dimanche 7 décembre 2014

Night Call (2014)

Titre original : Nightcrawler

Date de sortie française : 26 novembre 2014

Réalisateur : Dan Gilroy (également scénariste)

Directeur de la photographie : Robert Elswit

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h57

Avec : Jake Gyllenhaal, Rene Russo et Riz Ahmed







Synopsis Lou Bloom est un chômeur à Los Angeles qui gagne de l'argent en revendant des métaux volés. Une nuit, il assiste à un accident de la route et après avoir vu les caméras de télévision venues filmer la scène, il décide de se lancer lui aussi dans la réalisation de vidéos. En écoutant les fréquences radios de la police, il parcourt les rues de nuit afin de trouver des images choc qu'il revend ensuite à des chaînes de télévision locales. (Source : Wikipédia)

Mon avis


Habitué au travail de scénariste - il a notamment écrit le scénario du dernier Jason Bourne réalisé par son frère - Dan Gilroy signe avec Night Call (titre français qui perd d'ailleurs complètement le sens du film mais passons) sa première réalisation.
Que donne donc ce premier film ? Est-ce un premier essai réussi ou est-ce qu'il se vautre totalement ?

Ma réponse est claire : c'est du bon, voire même du très bon par moments !
La première chose qui saute aux yeux en visionnant le film est l'influence très marquée de Michael Mann dans la façon de filmer la ville de Los Angeles nocturne. L'ambiance très urbaine ainsi que les plans aériens de la ville ne sont pas sans rappeler Collateral (qui se déroulait aussi à Los Angeles, le temps d'une soirée) voire Drive sur certains aspects.

Alors certes, on n'atteint pas la puissance visuelle du chef-d'oeuvre de Mann mais le film a le mérite de présenter certains plans d'une pure beauté (je pense ici en particulier aux plans aériens de début de films ainsi que certains plans en voiture).
Il faut dire que Dan Gilroy s'est attaché les services d'un chef opérateur renommé en la personne de Robert Elswit, oscarisé pour son travail sur There Will Be Blood en 2008. La photographie nocturne est vraiment très agréable à l'oeil avec beaucoup de lumières vives sans pour autant faire mal aux yeux. Dans les scènes en voiture entre les personnages de Lou et Rick (son stagiaire), il y a toujours une lumière d'appoint utilisée afin de ne pas les garder leurs visages dans l'ombre.

Qui dit personnages dit acteurs derrière ceux-ci, parlons-en justement.
Jake Gyllenhaal enchaîne ces derniers temps les rôles intéressants qui s'écartent de ce qu'il a l'habitude de jouer.
Après les deux bons Prisoners et Enemy de Denis Villeneuve, Jake Gyllenhaal a perdu plus de 15 kilos pour jouer le rôle de cet apprenti reporter amoral et il va de nouveau effectuer une transformation physique impressionnante pour son prochain film, Southpaw, où il incarnera un boxeur (à croire qu'il essaye de suivre le chemin de Christian Bale).
Sa prestation dans Night Call est vraiment maîtrisée de bout en bout. Lou est ce qu'on pourrait définir comme l'antihéros par excellence dans le sens où on ne ressent jamais une réelle empathie pour lui et le jeu de Jake Gyllenhaal y est pour beaucoup.
Riz Ahmed joue Rick, ce jeune sans emploi embauché par Lou pour une période de stage et qui va devoir le suivre, souvent à contrecœur, sur toutes les scènes de crime sordides. Je dois avouer que je vais très vite oublier ce personnage qui apparaît totalement transparent jusqu'au dernier quart du film.
Rene Russo est crédible dans son rôle de directrice d'une chaîne de télévision qui va subir le chantage mesquin de Lou sous peine de perdre son boulot.

Le scénario (écrit lui aussi par Dan Gilroy) est un des gros points forts du film. Celui-ci présente bien évidemment une satire des médias qui sont souvent prêts à tout pour obtenir la meilleure exclusivité et, grâce à ça, les plus grosses audiences. L'histoire est présentée selon le point de vue de Lou qui est ce qu'on appelle un "free-lance" dans le milieu, dans le sens qu'il n'est affilié à aucune chaîne et qu'il va revendre ses prises à la plus offrante.
L'intrigue repose sur cette envie de savoir jusqu'où Lou est prêt à aller pour obtenir l'exclusivité la plus choquante, la plus sanglante. Les plans tordus qu'il met au point deviennent de plus en plus glauque au fil du temps et on se rend compte à quel point ce personnage est froid, à la limite du sociopathe.
Glauque, le film l'est par son scénario mais également par son image. Comme déjà mentionné plus haut, l'intrigue se déroule principalement de nuit et Lou traque les scoops afin que la chaîne à qui il les revend puisse diffuser les images dès le petit matin.
La vision de ce chasseur d'images qui passe outre la barrière de sécurité d'une scène de crime afin d'aller filmer un cadavre en gros plan est déjà dérangeante, mais que dire du fait qu'il prend du plaisir à le faire et qu'il y a même une véritable compétition entre les "free-lancers" pour qui arrivera le premier sur les lieux d'une fusillade, parfois même avant la police elle-même ? Que dire des plans qu'il manigance afin d'éliminer la concurrence ?
Le film pose finalement de vraies questions, est-on si loin de la vérité que ça ? Quand on connaît la propension des médias pour tout ce qui choque, on est véritablement en droit de s'interroger.

James Newton Howard s'est chargé de la composition de la musique qui, finalement, se trouve être assez discrète. Nous avons ici affaire plus à une musique d'ambiance qu'à une musique de spectacle et, de ce fait, il n'y a aucun thème que je retiens en sortant du film. Il est toutefois plaisant de constater que l'ambiance sonore se raccorde parfaitement à l'esthétisme du film.

Je ne peux donc que vous conseiller d'aller voir Night Call si vous ne l'avez pas encore vu et encore plus si vous aimez ce genre de film assez malsain. Tout n'est évidemment pas parfait : on pourra reprocher au long-métrage sa fin un peu précipitée et une réalisation un poil impersonnelle par moments mais ceci ne gâche en rien de plaisir du visionnage. A une époque où les médias prennent de plus en plus d'importance dans notre quotidien, le film a le mérité de nous montrer un autre visage de ceux-ci et la fine frontière entre la fiction et la réalité a parfois bien du mal à être tracée.


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