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mercredi 12 juillet 2017

Baby Driver (2017)

Titre : Baby Driver

Date de sortie française : 19 juillet 2017

Réalisateur : Edgar Wright (également scénariste)

Photographie : Bill Pope

Montage : Jonathan Amos et Paul Machliss

Musique : Steven Price

Durée : 1h55

Avec : Ansel Elgort, Jon Bernthal, Jon Hamm, Eiza González, Lily James, Kevin Spacey, Jamie Foxx, Micah Howard




Synopsis : Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby a un truc pour être le meilleur dans sa partie : il roule au rythme de sa propre playlist. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, Baby cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu. (Source : Allociné)


Mon avis


On l'aura attendu ! Après avoir claqué la porte au projet Ant-Man, qu'il préparait depuis de nombreuses années, car il refusait de se soumettre au formatage Marvel (sans parler du fait que le scénario avait été réécrit dans son dos), le génial Edgar Wright s'était fait assez discret sur son nouveau film. On savait qu'il s'agirait d'un film de braquage avec Ansel Elgort (Divergente, Nos Étoiles Contraires) accompagné d'un casting haut standing mais sans une pléthore d'informations non plus.
Il faut dire qu'avec son nouveau bébé, Wright était attendu au tournant. Le réalisateur britannique s'est déjà affirmé, en l'espace de 4 films dont sa fameuse trilogie Cornetto avec Simon Pegg et Nick Frost, comme un petit génie de la comédie portée par une mise en scène et un montage virtuoses. Ses trouvailles visuelles lui ont très vite conféré un statut d'auteur assez unique dans le paysage cinématographique actuel.
Après avoir revisité le film de Zombie (Shaun of The Dead), le film policier (Hot Fuzz), la science-fiction (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde) et s'être essayé brillamment à l'adaptation de comics (Scott Pilgrim), Edgar Wright change donc une nouvelle fois de registre avec Baby Driver mais est-ce que le film répond aux attentes ?

Baby (Ansel Elgort) est un jeune homme, as de la conduite, qui travaille comme chauffeur dans le cadre de braquages afin de rembourser une dette qu'il doit à un big boss du crime (Kevin Spacey). Passionné de musique, ses écouteurs vissés dans ses oreilles, Baby vit au rythme de ses playlists qui l'aident en plus à diminuer les effets désagréables de ses acouphènes dont il souffre à la suite d'un accident de voiture quand il était enfant. Cependant, il va un jour rencontrer Debora (Lily James), la fille de ses rêves et va décider de tout abandonner pour elle.
Le film se présente donc selon le schéma traditionnel du genre, à base de dernier coup et de rédemption. Ce serait cependant sous-estimer l'imagination de Wright dont l'écriture va progressivement dévier vers une histoire plus surprenante et audacieuse.


Le film s'ouvre au beau milieu d'une opération pour Baby et sa "bande". La musique vibre, les pneus crissent. On est tout de suite projeté dans le monde de Edgar Wright : c'est très dynamique, sans temps mort, il y a quelques gags visuels bien sentis (dont un déjà visible dans la bande-annonce malheureusement) et la musique est parfaitement utilisée.
La musique, parlons-en justement. Si celle-ci a toujours eu une grande importance dans les films de Edgar Wright (on se rappelle tous de cette formidable séquence de tabassage de zombie dans Shaun of the Dead ou de l'affrontement musical dans Scott Pilgrim), elle fait office ici de véritable colonne vertébrale du métrage.

Là où Scott Pilgrim était un bel hommage au jeu-vidéo, Baby Driver fait pareil envers la musique qui, en plus de rythmer tout le film, est également à 100% intradiégétique. Ceci fait que l'on vit les aventures de Baby non seulement selon son regard, mais également par le son qui sort de ses écouteurs et qu'il est souvent le seul à entendre.
Edgar Wright utilise absolument tous les outils dans son escarcelle pour utiliser la musique à bon escient. Entre le choix des titres savamment choisis et les chorégraphies millimétrées pour coller au tempo, en passant par un montage sonore aux petits oignons, le cinéaste régale nos yeux et nos oreilles. Il n'en oublie pas pour autant de faire de la comédie avec notamment un gimmick récurrent très bien trouvé où Baby se retrouve obligé de rembobiner un morceau en raison d'un contre-temps qui le met hors-rythme. Ce n'est pas grand-chose mais il fallait y penser et en plus c'est drôle !

A l'heure où beaucoup de grosses productions américaines veulent se donner un air cool en mettant une playlist en mode jukebox aléatoire dans leurs films (sans aucune utilisation logique des musiques qui la compose), un film comme Baby Driver fait plaisir de par son utilisation de tous les moyens mis à la disposition de Edgar Wright pour nous faire vivre véritablement la musique.


Tout n'est cependant pas parfait. Le film a en effet tendance à décevoir sur plusieurs points qui faisaient justement la force des précédents films de Wright. Passé la séquence d'ouverture et jusqu'à la dernière demi-heure, le film est beaucoup moins "foufou", beaucoup moins virtuose dans sa mise en scène et son montage que ce à quoi nous a habitué le réalisateur britannique. Le film est beaucoup moins riche en gags visuels et est beaucoup plus premier degré que les précédents films de Wright. Cela n'empêche pas le métrage d'être drôle par moments mais il demeure beaucoup moins jouissif que les standards du cinéaste. Or, Edgar Wright n'est jamais aussi bon que quand il détourne les codes via l'humour et c'est ce qu'il manque à Baby Driver. D'un côté on pourrait voir ça comme un signe de maturité mais l'absence de beaucoup de "tics" de mise en scène, qui font de Wright l'auteur qu'il est, est assez dommageable (pour comprendre de quels gimmicks je veux parler, je vous renvoie à la très intéressante vidéo de Tony Zhou sur le sujet).

Comme déjà dit, ce passage à "vide" ne dure heureusement pas sur la totalité du film. Il y a clairement un ventre mou vers le milieu du métrage, depuis le moment où Baby rencontre Debora jusqu'à l'organisation du coup final en gros. Ce n'est jamais mauvais certes, loin de là, mais en face d'un film de Edgar Wright nous sommes en droit d'avoir des exigences et des attentes plus hautes que pour n'importe quel tâcheron yes-man de service.

Heureusement, tout se remet gentiment en place pour la dernière partie du film, tout autant brillante que la première et ceci pour deux raisons particulières. Tout d'abord, les personnages vivent des destins assez inattendus et le scénario prend vite une tournure assez intéressante. L'écriture de Wright est bien entendu à saluer mais un gros crédit est également à accorder aux acteurs, notamment Jon Hamm, excellent en tous points, débordant de charisme et qui réussit à changer totalement son jeu entre le début et la fin du film. Tout le casting est d'ailleurs au niveau : Ansel Elgort est enfin bien dirigé, Lily James est mignonne comme tout, Jamie Foxx est de retour dans un bon film (même si on regrettera que son personnage soit probablement le moins développé de tous) et Kevin Spacey est comme souvent excellent.


Edgar Wright prouve également, même si n'est pas Paul Greengrass qui veut, qu'il est doué pour filmer l'action et les courses poursuites qui sont en plus, et c'est à saluer, effectuées en très grande partie sans effets spéciaux, Ansel Elgort ayant pris des cours particuliers de conduite. Le professionnalisme de Wright, qui s'est notamment attaché les services d'un ancien braqueur pour mettre au point les scènes de braquage, donne une authenticité certaine à son film.

Baby Driver n'est donc pas parfait, son manque de virtuosité est plutôt étonnant venant d'un réalisateur comme Edgar Wright et on ne peut s'empêcher d'en ressortir en ayant la sensation assez frustrante de ne pas avoir vu tout ce dont il était capable. Il ne se hisse donc pas aux hauteurs de Shaun of The Dead, Hot Fuzz ou Scott Pilgrim et devra se contenter d'être un Wright assez "mineur" en attendant la suite de sa carrière. Il n'en demeure pas moins que c'est évidemment un film à voir et probablement une des meilleures productions américaines qui sortira cet été.
Maintenant, alors qu'une suite est envisagée par Wright, on peut se demander quelle voie va emprunter la suite de sa filmographie : un aspect plus 1er degré et posé à la Baby Driver ou un retour à la comédie folle et jouissive de ses débuts ? Dans tous les cas on demande à voir !


jeudi 6 août 2015

Ant-Man (2015)

Titre : Ant-Man

Date de sortie française : 14 juillet 2015

Réalisateur : Peyton Reed

Scénario : Edgar Wright, Joe Cornish, Adam McKay, Paul Rudd, basé sur les personnages créées par Stan Lee, Larry Lieber et Jack Kirby

Directeur de la photographie : Russell Carpenter

Montage : Dan Lebental et Colby Parker Jr.

Musique : Christophe Beck

Durée : 1h57

Avec : Paul Rudd, Michael Douglas, Evangeline Lilly, Corey Stoll, Michael Peña, Bobby Cannavale, T.I.

Synopsis Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va devoir apprendre à se comporter en héros et aider son mentor, le Dr Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d’Ant-Man, afin d’affronter une effroyable menace… (Source : Allociné)

Mon avis


Voici donc le dernier venu de la grosse écurie Marvel et certainement la production la plus bizarre qu'ils aient eu à gérer.
Petit retour en arrière : l'adaptation d'Ant-Man est à l'origine une idée de Edgar Wright, le génial réalisateur de la trilogie Cornetto et de Scott Pilgrim. Le projet lui tient à cœur depuis bien longtemps et se concrétise dans son esprit avant même que Disney/Marvel ne décident de lancer le Marvel Cinematic Universe (on est alors en 2006).
Le film est officialisé en 2009 et il sera annoncé comme étant incorporé à la fin de la phase 2 de ce fameux MCU.
Malheureusement, Kevin Feige (président de Marvel Studios et grand manitou du MCU) voyait certainement d'un très mauvais œil de laisser carte blanche complète à Edgar Wright, c'est qu'il a un fil rouge à faire suivre le bougre ! Wright et Joe Cornish doivent donc remanier le scénario pour le faire correspondre à l'univers déjà mis en place jusque-là alors que le film était pensé à l'origine pour être indépendant.
Ce sera finalement en mai 2014, seulement quelques semaines avant le début du tournage, que Marvel annonce le départ "volontaire" de Edgar Wright pour cause de "divergences de point de vue" selon la version officielle (le scénario a en fait été retapé dans son dos, la vraie raison de son départ ne devrait pas se chercher plus loin que ça).

Ce qui s'annonçait alors comme le projet le plus prometteur du MCU devenait ainsi du jour au lendemain un énième film de super-héros lambda, démontrant une nouvelle fois le nivellement par le bas de la part de Marvel qui engagent à nouveau un Yes Man quelconque pour le remplacer.
La tâche reviendra finalement à Peyton Reed, le réalisateur de...Yes Man (tiens donc !) et le scénario est réécrit par Adam McKay et Paul Rudd (qui se connaissent bien puisque le premier a dirigé le second dans les deux Ron Burgundy). Finalement, après toutes ces péripéties, reste-t-il quelque chose de bien à extirper de ce film ?


Ant-Man c'est l'histoire de Scott Lang (Paul Rudd), un cambrioleur professionnel tout juste sorti de prison à qui est donné l'occasion de trouver sa rédemption (et revoir sa fille) en enfilant un costume permettant de réduire sa taille à celle d'une fourmi et fabriqué par Hank Pym (Michael Douglas), premier porteur dudit costume.
Il va devoir utiliser ses nouveaux pouvoirs pour voler la Yellowjacket mise au point par Darren Cross (Corey Stoll) qui ambitionne de créer une armée d'hommes-fourmi, chose que Hank voit d'un très mauvais œil.

Ant-Man c'est avant tout le film qui nous fait nous dire que le niveau général des production Marvel est vraiment au ras des pâquerettes car il se hisse sans problème à la première place de la phase 2 sans jamais être transcendant où être mieux qu'un film "sympathique". On peut bien entendu dire merci à Wright pour ça car, ne nous voilons pas la face, toutes ses bonnes idées que Peyton Reed a conservé dans la version finale sauvent le film. Il est d'ailleurs dommage qu'une grande partie de celles-ci soient déjà montrées dans les trailers : par exemple la scène du train ou celle de la course sur le pistolet que Wright avait d'ailleurs présenté lors d'un test footage il y a quelques années de ça. Toutes les blagues jouant sur le décalage entre l'aspect épique des combats et leur taille proviennent d'ailleurs, de l'aveu même de Reed, de son prédécesseur et sont celles qui font le plus mouche (d'ailleurs la salle dans laquelle j'étais l'a aussi compris car c'était les moments où elle rigolait le plus). Un ajout de Reed est d'ailleurs complètement wrightien dans l'âme, c'est le gag avec Michael Peña quand il explique la façon dont il a eu vent d'une certaine information. C'est plutôt bien trouvé mais j'ai trouvé ça dommage qu'il revienne une deuxième fois à la toute fin, du coup ça devient trop appuyé.

Ce détail montre que Peyton Reed a bien sûr essayé de conserver l'essence de Wright mais il lui manque le talent de mise en scène de ce dernier. Cependant, il s'en sort honorablement à ce niveau, l'action étant bien plus lisible que dans le dernier Captain America par exemple. Mention très bien aussi aux effets spéciaux, c'est plutôt crédible dans l'ensemble et les passages où Scott est miniaturisé proposent quelques séquences assez impressionnantes.


Le problème avec ce film, c'est qu'au fond c'est à peu près le même scénario que le premier Iron Man avec un méchant typique de chez Marvel ces derniers temps, c'est-à-dire qui est inintéressant dans l'ensemble, en plus de ne jamais vraiment donner l'impression d'être menaçant.
Je trouve aussi exaspérant le fait que l'équipe ait absolument voulu faire une référence aux Avengers (chose qui ne figurait bien sûr pas dans le script du duo Wright/Cornish) alors que le film est censé présenter le personnage. Pire, un des Vengeurs en personne est présent dans le film et c'est sûrement le plus inintéressant de tous. C'est fou à quel point Kevin Feige et ses sous-fifres se sentent toujours obligés de rappeler au spectateur "Hey, on est chez Marvel là, tout est lié !".

L'humour du film est à double tranchant, comme je l'ai déjà mentionné les idées wrightiennes sont plutôt sympa et m'ont parfois fait rire. J'ai eu un peu plus de peine avec le personnage de Michael Peña qui se veut être le comic relief de l'histoire (qui n'en avait pas vraiment besoin puisqu'elle adopte déjà un ton assez léger, on parle quand même d'un homme-FOURMI), on voit qu'il prend son pied mais il en fait clairement trop, sans compter qu'une grosse partie des blagues sont extrêmement prévisibles.

J'ai déjà parlé de Corey Stoll qui n'en impose pas assez, du côté des gentils, Paul Rudd s'en sort vraiment bien avec un rôle qui lui colle parfaitement. Jamais totalement sérieux, sans jamais tomber dans la bouffonnerie, je lui trouve un charisme certain !
Michael Douglas c'est plus délicat, il est clairement au-dessus du navrant Robert Redford dans le Soldat de l'Hiver mais on sent qu'il ne croit jamais vraiment à ce qu'il dit, la faute à une direction d'acteurs inexistante. Mais est-ce vraiment sa faute au final ? Quand on a tourné avec les plus grands, je ne sais pas si on peut vraiment s'enthousiasmer à tourner avec le réalisateur de Yes Man.
Quant à Evangeline Lilly et sa perruque (du moins j'espère pour elle que c'en est une) elle meuble plutôt bien et apporte le personnage féminin fort récurrent chez Marvel (mais pas que).


Chose étrange, le directeur de la photographie, Russell Carpenter, est loin d'être un péquenaud puisqu'il s'est notamment illustré pour son travail avec James Cameron, récompensé d'un Oscar pour Titanic. Pourtant, il n'y a pas vraiment de recherche photographique sur Ant-Man, comme je l'ai déjà dit ce n'est pas moche mais ça ne restera en tout cas pas dans les mémoires.
Bon point du côté de la musique, Christophe Beck a été préféré à Brian Tyler et nos oreilles peuvent enfin se reposer un peu. A nouveau ce n'est rien d'exceptionnel mais comparé à la soupe de Tyler qui agresse les tympans on se retrouve au moins avec quelque chose de correct.

Le fait est que finalement, j'ai plutôt bien aimé le film. Malgré ses nombreux défauts, malgré la mainmise de Marvel sur leur licence, Ant-Man s'impose sans trop de difficulté comme étant le meilleur film de cette phase 2 extrêmement médiocre (à l'exception des Gardiens de la Galaxie). Le nivellement par le bas ainsi que les plans dévoilés par Marvel jusqu'en 2020 au moins font vraiment froid dans le dos quand on voit qu'on arrive désormais à se satisfaire d'un produit certes sympathique mais bien trop imparfait pour rester dans les mémoires.
Reste à espérer que les nouvelles licences (Dr. Strange, Black Panther, Captain Marvel) pourront apporter un peu de fraîcheur mais vu la ligne de conduite tenue par Kevin Feige, on est bons pour se taper de la merde pendant encore au moins 5 ans en ce qui concerne le Marvel Cinematic Universe.