dimanche 15 novembre 2015

007 Spectre (2015)

Titre original : Spectre

Date de sortie française : 11 novembre 2015)

Réalisateur : Sam Mendes

Scénario : John Logan, Neal Purvis, Robert Wade et Jez Butterworth, d'après les personnages imaginés par Ian Fleming

Directeur de la photographie : Hoyte Van Hoytema

Montage : Lee Smith

Musique : Thomas Newman

Durée : 2h28

Avec : Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux, Ralph Fiennes, Monica Bellucci, Ben Whishaw, Naomie Harris, Dave Bautista, Andrew Scott


Synopsis Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre. Pendant ce temps, à Londres, Max Denbigh, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale, remet en cause les actions de Bond et l’existence même du MI6, dirigé par M. Bond persuade Moneypenny et Q de l’aider secrètement à localiser Madeleine Swann, la fille de son vieil ennemi, Mr White, qui pourrait détenir le moyen de détruire Spectre. Fille de tueur, Madeleine comprend Bond mieux que personne… 
En s’approchant du cœur de Spectre, Bond va découvrir qu’il existe peut-être un terrible lien entre lui et le mystérieux ennemi qu’il traque… (Source : Allociné)

Mon avis


La sortie d'un nouveau James Bond est toujours un événement qui attire plusieurs générations qui ont connu "leur" âge d'or du célèbre agent secret, qu'il soit incarné par Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton ou Pierce Brosnan. La franchise a alterné le bon et le moins bon mais a toujours su déchaîner les passions.
Le nouvel arc débuté avec Casino Royale en 2006 voyait déjà une polémique éclore sur le choix de Daniel Craig, premier acteur blond à incarner 007.
Il avait vite réussi à les faire mentir car le film de Martin Campbell avait été une belle réussite et inaugurait un aspect beaucoup plus sombre de la franchise.

Après un Quantum of Solace raté, on se disait pourtant que la série allait retomber dans ses travers, c'était sans compter sur un Sam Mendes au sommet de son art qui allait redonner toutes ses lettres de noblesse à la série avec un Skyfall remarquable sur pratiquement tous les points.
On ne pouvait donc n'être qu'enchantés lorsque la nouvelle que celui-ci rempilait pour un second épisode tomba, surtout quand le titre de celui-ci avait été révélé et qu'il annonçait le retour de Spectre, la fameuse organisation criminelle qui était déjà au centre des péripéties de James dans la quasi-totalité des films avec Sean Connery.


Ici, Spectre va s'avérer être à l'origine de tout ce que James a eu à affronter depuis Casino Royale. La tête pensante de l'organisation, incarnée par Christoph Waltz, va être présentée en quelque sorte comme la némésis ultime de 007 qu'il va devoir affronter afin de boucler la boucle.
De gros enjeux sont donc posés et la grande majorité de l'intrigue va donc consister à faire monter la tension jusqu'à la confrontation tant attendu entre les "frères ennemis" (une partie de l'intrigue va d'ailleurs justifier cette formulation qui n'est pas choisie au hasard).

J'ai été très vite enthousiasmé car le film débute en trombe avec un long plan-séquence virtuose, qui n'est pas sans rappeler celui de La Soif du Mal, dans les rues de Mexico alors que se déroule la fête des morts. La caméra va suivre James et sa conquête du jour entrer dans un hôtel, aller dans une chambre avant de continuer à suivre 007 seul sur les toits pour aller descendre sa cible.
Cette séquence introductive se place certainement comme l'une des toutes meilleures de la franchise et nous envoie un message clair : Sam Mendes n'a rien perdu de sa superbe !

Toute la première moitié du film est d'ailleurs très bonne ; outre la partie à Mexico, les événements qui se passent à Rome sont aussi très intéressants et la poursuite en voiture qui s'en suit, qui n'est de loin pas la plus spectaculaire de la franchise, est bien réalisée et toujours très lisible (après comparaison avec l'horreur qu'était la poursuite introductive de Quantum of Solace, découpée à la tronçonneuse, c'est de l'eau et du vin).
La réalisation de Sam Mendes est d'ailleurs toujours très solide et toujours lisible dans l'action. On n'a certes plus le grand Roger Deakins pour éclairer tout ça mais le travail de Hoyte Van Hoytema à la photographie est excellent (ne vous attendez toutefois pas à voir des scènes d'une beauté telle que celle de la séquence finale de Skyfall avec la maison isolée).


Cependant, dès la moitié du film, la machine s'enraye et plusieurs défauts viennent ajouter une ombre au tableau. Tout d'abord, on ressent assez vite que l'intrigue avec Spectre n'avait pas été pensée dès Casino Royale, le film doit donc user de ficelles parfois assez grossières pour gommer les incohérences inhérentes à ce genre de problème. Ainsi, la relation entre James et Franz Oberhauser / Ernst Stavro Blofeld est un peu tirée par les cheveux et ne sert au final qu'à justifier la confrontation.
Cette confrontation, d'ailleurs, est le centre de l'intrigue de Spectre et la tension monte tandis que le mystère se dissipe peu à peu autour du personnage de Franz qui n'apparaît que très peu dans la première partie (si ce n'est les très beaux plans de Mendes, bien que déjà vue, lors du Conseil à Rome). Une telle icônisation du personnage laissait promettre un final en apothéose qui finirait en beauté l'arc narratif "Casino Royale - Spectre". Le problème c'est que cette confrontation est vraiment décevante au final.

On touche ici au problème principal du scénario qui, à force de vouloir trop en raconter, ne raconte au final pas grand chose. On va en apprendre plus sur le passé de James Bond mais également sur ses anciens ennemis, on va aussi connaître les véritables intentions de Franz Oberhauser.
Le film pèche donc de par sa seconde moitié trop mollassonne, à se demander parfois si on est encore en face d'un film d'action. Ce n'est pas vraiment un problème de rythme car Sam Mendes sait très bien le gérer mais véritablement des enjeux qui construisent trop d'attente pour ce qu'ils sont vraiment.
C'est vraiment dommage car Christoph Waltz est très bon dans la peau de Franz Oberhauser mais il n'est pas aidé par le scénario qui ne le met pas assez en avant. Il restera de ce fait bien moins mémorable que Silva dans Skyfall ou Le Chiffre dans Casino Royale.
Spectre dans son ensemble n'est d'ailleurs pas assez menaçant à mon goût. On ressent certes plus son danger que le Syndicat dans le dernier Mission Impossible (que j'avais quand même adoré comme vous pouvez le lire ici) mais on n'en est pas non plus au point où on se sent étouffé par lui (un des personnages dit pourtant un moment que Spectre est absolument partout).


Daniel Craig campe toujours à la perfection le personnage et y ajoute une petite touche d'humour qui, même si moins prononcée que les James Bond de Roger Moore, fait souvent mouche. On est beaucoup moins dans l'introspection que Skyfall et de retour vers un James Bond plus classique.
Léa Seydoux a été choisie pour incarner la James Bond girl de cet opus et il est agréable de voir que son rôle est beaucoup plus conséquent que celui de Bérénice Marlohe dans le film précédent. Elle a un charme certain mais reste au final également sous-exploité tandis que sa relation avec James est un peu tirée par les cheveux.
Alors que les principaux personnages du MI6 étaient mis un peu en retrait dans les derniers épisodes (à l'exception de M qui avait un rôle central dans Skyfall), il est agréable de plus les voir ici, surtout qu'on a quand même Ralph Fiennes (le nouveau M), l'excellent Ben Whishaw (Q) et ses gadgets ainsi que Naomie Harris qui campe une Eve Moneypenny qui n'aura peut-être jamais eu un rôle aussi important que dans Spectre.
Monica Bellucci par contre bénéficie de tellement peu de temps d'écran qu'on peut presque parler de caméo à ce stade-là, elle n'est en plus vraiment pas convaincante pour le peu de temps qu'on la voit.
J'ai indiqué avoir été déçu par le personnage de Franz, par contre Dave Bautista campe un excellent méchant secondaire : il a très peu de dialogues mais sa carrure en impose forcément et n'est pas sans rappeler celle du mythique Requin par exemple.

La musique a toujours tenue une part importante dans les James Bond, si le thème principal créé par Monty Norman est connu de tous, la franchise a toujours eu une identité musicale très marquée.
C'est à nouveau Thomas Newman qui est à la barre et son travail est toujours excellent, ses compositions transpirent l'esprit James Bond sans être trop appuyées. Il reprend d'ailleurs assez subtilement le thème du générique assez régulièrement dans le film.
La chanson du générique justement, interprétée par Sam Smith, avait le redoutable honneur de passer après l'oscarisée Adèle qui avait mis à peu près tout le monde d'accord il y a 3 ans. La chanson de Sam Smith va clairement diviser : elle ne sonne pas vraiment comme une musique de James Bond et j'étais moi-même circonspect en l'entendant pour la première fois mais il s'avère que, finalement, elle s'intègre assez bien avec le générique (qui est toujours bien réalisé sans être le meilleur que l'on ait vu dans un James Bond). Certes on n'est pas au niveau de Skyfall mais on aurait pu s'attendre à vraiment pire.


Spectre souffre finalement du fait qu'il ait dû passer après Skyfall, Sam Mendes avait à cœur de réitérer l'exploit et il y arrive par moments mais dans l'ensemble, nous avons quand même un film inférieur à son prédécesseur qui se perd un peu en voulant à tout prix faire monter la tension autour du personnage de Franz/Ernst. Attention cependant à ne pas déformer mes propos, ça reste un excellent James Bond et un très bon film d'action qui vient d'ailleurs conclure une année assez exceptionnelle pour le genre.
Il y a une envie claire de revenir à l'essence même des James Bond (d'ailleurs, le gun barrel est de retour au début du film, une première dans l'ère Daniel Craig) et on peut se dire que la suite nous apportera à nouveau son lot d'action et des gadgets en tous genres alors que Skyfall avait parfois été critiqué car il n'était pas assez "James Bond". Il faudra cependant faire sans Sam Mendes tandis que le mystère règne autour de Daniel Craig : alors qu'on le pensait lié pour encore un film après Spectre, il avait révélé récemment qu'il commençait à être fatigué du personnage. Quoi qu'il en soit, ce ne serait pas une surprise de le voir partir car on peut considérer que l'arc narratif débuté avec Casino Royale est désormais clos.


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