lundi 15 décembre 2014

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées (2014)

Titre original : The Hobbit : The Battle of the Five Armies

Date de sortie française : 10 décembre 2014

Réalisateur : Peter Jackson

Scénario : Peter Jackson, Guillermo Del Toro, Fran Walsh et Philippa Boyens (d'après l'oeuvre originale de J.R.R. Tolkien)

Directeur de la photographie : Andrew Lesnie

Musique : Howard Shore

Durée : 2h24

Avec : Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage, Luke Evans, Orlando Bloom, Evangeline Lilly et Benedict Cumberbatch



Synopsis Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron. (Source : Allociné)

AVERTISSEMENT : Cet article contient des spoilers, si vous n'avez pas encore vu le film et comptez le voir, passez votre chemin !

Mon Avis


C'est LA sortie de cette fin d'année dans le (petit) monde des blockbusters : le dernier volet de la trilogie de Bilbo le Hobbit, tirée du livre (unique lui) du même nom.
Avant de parler plus en profondeur de cette conclusion, je tenais à revenir rapidement sur les deux premiers films, sortis en 2012 et 2013.

Un voyage Inattendu marquait le retour de Peter Jackson en Terre du Milieu, 9 ans après la fin du Seigneur des Anneaux, la trilogie au succès public et critique qui avait relancé l'engouement pour le genre de l'heroic fantasy au cinéma. Il était donc bien évidemment attendu au tournant, tout le monde se demandant si Jackson allait réitérer ce qui avait fait le succès de la trilogie de l'Anneau.
Me concernant, la sauce n'avait pris qu'à moitié, le film souffrant en effet de passablement de défauts, le principal étant dû au rythme et au découpage du film, ce qu'on peut incomber à la fois au choix de diviser le livre en 3 films mais également à certains choix de réalisation.
On se retrouvait avec une première demi-heure inintéressante au possible et le reste du film qui jonglait en permanence entre des scènes d'action et des moments complètement plats.

Ce fut clairement refroidi, mais ayant toujours de l'espoir, que j'étais allé visionner la Désolation de Smaug qui avait le mérite d'être bien plus intéressant sur tous les points, avec une intrigue allant crescendo et cette confrontation finale avec Smaug (extrêmement charismatique grâce à la performance de Benedict Cumberbatch) qui promettait le meilleur pour la conclusion avec un très gros cliffhanger.

Un petit tour de Smaug et puis s'en va

Ce dernier volet commence donc exactement à l'endroit où le second volet nous avait quittés, avec Smaug qui s'en va réduire en cendres Lacville. Une séquence plutôt intense pour les...5 minutes qu'elle dure.
Nous abordons déjà ici un des gros problèmes du film : Smaug est abattu par Bard (Luke Evans) avant même que le sous-titre du film n'apparaisse à l'écran ! N'ayant pas lu le livre, je m'attendais à ce que Smaug tienne une place importante dans ce dernier film ; nous parlons quand même ici de l'antagoniste principal qui nous est présenté dès le premier plan du tout premier film (à la manière de Sauron dans la trilogie de l'Anneau). Toute l'intrigue est censée nous mener jusqu'à cette fameuse confrontation avec le dragon à Erebor et, finalement, on se tourne vers autre chose alors qu'on vient à peine d'entrer dans le film.
La même remarque peut être fait pour la séquence avec le Nécromancien qui est, elle aussi, expédiée en moins de 10 minutes.


Le film balaie donc tout le montage alterné du deuxième chapitre pour nous mener à la préparation et à la bataille finale proprement dite au pied de la Montagne Solitaire. En voyant ça, on peut vraiment se poser la question de l'intérêt du découpage en trois parties. Le tout aurait été bien plus intense avec une première partie consacrée à la marche vers Erebor et une seconde partie entièrement dédiée à Smaug et à la Bataille des Cinq Armées.
La conséquence de tout ça est que nous avons un climax d'entrée de jeu avec l'attaque de Lacville et la bataille contre le Nécromancien, un gros vide au milieu et un nouveau climax avec la bataille pour Erebor. Le film est en manque flagrant de ce côté épique qui faisait toute la force du Retour du Roi, nous avons bien entendu une bataille de masse en plaine mais les enjeux de cette guerre vont se jouer au niveau des affrontements en face à face (que ce soit Thorin contre Azog ou Legolas contre Bolg). La grande bataille est donc elle aussi reléguée assez rapidement au second plan pour se concentrer sur les protagonistes principaux.

Le "Hobbit" ?

Concernant ces derniers, on constate - de manière assez incompréhensible - que Bilbon ne joue finalement qu'on rôle assez mineur dans cette conclusion, pour un film nommé "Le Hobbit", on aurait pu s'attendre à une place plus importante pour celui-ci. Même Legolas, qui n'apparaît tout simplement pas dans le livre, est davantage mis en avant...peut-être était-ce la manière de Peter Jackson de faire plaisir à tous ses fans de la première heure mais toujours est-il qu'il est vraiment dommage de ne pas voir Bilbon davantage, d'autant plus que Martin Freeman est un excellent acteur qui a su rendre son personnage attachant.

La fin du film avec ces différentes confrontations est d'ailleurs extrêmement prévisible, même pour quelqu'un n'ayant pas lu le livre: la faute à une utilisation abusive du deus ex machina qui permet de conforter le spectateur quant au destin des personnages. 


Quand de bonnes idées pointent le bout de leur nez

Certes je suis très critique, mais tout n'est pas à jeter pour autant. Le film joue bien son rôle de divertissement, principalement grâce à la mise en scène toujours très soignée de Peter Jackson. Certains plans sont très bien pensés et les batailles restent toujours parfaitement lisibles, la lisibilité est encore améliorée par l'utilisation du HFR et ses fameuses 48 images/seconde qui permet d'éviter tout effet de flou, inhérent à ce genre de film qui utilise énormément de travelling. L'effet saute d'ailleurs immédiatement aux yeux dès la scène d'introduction avec la destruction de Lacville, à tel point qu'on a parfois presque l'impression que le film est projeté en accéléré.
Le HFR permet d'augmenter le confort de la 3D, cependant je n'ai pas trouvé cette dernière transcendante, la profondeur ne se faisant jamais vraiment sentir.
Nous avons droit à certaines scènes plutôt impressionnantes, je pense ici principalement à une scène avec Legolas (qui est un habitué de ce genre d'exercice depuis le Seigneur des Anneaux) qui court sur un pont en train de s'écrouler ou à la scène avec les "mange-terre" qui frayent un chemin à l'armée des orcs.
Petit détail amusant : les montures utilisées par les nains sont à l'opposé de l'idée que l'on s'en fait d'habitude, on aura donc droit à un cochon de guerre ou encore à un bouquetin de guerre, ça aura eu le mérite de me faire sourire et plus d'être une plutôt bonne idée.

J'ai tout de même un reproche à faire à la trilogie du Hobbit concernant la réalisation, c'est l'utilisation des effets spéciaux et le tournage en studio. Alors qu'on avait droit aux paysages somptueux de Nouvelle-Zélande dans le Seigneur des Anneaux, ces plans sont beaucoup plus rares dans les aventures de Bilbon. Nous retrouvons certes de grands environnements verdoyants mais l'utilisation du fond vert se ressent alors que je n'avais pas eu cette impression sur la précédente trilogie.
La scène du combat contre le Nécromancien se conclut par l'intervention de "Dark Galadriel" (je ne sais pas s'il y a un nom spécifique, les fans m'excuseront) mais le rendu visuel de cette dernière est d'une laideur sidérante, la version de la Communauté de l'Anneau était bien plus réussie alors que ce dernier est sorti en 2001 !


Peter Jackson s'est à nouveau attaché les services de Howard Shore pour composer la musique du Hobbit. Alors que son travail sur la trilogie de l'Anneau avait été unanimement salué (2 Oscars pour la Communauté de l'Anneau et le Retour du Roi), il n'a pas eu droit aux mêmes honneurs cette fois-ci.
Pourtant, la musique du premier chapitre était particulièrement mémorable avec des mélodies très entraînantes et débordantes de cet esprit d'aventure.
Que ce soit pour la Désolation de Smaug ou pour ce dernier volet, on pourra regretter l'absence de vrais thèmes marquants tels que ceux qu'on entendait il y a 10 ans de cela. A vrai dire, le seul thème que j'ai vraiment retenu est le thème de l'Anneau qui est d'ailleurs repris de la première trilogie.

Pour conclure...

Vous l'avez compris, le film est une déception. Là où le Seigneur des Anneaux offrait une réelle conclusion à cette trilogie grandiose, je n'ai pas perçu ce dernier Hobbit comme une réelle fin, faute d'émotions et de grandiose.
Certaines questions restent même carrément sans réponse : qu'advient-il de l'Arkenstone une fois que Bard se retrouve en sa possession ? Qu'advient-il de la lignée de Durin ?
On pourrait également parler de certaines incohérences et de défauts d'écriture assez grossiers (le fait que Thorin soit acclamé comme une légende après sa mort alors qu'on ne dit pas un seul mot sur Kili et Fili qu'on a simplement laissé crever dans leur coin) mais je pense que les principaux défauts du film proviennent de la fragmentation d'un livre de 350 pages en 3 films, ce qui amène à des longueurs et des gros problèmes de montage. La Bataille des Cinq Armées est symptomatique dans le sens où une des meilleures scènes du film est l'attaque de Smaug et tout le reste du film nous laisse dans l'expectation d'une fin épique qui n'arrivera finalement jamais (où pas de la façon dont on l'aurait souhaité), si ce n'est dans la version longue qui aurait d'ailleurs dû être la version cinéma car un réalisateur comme Jackson avait certainement carte blanche pour nous balancer directement une version de 2h50 sur grand écran.

La trilogie du Hobbit est donc condamnée à vivre à jamais dans l'ombre de son illustre aînée et la question de pose de savoir si les gens se rappelleront encore réellement de celle-ci dans quelques années. La Désolation de Smaug restera le meilleur film des trois à mes yeux, loin devant le premier et cette conclusion.
Peter Jackson peut désormais se consacrer entièrement au prochain Tintin, prévu en 2016 et que j'attends d'ores et déjà de pied ferme !


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