Titre : Baby Driver
Date de sortie française : 19 juillet 2017
Réalisateur : Edgar Wright (également scénariste)
Photographie : Bill Pope
Montage : Jonathan Amos et Paul Machliss
Musique : Steven Price
Durée : 1h55
Avec : Ansel Elgort, Jon Bernthal, Jon Hamm, Eiza González, Lily James, Kevin Spacey, Jamie Foxx, Micah Howard
Synopsis : Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby a un truc pour être le meilleur dans sa partie : il roule au rythme de sa propre playlist. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, Baby cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu. (Source : Allociné)
Mon avis
On l'aura attendu ! Après avoir claqué la porte au projet Ant-Man, qu'il préparait depuis de nombreuses années, car il refusait de se soumettre au formatage Marvel (sans parler du fait que le scénario avait été réécrit dans son dos), le génial Edgar Wright s'était fait assez discret sur son nouveau film. On savait qu'il s'agirait d'un film de braquage avec Ansel Elgort (Divergente, Nos Étoiles Contraires) accompagné d'un casting haut standing mais sans une pléthore d'informations non plus.
Il faut dire qu'avec son nouveau bébé, Wright était attendu au tournant. Le réalisateur britannique s'est déjà affirmé, en l'espace de 4 films dont sa fameuse trilogie Cornetto avec Simon Pegg et Nick Frost, comme un petit génie de la comédie portée par une mise en scène et un montage virtuoses. Ses trouvailles visuelles lui ont très vite conféré un statut d'auteur assez unique dans le paysage cinématographique actuel.
Après avoir revisité le film de Zombie (Shaun of The Dead), le film policier (Hot Fuzz), la science-fiction (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde) et s'être essayé brillamment à l'adaptation de comics (Scott Pilgrim), Edgar Wright change donc une nouvelle fois de registre avec Baby Driver mais est-ce que le film répond aux attentes ?
Baby (Ansel Elgort) est un jeune homme, as de la conduite, qui travaille comme chauffeur dans le cadre de braquages afin de rembourser une dette qu'il doit à un big boss du crime (Kevin Spacey). Passionné de musique, ses écouteurs vissés dans ses oreilles, Baby vit au rythme de ses playlists qui l'aident en plus à diminuer les effets désagréables de ses acouphènes dont il souffre à la suite d'un accident de voiture quand il était enfant. Cependant, il va un jour rencontrer Debora (Lily James), la fille de ses rêves et va décider de tout abandonner pour elle.
Le film se présente donc selon le schéma traditionnel du genre, à base de dernier coup et de rédemption. Ce serait cependant sous-estimer l'imagination de Wright dont l'écriture va progressivement dévier vers une histoire plus surprenante et audacieuse.
Le film s'ouvre au beau milieu d'une opération pour Baby et sa "bande". La musique vibre, les pneus crissent. On est tout de suite projeté dans le monde de Edgar Wright : c'est très dynamique, sans temps mort, il y a quelques gags visuels bien sentis (dont un déjà visible dans la bande-annonce malheureusement) et la musique est parfaitement utilisée.
La musique, parlons-en justement. Si celle-ci a toujours eu une grande importance dans les films de Edgar Wright (on se rappelle tous de cette formidable séquence de tabassage de zombie dans Shaun of the Dead ou de l'affrontement musical dans Scott Pilgrim), elle fait office ici de véritable colonne vertébrale du métrage.
Là où Scott Pilgrim était un bel hommage au jeu-vidéo, Baby Driver fait pareil envers la musique qui, en plus de rythmer tout le film, est également à 100% intradiégétique. Ceci fait que l'on vit les aventures de Baby non seulement selon son regard, mais également par le son qui sort de ses écouteurs et qu'il est souvent le seul à entendre.
Edgar Wright utilise absolument tous les outils dans son escarcelle pour utiliser la musique à bon escient. Entre le choix des titres savamment choisis et les chorégraphies millimétrées pour coller au tempo, en passant par un montage sonore aux petits oignons, le cinéaste régale nos yeux et nos oreilles. Il n'en oublie pas pour autant de faire de la comédie avec notamment un gimmick récurrent très bien trouvé où Baby se retrouve obligé de rembobiner un morceau en raison d'un contre-temps qui le met hors-rythme. Ce n'est pas grand-chose mais il fallait y penser et en plus c'est drôle !
A l'heure où beaucoup de grosses productions américaines veulent se donner un air cool en mettant une playlist en mode jukebox aléatoire dans leurs films (sans aucune utilisation logique des musiques qui la compose), un film comme Baby Driver fait plaisir de par son utilisation de tous les moyens mis à la disposition de Edgar Wright pour nous faire vivre véritablement la musique.
Tout n'est cependant pas parfait. Le film a en effet tendance à décevoir sur plusieurs points qui faisaient justement la force des précédents films de Wright. Passé la séquence d'ouverture et jusqu'à la dernière demi-heure, le film est beaucoup moins "foufou", beaucoup moins virtuose dans sa mise en scène et son montage que ce à quoi nous a habitué le réalisateur britannique. Le film est beaucoup moins riche en gags visuels et est beaucoup plus premier degré que les précédents films de Wright. Cela n'empêche pas le métrage d'être drôle par moments mais il demeure beaucoup moins jouissif que les standards du cinéaste. Or, Edgar Wright n'est jamais aussi bon que quand il détourne les codes via l'humour et c'est ce qu'il manque à Baby Driver. D'un côté on pourrait voir ça comme un signe de maturité mais l'absence de beaucoup de "tics" de mise en scène, qui font de Wright l'auteur qu'il est, est assez dommageable (pour comprendre de quels gimmicks je veux parler, je vous renvoie à la très intéressante vidéo de Tony Zhou sur le sujet).
Comme déjà dit, ce passage à "vide" ne dure heureusement pas sur la totalité du film. Il y a clairement un ventre mou vers le milieu du métrage, depuis le moment où Baby rencontre Debora jusqu'à l'organisation du coup final en gros. Ce n'est jamais mauvais certes, loin de là, mais en face d'un film de Edgar Wright nous sommes en droit d'avoir des exigences et des attentes plus hautes que pour n'importe quel tâcheron yes-man de service.
Heureusement, tout se remet gentiment en place pour la dernière partie du film, tout autant brillante que la première et ceci pour deux raisons particulières. Tout d'abord, les personnages vivent des destins assez inattendus et le scénario prend vite une tournure assez intéressante. L'écriture de Wright est bien entendu à saluer mais un gros crédit est également à accorder aux acteurs, notamment Jon Hamm, excellent en tous points, débordant de charisme et qui réussit à changer totalement son jeu entre le début et la fin du film. Tout le casting est d'ailleurs au niveau : Ansel Elgort est enfin bien dirigé, Lily James est mignonne comme tout, Jamie Foxx est de retour dans un bon film (même si on regrettera que son personnage soit probablement le moins développé de tous) et Kevin Spacey est comme souvent excellent.
Edgar Wright prouve également, même si n'est pas Paul Greengrass qui veut, qu'il est doué pour filmer l'action et les courses poursuites qui sont en plus, et c'est à saluer, effectuées en très grande partie sans effets spéciaux, Ansel Elgort ayant pris des cours particuliers de conduite. Le professionnalisme de Wright, qui s'est notamment attaché les services d'un ancien braqueur pour mettre au point les scènes de braquage, donne une authenticité certaine à son film.
Baby Driver n'est donc pas parfait, son manque de virtuosité est plutôt étonnant venant d'un réalisateur comme Edgar Wright et on ne peut s'empêcher d'en ressortir en ayant la sensation assez frustrante de ne pas avoir vu tout ce dont il était capable. Il ne se hisse donc pas aux hauteurs de Shaun of The Dead, Hot Fuzz ou Scott Pilgrim et devra se contenter d'être un Wright assez "mineur" en attendant la suite de sa carrière. Il n'en demeure pas moins que c'est évidemment un film à voir et probablement une des meilleures productions américaines qui sortira cet été.
Maintenant, alors qu'une suite est envisagée par Wright, on peut se demander quelle voie va emprunter la suite de sa filmographie : un aspect plus 1er degré et posé à la Baby Driver ou un retour à la comédie folle et jouissive de ses débuts ? Dans tous les cas on demande à voir !
A l'heure où beaucoup de grosses productions américaines veulent se donner un air cool en mettant une playlist en mode jukebox aléatoire dans leurs films (sans aucune utilisation logique des musiques qui la compose), un film comme Baby Driver fait plaisir de par son utilisation de tous les moyens mis à la disposition de Edgar Wright pour nous faire vivre véritablement la musique.
Tout n'est cependant pas parfait. Le film a en effet tendance à décevoir sur plusieurs points qui faisaient justement la force des précédents films de Wright. Passé la séquence d'ouverture et jusqu'à la dernière demi-heure, le film est beaucoup moins "foufou", beaucoup moins virtuose dans sa mise en scène et son montage que ce à quoi nous a habitué le réalisateur britannique. Le film est beaucoup moins riche en gags visuels et est beaucoup plus premier degré que les précédents films de Wright. Cela n'empêche pas le métrage d'être drôle par moments mais il demeure beaucoup moins jouissif que les standards du cinéaste. Or, Edgar Wright n'est jamais aussi bon que quand il détourne les codes via l'humour et c'est ce qu'il manque à Baby Driver. D'un côté on pourrait voir ça comme un signe de maturité mais l'absence de beaucoup de "tics" de mise en scène, qui font de Wright l'auteur qu'il est, est assez dommageable (pour comprendre de quels gimmicks je veux parler, je vous renvoie à la très intéressante vidéo de Tony Zhou sur le sujet).
Comme déjà dit, ce passage à "vide" ne dure heureusement pas sur la totalité du film. Il y a clairement un ventre mou vers le milieu du métrage, depuis le moment où Baby rencontre Debora jusqu'à l'organisation du coup final en gros. Ce n'est jamais mauvais certes, loin de là, mais en face d'un film de Edgar Wright nous sommes en droit d'avoir des exigences et des attentes plus hautes que pour n'importe quel tâcheron yes-man de service.
Heureusement, tout se remet gentiment en place pour la dernière partie du film, tout autant brillante que la première et ceci pour deux raisons particulières. Tout d'abord, les personnages vivent des destins assez inattendus et le scénario prend vite une tournure assez intéressante. L'écriture de Wright est bien entendu à saluer mais un gros crédit est également à accorder aux acteurs, notamment Jon Hamm, excellent en tous points, débordant de charisme et qui réussit à changer totalement son jeu entre le début et la fin du film. Tout le casting est d'ailleurs au niveau : Ansel Elgort est enfin bien dirigé, Lily James est mignonne comme tout, Jamie Foxx est de retour dans un bon film (même si on regrettera que son personnage soit probablement le moins développé de tous) et Kevin Spacey est comme souvent excellent.
Edgar Wright prouve également, même si n'est pas Paul Greengrass qui veut, qu'il est doué pour filmer l'action et les courses poursuites qui sont en plus, et c'est à saluer, effectuées en très grande partie sans effets spéciaux, Ansel Elgort ayant pris des cours particuliers de conduite. Le professionnalisme de Wright, qui s'est notamment attaché les services d'un ancien braqueur pour mettre au point les scènes de braquage, donne une authenticité certaine à son film.
Baby Driver n'est donc pas parfait, son manque de virtuosité est plutôt étonnant venant d'un réalisateur comme Edgar Wright et on ne peut s'empêcher d'en ressortir en ayant la sensation assez frustrante de ne pas avoir vu tout ce dont il était capable. Il ne se hisse donc pas aux hauteurs de Shaun of The Dead, Hot Fuzz ou Scott Pilgrim et devra se contenter d'être un Wright assez "mineur" en attendant la suite de sa carrière. Il n'en demeure pas moins que c'est évidemment un film à voir et probablement une des meilleures productions américaines qui sortira cet été.
Maintenant, alors qu'une suite est envisagée par Wright, on peut se demander quelle voie va emprunter la suite de sa filmographie : un aspect plus 1er degré et posé à la Baby Driver ou un retour à la comédie folle et jouissive de ses débuts ? Dans tous les cas on demande à voir !
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