumé) et il en résulte que Fast & Furious 4 est clairement le moins bon épisode de la franchise à mes yeux.

Fast & Furious 5 (2011) transforme formidablement l'essai en proposant cette fois-ci ce qui est devenu le leitmotiv de la série depuis : l'action à 100% en assurant complètement la surenchère permanente. Il n'est désormais plus question de crédibilité, c'est du fun, des money shots en veux-tu en voilà et une réalisation solide derrière. Il faut aussi dire que l'arrivé de Dwayne Johnson y est pour quelque chose, la brutalité de son personnage (Luke Hobbs) s'intègre totalement à cet état d'esprit.

La sixième fournée (2013) gardait le même ton, en allant encore plus loin dans la démesure, avec certaines séquences complètement folles, allant même jusqu'à rendre le tout parfois absurde (on se rappelle tous de la fameuse séquence de l'aéroport avec la piste qui ne finit jamais).
Ces deux derniers épisodes représentent à mes yeux la quintessence de la franchise, avec deux films qui ne se prennent jamais vraiment au sérieux et des séquences mémorables, là où beaucoup de blockbusters actuels essaient de jouer la carte plus sombre avec de la dédramatisation toutes les 5 minutes.


Autant dire que j'attendais de pied ferme ce 7ème épisode, d'autant plus qu'il marque l'arrivée de James Wan (Saw, Insidious, Conjuring) aux commandes, Justin Lin ayant décidé de se tourner vers d'autres projets. J'étais très curieux de voir s'il allait arriver à rester dans l'esprit de la série tout en y injectant sa patte. J'attendais également (avec un peu d'appréhension certes) de voir quel traitement il allait accorder à Paul Walker et son personnage alors qu'il lui restait encore de nombreuses scènes à tourner au moment de sa mort tragique le 30 novembre 2013.

Le film débute à peu de choses près là où s'était conclu le précédent, avec la bande à Dominic Toretto (Vin Diesel) qui est de nouveau mis face à un gros problème, personnifié par Deckard Shaw (Jason Statham) qui veut venger son frère Owen (Luke Evans), sérieusement amoché par Dom et sa "famille" à la fin du sixième opus.
Scénario toute somme classique mais efficace, avec tout le film qui va se concentrer sur cette confrontation entre Shaw et la bande à Dom, tout en cherchant à mener Brian vers une porte de sortie digne de la place qu'il aura tenu dans la série.

L'histoire commence directement par une grosse scène de baston que j'attendais particulièrement, celle entre Hobbs et Shaw, qui va d'ailleurs se finir plutôt mal pour ce premier. Ceci amène directement un premier point que je voulais aborder, il s'agit de la quasi absence de Dwayne Johnson qui ne joue vraiment un rôle qu'au tout début et à la toute fin. Alors certes ça rend ses apparitions assez mémorables (quoi de plus jouissif que de le voir canarder un hélicoptère avec une sulfateuse ?) mais je pense qu'une plus grande présence à l'écran aurait permis à l'histoire de prendre encore une autre envergure.


Le film respecte parfaitement le ton posé par la franchise depuis le cinquième épisode, à savoir de l'action décomplexée et survitaminée du début à la fin. Cependant, celui-ci adopte un ton beaucoup plus sérieux que ses deux prédécesseurs, mort de Paul Walker oblige, et je trouve que ça pose un peu problème. La force de la franchise est d'assumer complètement son côté surréaliste dans un cadre résolument second degré et au ton léger ; le fait de rendre l'histoire plus sérieuse fait perdre sensiblement cet aspect second degré et, du coup, rend le film beaucoup moins décomplexé que ce qu'on serait en droit d'attendre.

Alors certes, ça ne détruit pas le film mais l'action devient soudainement beaucoup plus lourde et l'humour plus beauf. En guise d'exemple, je prendrai le personnage de Roman Pearce (Tyrese Gibson) : celui-ci a toujours été le comic relief de la saga mais ça passait toujours très bien quand le ton lui-même était raccord. Ici, il tombe dans une espèce de cabotinage qui pourrait vite devenir assez exaspérant car, pour le coup, on en arrive à faire de la dédramatisation, ce qui n'est justement pas le but de la série !

Certes je chipote un peu, ce point en particulier ne m'a d'ailleurs pas plus dérangé que ça mais ça montre que la production s'est clairement retrouvée devant une situation difficile à gérer après la mort de Paul Walker et qu'ils ont préféré jouer cette carte plutôt que de prendre le risque de présenter un film dans la lignée des deux précédents et que ça passe mal. De ce point de vue-là, je ne peux donc pas vraiment leur en tenir rigueur.


Un autre point que j'aimerais soulever est la réalisation : on était en droit de s'attendre à ce que James Wan injecte un peu de son essence au film, il s'avère que ce n'est pas vraiment le cas.
Afin de coller au maximum au style de Justin Lin, Wan a certainement été confronté à un cahier des charges qui a considérablement limité sa liberté d'action. On se retrouve donc avec des séquences parfois grandioses mais souvent brouillonnes, certaines scènes d'action étant d'ailleurs particulièrement illisibles par moments.
Dans l'ensemble, ça reste cependant plutôt agréable à regarder avec des combats au corps-à-corps plutôt bien chorégraphiés (et dieu sait s'il y en a) et certaines bonnes idées de mise en scène.

Comme la saga nous en a donné l'habitude depuis quelques temps maintenant, nous avons droit à certaines séquences particulièrement épiques (la scène à Abu Dhabi à elle seule mérite de payer l'entrée) et toujours autant fun à regarder. Cette surenchère permanente a quand même un aspect négatif : en effet, nous avons droit à des séquences tellement folles que la scène d'action finale (qui est d'ailleurs très longue) fait plutôt pâle figure à côté et s'avère assez décevante. On pourra mettre ça sur le compte de l'écriture mais j'espère que ce n'est pas un premier signe d'épuisement dans une saga qui n'avait plus connu de baisse de régime depuis le quatrième épisode.

Au niveau du casting, nous voyons donc débarquer Jason Statham en tant que principal antagoniste et, même s'il n'apparaît pas tant que ça à l'écran, sa présence fait plaisir car il trouve là un rôle qui lui convient plutôt bien. On pourra regretter que sa "fin" soit quelque peu ridicule (et un peu facile) mais rien de bien fâcheux non plus.
Je tiens aussi à noter la présence de Kurt Russell, essentiellement connu pour ses rôles chez John Carpenter et qui effectue enfin son retour sur le devant de la scène (il va également jouer dans le prochain film de Tarantino en fin d'année). Malheureusement, son personnage n'est pas vraiment intéressant et se révèle finalement assez inutile et mal exploité.


Je ne peux bien sûr pas parler de Fast & Furious 7 sans évoquer le cas Paul Walker. Comme déjà mentionné, la production a été obligée de se mettre en pause afin de modifier le scénario et de trouver un moyen de quand même terminer les scènes que Walker devait tourner.
La production s'est donc tournée vers ses deux frères, Cody et Caleb, pour lui servir de doublure sur les plans larges, tandis que le visage de Paul a été reconstitué numériquement sur leurs corps pour les plans rapprochés.
Résultat ? On n'y voit que du feu ! A vrai dire, il n'y a que deux plans où j'ai eu une impression un peu étrange, dont la séquence de fin car je savais qu'elle avait été précisément tournée après la mort de l'acteur.

Cette fin, parlons-en justement (et stoppez donc votre lecture ici car des SPOILERS arrivent!) : une des principales interrogations que j'avais était de savoir par quelle astuce scénaristiques ils allaient mettre Brian "à la retraite", on savait qu'il s'agirait d'un hommage mais sans savoir quelle forme il allait prendre.
Et là je lève mon chapeau car c'est extrêmement réussi et ça devrait toucher tous ceux qui ont suivi la franchise depuis le début. L'hommage est le fait de Vin Diesel en personne et prend la forme d'une magnifique métaphore, faisant un parallèle entre le parcours de Brian et celui de son interprète avec un dernier plan où la voiture de Dom et celle de son meilleur ami prennent chacun une route différente...belle manière de conclure (la larmichette n'était d'ailleurs pas loin mais mon cœur de pierre a empêché ça).

Cette nouvelle fournée de la franchise n'atteint donc pas les hauteurs de ses deux prédécesseurs, la faute à un ton beaucoup plus sérieux (mais obligé par les circonstances) et à une réalisation un peu en deçà. Cependant, le film joue à nouveau parfaitement son rôle de divertissement jouissif à regarder et contenant bon nombre de séquences mémorables.
Reste à voir maintenant la direction que prendra le 8ème épisode, déjà confirmé depuis longtemps, sans son acteur principal. Pour moi, la boucle est bouclée mais je ne demande qu'à être surpris, la franchise a déjà prouvé avec éclat qu'elle gérait parfaitement les changements d'orientation.

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