jeudi 9 juin 2016

Elle (2016)

Titre : Elle

Date de sortie française : 25 mai 2016

Réalisateur : Paul Verhoeven

Scénario : David Birke d'après le roman "Oh..." de Philippe Djian adapté par Harold Manning

Directeur de la photographie : Stéphane Fontaine

Montage : Job ter Burg

Musique : Anne Dudley

Durée : 2h10

Avec : Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Judith Magre, Christian Berkel, Jonas Bloquet, Alice Isaaz

Synopsis Michèle Leblanc est agressée et violée dans sa grande maison de banlieue parisienne où elle vit seule. Elle ne porte pas plainte par la suite et reprend sa vie entre sa société de jeux vidéo qu'elle dirige avec son amie Anna, sa liaison avec Robert le compagnon de celle-ci, son fils Vincent, son ex-mari Richard, ses voisins Patrick et Rebecca. (Source : Wikipédia)


Mon avis


On l'aura attendu le retour de Paul Verhoeven ! 10 ans se sont en effet écoulés depuis son dernier long-métrage, Black Book, et depuis un silence radio brisé qu'à l'occasion du téléfilm Tricked filmé par Verhoeven en 2012.
C'est donc en France que le Hollandais violent effectue son grand retour avec une adaptation du roman Oh... de Philippe Djian (que je n'ai pas lu). D'abord prévu pour être tourné aux Etats-Unis, Verhoeven ne trouve aucune actrice acceptant de jouer un rôle aussi amoral et aucune boite de production pour financer un tel projet. Il décide donc de retourner en France, pays d'origine du livre et lieu où se passe l'intrigue et choisi Isabelle Huppert pour tenir le rôle-titre, accompagnée d'un gros casting de rôles secondaires.

Pourtant, la bande-annonce ne laissait clairement pas rêveur, le montage étrange faisant penser à un vulgaire téléfilm tourné par un réalisateur de qualité. On pouvait alors croire que le réalisateur hollandais avait perdu le mojo mais les bons retours de Cannes où le film était présenté en compétition officielle et l'excellent accueil qu'il a eu à sa sortie redonnait espoir à tous ceux (dont je faisais partie) qui s'étaient fait berner par la bande-annonce. Et mon dieu, jamais je n'ai été autant heureux d'avoir douté tant le film est une claque !


On voit tout de suite ce qui a pu intéresser à ce point Paul Verhoeven dans le roman de Djian : cette femme qui se fait violer et qui, au fur et à mesure, va développer une relation très malsaine avec son agresseur. Le ton est tout de suite donné, on est replongé dans la violence physique et psychologique dont raffole le réalisateur de RoboCop mais le malsain atteint cette fois-ci un pic. Là où Verhoeven fait fort, c'est que le film est également très drôle par moments et qu'il jongle constamment entre des moments d'une glauquitude absolue et des passages complètement hilarants, allant même jusqu'à mélanger les deux pour en arrive à un point où on ne sait plus vraiment si on rigole parce que c'est malsain ou si c'est malsain justement parce qu'on rigole (souvent jaune) de ce que l'on voit.

Isabelle Huppert est pour beaucoup dans cette balance incessante entre malaise et rire. Il faut dire qu'elle est née pour jouer ce genre de rôle, j'ai du mal à imaginer n'importe quelle autre actrice à sa place, tant celle-ci est devenue un genre à elle tout seule...ce n'est d'ailleurs pas par hasard que Michael Haneke en a fait son actrice fétiche, tant elle colle bien à ce genre d'univers. Elle joue parfaitement la bourgeoise un peu hautaine et rend son personnage jouissif à regarder alors qu'il aurait pu être insupportable incarné par n'importe qui d'autre.

Le reste du casting, dirigé de main de maître par Verhoeven (même Virginie Efira), est tout aussi excellent. Chaque personnage est ambigu, un peu timbré on ne sait jamais vraiment si c'est du lard ou du cochon et aucun n'est cliché, d'autant plus que Verhoeven ne porte jamais de jugement sur ceux-ci, ils existent simplement avec toutes leurs qualités et leurs défauts. Mention spéciale à Jonas Bloquet qui joue le fils de Michèle et qui est d'une telle stupidité qu'il en devient attachant. Le seul personnage vraiment blanc est celui interprété par Virginie Efira, croyante jusqu'au bout des orteils et dont les dernières paroles, à la fin du film, n'auraient pas pu être plus lourdes de sens.


Comme à son habitude, le Hollandais violent joue avec les codes, les détourne à sa guise. J'en veux pour preuve cette scène incroyable du souper de Noël qui aurait pu être tout ce qu'il y a de plus banal mais vu que ce n'est pas n'importe qui derrière la caméra, la séquence devient d'anthologie ! Déjà, il y a cette hypocrisie entre certains personnages qui ne peuvent pas se piffrer mais font bonne figure l'un en face de l'autre (il y a par exemple Michèle qui dit en cuisine qu'elle va faire exprès de laisser un cure-dent dans les amuse-gueule pour que la copine à son ex-mari se fasse mal avec). Puis il y a toujours cette ambiguïté, ce jeu entre ce côté dérangeant et une certaine légèreté, comme quand Huppert raconte à Lafitte les atrocités commises par son père d'un air complètement candide alors qu'on entend la messe de minuit en fond, c'est juste génial ce décalage qui rend la scène vraiment hilarante !

Au final, le film va tellement loin qu'on finit presque par oublier qu'il y a une histoire de viol derrière, la révélation ne constitue d'ailleurs de loin pas le climax du film (surtout que j'avais déjà deviné depuis un moment qui était l'agresseur) mais lance au contraire un jeu très chaud entre Michèle et l'homme qui l'a violée, le film grimpe alors encore en intensité jusqu'à la fin où elle se décide enfin d'agir concrètement à son encontre...

Toute cette maestria est accompagnée d'une musique certes discrète mais terriblement efficace, assez cristalline et m'ayant fait un peu penser à ce qu'on trouvait dans Basic Instinct. En plus, fait assez rare qui mérite d'être signalé, elle est composée par une femme, ce qui fait d'autant plus plaisir quand on sait que le cinéma de Verhoeven est quand même ouvertement féministe (ce qui n'empêche pas certains groupes de féminazis de s'en prendre au film qui ferait, selon elles, l'apologie du viol...on aura tout entendu).


Une chose est sûre, c'est qu'il est difficile de ressortir intact de Elle, il m'a bien fallu une bonne nuit pour me remettre complètement de ce que j'avais vu. C'est un film qui prend aux tripes, qui rend profondément mal à l'aise tout en nous décrochant régulièrement des rires. Paul Verhoeven ne se refuse rien et on ne peut que le remercier de nous offrir un tel niveau de maestria. C'est finalement le cinéma français qui ressort gagnant de tout ça en acceptant de produire ce que les américains voient d'un mauvais œil, mais bon c'est sûrement trop leur demander de chercher de l'originalité.
Elle est mon film de l'année jusqu'à présent et je ne peux que chaudement vous le recommander, un chef-d'oeuvre (et c'est rare que j'utilise de tels superlatifs) !


jeudi 2 juin 2016

X-Men: Apocalypse (2016)

Titre : X-Men: Apocalypse

Date de sortie française : 18 mai 2016

Réalisateur : Bryan Singer

Scénario : Simon Kinberg, Bryan Singer, Michael Dougherty et Dan Harris, basé sur les personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby

Directeur de la photographie : Newton Thomas Sigel

Montage : Michael Louis Hill et John Ottman

Musique : John Ottman

Durée : 2h24

Avec : James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Nicholas Hoult, Oscar Isaac, Rose Byrne, Evan Peters, Sophie Turner, Tye Sheridan, Olivia Munn, Josh Helman

Synopsis Depuis l'aube de la civilisation, il a été vénéré comme un Dieu. Apocalypse, le premier et le plus puissant des mutants de l'univers X-Men, a collecté les pouvoirs de nombreux autres mutants, devenant immortel et invincible. Se réveillant après des centaines d'années, il est désabusé par ce nouveau monde et recrute une équipe de puissants mutants, dont un Magnéto découragé, pour purifier la race humain et mettre en place un nouvel ordre mondial, sur lequel il compte régner. Alors que le sort de la Terre est en jeu, Mystique, avec l'aide du Professeur Xavier doit diriger une équipe de jeunes X-Men pour tenter d'arrêter leur plus grand ennemi et sauver l'humanité de la destruction totale. (Source : Premiere.fr)


Mon avis


En 2014, Bryan Singer reprenait les rênes de la saga X-Men qu'il avait initié en 2000 et qui avait renouvelé le genre du film de super-héros à l'époque avec ses thématiques très actuelles de l'acceptation de soi et de la peur de l'étranger. Alors que Matthew Vaughn avait "rebooté" la franchise avec X-Men: Le commencement qui présentait la jeunesse de nos mutants favoris (le film était plutôt bon malgré de nombreuses fautes de goût), Singer sortait par la suite X-Men: Days of Future Past qui demeure jusqu'à présent le meilleur film de super-héros des années 2010.
Un visionnage récent de la version Rogue Cut du film m'avait d'ailleurs conforté dans cette position, tant l'intelligence et la sobriété du film ne pouvait laisser qu'admiratif, surtout quand on voyait le bordel chronologique auquel était confronté le réalisateur de Usual Suspects.

Voir Bryan Singer rempiler pour le troisième volet de cette nouvelle trilogie était déjà une bonne nouvelle en soi, encore fallait-il réussir à apporter quelque chose de neuf, à se renouveler pour proposer autre chose que ce que proposent tous les films estampillés Disney/Marvel ou Warner/DC sortis ces dernières années.
Autant le dire de suite, je suis un peu déçu, principalement parce que le film tombe dans les travers qu'avait parfaitement esquivé Days of Future Past il y a 2 ans.


Comme son nom l'indique, l'intrigue du film se concentre sur Apocalypse, le premier de tous les mutants qui a acquis de nombreux pouvoirs au fil des millénaires en transférant son esprit dans le corps d'un autre mutant afin d'acquérir sa capacité.
Lors d'un de ces transferts, il est trahi et des gardes tentent de l'assassiner, il est sauvé par une de ses fidèles mais restera endormi au cœur de sa pyramide détruite jusqu'en 1983 où il sera enfin réveillé.
Enragé par sa trahison, il recrute 4 cavaliers de l'Apocalypse afin de forger un monde sur lequel il régnerait en maître. Parmi ces 4 cavaliers, on retrouve Tornade, Psylocke, Archangel et, surtout, Magnéto qui vivait des jours heureux avec sa femme et sa fille en Pologne avant que ces deux ne soit tuées.

La partie avec Magnéto en Pologne est intéressante dans un sens car ça nous permet de voir comment un mutant vit sa vie de prolétaire mais c'est surtout un prétexte pour amener un drame dans la vie de Erik Lehnsherr (Michael Fassbender) et ainsi le faire passer du côté d'Apocalypse. Si je parle de prétexte, c'est que Magnéto a un côté obscur en lui en que ça a toujours été la cause de ses actes sans qu'il n'y ait besoin d'un événement traumatisant à chaque fois.

De manière générale, l'écriture est vraiment un cran en-dessous de ce que fait Singer habituellement. C'est particulièrement choquant pour les cavaliers qui, à part Magnéto, n'ont pas vraiment de motivations particulières pour rejoindre Apocalypse si ce n'est que celui-ci peut améliorer leurs pouvoirs. Et même avec ça, je les trouve au final très limités, ils n'ont jamais vraiment d'impact sur la bataille et se contentent de faire ce qu'Apocalypse leur ordonne.


En plus de l'écriture, le film tombe également dans les travers qu'avait réussi à magnifiquement éviter Bryan Singer avec Days of Future Past, à savoir une orgie de CGI, particulièrement sur la fin qui sombre un peu dans le n'importe quoi (malgré de bonnes idées qui émergent comme le combat dans l'esprit de Charles Xavier). La scène qu'on pourrait désormais qualifier de "signature" de Quicksilver est assez symptomatique de ce problème : ça en fait trop. Ça reste bien évidemment très impressionnant et bien réalisé mais, en plus de l'effet de surprise qui n'est plus présent, c'est poussé vraiment trop loin alors que la scène de la cuisine dans DOFP brillait par sa sobriété (tout comme le film dans son ensemble).

Après, c'est certes too much et trop "blockbusterisé", il n'en demeure pas moins que le film contient infiniment plus d'idées de cinéma que n'importe que super-film sorti ces derniers temps et ça fait quand même du bien de voir ça après s'être tapé Civil War il y a 1 mois !
Niveau réalisation, ça reste quand même du solide, Singer filme toujours très bien l'action et on a à nouveau une photographie léchée, très colorée qui fait plaisir à voir dans un film du genre.
Il y a aussi le charisme toujours intact de Michael Fassbender et James McAvoy, même si ce premier tient une place beaucoup moins importante que dans Days of Future Past.

Apocalypse en soi n'en impose pas vraiment (pourtant j'adore Oscar Isaac), la faute à un design totalement quelconque. Il se fait en plus avoir un peu comme un bleu (si vous me passez l'expression) sur la fin grâce au fameux "pouvoir de l'amitié" alias "si on se met tous ensemble on est meilleurs", un cliché assez lourdeau dont aurait pu aisément se passer le film.


Alors certes le film est une déception, surtout si on le compare à Days of Future Past qui était une grande réussite, mais paradoxalement c'est exactement le genre de film de super-héros que j'ai envie de voir, avec un véritable auteur à la barre qui est capable d'apporter des idées de mise en scène, même si le reste est un peu bancal.
D'un autre côté, je pense aussi qu'il serait temps que Singer passe gentiment à autre chose car on voit déjà apparaître dans ce X-Men : Apocalypse certains des syndromes du film de trop. Malgré ses défauts, ce troisième volet de la nouvelle trilogie X-Men initiée avec First Class s'impose sans trop de problèmes comme le meilleur super-film de l'année, en attendant éventuellement une bonne surprise de la part de Suicide Squad cet été.


samedi 7 mai 2016

(Re)visionnages récents - 4



Legend (2015) - Brian Helgeland



Intrigué, je l'étais après visionnage du trailer de Legend, le nouveau long-métrage de Brian Helgeland, surtout connu pour ses talents de scénariste.
Le film relate l'histoire des jumeaux Ronnie et Reggie Kray (tous deux incarnés par Tom Hardy), deux gangster qui ont régné sur Londres dans les années 1960.
Alors évidemment, l'attraction principale du film est de voir la double interprétation de Tom Hardy qui change complètement son jeu lorsqu'il doit passer de Reggie à Ronnie, alors que ce dernier souffre de schizophrénie (malheureusement il cabotine un peu trop dans le deuxième cas). L'intégration des deux incarnations de Hardy sur un même plan est d'ailleurs assez saisissante.
Le film joue beaucoup sur le concept de dualité, il est en effet rare de ne voir qu'un seul personnage à l'écran. Outre les jumeaux, il y a une relation entre Reggie et sa femme (la douce Emily Browning), entre Ronnie, homosexuel, et son ami (Taron Egerton), entre les jumeaux et leur mère, etc. Brian Helgeland (dont c'est le premier film que je visionne) démontre en plus un certain talent de mise en scène avec beaucoup de longs plans et de travellings.
Legend était une très bonne expérience, assez impressionnante visuellement parlant et avec cette inspiration scorsesienne dans sa construction qui m'a beaucoup plût.
Après, ce n'est en tout cas pas ce film qui renouvellera le genre du film de gangsters, tant sa construction est classique, mais ça reste un bon moment à passer.


Cookie's Fortune (1999) - Robert Altman


Film vu à la Cinémathèque sur un petit coup de tête. Je connaissais Robert Altman de nom, je savais que c'était un très grand nom du cinéma et une figure du Nouvel Hollywood...et pourtant je n'avais jamais vu un seul de ses films !
C'est donc par un de ses derniers films que j'ai eu l'honneur de commencer : Cookie's Fortune, verdict ? J'ai adoré !
Le film se passe au Mississippi où une vieille dame, "Cookie", se donne la mort et est retrouvée dans sa chambre pas ses deux nièces, très catholiques.
L'une d'elle, qui voit le suicide comme un signe de lâcheté de de déshonneur, décide de déguiser le suicide en assassinat. S'entame alors une enquête afin de faire la lumière sur cette histoire.
Il y a une assez longue exposition au début qui permet de bien présenter les personnages, tous plus intéressants et bien écrits les uns que les autres (mention à la tante insupportable jouée par la géniale Glenn Close).
Le film est génialement écrit avec des touches d'humour qui font mouche à chaque fois. Le naturalisme de Altman se ressent dans le jeu des acteurs, très organique comme le répète d'ailleurs quelques fois la tante, à l'image des personnages de la pièce de théâtre mise en scène par celle-ci.
Après, ne connaissant pas l'oeuvre de Altman, il m'est difficile d'y déceler des thèmes récurrents mais une chose est sûre, c'est que je vais me plonger dans son imposante filmographie car j'ai vraiment pris mon pied !


Steve Jobs (2016) - Danny Boyle


Considéré en quelque sorte comme la suite spirituelle de The Social Network, le nouveau film de Danny Boyle le mettait face à un défi de taille : faire au moins aussi bien que David Fincher (même si on ne lui en aurait pas voulu de ne pas y arriver, faut pas déconner hein !).
Egalement écrit de la main de Aaron Sorkin, scénariste de génie, Steve Jobs se démarque du biopic conventionnel par sa structure en 3 actes, trois séquences distinctes qui sont les moments précédant la présentation du premier Macintosh, du NeXT Computer et de l'iMac.
C'est dans ce découpage particulier qu'est le vrai tour de force, ça nous permet de constater, par le biais de 3 moments particuliers de sa vie, à quel point Steve Jobs ne s'est jamais écarté de ses convictions professionnelles, lui qui a toujours voulu des systèmes fermés.
Mais l'enjeu principal du film tourne plutôt autour de l'homme et de ses problèmes familiaux, de sa fille dont il ne voulair pas reconnaître la paternité à ses problèmes avec celle-ci mais également avec ses collaborateurs comme Steve Wozniak (magnifiquement interprété par Seth Rogen) qu'il a toujours refusé de mentionner ou de congratuler lors de ses présentations ultérieures.
Le film avait donc toutes les cartes pour me plaire mais il s'avère que j'en suis ressorti un peu déçu car il ne raconte finalement pas grand chose et ce qu'il raconte n'est pas très intéressant (en plus je n'aime pas Steve Jobs de base).
J'aurais vraiment voulu entrer dedans, les acteurs sont bons (Michael Fassbender est très crédible, Kate Winslet excellente) mais quand on a vu The Social Network avant, il faut quand même dire que Steve Jobs souffre de la comparaison. Un bon film mais oubliable en ce qui me concerne.


The Danish Girl (2016) - Tom Hooper


Dans la catégorie "film consensuel à faire pleurer les ménagères", The Danish Girl mérite de figurer en bonne place. J'avais aimé Le Discours d'un Roi et quelques aspects des Misérables de Tom Hooper.
Cependant, avec sa dernière réalisation, le cinéaste revient avec un film calibré comme jamais pour plaire aux membres de l'Académie des Oscars ; on prend un sujet tabou, l'acteur ayant raflé la statuette l'an passé, le compositeur ayant fait de même, on enrobe le tout dans une réalisation on ne peut plus plate et on obtient The Danish Girl.
Ce film, c'est un peu tout ce qui m'exaspère, on savait que Tom Hooper n'est pas forcément réputé pour sa subtilité, mais un nouveau pallier est franchi ici, on a vraiment l'impression que le film veut toujours forcer l'émotion chez le spectateur à coup de scènes "fortes" et de musique triste, sauf que non, l'émotion ne passe pas comme ça. J'avais apprécié Carol qui traitait également d'un sujet assez sensible sans pour autant tomber dans le pathos, ici il n'y a que ça ! Et le pire c'est qu'il faut se coltiner un Eddie Redmayne insupportable pendant deux longues heures avec ses mimiques et ses regards de pute à Oscar ! Heureusement que Alicia Vikander est là pour sauver ce qu'il y a à sauver, c'est elle qui m'a fait tenir le film entier.
On concédera comme d'habitude à Tom Hooper une bonne retranscription des années 1930 avec des décors réussi (c'est toujours l'aspect le plus réussi de ses films) mais il va vraiment falloir qu'il passe à autre chose au lieu de chercher à chaque fois à truster les cérémonies. D'ailleurs, c'est même raté à ce niveau puisqu'il n'y a aucune nomination à l'Oscar du meilleur film à la clé...une belle crotte !


Room (2016) - Lenny Abrahamson


Vaguement inspiré de l'affaire Josef Fritzl, Room raconte l'histoire d'une jeune femme retenue prisonnière dans une cabane de jardin pendant 7 ans, dont 5 avec son fils qu'elle a eu avec son ravisseur.
Le film s'annonçait comme un huis clos, et c'est ce qu'il est durant toute sa première moitié où l'on nous présente le quotidien de Joy (Brie Larson) et Jack (Jacob Tremblay) à l'intérieur de la Room comme ils l'appellent eux-mêmes, jusqu'à finalement mettre au point un plan pour s'évader.
Dès lors, le film entre dans une deuxième phase, plus dramatique, où le jeune Jack va découvrir un monde qu'il n'a jamais vu si ce n'est à la télévision et Joy qui va devoir se réadapter alors qu'elle est mise sous le feu des projecteurs de par ce que'elle a vécu.
Autant j'ai trouvé que la première partie traînait un peu en longueur, autant la seconde redonne un souffle au film qui en a besoin.
L'histoire de cette mère et de son fils est touchante et montre que même après avoir été enfermé pendant si longtemps dans une pièce close, il peut être difficile de retrouver sa liberté.
Mais la grande réussite du film réside surtout dans les performances respectives des acteurs. Brie Larson est bien sûr excellente, mais c'est surtout la formidable performance du jeune Jacob Tremblay, saisissante de justesse qui vaut le coup d’œil...une belle découverte.


Avé, César ! (2016) - Joel et Ethan Coen


La filmographie des frères Coen a ceci de particulier qu'elle peut être divisée en deux parties bien différentes : les comédies très légères d'un côté et les films beaucoup plus noirs et sérieux de l'autre.
Avé, César ! fait clairement partie de la seconde catégorie mais restera malheureusement un Coen plutôt mineur (alors que leur dernier, Inside Llewyn Davis, m'avait enchanté).
Le film est découpé en différents sketchs sans réel rapport les uns avec les autres si ce n'est que c'est à chaque fois le personnage central, Eddie Mannix (incarné par le superbe Josh Brolin) qui en réglera les différents problèmes. Le personnage de Mannix est clairement le gros point fort du film, toutes les galères du monde lui tombent sur les épaules et il garde (presque) toujours la tête froide, de manière parfois assez comique. C'est un personnage auquel on s'attache très vite et l'unique véritable fil rouge de l'histoire.
Le problème c'est que tous les sketchs ne se valent pas : la partie avec Alden Ehrenreich est absolument hilarante tandis que l'intrigue autour du personnage de Scarlett Johansson n'est pas vraiment intéressante et ne mène finalement nulle part...
Au fond c'est un peu le problème du film, il y a beaucoup de personnages, beaucoup de sketchs à gauche à droite mais il n'y a pas vraiment de réunion entre ceux-ci. Les véritables enjeux de l'histoire sont ceux entourant le sort du personnage de George Clooney qui se fait kidnapper mais même là je trouve que les Coen sont un peu passés à côté de leur sujet.
Reste que le film reste un bel hommage aux studios hollywoodien des années 1950 et leurs grosses productions (principalement le péplum en l’occurrence), toujours éclairé par le talent de Roger Deakins (même si on l'a connu plus transcendant à ce niveau). Cependant, quand on a vu The Big Lebowski et la trilogie des idiots on est en droit d'attendre mieux des frères Coen dans leur versant comédie.


Th Assassin (2016) - Hou Hsiao-hsien


Une de mes grosses attentes de ce début d'année, le dernier prix de la mise en scène du Festival de Cannes a connu une production assez chaotique avant de pouvoir finalement sortir dans nos contrées. On me chantait les louanges du film depuis des semaines et je comprends pourquoi : chaque plan est une oeuvre d'art à lui tout seul, un tableau devant lequel on pourrait rester de longues minutes durant, à simplement s'émerveiller.
On tient sans problème ici l'un des plus beau film de la décennie, il y a un travail incroyable sur les couleurs : les complémentaires (principalement le rouge et le vert), le chaud/froid (les scènes d'intérieur sont sublimes à ce niveau) et le noir/blanc (d'ailleurs les 15 premières minutes d'exposition sont tournées entièrement en noir et blanc avec également une photographie à tomber par terre).
J'avoue ne pas avoir vraiment bien suivi l'histoire car il m'arrivait "d'oublier" de lire les sous-titres, de peur de perdre ne serait-ce qu'une miette de ce que j'avais devant les yeux !
Je dois également faire l'éloge de Shu Qi, quel charisme ! Alors que son temps de présence est finalement assez limité, elle crève l'écran à chacun de ses apparitions (en parlant de ça, j'ai toujours trouvé que les acteurs chinois avaient un gros charisme naturel, chose que l'on ne retrouve pas forcément chez les occidentaux).
Hou Hsiao-hsien limite au maximum le nombre de plans, il les prolonge le plus possible quand il le peut (notamment pour les longs moments de silence entre les personnages, c'est génial parce que ça incorpore une certaine tension aux scènes).
Les combats sont finalement assez peu nombreux mais superbement filmés, sans musique, uniquement avec le son des lames qui s'entrechoquent (le combat dans la forêt de bouleaux est à tomber).
The Assassin est une vraie expérience, un film qui se vit et qui s'admire, d'une beauté et d'une direction artistique difficilement égalables (il n'a clairement pas volé son prix de la mise en scène).
Il faut savoir se que l'on va voir par contre et ne pas s'attendre à un gros film d'arts martiaux (je regrette d'ailleurs d'y être allé en fin de journée alors que j'était vraiment fatigué, je n'ai pas pu apprécier l'histoire à sa juste valeur).


Hunger Games : La Révolte, partie 2 (2015) - Francis Lawrence


Tout ça pour ça ! Alors que j'avais apprécié le premier, que le deuxième n'était qu'une redite en plus d'être une bande-annonce du 3ème et que celui-ci n'était qu'une bande-annonce pour ce dernier, j'espérais au moins une conclusion un minimum intéressante, c'est raté !
Ce qui me gave, c'est que je me me suis plus emmerdé que dans la première partie qui était censée être une exposition de 2h, présenter les enjeux finaux, etc. Cette dernière partie consiste en fait à 80% de Katniss et ses copains qui marchent vers le Capitole en évitant les pièges qui se dressent sur leur chemin (idée intéressante mais très mal exploitée, sur l'hologramme on a l'impression qu'il y a un piège tous les 10 mètres et ils tombent sur 3 ou 4 de tout le film), 10% de blabla et de Peeta qui dit une fois qu'il est dangereux, qu'il faut le buter et l'instant d'après qui s'apitoie sur son sort et 10% d'action...ou plutôt d'un semblant d'action.

Parce que l'action il faut bien la chercher hein, y'en a un peu dans la dernière demi-heure, y'a la séquence avec le pétrole et l'attaque des mutants dans les égouts (d'ailleurs quelle idée de passer par les égouts...), c'est tout !
En plus Katniss n'arrête pas de chouiner, moins que dans la première partie certes (déjà heureux !), mais c'est quand même pénible...surtout que Jennifer Lawrence commence sérieusement à me sortir par les trous de nez ! Son personnage est en plus censé être le héros central de l'histoire mais elle prend une seule décision importante de tout le film, tout à la fin (un choix important vous me direz) et ça se voit tellement venir à des kilomètres que ce n'est même plus jouissif.
J'appréciais la présence de Woody Harrelson et de Donald Sutherland dans la série car, même mal dirigés, il apportaient quelque chose à leurs personnages respectifs, dans cette dernière partie je n'ai même pas pu m'appuyer là-dessus car leur temps de présence à l''écran est très limité pour l'un comme pour l'autre (je ne parlerai même pas de Julianne Moore qui vient à nouveau cachetonner).

Bref c'est décevant, c'est vraiment dommage car ça fourmillait de bonnes idées, le premier film était prometteur mais ça se casse la figure par la suite...au moins le deuxième Divergente m'avait fait rire par sa stupidité !


Shotgun Stories (2008) - Jeff Nichols


Alors que je ronge fébrilement mon frein en attendant la sortie de Midnight Special en Suisse romande, j'ai décidé de me lancer dans la (courte) filmographie de Jeff Nichols dont j'entends le plus grand bien depuis pas mal de temps sans jamais avoir vu une seule de ses réalisations.
Production à très petit budget, Shotgun Stories est le premier essai du grand réalisateur en devenir qu'est Nichols et présente un des thèmes qu'il affectionne particulièrement : le rapport à la famille et un certain goût pour la contemplation que ne renierait pas le Malick de ses premières années (un petit air de La Balade Sauvage se ressent d'ailleurs dans le film).
Le pitch est assez simple : 3 hommes (Son, Kid et Boy) apprennent la mort de leur père qui les a abandonné depuis longtemps. A son enterrement, Son (Michael Shannon) vient dire ses 4 vérités et tout le mal qu'il pensait de son père à la fratrie issu du mariage de leur père avec une nouvelle épouse. Il débute alors un conflit très violent entre les deux fratries ennemies.

J'ai beau reconnaître une beauté formelle certaine du film, des paysages de l'Arkansas rural sublimés par la réalisation de Nichols, j'ai eu de la peine à entrer dans le film, probablement en raison d'un problème de rythme (le film met passablement de temps à se mettre véritablement en route).
C'est un film véritablement violent mais Nichols fait passer cette violence au second plan (aucune mort n'est montrée explicitement), préférant se concentrer sur les personnages ayant chacun une personnalité propre. Il filme ce qu'ils sont, mais surtout ce qu'ils ne sont pas et auraient pu (ou auraient dû) être : Son aurait pu faire de grande études car on apprend qu'il est très intelligent et doués avec les chiffres, Boy aurait pu être un grand entraîneur de Basket mais il se contente d'élaborer des stratégies pour les jeunes du quartier et Kid aurait pu vivre une vie heureuse avec sa petite amie si les circonstances avaient été différentes...
On pourra éventuellement déceler dans le film un discours sur les armes à feu, c'est en effet à partir du moment où des fusils entrent en jeu qu'il n'y a plus aucun victime et que les deux clans décident de faire la paix, j'ai trouvé cet aspect intéressant mais il arrive vraiment tard.
Bref une petite déception vu les attentes que j'avais mais je ne perds en tout cas pas espoir pour le suite car Nichols a déjà montré, dès son premier film, qu'il savait faire quelque chose avec une caméra.


Take Shelter (2012) - Jeff Nichols


Ce n'est véritablement qu'avec Take Shelter que Jeff Nichols se fait connaître. Vainqueur du Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes, son deuxième long métrage reprend la thématique de la famille pour la transposer dans un drame teinté de fantastique.
Le film relate la vie d'un couple et de leur fille, atteinte de surdité, qui va basculer quand le père (Michael Shannon) va se mettre à faire des rêves inquiétants incluant des tornades et des personnes le mettant en danger lui et sa famille.
Atteint de paranoïa, il se met alors dans l'esprit qu'une tempête va arriver et décide d'agrandir l'abri anti-tornade situé dans le jardin, quitte à y laisser toutes ses économies.
L'exercice du deuxième film n'est jamais simple et pourtant, Jeff Nichols s'en sort avec une maestria à couper le souffle.
Cela passe bien entendu par sa réalisation, encore sublimée par rapport à son premier film, toujours très horizontale et utilisant à merveille le format 2.35. Il y a toujours cette propension du réalisateur à filmer les paysages, renforcée ici par ces visions apocalyptiques des gigantesques tornades à l'horizon (la dernière séquence du film est d'une beauté folle !).
Michael Shannon nous livre certainement ici un de ses meilleurs rôles, bouleversant dans la peau de ce père qui se voit prendre le même chemin que sa mère (elle-même ayant été internée pour troubles mentaux quand elle avait son âge) sans pouvoir lutter. Jessica Chastain n'est pas en reste alors que c'est à elle de gérer les crises de son mari, son personnage est touchant et très bien écrit.

Take Shelter est un grand film et la confirmation du génie de Jeff Nichols, décidément promis à une grande carrière. Sachant user de ses références (ici Spielberg n'est jamais loin) tout en s'en émancipant, le réalisateur arkansasais se forge son propre style, ses propres thématiques et s'affirme comme un véritable auteur du cinéma américain.


Mud : Sur les rives du Mississippi (2013) - Jeff Nichols


Après un petit détour par l'Ohio, Jeff Nichols revient dans son Arkansas natale et fait de deux jeunes garçons (Tye Sheridan et Jacob Lofland) les personnages principaux de Mud : Sur les rives du Mississippi, parfaitement épaulés par un grand Matthew McConaughey qui vit alors une véritable renaissance avec ses rôles remarqués dans La Défense Lincoln et Killer Joe.
Comme son nom le laisse supposer, l'histoire se passe dans un petit village de pêcheurs sur les rives du Mississippi. Deux enfants vont tomber sur Mud, un homme réfugié sur une île au beau milieu du fleuve.
Celui-ci demande l'aide des deux garçons afin de pouvoir se construire un bateau et quitter l'île avec Juniper (Reese Witherspoon), la femme de sa vie. Les deux garçons apprendront par la suite que Mud a tué un homme qui faisait des avances à Juniper et que la famille de la victime est à sa recherche afin de se venger.
Mud est peut-être le film le plus contemplatif de Nichols, peut-être le plus beau, celui qui se rapproche le plus de La Balade Sauvage de son idole de toujours. A mi-chemin entre le drame et la romance, Mud est une vraie aventure humaine, une sorte de Robinson Crusoé moderne.
A nouveau, Nichols fait preuve d'un véritable talent pour sublimer ses plans, il rend vraiment hommage à la beauté sauvage du Mississippi qui est véritablement un personnage à part entière du récit.

Mud est également l'occasion pour le réalisateur de s'essayer à d'autres registres comme celui de la fusillade finale, maîtrisée mais peut-être too much vu le ton du film.
S'il n'est pas autant mémorable que Take Shelter, Mud reste à coup sûr dans la continuité du travail de son auteur...un véritable émerveillement de chaque instant.
J'attends désormais avec impatience son Midnight Special, première incursion de Jeff Nichols dans la science-fiction et qui a été chaleureusement accueilli par la critique lors de sa sortie française.


Le Voyage d'Arlo (2015) - Peter Sohn


Même pas 6 mois après Vice-versa, Pixar nous sort à nouveau un long-métrage d'animation original qui nous raconte ce qu'il se serait passé si la comète qui a provoqué l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années avait manqué la Terre.
L'histoire se concentre sur Arlo, un apatosaure plus petit que la moyenne et très peureux qui du jour au lendemain va perdre son père et se faire emporter lui-même par un torrent bien loin de chez lui.
Il va alors rencontrer Spot, un petit garçon des cavernes orphelin qui venait souvent voler du maïs et qui va l'aider à retrouver son chemin.

Tout cela vous semble familier ? Et bien le problème est exactement là : alors que le concept était plutôt prometteur sur le papier, le film n'est finalement qu'un récit initiatique comme on en a déjà vu par camions entiers auparavant.
Pourtant, j'ai bien aimé l'idée d'inverser les rôles : les dinosaures sont les humains, les humains sont les chiens, les méchants sont plutôt gentils, etc. Mais l'idée aurait pu être poussée encore plus loin car le reste du film est plat et pas vraiment intéressant.
Alors certes le film est une claque technique, on atteint un niveau de photo-réalisme que je n'avais encore jamais vu, mais la direction artistique et le character design ne suivent pas (voir ces dinosaures très typés cartoon dans des décors si réalistes ça fait vraiment très bizarre, Spot est mieux réussi à ce niveau).
Avec Vice-versa qui avait été un gros coup de cœur, je pensais que Pixar allait repartir pour un nouvel "âge d'or". Il s'avère que Le Voyage d'Arlo ne tient pas vraiment ses promesses et que je l'aurai certainement oublié d'ici quelques jours. C'est d'ailleurs triste en y pensant car il s'agissait du dernier film original du studio avant un long moment (j'attends quand même beaucoup la suite des Indestructibles mais ce sera en 2019)...


Monsters (2010) - Gareth Edwards


Godzilla m'avait déçu, énormément déçu lors de sa sortie il y a 2 ans, le film n'étant clairement pas à la hauteur de ce qu'annonçaient les différents trailers. Maintenant que Gareth Edwards s'est malheureusement complètement laissé engloutir par la machine hollywoodienne (il réalisera le premier spin-off de Star Wars), je me suis décidé à regarder son premier long-métrage, le seul sur lequel il ait eut une liberté artistique totale.
Et je dois bien avouer que c'est une petite claque ! Le pitch est assez simple mais c'est ce qui fera toute sa force : un homme et chargé de ramener une femme du Mexique aux Etats-Unis alors qu'une grande partie du pays est mis en quarantaine à cause d'une invasion extra-terrestre. Réunis un peu malgré eux, ils vont rapidement se prendre d'affection l'un pour l'autre.
Et ça là toute la beauté du film, voir ces deux personnages hyper attachants, très simples mais sans être clichés, rigoler ensemble, pleurer ensemble. Le film lorgne bien entendu vers la science-fiction avec ces fameuses créatures (ces "Monsters") qui rôdent un peu partout mais ce n'est finalement qu'un prétexte pour réunir les deux personnages et ce n'est pas plus mal. On ne voit finalement que très peu les envahisseurs mais qu'importe, leur présence est ressentie tout du long et ça nous permet un final dans une station-service de toute beauté.
Le film est très humain, très beau, on ne lâche que rarement les protagonistes et tout est présenté de leur point de vue (avec cette manière de filmer les créatures à hauteur d'homme, point qui était d'ailleurs un des seuls points forts de Godzilla).
Un très beau moment avec des très beaux personnages de cinéma, malheureusement on risque de ne plus jamais avoir un film de ce calibre de la part de Edwards désormais.


La 5ème Vague (2016) - Jonathan Blakeson


Je ne sais pas ce qu'il m'a prit...mais j'ai été faible mes frères et sœurs, faible de m'être résolu à visionner ce film dont je savais que tout allait être pourri du début à la fin mais également faible d'avoir osé croire pendant les 5 premières minutes que peut-être ça n'allait pas être si affreux.
Parce que oui, durant ces 5 premières minutes je me suis dit "tiens, un survival avec Chloë Moretz, why not ?", puis est venue la suite.
Oui car tout le reste c'est un enchaînement de tout ce qui est insupportable dans ces films tirés de la littérature pour jeunesse : on prend un héroïne forte qui a perdu des proches, on fout un triangle amoureux, on fait prendre aux personnages toutes les décisions les plus connes possibles (la scène du bus quand elle va chercher l'ours en peluche à son petit frère m'a fait halluciner), à croire que ça ne gêne pas les spectateurs de laisser leur intelligence se faire insulter de la sorte...
J'ai eu le même genre de fou-rire que j'avais eu dans Divergente 2, comme par exemple quand je me suis dit dès que le "beau gosse" de l'histoire est apparu "s'il nous foutent une scène où il s'exhibe torse nu devant l'héroïne je deviens violent" et que la scène en question est arrivée quelques minutes plus tard.
Sérieusement, comment peut-on s'attacher à ces personnages ? Ils sont tous faux, tous cons et ne survivent uniquement car le scénario le veut (scénario d'ailleurs écrit par Akiva Goldsman qui avait commis Un Amour d'Hiver, un des plus gros navets atomiques de ces dernières années).

Même les effets-spéciaux sont à la ramasse : cette vague numérique qui détruit cette ville numérique, je n'en avais pas vu d'aussi moche depuis Meurs un Autre Jour, et c'était en 2002 !
A la limite on pourra accorder au film une réalisation correcte et assez lisible (en attendant il ne se passe pas souvent grand-chose donc bon...) et un minimum de travail sur la photographie mais sérieusement faudrait vraiment arrêter avec ces adaptations de livres dont tout le monde se fout...déjà qu'on doit supporter tous les films de super-héros !


Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E (2015) - Guy Ritchie


Autant le dire tout de suite : je ne suis pas un grand fan de Guy Ritchie, je le trouve extrêmement sur-estimé et ses "classiques" Snatch et Arnaques, crimes et botanique que l'on m'avait très bien venu m'ont les deux laissés de marbre. J'avais néanmoins bien apprécié son premier Sherlock Holmes (un peu moins le second) et je me demandais si le réalisateur anglais allait réussir à me surprendre avec sa dernière réalisation, un film d'espionnage en pleine guerre froide.
Ça c'est le pitch de départ, un espion américain et un espion russe qui vont devoir s'allier contre un ennemi commun qui est en train de construire une bombe atomique en cachette. Rien de bien original vous en conviendrez, pourtant, dans l'ensemble, j'ai plutôt apprécié le résultat.
Alors attention, ce n'est clairement pas le film du siècle, tout est trop bancal et les personnages sont tous bien clichés comme il le faut (mention à la grande méchante du film qui, de surcroît, surjoue au possible), sans parler de la réalisation toujours assez insipide de Guy Ritchie (dont certains combats au corps-à-corps illisibles). Le fait est que je ne me suis pas vraiment ennuyé. J'ai trouvé l'humour assez bien amené, sans être trop lourd, une histoire d'amour se profile entre deux personnages mais elle est à chaque fois désamorcée et on évite de tomber dans le niais.
Comme souvent avec Ritchie ça reste du sous-Tarantino, très convenu, prévisible et ça ne décolle jamais vraiment assez pour marquer. Il n'en reste pas moins que Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E remplit assez bien son rôle de divertissement. Dans le même genre, je lui ai quand même préféré Kingsman de Matthew Vaughn sorti un peu plus tôt dans l'année.


10 Cloverfield Lane (2016) - Dan Trachtenberg


Sortie un peu de nulle part, la suite (plutôt une suite spirituelle) du Cloverfield de Matt Reeves (qui n'était pas extraordinaire) a été annoncé peu de temps avant sa sortie et a tout de suite joué la carte du mystère, on se savait pas vraiment de quoi il en retournait. Vendu comme "film produit par J.J. Abrams" (dont le nom doit faire mouiller bien du monde depuis Star Wars VII), 10 Cloverfield Lane est en fait la première grosse réalisation de Dan Trachtenberg qui avait fait parler de lui en 2011 avec son court métrage sur Portal.
Le film est un huis-clos, on a une brève exposition pas forcément nécessaire puis le personnage joué par Mary Elizabeth Winstead se réveille dans une sorte de cave après un accident de voiture. Son "sauveur" (John Goodman) lui annonce qu'il y a eu une attaque et que l'air dehors est devenu irrespirable, ils sont donc condamnés à rester dans leur abri jusqu'à nouvel ordre...
J'ai plutôt bien aimé toute la partie huis-clos, on ne sait pas trop où on est, on découvre tout ce qu'il se passe en même temps que Mary Elizabeth Winsted, on se demande si on peut faire confiance au personnage de John Goodman ou non...
A défaut d'être vraiment anxiogène, toute cette partie dans l'abri est plutôt réussi, le rythme est maîtrisé et les personnages sont intéressants (même si celui de John Goodman n'est pas très bien écrit, il est assez caricatural malgré des efforts pour le rendre ambigu).
Le film aurait été vraiment bon s'il s'était contenté de ce huis clos, malheureusement, le dernier quart d'heure part un peu dans le n'importe quoi avec une invasion extra-terrestre qui jure complètement avec le ton du film jusque-là. J'imagine bien que ça a été mis là pour faire le lien avec Cloverfield premier du nom mais le film y aurait vraiment gagné à ne rien montrer, à nous laisser nous demander jusqu'à la fin quel est le danger, s'il est réel (un peu à la manière d'un Projet Blair Witch). Ici, on a une sorte de réminiscence de la Guerre des Mondes mais sans le génie de Spielberg derrière.
Pour un film dont je n'attendais absolument rien c'est plutôt pas mal et, surtout, c'est mieux que le premier Cloverfield. Maintenant, j'ai quand même peur qu'il y ait une suite (ce que la fin laisse envisager) car ça risque de basculer dans de l'action débile et de revenir vers le premier film et ça c'est nul !

lundi 2 mai 2016

Captain America : Civil War (2016)


Titre : Captain America: Civil War


Date de sortie française : 27 avril 2016

Réalisateurs : Anthony et Joe Russo

Scénario : Christopher Markus et Stephen McFeely d'après les comics de Mark Millar et les personnages créés par Joe Simon et Jack Kirby

Directeur de la photographie : Trent Opaloch

Montage : Jeffrey Ford et Matthew Schmidt

Musique : Henry Jackman

Durée : 2h27



Avec : Chris Evans, Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Sebastian Stan, Anthony Mackie, Don Cheadle, Jeremy Renner, Chadwick Boseman, Paul Bettany, Elizabeth Olsen, Paul Rudd, Tom Holland, Daniel Brühl

SynopsisCaptain America : Civil War reprend là où Avengers : l'ère d'Ultron se terminait. Steve Rogers a pris désormais la tête des Avengers, bien décidé à redoubler d’efforts pour protéger le monde. Toutefois, après leur implication dans un nouvel incident aux dommages collatéraux considérables, la pression politique monte pour mettre en place un système délimitant leurs champs d’action et une instance dirigeante à même de pouvoir déterminer quand vraiment faire appel aux Avengers. Cette nouvelle dynamique que l’on exige d’eux créé des tensions au sein de l’équipe, alors même qu’elle s’efforce de contrer une menace aussi impitoyable qu’inédite…(Source : Premiere.fr)


Mon avis


Oyez, oyez braves gens ! Le Marvel nouveau est arrivé et comme à leur habitude ils nous avaient promis monts et merveilles concernant cette "guerre civile" qui serait apparemment un événement très important dans les comics (que je ne lis pas). Mais avant de revenir sur cette cuvée 2016 du Capitaine au costume le plus ridicule des Etats-Unis, je souhaitais revenir un poil sur mon ressenti envers les deux précédents opus dédiés à Steve Rogers.

Captain America: First Avenger était sorti durant la phase 1 du MCU, à une époque où les têtes pensantes de chez Disney/Marvel confiaient encore leurs films à des réalisateurs qui, sans être non plus les plus grands auteurs du siècle, avaient une certaine vision de cinéma qui arrivait à ressortir malgré le lourd cahier des charges imposé par les studios. Jon Favreau avait réussi un très bon premier Iron Man, Kenneth Branagh avait fait de toute la partie asgardienne de Thor une tragédie shakespearienne très intéressante et finalement, Joe Johnston était arrivé avec son Captain America premier du nom que j'avais vraiment aimé.

Cependant, par la suite, la machine s'est enrayée et Captain America: Le Soldat de l'Hiver était à l'image de la quasi-totalité de la Phase 2 (qui ne compte qu'un seul bon film : Les Gardiens de la Galaxie et un Ant-Man correct grâce au travail de Edgar Wright) : un film con, chiant, moche réalisé par des Yes-Men qui respectent sans broncher le cahier des charges de plus en plus lourd de Kevin Feige et consorts.
Le travail des frères Russo avait plu, pour des raisons qui m'échappent totalement, au grand public et aux critiques et ils ont donc été reconduit pour réaliser ce fameux Captain America : Civil War qui nous intéresse aujourd'hui.


Le film se passe dans la continuité du très mauvais Avengers 2 (dont je parle ici), Steve Rogers (Chris Evans) est à la tête des Avengers et, suite à un nouveau flop au Nigeria qui cause la mort de plusieurs innocents, l'ONU décide de ratifier un traité qui limite la liberté d'action des Avengers qui seront donc maintenant chapeautés par le gouvernement.
Tony Stark (Robert Downey Jr.) accepte de signer mais pas Rogers qui ne peut accepter de voir des gens mourir sans réagir. Ces divergences d'opinion vont mener à la création de deux "clans", l'un suivant Iron Man et l'autre se ralliant à Captain America.
Enfin, tout ça c'est sur le papier...car ce qui se présentait comme une lutte idéologique entre les protagonistes principaux n'est finalement qu'une querelle qui aurait pu être facilement évitée si les personnages avaient discuté un peu entre eux.
L'idéologie en soi est d'ailleurs très douteuse, Captain America refuse en quelque sorte que l'on modère ses élans interventionnistes et jamais le film ne remet ça en question car il tourne autour de lui et que celui-ci est prétendument "bien intentionné".
Voici donc le point de départ d'un film qui s'apparentera à une longue purge dénuée de tous enjeux et réalisée avec les pieds, s'inscrivant totalement dans ce que Marvel fait depuis le début de la Phase 2.

Les Russo, réalisateurs de sitcom rappelons-le, sont de retour à la barre et ça se ressent : le film n'est qu'un enchaînement de phases de dialogues platement filmées en champ-contrechamp et de scènes d'action complètement illisibles et montées n'importe comment. C'est d'autant plus dommageable quand on sait que, parmi la seconde équipe responsable des séquences d'action, on trouve Chad Stahelski et David Leitch qui avaient montré qu'ils n'étaient pas des manches avec le jouissif John Wick mais dont le travail a probablement été détruit par le montage complètement à la ramasse.
Toute la séquence au Nigéria est symptomatique, c'est du gros n'importe quoi avec du shakycam dégueulasse et du sur-découpage. Quand on veut faire du Paul Greengrass mais qu'on n'a pas le talent nécessaire, on s'abstient !


Comme je l'ai mentionné, cette "guerre idéologique" n'en est finalement pas une puisque ce qui va réellement séparer les deux camps c'est le personnage de Bucky (Sebastian Stan), toujours inintéressant au demeurant, que le clan à Tony Stark cherche à arrêter et que celui à Rogers tente de protéger. Du coup, difficile de construire des enjeux passionnants lorsque le personnage qui est au centre du "problème" n'est lui-même pas intéressant.

Finalement, toutes ces chamailleries vont mener à ce qui est vendu comme le climax du film, je veux bien entendu parler de la "fameuse" scène de l'aéroport.
Alors je veux bien que ce soit la scène la moins mal filmée du métrage mais, soyons sérieux un instant, comment est-ce possible de bander devant ce truc ? On parle quand même de 12 péquenauds qui se tapent dessus dans un aéroport entièrement vide ! Quand vous êtes devant film qui s'appelle Civil War, vous admettrez que c'est quand même un peu ridicule, surtout qu'on en est presque au point où les personnages s'excusent à chaque fois qu'ils se donnent un coup un peu trop fort.
Et puis forcément, ne vous attendez pas à voir ne serait-ce qu'un mort durant cette "guerre", jamais Marvel ne prendrait ce risque, il faudra se contenter de Rhodes qui survit à une chute de 500m avec une paralysie qui sera sûrement guérie d'ici Infinity War...

En plus de ça, vu qu'il n'y a pas d'enjeux dignes de ce nom, ce combat de l'aéroport tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et ne va finalement pas régler grand-chose. Les enjeux sont d'ailleurs tellement insignifiants que des personnages comme Ant-Man (Paul Rudd) ou Spider-Man (Tom Holland) n'ont aucune raison de se battre si ce n'est parce qu'on leur a gentiment demandé (Spider-Man est présent parce que Tony Stark est venu le chercher chez lui et Ant-Man pareil dans le camp adverse). Hawkeye (Jeremy Renner) lui-même n'a aucune utilité si ce n'est équilibrer les deux camps.


Les personnages, parlons-en justement ; en particulier les deux petits nouveaux : Black Panther (Chadwick Boseman) et Spider-Man donc.
Si je n'ai pas grand-chose à dire sur le premier mis à part qu'il est encore un peu lisse, j'ai trouvé le tisseur assez pénible en plus d'être introduit parmi les Avengers un peu n'importe comment. Alors certes on n'atteint pas encore le niveau insupportable du Spider-Man d'Andrew Gardield, mais on est à des années-lumière de celui de Tobey Maguire, que ce soit au niveau de l'humour (qui devient vite assez lourd, surtout que les personnages sont censés se foutre sur la gueule) ou au niveau de son costume dégueulasse en CGI...Le costume des films de Sam Raimi avait bien plus de gueule et c'était il y a presque 15 ans !
Le personnage ne sert en plus pas à grand-chose, comme je l'ai dit plus haut il n'est là que parce que Tony vient le chercher et il se barre dès que la baston de l'aéroport est finie. On sent clairement qu'il a juste été foutu là-dedans par Marvel pour faire plaisir aux fans et pouvoir dire "Hey, le tisseur est de retour chez Papa !".

Le reste du casting ne vole pas bien haut non plus, Captain America est vraiment pénible à faire toujours le type "droit dans ses bottes" et à pleurnicher car il ne veut pas qu'on l'empêche de faire le bien à gauche à droite. Comme le dit Tony en début de film, j'ai souvent eu envie de lui casser les dents. Stark est d'ailleurs, étonnamment, le personnage qui est le plus raisonnable avec Vision car c'est le premier à devenir conscient que l'interventionnisme des Avengers ne peut plus continuer de la sorte.
Du côté des antagonistes, le personnage incarné par Daniel Brühl (que j'aime normalement beaucoup au demeurant) et comme tout le reste : fade. Il ne semble jamais vraiment être une réelle menace et les enjeux qui tournent autour de lui sont trop vite éclipsés pour que l'on s'y intéresse quelque peu.


Et au final alors on a quoi ? Eh bien rien, comme d'habitude chez Marvel rien n'est résolu à la fin des 2h30, de nouvelles questions se posent, on nous fait miroiter l'espoir d'une réponse dans le prochain Infinity War (avec de nouveau les Russo derrière la caméra, youpi !) qui n'arrivera certainement jamais.
Puis la fin est complètement débile de toute manière : Iron Man se bat contre Captain America et Bucky lorsqu'il découvre que c'est ce dernier qui est responsable de la mort de ses parents et que Cap' était au courant (on ne sait trop comment d'ailleurs, encore des ficelles scénaristiques made in Marvel), paies ton originalité !
On se retrouve au final au même point, ou presque, qu'au début, Rogers envoie une lettre à Stark en lui disant qu'il est toujours le bienvenu parmi les Avengers (il n'y a pas de réponse mais on sait très bien qu'il vont tous se remettre ensemble pour combattre Thanos), on a deux scènes post-générique parmi les plus bidon que le studio ait eu à nous proposer puis...rideau !

C'est désespérant, j'espérais que les Russo allaient au moins un peu s'améliorer après la catastrophe du Soldat de l'Hiver mais force est de constater que ce n'est pas le cas. Je ne vois à nouveau qu'un produit sorti du moule tout prêt de Marvel. Il n'y a aucun cinéma là-dedans, aucune mise en scène, aucun travail sur la photographie (le chef opérateur, Trent Opaloch, avait déjà "œuvré" sur Le Soldat de l'Hiver et a aussi éclairé tous les films de Neill Blomkamp qui n'ont jamais brillé par leur photo).
Et n'allez pas me sortir que tout ceci est pardonnable car c'est un "divertissement" ou bien parce que "c'est fun". Faire du divertissement n'a jamais empêché de faire de bons films, quant au côté fun on repassera, ce ne sont pas les blagues de Spider-Man et la dédramatisation made in Marvel qui vont rendre le film fun, c'est juste débile, c'est tout !

Captain America : Civil War débute donc la Phase 3 sur le même diapason que la phase précédente. Si je peux accorder au film d'être légèrement moins mauvais que l'Ère d'Ultron, on frôle toujours le néant absolu et ce n'est pas prêt de changer. Tout ça n'augure vraiment rien de bon dans l'horizon Marvel d'ici la fin de la décennie, il faudra s'armer de courage et rassembler tout notre courage pour sortir de cette tempête et abattre enfin l'ennemi ultime !


mercredi 6 avril 2016

13 Hours (2016)

Titre original : 13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi

Date de sortie française : 30 mars 2016

Réalisateur : Michael Bay

Scénario : Chuck Hogan d'après le livre 13 Hours de Mitchell Zuckoff

Directeur de la photographie : Dion Beebe

Montage : Pietro Scalia et Calvin Wimmer

Musique : Lorne Balfe

Durée : 2h24

Avec : John Krasinski, James Badge Dale, Pablo Schreiber, David Denman, Dominic Fumusa, Max Martini, Alexia Barlier, David Costabile


Synopsis : Benghazi (Libye), 11 septembre 2012. Face à des assaillants sur-armés et bien supérieurs en nombre, six hommes ont eu le courage de tenter l’impossible. Leur combat a duré 13 heures. Ceci est une histoire vraie. (Source :  Allociné)


Mon avis


Dans le paysage hollywoodien actuel, il est un réalisateur qui déchaîne les passions, qui est souvent critiqué pour ses films catégorisés comme "débiles", "beauf", "ultra patriotiques", "avec des explosions partout", j'en passe et des meilleures...je veux bien évidemment parler de Michael Bay !
Souvent traîné dans la boue mais tout aussi souvent incompris, le réalisateur californien présente pourtant un style unique, souvent imité, jamais égalé, mettant souvent l'accent sur le spectaculaire dans sa définition la plus pure. Tout chez Michael Bay est pensé pour avoir le plus d'impact visuel car contrairement à ce qu'on pourrait penser, Bay maîtrise les outils qu'il a à disposition et il sait composer un plan, souvent à base de jeu sur les échelles pour rendre ce qui est grand encore plus gigantesque.

Michael Bay, c'est surtout quelqu'un qui a parfaitement compris ce que recherchent les amateurs de gros films d'action testostéronés et ses films n'ont jamais failli à ce niveau-là. Les mauvaises langues pesteront qu'au final on se retrouve toujours avec le même film, je leur rétorquerai que c'est à ça que l'on reconnaît les auteurs hollywoodiens.

Son No Pain No Gain, histoire complètement rocambolesque inspirée de faits réels, avait déjà fait taire pas mal des détracteurs. On y retrouvait certes la folie visuelle du cinéaste mais dans un cadre complètement différent de ses Transformers ou autre Armageddon.
Cette fois-ci, Bay remet le couvert avec une autre histoire vraie, beaucoup plus sérieuse, qui s'est déroulée à Benghazi dans la nuit du 11 au 12 septembre où 6 agents d'une équipe de sécurité ont dû lutter pendant 13 heures aux assauts incessants de terroristes après que ceux-ci aient incendié une enceinte diplomatique américaine dans laquelle l'ambassadeur John Christopher Stevens a trouvé la mort.


Connaissant l'amour que porte Michael Bay à l'armée, on pouvait craindre un film faisait l'apologie du bellicisme américain, sorte de Pearl Harbor moderne. Il s'avère que les propos sont beaucoup plus nuancés que ça.
13 Hours, c'est avant tout un film de défense ; tel La Chute du Faucon Noir auquel on pense tout de suite (et qui est d'ailleurs mentionné explicitement dans le scénario), les soldats américains ne sont pas là pour tuer mais pour se maintenir en vie suffisamment de temps pour que les hautes instances du gouvernement américain daignent leur envoyer des renforts.
Cette aide d'ailleurs, il faudra attendre de longues heures avant qu'elle ne se manifeste. Le film met bien l'accent sur les failles du système hiérarchique américain, frileux à l'idée d'envoyer des gunships afin d'aider les soldats sur le terrain.

Une des grandes forces du film est son ambiance très anxiogène, Bay arrive à créer de la tension, particulièrement durant toute la seconde partie où les soldats doivent tenir leur position. Dès ce moment, le spectateur est avec les 6 agents et le stress est bien présent.
Cette proximité avec les personnages passe également par la réalisation ; filmé en grande partie caméra à l'épaule, Michael Bay restreint son cadre quand il le peut, chose assez inhabituelle chez le bonhomme plutôt habitué aux plans épiques.

Les personnages d'ailleurs, parlons-en ! Bay a fait le choix de réunir un casting d'acteurs pas forcément très connus dans le milieu du cinéma. Ce choix mérite d'être salué, surtout quand on voit qu'ils ont tous une vraie gueule ! Barbus pour la plupart, ils peuvent sembler rustres à première vue mais ils souffrent tous de l'absence de leur famille (d'ailleurs le film insiste un peu trop lourdement là-dessus, ça crée de l'empathie assez maladroitement, en témoigne ce flashback au début du film qui n'a rien à faire là).
L'habit ne fait pas le moine ! C'est un peu ce à quoi j'ai pensé durant tout le film car la question de l'apparence, de qui sont les alliés et les ennemis revient très souvent (jamais les agents ne tirent en premier, ils attendent toujours la confirmation qu'il s'agisse bien d'ennemis).
Ici également, Michael Bay apporte de la nuance dans ses propos : tout le monde se ressemble, mais tout le monde n'est pas mauvais pour autant en Lybie...


Michael Bay a toujours été un cinéaste très visuel, à l'opposé des blockbusters de super-héros récents tous grisâtres sans réel travail sur la photographie, ses films sont souvent hauts en couleurs.
13 Hours transcende encore la patte visuelle du réalisateur californien qui a choisi de travailler avec Dion Beebe, chef opérateur dont le travail incroyable sur Collateral reste encore dans toutes les mémoires
Cette collaboration accouche d'un métrage très solide d'un point de vue formel, difficile de ne pas sentir planer le spectre de Michael Mann dans la manière de filmer la ville de Benghazi comme s'il s'agissait d'un personnage à part entière.

Si le film est plutôt calme pour du Bay (à la fois au niveau du montage et des effets pyrotechniques), il est dommage que celui-ci n'ait pas tenu ça jusqu'au bout puisque la dernière partie du film, beaucoup plus bourrine, retombe dans les "travers" habituels du cinéaste (celui-ci ne peut d'ailleurs toujours pas s'empêcher de recycler des plans provenant de ses autres films, en témoigne la séquence de l'obus de mortier que l'on suit jusqu'à son impact et tirée de Pearl Harbor).


Alors que le genre du film de guerre est en claire perte de vitesse depuis quelques années, 13 Hours s'avère être une véritable surprise, une réminiscence de Black Hawk Down doté d'une puissance visuelle formidable et d'une tension parfaitement gérée par le cinéaste.
Si on peut lui reprocher des lourdeurs et une fin un peu too much, la dernière réalisation de "Mike" est une grande réussite et probablement même le meilleur film du bonhomme !

Alors que ses détracteurs prennent un malin plaisir à dénoncer son patriotisme beauf, Bay parvient à nuancer ses propos, peut-être un peu maladroitement par moment certes, mais avec une manière dont n'aurait pas été capable le dernier abruti venu.
J'en veux pour preuve un détail peut-être insignifiant mais très fort quand on connaît le style du cinéaste : là où Michael Bay prend souvent un malin plaisir à filmer glorieusement un drapeau américain flottant au vent, ici nous avons, dans l'un des derniers plans du film, un drapeau américain flottant au milieu de débris...tout un symbole !