dimanche 25 décembre 2016

Rogue One : A Star Wars Story (2016)

Titre : Rogue One: A Star Wars Story

Date de sortie française : 14 décembre 2016

Réalisateur : Gareth Edwards

Scénario : Chris Weitz et Tony Gilroy, d'après une histoire de John Knoll et Gary Whitta. Basé sur les personnages créés par George Lucas

Photographie : Greig Fraser

Montage : John Gilroy, Colin Goudie et Jabez Olssen

Musique: Michael Giacchino

Durée : 2h14

Avec : Felicity Jones, Diego Luna, Alan Tudyk, Donnie Yen, Wen Jiang, Ben Mendelsohn, Forest Whitaker, Riz Ahmed, Mads Mikkelsen, Jimmy Smits

Synopsis Dans une période de guerre civile, les populations doivent faire face à la nouvelle arme de l'Empire galactique, l'Étoile de la mort. Cette nouvelle arme fait également office de base militaire, elle est capable d'anéantir des planètes entières. Un groupe de résistants s'unit pour en voler les plans. Agissant pour le compte de l'Alliance rebelle, une jeune femme solitaire (Jyn Erso) est chargée de cette mission-suicide, aidée par son coéquipier (le capitaine Cassian Andor) et par une équipe de mercenaires ainsi que par un ancien droïde impérial. Leur périple les conduira sur différentes planètes comme Jedha, une planète ayant abrité les premiers adeptes de la Force ou encore la planète tropicale Scarif, contrôlée par l'Empire et disposant d'une installation militaire importante. En chemin, ils seront confrontés aux forces impériales, équipées d'immenses véhicules terrestres (AT-ACT) et de vaisseaux spatiaux. Sous les ordres directs du cruel directeur Orson Krennic qui contrôle la mise en place de l'Étoile de la mort, les stormtroopers impériaux, les Shoretroopers et les Death troopers doivent à tout prix repousser les rebelles. Le terrible Dark Vador supervise en effet de près les opérations. (Source : Wikipédia)


Mon avis


ATTENTION : Cet article contient de légers spoilers !

Avec le rachat de Lucasfilm par Disney, la folie Star Wars est repartie de plus belle grâce à (à cause de ?) la marvelisation subie par la franchise qui aura désormais droit à un nouvel épisode principal tous les deux ans, entrecoupé de spin-off qui sortiront entre deux films de la nouvelle trilogie.
"Au cours de la bataille, les Rebelles ont réussi à dérober les plans secrets de l'arme absolue de l'Empire: l'ETOILE NOIRE, une station spatiale dotée d'un armement assez puissant pour annihiler une planète tout entière". C'est sur cette simple phrase contenue dans le célébrissime texte déroulant du premier Star Wars qu'est basé toute l'histoire de ce premier A Star Wars Story, à savoir les péripéties de Jyn Erso (Felicity Jones) et plusieurs autres membres de la Rébellion pour voler les fameux plans de l'étoile Noire qui était au centre de Un Nouvel Espoir.

Un an après le médiocre Episode VII tellement enfermé dans son fan-service qu'il en oubliait de faire quelque chose de véritablement original et intéressant, l'arrivée de Gareth Edwards sur le projet était à la fois enthousiasmant et inquiétant. Enthousiasmant car Edwards est l'auteur de l'excellent Monsters, film de science-fiction a très petit budget qui avait charmé par sa beauté et son traitement des personnages. Inquiétant parce que ce même Edwards s'est fait totalement saboter sur son Godzilla qui avait été une très grosse déception et que de le voir à nouveau à la tête d'un projet où il n'avait que peu de chances de pouvoir imposer totalement son style n'était pas forcément rassurant.


On le sait, la genèse de Rogue One : A Star Wars Story a été très chaotique, le film ayant dû subir de nombreux reshoots (on parle de 40% !) après une première version n'ayant apparemment pas du tout plu à Disney. C'est le médiocre Tony Gilroy qui s'est occupé de ces reshoots (tandis que son frère John s'est occupé du montage) alors qu'il avait déjà effectué le même travail sur Godzilla. Le problème, c'est que tous ces soucis ne pouvaient pas aboutir à un bon film et se ressentent tout au long de celui-ci tant il est schizophrène. Ainsi, la première partie (une interminable exposition) doit fait partie de ce qui se fait de pire au niveau de la gestion du rythme. Une si longue exposition pour finalement n'avoir aucun véritable approfondissement des personnages relève clairement d'un gros problème d'écriture car oui, les personnages de Rogue One sont tous plus insipides les uns que les autres, un comble pour une franchise qui a toujours eu son lot de personnages emblématiques et charismatiques.
Le problème des protagonistes de Rogue One, c'est qu'il sont uniquement fonctionnels, il n'y pas de réel développement ce qui limite toute empathie à leur égard. Ceci fait que la disparition de ceux-ci (car le film est très meurtrier à ce niveau-là) ne provoque aucune émotion particulière.

Une fois passé cette première partie extrêmement pénible (difficile de garder l’œil ouvert), le film commence enfin et prend déjà un peu plus d'ampleur. Ce n'est véritablement que lors de la grande bataille finale que Gareth Edwards peut enfin montrer l'étendue de sa mise en scène. Alors ce n'est pas non plus quelque chose d'exceptionnel mais l'idée de filmer cette fameuse bataille sur plusieurs plans (en orbite, sur les plages et dans la tour où sont situés les plans de l'Étoile noire) est plutôt bonne car elle donne une véritable sensation de vertige par moments. Cette seconde partie du film est également plus intéressante car ça devient alors une vraie "guerre des étoiles" mais dans le style de Edwards, caméra à l'épaule et le plus souvent proche des personnages mais en gardant tout de même une certaine pudeur à leur égard.


Ce dernier acte est aussi l'occasion pour Gareth Edwards d'aborder certaines des thématiques dont il est accoutumé comme la peur d'une catastrophe nucléaire. Les séquences où l'Étoile Noire envoie son rayon sont assez parlantes à ce niveau-là, il y a d'ailleurs un très beau plan vers la fin du film où l'onde de choc se rapproche de Jyl et Cassian au loin. Malheureusement, cette séquence n'a quasiment aucun impact émotionnel à cause, une nouvelle fois, du manque total d'empathie envers les personnages.

C'est d'autant plus pénalisant que les enjeux du film sont déjà connus par quiconque ayant vu Un Nouvel Espoir au moins une fois dans sa vie. C'est-à-dire que le ce spin-off aurait tout gagné à déplacer ses enjeux du côté de ses personnages en les approfondissant bien plus que ce n'est le cas. Il y a des tentatives intéressantes comme le personnage incarné par Donnie Yen qui apporte sa maîtrise des arts martiaux à la franchise mais qui n'est pas assez exploité pour être vraiment marquant (en plus d'être assez insupportable à répéter tout le temps la même chose). L'idée d'avoir un véritable commando suicide est aussi bonne mais sans personnages attachants ça perd un peu de son intérêt.
Le personnage le plus réussi est finalement Dark Vador malgré son temps de présence à l'écran très limité mais son aura est telle qu'il vole sans trop de problème la vedette aux autres protagonistes. C'est notamment le Seigneur Sith qui aura droit à la meilleure séquence du film, très tournée vers le fan-service certes, mais vraiment réussie.


On pourra regretter aussi que Michael Giacchino (qui a remplacé au pied levé Alexandre Desplat parti en cours de production) n'ait eu qu'un peu plus de 4 semaines pour composer les musiques du film, tant celles-ci manquent d'envergures et restent trop prisonnière de l'aura de John Williams, sans jamais réussir à les transcender. A nouveau, la production chaotique se ressent sur la qualité du travail car on ne peut pas décemment demander des merveilles à un compositeur en si peu de temps.

C'est là toute la tragédie de Rogue One: A Star Wars Story : un film avec énormément de potentiel qui aurait pu s'imposer comme l'un des meilleurs épisodes de son illustre franchise mais qui pèche par de trop nombreux problèmes : une exposition interminable, des personnages transparents, des choix douteux (le nouveau robot-droïde censé être le comic relief de l'histoire)...
Pourtant, il serait difficile d'en vouloir à Gareth Edwards qui a été dépossédé de son film et dont la seule faute serait, en étant un poil cynique, d'avoir accepté le projet. Les moments où sa réalisation parvient enfin à s'exprimer contiennent de très bonnes choses et permettent tout de même au film de se placer dans la moyenne plutôt haute des blockbusters de cette année (assez abominable pour le genre) et également au-dessus de l'Episode VII et son fan-service incessant.

Maintenant, ce serait bien que Kathleen Kennedy et les exécutifs de chez Disney accorde plus de confiance à leurs réalisateurs car en prendre des prometteurs pour ensuite les brider totalement n'est pas une démarche vraiment plus glorieuse que de prendre un yes-man qui vous obéira au doigt et à l’œil...


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