samedi 16 mai 2015

Mad Max : Fury Road (2015)

Titre : Mad Max : Fury Road

Date de sortie française : 14 mai 2015

Réalisateur : George Miller

Scénario : George Miller, Brendan McCarthy et Nick Lathouris

Directeur de la photographie : John Seale

Montage : Margaret Sixel

Musique : Junkie XL

Durée : 2h

Avec : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Hugh Keays-Byrne, Rosie Huntington-Whiteley, Zoë Kravitz


Synopsis Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…(Source : Allociné)

Mon avis


Max is back ! 30 an après un 3ème volet raté, un des anti-héros les plus emblématiques des années '80 fait son grand retour sur grand écran. Exit Mel Gibson, trop âgé, c'est Tom Hardy qui reprend le rôle du road warrior dans ce nouvel opus toujours dirigé par le visionnaire George Miller.
Fait assez rare, le film est un reboot réalisé par la même personne que les films originaux, on était donc en droit de s'attendre à ce que l'esprit de la franchise soit respecté, tout en y ajoutant cette dose de folie supplémentaire.

Il existe de ces films, où dès le premier plan, dès la première séquence, vous savez d'emblée que vous allez assister à quelque chose d'exceptionnel, Fury Road en fait partie.
Ce premier plan présentant Max à côté de sa fidèle Interceptor, sa voix expliquant brièvement qui il est, son aspect complètement bestial avec ses longs cheveux et ses grognements et, surtout, cette poursuite endiablée au terme de laquelle Max se fera capturer.
Le ton est donné, l'univers est posé.
A l'instar des premiers films, on se retrouve à nouveau dans un univers post-apocalyptique où la population se bat pour l'essence et l'eau. La désolation est encore mieux retranscrite car il n'y a rien à part du désert à perte de vue.

La "tribu" qui a capturé Max est dirigée par Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne, qui jouait d'ailleurs également dans le premier Mad Max), qui entretien un culte de la personnalité et se sert de "femmes escalves" pour procréer.
Alors qu'il envoie Furiosa (Charlize Theron), une de ses impératrices, récolter de l'essence à bord d'un camion, cette dernière le trahi et s'éloigne du chemin. Immortan Joe remarque que 5 de ses femmes ont disparu et il envoie donc toute son armée à sa poursuite.

Max, étant donneur universel de sang, est utilisé comme poche de sang pour un de ces guerriers, Nux (Nicholas Hoult) et est attaché à l'avant de l'un des bolides.
Il s'en suite une course poursuite dantesque qui occupera une bonne partie de l'intrigue.


Si vous cherchez le blockbuster d'action de l'année (et même de la décennie ? nous sommes légitimement en droit de se poser la question), pas besoin de chercher plus loin. George Miller (à 70 ans !) ne fait pas dans la dentelle et vient donner une leçon de film d'action dont l'impact résonnera pendant encore longtemps à Hollywood.
La poursuite finale de Mad Max 2 restait, encore de nos jours, une référence du genre, Fury Road vient faire encore plus fort en nous proposant une poursuite à travers le désert d'une folie rarement atteinte.

Miller se permet tout et de la manière la plus réaliste possible. En effet, très peu de fonds verts ont été utilisés et la grande majorité de ce que vous voyez à l'écran est vrai.
Ajoutez à ça une gestion de l'espace extraordinaire et des chorégraphies jouissives au possible et tout y est : on y croit !
Je pourrais écrire 1000 lignes sur le film, je pense que je n'arriverai jamais à décrire ce que j'ai ressenti durant la première demi-heure du film, une sorte d'extase permanente, le souffle coupé en permanence devant ce que j'avais devant les yeux, une jouissance de tous les instants, ce ne sont que quelques-uns des superlatifs qui peuvent décrire ce nouveau Mad Max.

Comme je l'ai mentionné, la grande majorité de ce qu'on voit à l'écran est vrai, cependant, même les rares plans en numériques mettent tout le monde d'accord. La séquence à l'intérieur de la tempête de sable par exemple est une des choses les plus incroyables qu'il m'ait été donné de voir dans un cinéma.

Les bandes-annonces promettaient déjà un rendu visuel assez dingue, la photographie de John Seale contribue énormément à donner ce cachet si particulier au film. La journée, les couleurs sont très jaunes / orangées et très saturées par moment (je pense notamment à la séquence à l'intérieur de la tempête de sable). La photographie souligne parfaitement la chaleur du désert en journée mais n'est pas en reste lors des séquences de nuit avec un bleu très profond et presque surréaliste.


Les nombreux plans larges du film nous permettent de contempler les paysages de Namibie que l'on n'a pas beaucoup l'occasion de voir au cinéma.
Le travail de Miller est d'ailleurs assez remarquable car il arrive à conserver les notions de distance alors que le film entier se passe dans le désert. Les personnages ne semblent perdus à aucun moment et le spectateur non plus.

Les personnages, d'ailleurs, sont très fidèle à l'univers Mad Max : difformes, inquiétants pour certains, délirants pour d'autres. On retrouve tout ce qui faisait le charme de la trilogie.
Le personnage de Max est fidèle à lui-même, très peu bavard et encore plus bestial que jamais. Il n'est pas vraiment présenté mais pourquoi en aurait-il été autrement ? C'est quand même un personnage qui existe depuis plus de 30 ans, pas besoin de perdre du temps dans des présentations redondantes.
Ceci fait que Max est assez discret au début, il en est même un peu relégué au second plan derrière Furiosa qui s'avérera être le miroir de celui-ci au fil de l'intrigue (principalement le miroir du Max du premier épisode, avec un développement assez similaire).

Personnellement, le fait que Max ne soit pas autrement mis en avant de m'a pas dérangé, principalement parce que le personnage de Furiosa est vraiment énorme.
Ce n'est d'ailleurs pas la seule, Nux est également très bien écrit et les personnages secondaires s'en sortent très bien de manière générale.
Ce n'était pas un tâche facile pour Tom Hardy de remplacer Mel Gibson, il en était d'ailleurs conscient. Son but était d'offrir un Max différent de celui des années 80 et le résultat est vraiment convainquant, tant Max n'a jamais semblé autant "Mad". Le jeu de regard de Hardy joue beaucoup là-dedans, couplé au fait qu'il ne s'exprime pratiquement que par des grognements en début de film.


Un mystère qui régnait autour du film était de savoir si la course-poursuite endiablée allait se poursuivre durant l'intégralité du film, ce n'est pas le cas.
Certains moments de repos bienvenus permettent au spectateur de souffler un peu avant la prochaine salve. Ceux-ci permettent également le développement des personnages et leur rapprochement, on en apprendra plus sur le passé de Furiosa notamment.
Il y a, en particulier, un "ventre mou" au milieu du film mais ça ne pose pas vraiment problème, si le film avait été une poursuite non-stop, il y avait le risque que le spectateur se lasse ou ne soit plus impressionné au bout d'un moment.
Tout repart ensuite de plus belle pour une poursuite finale peut-être pas autant impressionnante que la première, mais qui contient son lot de plans extraordinaires. Voir Max traverser l'écran sur une perche pendant que 3 véhicules explosent derrière, ça vaut son pesant de cacahuètes !

Fury road reste fidèle à l'ambiance opéra rock complètement raccord avec le post-apocalyptique steampunk dans lequel se déroulent les événements. A ce niveau, Junkie XL a énormément travaillé sur la musique. On pouvait s'attendre au pire, il faut dire qu'il n'avait pas vraiment brillé sur le dernier 300 (ou sur Night Run plus récemment), mais le résultat final est plutôt surprenant même si on n'aurait pas craché sur plus de thèmes différents. Je retiens surtout le thème principal (celui que l'on entend dans la bande annonce) qui revient plusieurs fois durant le film.
On ressent clairement une influence zimmerienne dans certains thèmes avec un petit peu trop de percussions (ceux qui connaissent le travail de Hans Zimmer verront de quoi je parle) mais ce n'est pas dérangeant dans la mesure que la musique est très souvent noyée dans les effets sonores du film, renforçant encore la sensation de chaos dans le rendu.

Même la post-conversion 3D est réussie, la profondeur est vraiment visible, ça se ressent particulièrement sur certaines séquences (comme la tempête de sable, à nouveau). J'ai entendu dire qu'un technicien spécialisé dans la 3D était présent sur le tournage, ça expliquerait la qualité de la conversion. Je pense également que Miller a regretté de ne pas avoir tourné le film directement dans ce format, il s'est donc assuré que la post-conversion soit de la meilleure qualité possible.


En plus d'être complètement fidèle à l'univers Mad Max des années 80, Fury Road fait donc encore mieux et détrône le second épisode à mes yeux. Cette maîtrise dans le chaos de George Miller atteint des proportions que je ne pensais jamais voir au cinéma.
Je n'ai peut-être pas encore le recul nécessaire pour écrire cet article, mais je tenais vraiment à vous faire part de mes impressions à chaud, quitte à ce que ce soit un peu désorganisé...

Après le ratage total qu'a été le dernier Avengers (dont je parle ici), Mad Max : Fury Road vient donner une leçon à tous ces blockbusters formatés qui ne prennent aucun risque sortis ces derniers mois. Non seulement il relève la barre, mais il la place à un niveau qu'il sera extrêmement difficile d'atteindre.
Je suis également heureux de voir que la Warner a accepté de prendre ce risque avec George Miller qui restait quand même sur un gros échec au box-office avec Happy Feet 2, ça montre qu'un réalisateur peut faire des choses incroyables quand on lui donne les moyens et qu'on ne le bride pas dans ses choix créatifs. J'espère de tout cœur que ce Fury Road va cartonner dans les salles pour que sa suite, déjà prévue, soit confirmée à 100%.

Avec ce film, j'ai renoué avec la sensation de ressortir d'une salle de cinéma soufflé, en ayant l'impression d'avoir vraiment vu quelque chose de grand, chose qui ne m'était plus arrivée depuis un petit moment désormais.
Pour tout ceci je dis merci à George Miller et j'espère que Fury Road fera office de référence pour la suite et que les producteurs oseront se décoincer plus qu'ils ne le sont actuellement, le cinéma ne pourra que en ressortir gagnant.


mardi 12 mai 2015

Minority Report (2002) - Collaboration avec Les Lectures à la pleine lune

Titre : Minority Report

Date de sortie française : 2 octobre 2002

Réalisateur : Steven Spielberg

Scénario : Scott Frank et Jon Cohen (adapté de la nouvelle "The Minority Report" de Philip K. Dick)

Directeur de la photographie : Janusz Kaminski

Montage : Michael Kahn

Musique : John Williams

Durée : 2h25

Avec : Tom Cruise, Colin Farrell, Max Von Sydow, Samantha Morton, Kathryn Morris, 


Synopsis : A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au coeur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable"...Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha. (Source : Allociné)

Avant-propos


Comme l'annonce si bien le titre de ce petit article, il s'agit ici de la troisième collaboration que j'effectue avec le blog des Lectures à la pleine lune. Une fois n'est pas coutume c'est moi qui ai proposé de parler de cette oeuvre en particulier et je vous conseille chaudement de vous attaquer à l'article rédigé sur la nouvelle par ici avant de passer à la lecture de la partie dédiée au film.

Mon avis


S'il y a bien un réalisateur qui parle à tout le monde, des plus petits aux plus grands, et qui a su marquer plusieurs génération de son empreinte, c'est bien Steven Spielberg.
Minority Report représente dans sa filmographie une de ces œuvres qui a marqué un tournant avec des films beaucoup plus matures à partir de la fin des années 90 et le début des années 2000.

A peine un an après son A.I. Intelligence artificielle, également adapté d'une nouvelle (et qui devait être réalisé par Kubrick mais a été repris par Spielberg après sa mort), le père de Jurassic Park et Indiana Jones reste donc dans la science-fiction et nous livre un film dont la portée donne encore matière à réfléchir plus de 10 ans après.

L'intrigue se passe à Washington, dans un avenir proche, où les meurtres ont été complètement éradiqués grâce aux visions des précogs qui arrivent à prédire un crime proche grâce à certains signes précurseurs. Les noms du futur criminel ainsi que celui de la future victime sont envoyés aux agents de la Précrime dont le chef, John Anderton (Tom Cruise), analyse les images envoyées par les précogs afin de déterminer l'endroit exact où doit se produire le meurtre.
La majorité des meurtres n'étant plus prémédités, les agents de Précrime n'ont donc que quelques minutes pour agir et arrêter la personne qui s'apprête à passer à l'acte.
Tout va cependant basculer quand John va assister à une vision le mettant lui-même en scène. N'ayant pas d'autre choix, il fuit et va se retrouver confronté non seulement à son passé, mais également à son avenir.


Ce qui frappe tout de suite, c'est l'atmosphère résolument dystopique, délicieusement appuyée par la photographie très froide de Janusz Kaminski.
Le monde, au début du film, nous paraît totalement déshumanisé, avec les technologies qui prennent totalement le contrôle sur l'être humain. Ici, les publicités sont omniprésentes et agressives et tout le monde est surveillé perpétuellement. C'est tout le génie visionnaire de Philip K. Dick qui se retrouve ici, il avait déjà compris (en 1956 !) ce que les technologies pouvaient avoir de néfaste avec cet aspect surveillance (NSA ou les réseaux sociaux d'aujourd'hui) et cette publicité omniprésente qui surgit à la manière de nos pop-up actuels.

Il voyait également se profiler ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui la tolérance zéro et ses dérives ultra-sécuritaires. Car c'est ce dont il s'agit, on n'arrête pas des criminels, on arrête des futurs criminels (qui ne le sont donc pas encore au moment de leur arrestation, vous suivez toujours ?).

Il en résulte donc tout un paradoxe dans l'essence même de l'idée de la Précrime. Philosophiquement parlant, le film livre une réflexion bien sentie sur le déterminisme et tout ce qu'il implique, à savoir le fait que tout événement découle d'un autre par une relation de cause à effet. Selon Laplace, une personne ayant une connaissance totale de toutes les variables et des situations des individus composant un moment donné serait capable de prédire le futur de manière certaine.

Aidée de ses précogs, la Précrime est donc une police proactive à 100% qui arrête des meurtriers qui ne le sont pas encore. Si nous vivions dans un monde totalement déterministe, on ne pourrait pas décemment condamner quelqu'un pour avoir tué une tierce personne car il ne pouvait pas en être autrement. On peut donc se poser la question du bien fondé de cette organisation.




L'essence du film se retrouve également dans le développement du personnage de John Anderton qui va passer en l'espace de quelques minutes du chasseur au chassé. L'histoire prend dès lors une tournure beaucoup plus humaine tandis que l'on suit Anderton dans sa cavale. Persuadé de ne vouloir commettre aucun crime, il va être confronté à son passé (et son avenir !) et la question se pose alors de savoir jusqu'à quel point décide-t-on de ses actions...Il y a un glissement du déterminisme vers un aspect beaucoup plus tourné vers le libre-arbitre.

Au fur et à mesure des recherches de John, on apprend comment il a perdu son fils et qu'il se sent responsable. Il faut d'ailleurs souligner que Tom Cruise livre une excellente prestation et permet au spectateur de se prendre d'affection pour son personnage malgré son côté  un peu sombre (il est devenu accro à une drogue de synthèse depuis la disparition de son fils par exemple).

Spielberg arrive vraiment à transcender son histoire avec cette caméra très libre qui nous offre parfois des mouvements très audacieux. Une scène particulièrement marquante est celle où John se repose après avoir subi une greffe des yeux et que des agents du Précrime arrivent pour "scanner" l'iris de toutes les personnes présentes dans l'immeuble à l'aide d'araignées robotisées.
Cette scène est impressionnante par le suspense qui s'en dégage mais également car elle est filmée en plan-séquence assez virtuose où la caméra va passer d'un appartement à l'autre en filmant toujours l'action du dessus, splendide !


J'ai parlé de Tom Cruise plus haut mais tout le casting s'en sort bien, même Colin Farrell alors qu'il a tendance à m'agacer un peu dans certains de ses rôles. Samantha Morton (Agatha) joue parfaitement son rôle "d'humain déshumanisé" et son impact sera considérable à la résolution de l'intrigue.
Une intrigue qui est d'ailleurs très bien dosée, avec son lot de rebondissements pas forcément très surprenants mais qui fonctionnent plutôt bien. On aurait peut-être pu espérer un peu plus de folie de la part de Spielberg mais ce serait chipoter sur pas grand chose car le rythme est vraiment très bon.

Pour ce film, John Williams a pu composer la musique après avoir vu une version quasi-définitive du film. Souhaitant être lui aussi fidèle à l'ambiance, il livre une partition plus expérimentale que ce qu'on a l'habitude d'entendre chez lui, avec des sons mélangeant orchestre symphonique classique et synthétiseur. D'ailleurs, Spielberg lui-même a déclaré que le score de Williams se "ressentait" plus qu'il ne s'entendait, on ne saurait lui donner tort...

Minority Report, bien qu'il n'entre pas dans mes Spielberg préférés, est donc un bon ambassadeur du "tournant" (mais le mot est peut-être un peu fort) qu'a pris la filmographie du cinéaste à l'aube du troisième millénaire. En plus d'être une fois de plus une excellente adaptation d'une oeuvre de Philip K. Dick (il n'a clairement pas à rougir vis-à-vis de films comme Blade Runner ou Total Recall pour ne citer qu'eux), le film arrive à encadrer son sujet à merveille. La réflexion sur le déterminisme et les dérives d'un système ultra-contrôlé donne de quoi réfléchir, on en arriverait presque à se demander s'il existe vraiment un mur entre la science-fiction et la réalité.
Les thématiques abordées démontrent non seulement la vision extrêmement visionnaire de Philip K. Dick mais n'ont en plus jamais été aussi actuelles en cette époque où on ne sait jamais vraiment où et quand nous sommes surveillés.


lundi 4 mai 2015

Avengers : L'Ère d'Ultron (2015)

Titre original : Avengers: Age of Ultron

Date de sortie française : 22 avril 2015

Réalisateur : Joss Whedon

Scénario : Joss Whedon, inspiré des personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby

Directeur de la photographie : Ben Davis

Musique : Brian Tyler et Danny Elfman

Durée : 2h22

Avec : Robert Downey Jr., Chris Evans, Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Jeremy Renner, Aaron Taylor-Johnson, Elizabeth Olsen, James Spader, Paul Bettany, Don Cheadle, Samuel L. Jackson



Synopsis : Alors que Tony Stark tente de relancer un programme de maintien de la paix jusque-là suspendu, les choses tournent mal et les super-héros Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black Widow et Hawkeye vont devoir à nouveau unir leurs forces pour combattre le plus puissant de leurs adversaires : le terrible Ultron, un être technologique terrifiant qui s’est juré d’éradiquer l’espèce humaine.Afin d’empêcher celui-ci d’accomplir ses sombres desseins, des alliances inattendues se scellent, les entraînant dans une incroyable aventure et une haletante course contre le temps… (Source : Allociné)

Mon avis


Dernier né du Marvel Cinematic Universe, Avengers: L'Ère d'Ultron regroupe pour la deuxième fois tous les super-héros emblématique du petit monde de Marvel, 3 ans après un premier opus plutôt réussi.
Etant l'avant-dernier film de ce qui constitue la Phase 2 du MCU (celle-ci va s'achever avec la sortie de Ant-Man en juillet prochain), le film promettait d'apporter certaines réponses à l'intrigue développée dans les différents films sortis ces deux dernières années, et plus particulièrement à celle mise en avant dans Captain America : Le Soldat de l'Hiver dont ce nouveau Avengers est la suite directe.

Déjà garanti d'un carton historique au box-office, le film est-il à la hauteur des attentes et des enjeux posés ou est-ce que le MCU commence véritablement à perdre son souffle ?

Pas besoin de tergiverser bien longtemps : c'est mauvais, voire même très mauvais par moments.
Il existe de ces films où on sait dès le premier plan qu'on va avoir à faire à quelque chose de médiocre, cet Avengers en fait partie.
L'histoire s'ouvre sur l'attaque d'une base HYDRA par les Vengeurs avec pour but de s'emparer du sceptre de Loki. Cette scène débute en fait par un plan-séquence en numérique où la caméra passe d'un Vengeur à l'autre (à la manière de ce qui avait été fait dans le premier Avengers) avant de finir par le fameux plan, déjà visible dans les bande-annonces, où tous les héros sont côte-à-côte, au ralenti. Le ton est vite donné, tant la séquence est kitsch.


De retour à leur base, Tony Stark (Robert Downey Jr.), aidé à contrecœur par Bruce Banner (Mark Ruffalo), décide d'utiliser le temps qu'il a en possession du sceptre pour concrétiser un projet de longue date : Ultron, une intelligence artificielle destinée à assurer la paix dans le monde en éliminant toute menace (extraterrestre essentiellement).
J'aborde justement ici ce que je considère comme un des plus gros problèmes du film (et c'est d'ailleurs un comble), c'est Ultron lui-même.
Ce dernier décide en effet d'éliminer ce qu'il considère comme la plus grande menace pour l'humanité : l'humanité elle-même ! On peut éventuellement saluer cet aspect qui touche assez juste au vu de ce qu'il se passe dans le monde actuellement, mais le problème vient du fait que Ultron se retrouve donc comme le grand méchant de l'histoire sans véritable raison, ça le rend donc tout de suite inintéressant. Dans son ensemble, celui-ci est complètement raté : il ne dégage aucune impression de puissance, aucun charisme et même le doublage de James Spader n'est pas à la hauteur, il faut dire qu'il n'est pas non plus aidé par les dialogues attribués à Ultron qui, lorsqu'il n'est pas en train d'expliquer son plan machiavélique pour exterminer les humains, se perd à citer du Nietzsche...ça fait peine à voir, on est bien loin du charisme d'un Loki (qui a d'ailleurs été coupé au montage pour la version cinéma).

Ce qui choque également, c'est l'absence totale d'enjeux. C'est d'ailleurs vraiment dommageable d'avoir un film de cette envergure censé apporter des réponses à certaines des "grandes" questions laissées en suspens dans les films précédents et n'avoir finalement que le néant scénaristique dans le produit final.
On sent malgré tout que Joss Whedon a essayé d'instaurer une ambiance plus sérieuse et plus pesante que ce qu'on trouve habituellement chez Marvel. Cependant, et il fallait s'y attendre, ceci est complètement gâché par de la dédramatisation à toutes les sauces. On commence à avoir des enjeux dramatiques ? Ça se passe mal pour nos Vengeurs ? Hop, on a une petite blague qui arrive et qui casse complètement le truc ! Ce problème était déjà présent dans le premier Avengers mais c'était bien moins handicapant qu'ici.


Du coup, les enjeux sont très vite détruits et tout devient extrêmement prévisible. Tout ceci sans parler du fait que le film souffre d'un énorme problème de rythme. Il commence en effet sur les chapeaux de roue avec la séquence dans la base HYDRA puis va ensuite enchaîner les moments de tension et de relâchements de manière assez anarchique. En guise de gros ventre mou, je me sens obligé de mentionner cette scène un peu surréaliste où les Avengers se réfugient dans la maison de Hawkeye (Jeremy Renner) perdue au milieu de nulle part dans un décor qui n'a rien à envier à "La petite Maison dans la Prairie".
Forcément, entre le rythme à la ramasse et l'absence totale d'enjeux, difficile de vraiment s'enthousiasmer. C'est d'ailleurs le premier Marvel où je me suis profondément ennuyé durant la quasi-totalité du film, c'est quand même extrêmement rédhibitoire.

Au niveau des personnages, on retrouve la "petite" clique du premier opus mais le développement des personnages est clairement inégal. Le personnage de Hawkeye, par exemple, a droit à un traitement particulièrement poussé dans L'Ère d'Ultron, si bien que je me demande si Jeremy Renner n'aurait pas été frustré d'avoir un rôle si anecdotique dans le premier film et aurait demandé à la production de mettre plus en avant son personnage.
Un développement particulier est également accordé à la relation entre Bruce Banner et Natasha Romanoff (Scarlett Johansson), c'est bien beau mais, encore une fois, ça ne sort de nulle part et c'est complètement inintéressant en plus d'être pénible à regarder.

Chez les petits nouveaux, on fait la rencontre des jumeaux Maximoff : Quicksilver (Aaron Taylor-Johnson) et Scarlet Witch (Elizabeth Olsen), tout d'abord du côté de l'HYDRA (qui leur a donné leurs pouvoirs grâce au sceptre de Loki) puis d'Ultron, avant de se ranger du côté des Vengeurs en découvrant le véritable plan du principal antagoniste.
Les personnages sont plutôt intéressants mais ils ne sont pas exploités de la même manière. Wanda est plutôt intéressante et joue un rôle intéressant vers la fin de l'histoire.
Pietro avait un gros potentiel mais il a malheureusement été gâché, le personnage étant complètement sous-exploité et inutile au récit. On est bien loin du Quicksilver de Bryan Singer dans X-Men: Days of Future Past qui apparaissait assez peu mais qui en jetait vraiment.
Au vu de tout le teasing qu'il y avait eu autour des deux jumeaux à la fin du dernier Captain America, on était vraiment en droit de s'attendre à mieux.


L'Ère d'Ultron voit également l'arrivée de Vision (Paul Bettany), en quelque sorte une personnification de Jarvis, qui est finalement l'un des personnages les plus intéressants, que ce soit au niveau du design où de la place qu'il pourrait prendre dans l'histoire. Il n'est malheureusement pas assez exploité à mon goût, n'apparaissant que dans le dernier quart du film. J'espère cependant qu'il reviendra dans le futur car il y a vraiment moyen d'en faire quelque chose (et Paul Bettany a vraiment la classe !).

Niveau réalisation, c'est déjà bien plus agréable à regarder que le dernier Captain America et ses combats filmé par des parkinsoniens. Il y a certaines bonnes idées mais ça reste somme toute classique pour un blockbuster dans le genre, il y a tout de même certaines séquences dont le rendu fait vraiment faux (à nouveau, le plan-séquence introductif). Il faut par contre de nouveau se coltiner la post-conversion en 3D made in Marvel qui est toujours autant ratée, tant le film n'est pas du tout pensé pour le format. J'ai désespérément cherché un peu de profondeur dans l'image durant toute la projection, en vain (mis à part les sous-titres...). Préférez donc une projection classique si vous en avez l'occasion, vous économiserez le prix de la 3D (ce qui est un moindre mal).

Pour en finir avec tout ce qui ne va pas, il faut se farcir une énième fois la soupe musicale insipide de Brian Tyler qui n'aide vraiment à rendre la chose épique, tant c'est le bordel par moment. Même ce pauvre Danny Elfman est venu participer au naufrage, à croire qu'il avait besoin d'arrondir ses fins de mois...

Peu de bonnes choses à retenir donc de cette deuxième réunion des Avengers, l'effet de surprise qui avait grandement contribué à rendre le premier opus franchement agréable s'est estompé et on se retrouve avec un long-métrage pénible à regarder sans aucun enjeu digne d'intérêt (et on ne me fera pas croire que la version longue y changera quelque chose). De l'aveu même de Joss Whedon, le tournage a été extrêmement éprouvant et on ne le retrouvera d'ailleurs pas pour les deux parties de Infinity War qui ont été confiées aux frères Russo, peu rassurant quand on voit leur travail sur le dernier Captain America.


Au-delà de L'Ère d'Ultron, j'aimerais également passer un coup de gueule contre la machine Marvel qui rouille de plus en plus au fil des films : le constat est très net, sur les quatre derniers films estampillés MCU, trois étaient mauvais, seuls Les Gardiens de la Galaxie avait réussi à se démarquer en proposant un vent de fraîcheur bienvenue chez le géant des comics. Il serait peut-être temps de se remettre en question, mais je doute fortement que Kevin Feige (le grand gourou du MCU) ne modifie ne serait-ce qu'une ligne de son cahier des charges.
Tout n'est pas perdu cependant, avec la Phase 3 qui va voir débarquer son lot de personnages inédits au MCU, chacun ayant son propre film (Docteur Strange, Black Panther ou même Spiderman sur lequel Marvel a récupéré les droits). C'est peut-être là l'occasion d'apporter quelque chose de neuf à cet Univers qui s'enfonce de plus en plus dans la médiocrité, c'était d'ailleurs le grand espoir que je portais en Ant-Man...jusqu'à ce que Edgar Wright quitte le projet l'an dernier.

Pour conclure, je dirais que Infinity War s'annonce sous de très mauvais augures, tant il va être compliqué de gérer le grand nombre de personnages qui vont venir se greffer aux Vengeurs.
Si vous êtes allergique au genre super-héroïque, vous allez donc devoir souffrir en silence encore un long moment car la mode n'est de loin pas prête de s'arrêter.