dimanche 31 janvier 2016

The Revenant (2016)

Titre : The Revenant

Date de sortie française : 24 février 2016 (27 janvier en Suisse romande)

Réalisateur : Alejandro Gonzáles Iñárritu

Scénario : Mark L. Smith et Alejandro Gonzáles Iñárritu (basé en partie sur le roman de Michael Punke)

Directeur de la photographie : Emmanuel Lubezki

Montage : Stephen Mirrione

Musique : Alva Noto et Ryuichi Sakamoto

Durée : 2h36

Avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Forrest Goodluck, Paul Anderson, Kristoffer Joner, Joshua Burge

Synopsis Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption. (Source : Allociné)


Mon avis


Dire que j'attendais The Revenant serait se targuer d'un bel euphémisme, tant j'attendais le retour de Alejandro G. Iñárritu même pas un an après son Birdman qui m'avait déjà soufflé par sa maîtrise (j'en parlais d'ailleurs ici lors de sa sortie).
Il était donc clair que voir le réalisateur s'attaquer au western survival avec Leonardo DiCaprio et Tom Hardy au casting réveillait en moi une attente qui a enfin été comblée avec la sortie en salle du nouveau long-métrage de l'auteur mexicain.

Il faut tout d'abord rappeler que le tournage s'est étendu sur plus de 9 mois en raison de l'abnégation de Iñarritu et de son chef opérateur Emmanuel Lubezki de filmer uniquement en lumière naturelle, limitant le temps de tournage à un maximum de 1h30 par jour. Il a en plus fallu ajouter à ça les caprices de la météo et du climat en général quand ils ont été contraint de délocaliser le tournage en Amérique du Sud en raison du manque de neige au Canada malgré la saison pourtant propice.
C'est ainsi que le tournage a pris fin en août 2015 alors que le projet était déjà dans les petits papiers d'Iñarritu bien avant l'oscarisé Birdman.

Maintenant, en tant que spectateur, je vais bien entendu donner mon avis sur le produit final, ma principale crainte était surtout de voir un film beau mais vide, se rapprochant plus de l'exercice de style sans avoir grand-chose pour meubler. Verdict ?


Déception il n'y a en tout cas pas ! Je savais que le film serait beau mais là on atteint un point où chaque plan m'a donné envie de prendre une télécommande et de faire un arrêt sur image. Le mérite revient bien évidemment au réalisateur, qui tenait absolument à tourner dans ces contrées sauvages, mais également (et surtout), à la photographie à tomber par terre de Emmanuel Lubezki qui arrive toujours à capter la beauté la plus pure de chaque paysage qu'il a devant les yeux.
Le chef opérateur est décidément fait pour travailler avec des auteurs comme Alejandro G. Iñárritu ou Alfonso Cuarón, tant sa photographie se lie parfaitement au cinéma des deux réalisateurs mexicains.
Dans The Revenant, la réalisation atteint une maestria encore plus poussée que dans Birdman qui se déroulait dans un espace restreint, essentiellement constitué de couloirs et de grandes pièces. Ici, chaque long plan, chaque plan-séquence est une leçon de construction avec cette caméra qui suit les personnages et dont chaque mouvement amène un nouvel élément à l'action.
Une des premières scènes du film, où les trappeurs se font attaquer par les indiens, en est un parfait exemple : la caméra va nous emmener d'un personnage à l'autre et chercher avec nous la provenance du danger avant de s'emballer et de zigzaguer entre les arbres pendant qu'une grande partie de l'équipe est décimée par les flèches des assaillants.

Au vu des premières minutes du film, on pourrait s'attendre à un film sans aucun temps-mort, comme c'était le cas dans Birdman, il s'avère que Iñarritu prend cette fois-ci le temps de se poser et c'est ça qui fait la grande force du métrage. Les plus beaux moments sont clairement ceux où la caméra se pose, devient plus flottante et se désintéresse parfois même complètement du personnage de DiCaprio. Ces moments où on entre dans les rêves de Hugh Glass, bien que cassant un peu le rythme, sont d'excellents exemples de ce que j'entends par là. On pense ici à ce que fait Terrence Malick (principalement dans Le Nouveau Monde) où on se détache du récit pour atteindre un niveau plus mystique.
Tout ce rapport de l'homme à la nature est d'ailleurs un thème cher à Malick et est très présent dans The Revenant. La présence de Lubezki (chef opérateur de Malick depuis Le Nouveau Monde justement) à la photographie n'est certainement pas étrangère à cet élan très malickien qui ressort de certaines séquences.


Le film s'annonçait comme assez viscéral, il ne l'est finalement pas tant que ça. Il y a certes des scènes d'une violence très graphique, l'attaque de l'ours est très impressionnante et dure le temps d'un plan-séquence de plusieurs minutes, mais de manière générale on est plutôt spectateur de la survie et de la quête de vengeance de Hugh Glass dès le moment où il est laissé pour mort et que son fils est tué par un des trappeurs de son équipe, John Fitzgerald (Tom Hardy).

Survie et vengeance, c'est un peu de la sorte que l'on pourrait séparer les deux parties principales du film, avec la composante survival occupant bien le trois-quart du métrage. La partie où Glass se lance véritablement à la poursuite directe de Fitzgerald n'occupe grosso modo que la dernière demi-heure du film et je n'ai pas trouvé que c'était la plus réussie. Je pense même que le film aurait gagné à éclipser totalement cette dernière partie plus manichéenne, moins intéressante et moins belle que le reste.

Si le fait de voir Glass lutter pour avancer pendant la grande majorité du fait pourrait sembler barbant, dans les faits il s'avère que même si le film avait duré 3h, je ne me serais jamais lassé, tant la réalisation arrive à sublimer chaque séquence. De plus, l'enjeu du film n'est pas tant de savoir si Hugh Glass va arriver vivant à sa destination, ça semble évident, mais plutôt de comment il va y arriver et quels dangers il va devoir affronter.
Et tout ça fonctionne car on s'attache au personnage, on vit ses péripéties. Leonardo DiCaprio est, comme souvent, excellent et sa quantité restreinte de dialogue l'oblige à axer son jeu principalement sur le regard et son corps de manière générale.

Le reste du casting n'est pas en reste, le personnage de Tom Hardy est un connard fini mais on a de la peine à totalement le détester car ses motivations (l'argent principalement) ne sont pas dénuées de sens et font en quelque sorte écho au capitalisme moderne où les paysages tels que ceux vu dans The Revenant se font de plus en plus rare en raison de l'exploitation des ressources naturelles.


Le montage son vient apporter sa pierre à l'édifice avec une musique très présente mais sans être envahissante (bien qu'assez répétitive malheureusement). Je trouve qu'Iñarritu a parfaitement su choisir les scènes dans lesquelles la musique était importante ou non. La scène de l'ours se passe sans aucune musique par exemple, toute la séquence étant rythmée par les grognements et les hurlements, c'est viscéral...et c'est génial !
Sans rester dans les annales, la musique me sera au moins restée dans la tête de longues heures après le visionnage, principalement les quelques notes de violon qui parsèment le film d'un ton assez mélancolique.

The Revenant est une vraie expérience de cinéma, très sensorielle et belle à en tomber. C'est ce pourquoi j'attendais le film et c'est ce que j'ai reçu. Celui-ci à mes yeux encore plus abouti que Birdman et d'une maîtrise folle pratiquement du début jusqu'à la fin (encore une fois, j'émets quelques réserves sur la dernière partie).
Le film est un exemple de plus qui montre que le perfectionnisme de son auteur n'est pas une tare si le résultat est admirable de la sorte. C'est pour ça que je ne comprendrai jamais les critiques qui qualifient Alejandro G. Iñarritu de prétentieux, j'ai rarement entendu l'adjectif être utilisé pour David Fincher par exemple...

L'histoire de Hugh Glass en soi est assez extraordinaire (bien que romancée pour les besoins du cinéma, mais il n'y a que peu de documents qui relatent précisément ce qu'il a traversé) et je pense qu'il s'agit d'une de celles qu'il fallait raconter car elle raconte en plus de belles choses sur la conquête de l'ouest et sur cette nature qui perd année après année en ampleur.
Iñarritu ne s'y trompe d'ailleurs pas, en témoigne ce regard caméra final de DiCaprio qui prend le spectateur comme témoin de son aventure afin que celle-ci perdure...


jeudi 14 janvier 2016

Les Huit Salopards (2016)

Titre original : The Hateful Eight

Date de sortie française : 6 janvier 2016

Réalisateur : Quentin Tarantino (également scénariste)

Directeur de la photographie : Robert Richardson

Montage : Fred Raskin

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h47 (3h07 dans sa version 70mm)

Avec : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Demián Bichir, Tim Roth, Michael Madsen, Bruce Dern, James Parks, Channing Tatum




Synopsis Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie… (Source : Allociné)


Mon avis


La sortie d'un Tarantino est toujours un événement d'envergure pour les cinéphiles. Le réalisateur tennesséen a su, au fil des années, se forger un style unique et s'attirer le respect de ses paires.
Déjà trois ans se sont écoulés depuis Django Unchained (le rythme habituel de Tarantino étant donné que celui.ci est également scénariste de tous ses films) et QT avait annoncé très tôt qu'il resterait dans le genre du western qu'il avait réussi à sublimer avec son précédent film.

Pourtant, tout n'était pas gagné d'avance, on se souvient de la fuite du scénario qui avait eu lieu début 2014 et qui avait tellement énervé Quention Tarantino qu'il avait décidé de laisser tomber le projet.
Cependant, une lecture publique avec les acteurs pressentis a tout de même eu lieu plus tard dans l'année et, finalement, Tarantino décide de quand même tourner le long-métrage après avoir retravaillé le scénario.

Pour sa huitième réalisation, Tarantino a pris le pari très risqué de tourner en 70mm Panavision format très large pratiquement tombé dans l'oubli et qui avait fait les beaux jours de films mythiques tels que Lawrence d'Arabie ou Ben Hur pour ne citer qu'eux.
En connaissant l'amour de Tarantino pour la pellicule, ce choix fait sens et je pense qu'il n'y a aujourd'hui pas un réalisateur plus à même de maîtriser ce format.


Laissant de côté l'aridité de Django Unchained, QT nous emmène ici dans la neige et le blizzard du Wyoming où John Ruth (Kurt Russell), un chasseur de primes, est en route vers Red Rock où il doit livrer la dangereuse criminelle Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) dont la tête est mise à prix pour 15'000 dollars. Sur sa route, il va croiser le chemin du Major Warren (Samuel L. Jackson), également chasseur de primes, et de Chris Mannix (Walton Goggins), le nouveau shérif de Red Rock.
En raison de la tempête, ceux-ci sont obligés de faire une escale dans un chalet où ils tombent sur 4 autres personnes. Ils vont vite se rendre compte qu'une des personnes en question n'est pas celle qu'elle dit être et est de mèche avec Domergue dans le but de la libérer et lui éviter la corde.

Les Huit Salopards est donc un huis clos très paranoïaque avec ces 8 individus qui ne se font absolument pas confiance coincés dans une bâtisse . Les idéologies du western sont certes là, mais Tarantino a clairement filmé son histoire à la manière d'un film d'horreur, impossible de ne pas ressentir l'influence du cinéma de Carpenter (surtout quand, en plus, ça se passe dans la neige et que Kurt Russell est présent).
L'excellente bande-son de Ennio Morricone va d'ailleurs également dans ce sens-là, en atteste cette incroyable piste d'ouverture qui accompagne un très long plan tout aussi fabuleux sur le Christ crucifié avant de voir apparaître la diligence. En un seul plan, en une seule note, Tarantino et Morricone nous plongent dans l'histoire.

Niveau références, c'est peut-être le film de Tarantino qui en fait le moins, on peut certes faire un rapprochement évident avec La Chevauchée des Bannis ou Le Grand Silence mais dans l'ensemble c'est plutôt dans le propre cinéma de QT qu'il faudra chercher les influences.
A ce niveau, c'est clairement de Reservoir Dogs que se rapproche le plus des Huit Salopards, on retrouve des personnages qui discutent dans un espace clôt avant de basculer dans la violence propre au cinéaste. On retrouve d'ailleurs Michael Madsen et Tim Roth, respectivement Mr. Blonde et Mr. Orange de Reservoir Dogs...une manière pour Quentin Tarantino de boucler la boucle en quelque sorte.


Comme tout film de Tarantino, les dialogues et les personnages sont savoureusement écrits, peut-être même encore plus que dans ses anciens films. Les personnages ont ça d'intéressant qu'il n'y a pas vraiment de héros dans l'histoire, ce sont tous plus ou moins des salauds attirés par l'appât du gain. Il n'y a finalement que O.B, le cocher (James Parks) qui entraîne de la sympathie et s'il y a un personnage auquel il faudrait s'identifier, je pense que ce serait lui.

Comme je l'ai dit, l'écriture de Quentin Tarantino fait à nouveau des merveilles, d'un côté le film raconte beaucoup de choses sur l'Amérique post-sécession avec les tensions toujours présentes entre les nordistes et les sudistes ainsi que le racisme (thème déjà largement abordé dans Django Unchained), mais en plus il s'écarte des clichés habituels de la narration, ce qui rend le film très imprévisible...il est difficile de savoir à l'avance qui va se faire descendre et à quel moment, tout peut arriver !

C'est pour ça que le film, malgré sa longueur, reste passionnant. On est toujours en train d'essayer de deviner qui est qui et quelles sont les intentions dans l'esprit des personnages. Et quels personnages d'ailleurs ! On connaît la géniale direction d'acteurs de QT et Les Huit Salopards ne déroge pas à la règle. Samuel L. Jackson est, comme toujours chez le cinéaste, parfait ; il nous offre d'ailleurs à nouveau un monologue d'anthologie, peut-être le plus violent qu'on ait vu chez Tarantino.
Kurt Russell a une trogne énorme et ça fait vraiment plaisir de le revoir dans une production de ce type. Tim Roth est génial, rempli d'ironie et de fausse légèreté, je soupçonne d'ailleurs Tarantino d'avoir écrit son rôle pour Christoph Waltz car on a vraiment l'impression de le voir à l'écran à certains moments.

Le personnage le plus intéressant est peut-être finalement celui de Jennifer Jason Leigh car, là encore, Tarantino prend le contre-pied de ses personnages féminins forts habituels (on repense à Kill Bill, à Jackie Brown) en en faisant un punching-ball qui va prendre des poings, du sang, du ragoût dans la figure sans jamais broncher. Elle a peu de dialogues mais c'est le personnage qui fait passer le plus de choses par son jeu.


Comme je l'ai déjà dit, l'utilisation du 70mm était un véritable défi pour Tarantino, surtout pour filmer un huis-clos. Le format est généralement très bien adapté pour filmer les grands espaces et QT le fait à la merveille dans la première partie (encore une fois, la scène d'introduction est juste sublime). Cependant, c'est vraiment lors des scènes en intérieur que le réalisateur innove en réussissant à filmer cet espace clos sous à peu près tous les angles possibles. Chaque cadre est choisi à la perfection et la largeur du format permet d'avoir plusieurs protagonistes à l'écran sans jamais l'encombrer. La profondeur de champ est aussi assez dingue et Tarantino joue beaucoup là-dessus pour mettre en évidence certains de ses personnages par rapport à d'autres.

L'évolution des relations entre les personnages passe également par la mise en scène : au début, il y a beaucoup de gros plans sur leurs visages et, au fur et à mesure que les tensions montent, que le doute s'installe, les cadres sont de plus en plus larges et il y a très souvent plus d'un personnage à l'écran.
On voit ici une très claire volonté de Tarantino de raconter son histoire par l'image autant que par les dialogues. Je trouve d'ailleurs que le la réalisation du cinéaste tennesséen n'a jamais été récompensée à sa juste valeur car son cinéma c'est vraiment un tout et ce n'est pas demain la veille qu'on retrouvera un réalisateur comme Quentin Tarantino, autant amoureux que lui du cinéma et autant généreux dans ce qu'il montre à l'écran.


mercredi 6 janvier 2016

Tops/Flops 2015


Une nouvelle année s'achève et, comme d'habitude, celle-ci a été marqué par de grands films mais également par certains long-métrages que l'on préférerait oublier.
Comme le veut la tradition, je me lance donc aussi dans mon Top/Flop 5 de l'année écoulée avec un classement basé sur 72 films sortis au cinéma cette année que j'ai eu l'occasion de visionner. C'est parti !


Top


1) Mad Max: Fury Road de George Miller



Le grand retour de Mad Max, 30 ans après un 3ème épisode en demi-teinte, est une réussite éclatante à tous les niveaux. Du haut de ses 70 ans, George Miller donne une leçon d'inventivité et de cinéma durant 2h de folie furieuse et d'orgasmes visuels et auditifs (cette scène dans la tempête est un des trucs les plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de voir dans une salle de cinéma, rien que ça).
Fury Road est ma plus grosse baffe de 2015 qui était d'ailleurs vraiment une année exceptionnelle pour le cinéma d'action.
Mon avis détaillé sur Mad Max; Fury Road ici


2) Seul sur Mars de Ridley Scott



Comme quoi les papys étaient en forme cette année ! Avec Seul sur Mars, Ridley Scott nous livre un film étonnamment optimiste avec un excellent Matt Damon qui ne perd jamais son humour malgré le peu d'espoirs de survie. L'adaptation du best-seller de Andy Weir est une grande réussite (dotée en plus d'une très bonne 3D) dont on ressort avec un grand sourire.
Mon avis détaillé sur Seul sur Mars ici


3) Sicario de Denis Villeneuve



Le génial Denis Villeneuve enchaîne les films ces derniers temps. Après les deux très bons thrillers Prisoners et Enemy, le réalisateur québécois nous emmène cette fois-ci au cœur des cartels mexicains dans un film à la noirceur glaçante et au suspense à vous coller dans votre siège.
Doté de la très belle et épurée photographie de Roger Deakins et des percussions angoissantes de Jóhann Jóhannsson, Sicario est un tout, un film à l'atmosphère incroyable dirigé de main de maître par son auteur qui bascule aussi magnifiquement dans le cinéma d'action sans jamais en faire trop.
Le film est également porté par une belle brochette d'acteurs tous au top. Si le spectateur s'identifiera probablement au personnage d'Emily Blunt (à nouveau impeccable), droit dans ses bottes et dans un certain sens victime du système, je ne peux pas m'abstenir de mentionner l'énorme Benicio Del Toro qui écrase le film dès qu'il apparaît à l'écran, particulièrement sur la fin où le film se sépare du point de vue d'Emily Blunt. Quelle gueule, quelle présence, quel charisme mes amis !
A la vue de ce qu'est capable de réaliser Denis Villeneuve, on peut se dire que la suite de Blade Runner est en de bonnes mains...en tout cas j'ai vraiment hâte !


4) Birdman de Alejandro González Iñárritu



Première claque de l'année me concernant, Birdman se hisse également dans ce top avec à nouveau un casting bien fourni (dont l'énorme mise en abîme de Michael Keaton) et surtout cette réalisation qui consiste à faire passer le film entier pour un unique plan séquence (rendant les coupes invisibles ou presque), c'est très impressionnant et ça marche très bien tout en étant raccord avec le monde du théâtre que le film retranscrit.
Mon avis détaillé sur Birdman ici


5) Vice-versa de Pete Docter et Ronnie Del Carmen



J'ai longuement hésité pour cette 5ème place mais j'ai quand même décidé de récompenser la (désormais) avant-dernière création des studios Pixar qui nous livrent ici leur meilleur film depuis Toy Story 3 (et faut en profiter parce qu'on aura pratiquement que des suites jusqu'en 2019).
J'ai rigolé, j'ai été ému (pas aux larmes parce que j'ai un coeur de pierre), bref j'ai un peu vécu ce qu'il se passe dans la tête de la petite Riley pendant les 1h30 de ses péripéties.
Mon avis (un peu plus) détaillé ici


Mentions spéciales : parmi les films qui entreraient dans mon top 15, sans ordre particulier je retiens également Kingsman, Le Pont des Espions, Irrational Man, Blackhat et It Follows. A most Violent Year, Ex Machina, Mission Impossible 5, Straight Outta Compton, Les Nouveaux Sauvages


Flop


1) Robin des bois, la véritable histoire de Anthony Marciano



Un supplice, le pire du pire que peut nous proposer la comédie française. J'avais plutôt apprécié Les Gamins du même réalisateur et déjà avec Max Boublil mais là rien ne va plus.
Dès le premier plan on sent que ça va être un supplice en fait, avec une caméra qui part dans tous les sens. Rien n'est à sauver, déjà que l'humour est hyper lourd ils insistent en plus sur les mêmes running gags tout le long du film...j'ai juste horreur de ça ! A croire qu'ils pensent que le public est trop con et qu'ils ne vont pas rire au gag la première fois. Ici, on ne rigole pas la première fois et il n'y a aucune chance de rigoler la 50ème fois...j'exagère à peine, il y a un gag qui est répété 5 fois en 1 minute et qui revient encore une fois plus tard dans le film !
J'ai plutôt de la sympathie pour Max Boublil, j'aime bien sa tête mais là c'est juste pas possible, ça me fait même mal de voir le mythe de Robin des Bois être sali à ce point...faire une bonne parodie n'est pas chose aisée et ce film nous le prouve bien.
Je ne parlerai même pas du reste du casting (ou plutôt de la bande de potes puisque c'est plus de ça qu'il s'agit), on retrouve notamment un Gérard Darmon en roue libre totale qui fait plutôt peine à voir.
Bref c'est dégueulasse, ignoble, insupportable, poubelle !


2) Pourquoi j'ai pas mangé mon père de Jamel Debbouze



En sortant de la salle, je m'étais dit : "ça va, ça aurait pu être pire", puis avec le recul, plus j'y pensais et plus je me disais que le film était vraiment de mauvais goût. J'ai déjà beaucoup de peine avec le fait que Jamel ait voulu faire le personnage à son image (avec un bras handicapé) alors qu'avec les techniques actuelles il aurait été facilement possible de passer outre, ça recherche vraiment la compassion du public en plus d'être assez narcissique comme démarche.
L'animation ainsi que la direction artistiques sont complètement à la ramasse, c'est limite honteux quand on sait qu'il y a de très bon animateurs en France. Ils auraient aussi pu se passer de l'hommage complètement WTF à Louis de Funès parce que putain c'est glauque quoi !


3) Divergente 2 : L'Insurrection de Robert Schwentke



Je n'avais pas détesté le premier Divergente, peut-être par effet de surprise je ne sais pas...il s'avère que le deuxième m'a désespéré. Le film est un concentré de tout ce qui m'horripile dans le genre : c'est con, c'est mal joué, c'est mal réalisé...Bon, sur le coup je l'ai pris à la rigolade mais faut vraiment qu'on en finisse avec ces conneries, surtout que, une nouvelle fois, le dernier bouquin sera divisé en deux films pour un max de pépèttes.
Mon avis (un peu plus) détaillé ici


4) Gunman de Pierre Morel



Ici nous avons l'exploit de l'année, un film d'action devant lequel j'ai réussi à m'emmerder du début à la fin. Après avoir converti Liam Neeson aux films d'action débiles avec TakenPierre Morel essaye ici la même chose avec Sean Penn mais c'est complètement raté car ce dernier ne dégage absolument rien niveau charisme (alors que Neeson était plutôt badass dans Taken). J'espère que Sean Penn reviendra dans un registre qui lui correspond mieux parce que ça va vraiment pas le faire.
Mon avis (un peu plus) détaillé ici


5) Les Quatre Fantastiques de Josh Trank



L'exemple typique du film massacré par les studios. Pourtant avec Josh Trank à la réalisation j'étais plutôt enthousiaste car j'avais adoré Chronicle et j'avais hâte de voir si le réalisateur allait pouvoir apporter quelque chose au genre. Malheureusement, il n'a pas pu faire le film qu'il voulait, il a dû effectuer des re-shot sous pression de la Fox et lui-même est déçu du résultat final. On se retrouve donc avec un film de 1h30 ,dont 1h entière d'exposition (et il ne se passe que dalle pendant cette heure !), avec des effets spéciaux à la ramasse et un combat final complètement raté. Pourtant y'avait vraiment quelque chose à en tirer : le casting est plutôt bon (sur le papier) et le duo Marco Beltrami / Philip Glass à la musique ne s'en sort pas trop mal tout finit dans un océan de médiocrité rempli de charabia scientifique sans queue ni tête...Le plus triste dans cette histoire ce que, au final, Chronicle est une bien meilleure adaptation des Quatre Fantastiques, merci la Fox !


Autres (sans ordre particulier) : Taken 3, Avengers 2, Into the Woods, Les Minions, Air, Terminator Genisys


2015 s'avère au final une année plutôt bonne en matière de cinéma, bien que moins bonne que l'année précédente à mes yeux. Je retiens surtout l'excellente forme du cinéma d'action et des "anciens" réalisateurs qui montrent qu'il faut toujours compter sur eux.
A voir ce que 2016 nous réservera ! La nouvelle année commencera dans tous les cas sur les chapeaux de roues avec Les Huit Salopards, Creed et The Revenant qui sortiront tous les deux en janvier chez nous !