mercredi 23 décembre 2015

Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force (2015)

Titre original : Star Wars Episode VII: The Force Awakens

Date de sortie française : 16 décembre 2015

Réalisateur : J.J. Abrams

Scénario : Lawrence Kasdan, J.J. Abrams, Michael Arndt

Directeur de la photographie : Daniel Mindel

Montage : Maryann Brandon et Mary Jo Markey

Musique : John Williams

Durée : 2h15

Avec : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Domhnall Gleeson, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, Peter Mayhew


Synopsis Plus de trente ans après la bataille d'Endor, la galaxie n'en a pas fini avec la tyrannie et l’oppression. Les membres de la Résistance menés par la générale Leia Organa combattent les nouveaux ennemis de la République, le Premier Ordre. A la tête de ce nouveau régime brutal se trouvent le Leader suprême Snoke et son apprenti, le jeune Kylo Ren. Dépassés, les résistants ont besoin de Luke Skywalker. Mais le dernier des maîtres Jedi se cache depuis bien longtemps.
La résistance envoie sur Jakku son meilleur pilote, Poe Dameron, pour récupérer une carte qui les mènera à Luke. Mais l'arrivée de Kylo Ren et ses soldats leur complique la tâche... (Source : Wikipédia)

ATTENTION : CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS, DES GROS ÉLÉMENTS DE L'INTRIGUE SONT DÉVOILES, SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM VOUS ÊTES PRÉVENUS !

Mon avis


Ça y est, l'épisode VII tant attendu de la plus célèbre franchise de soap opera est enfin sorti dans les salles noires et les avis ont vite commencé à pleuvoir de tous les côtés. Me concernant, c'est plutôt un soulagement car je dois avouer que le rouleau compresseur marketing de Disney commence sérieusement à me taper sur le système et j'ai bien hâte que tout ceci se tasse (même si ce ne sera bien entendu qu'éphémère avec la sortie du premier spin-off l'an prochain et de l'épisode VIII en 2017).

N'étant pas un grand fan de Star Wars (j'aime bien les films mais je ne suis pas ce qu'on peut appeler un fan hardcore), je n'avais pas d'attentes particulières concernant Le Réveil de la Force, j'espérais juste qu'Abrams arrive à nous offrir quelque chose de neuf et puisse poser un regard sur la franchise autre que celui du fan qu'il est lui-même de la première trilogie. Les bandes-annonce ne m'ayant pas vraiment vendu de rêve, j'espérais donc être surpris en bien lorsque se présenterait devant mes yeux ce premier épisode de la saga chapeauté par Disney.

Les événements se passent 32 ans après Le Retour du Jedi, le Premier Ordre né des restes de l'Empire et dirigé par le Leader Suprême Snoke (Andy Serkis) et son jeune apprenti Kylo Ren (Adam Driver) est à la recherche de Luke Skywalker, le dernier Jedi en vie, qui est porté disparu.
De son côté, la Résistance menée par la générale Leia Organa (Carrie Fisher) souhaite également retrouver la trace de Skywalker et envoie sur la planète Jakku son meilleur pilote, Poe Dameron (Oscar Isaac) afin de retrouver une carte qui indique l'emplacement précis de Luke et de la mettre hors d'atteinte du Premier Ordre.
Poe se fait cependant capturer par Kylo Ren et son armée et confie la carte à son droïde BB-8 qui s'échappe dans le désert pour finalement tomber sur une pilleuse d'épave, Rey (Daisy Ridley). Celle-ci va se retrouver un peu malgré elle une cible privilégiée et se retrouve obligée de fuir Jakku en compagnie d'un Stormtrooper, Finn (John Boyega) qui a quitté le Premier Ordre en aidant Poe à s'échapper et qui s'est écrasé sur Jakku.
Lors de leur fuite, ils vont croiser le chemin de Han Solo (Harrison Ford) et Chewbacca (Peter Mayhew) qui vont les aider à rejoindre la planète où se trouve la Résistance afin de leur transmettre la carte. Le Premier Ordre essayera ensuite par tous les moyens de récupérer la carte qui s'avère être incomplète et dont ils possèdent la deuxième moitié.


Si je passe plus de temps que d'habitude sur l'histoire, c'est parce qu'elle est la cause du principal problème du film dont je vais parler tout de suite : c'est un copié-collé de l'épisode IV. On y retrouve à peu de choses près les mêmes enjeux et les mêmes personnages que dans le tout premier film de 1977 : Rey est Luke Skywalker, Poe est Han Solo, ce dernier est plutôt devenu Obi-Wan, Finn est aussi un ersatz de Han Solo, on peut considérer Kylo Ren comme Dark Vador (mais j'y reviendrai), Snoke comme Sidious et même BB-8 n'est rien d'autre qu'un R2-D2 modifié.
Le fan-service atteint ici un niveau qui m'a vraiment posé problème car il y a une absence totale de prise de risque de la part de J.J. Abrams, que ce soit par fainéantise ou par peur de dénaturer l'oeuvre originale...je ne sais pas. Les fans seront certainement enchantés de voir l'univers respecté mais j'ai payé mon billet pour aller voir Star Wars VII, pas un vulgaire remake d'Un Nouvel Espoir.
Et l'épisode IV n'est pas le seul dans lequel est allé piocher Abrams, certaines séquences sont reprises pratiquement plan pour plan de l'Empire contre-attaque et du Retour du Jedi.
On me dira déjà que je chipote, mais le principal problème que ça pose c'est que ça rend le film passablement prévisible alors qu'il ne contient de base pas beaucoup de rebondissement (je commence d'ailleurs à me demander si tout ce secret autour du scénario n'était pas juste un leurre pour éviter de montrer le peu qu'ils avaient).

Des rebondissements, j'en compte d'ailleurs deux principaux : le premier est celui où on apprend que Kylo Ren est le fils de Han et Leia, révélation qui tombe d'ailleurs un peu comme un cheveu dans la soupe puisque placée au beau milieu d'une discussion (on est loin de la révélation de la fin de l'épisode V), et le second est la mort de Han de la main de son fils justement (dont le prénom est Ben, encore une fois Abrams ne s'est pas foulé) que j'avais vu arriver dès le début de la séquence.
On ne pourra pas reprocher à Abrams de rester fidèle à la tradition oedipienne de la saga avec des personnages principaux souvent liés de près ou de loin entre eux, mais au vu du secret qui entourait cet épisode, je m'attendais tout de même à des révélations de plus grande envergure.


Pour moi cet aspect est le plus gros point noir du film, le scénario en tant que tel ne m'a pas dérangé malgré les nombreuses coïncidences un peu tirées par les cheveux qui font avancer l'histoire (BB-8 tombe comme par hasard sur la seule personne de tout Jakku qui a un lien avec la Force, Rey et Finn tombent comme par hasard sur le Faucon Millénium pour fuir, Han et Chewbacca tombent comme par hasard sur ce même Faucon Millénium sur leur chemin, etc.). Les ficelles narrative sont visibles mais c'est pardonnable car le film est plutôt bien rythmé malgré un creux vers les trois quarts, la première moitié du film est d'ailleurs excellente ! J'émets plus de réserves sur la dernière partie avec quelques aspects du scénario vraiment étranges comme le fait que Rey arrive à manier la force ou un sabre-laser sans n'avoir jamais suivi de formation (on se rappelle de l'entraînement intensif de Luke dans l'Empire contre-attaque) ou qu'elle se débarrasse assez facilement de Kylo Ren, certes affaibli, dans le combat final. J'espère que la suite apportera des réponses car si George Lucas avait osé faire ça, les fans lui seraient encore tombés dessus.

Les nombreux personnages connaissent des fortunes diverses et ne bénéficient pas tous du même développement (ce qui est normal en 2h15). J'ai beaucoup aimé le personnage de Rey qui est en bonne voie pour devenir le personnage central de cette nouvelle trilogie, Finn m'a surpris en bien car il est beaucoup plus "charismatique" que les trailers ne le laissaient entrevoir (c'est d'ailleurs un personnage plutôt drôle).
Le cas Kylo Ren est un peu plus délicat dans le sens où il en impose pas mal avec son masque et sa voix. Par contre il est à des années-lumières de Dark Vador niveau charisme, on pourra lui mettre ça sur le compte de la jeunesse mais le voir piquer une crise et tout casser avec son sabre-laser quand il n'obtient pas ce qu'il veut c'est quand même un peu ridicule.
Poe et le Général Hux (Domhnall Gleeson) sont clairement sous-exploités et c'est vraiment dommage car ils sont interprétés par deux acteurs que j'aime beaucoup mais ils n'ont pas assez de temps d'écran pour vraiment s'affirmer, surtout Hux qui n'est pas du tout intimidé par Ren et semble même à sa hauteur, il y avait matière à en faire un personnage vraiment intéressant.
Quant au Leader Suprême Snoke, j'ai eu beaucoup de peine avec lui car je trouve qu'il ne s'intègre pas du tout à l'univers Star Wars qui nous avait habitué à des antagonistes principaux humains (ou au minimum humanoïdes).

Concernant les anciens, Han est celui qui a le plus grand rôle et Harrison Ford campe toujours son personnage à la perfection malgré les années écoulées. Sa mort très naïve vient un peu ternir le tableau mais dans l'ensemble c'est plutôt agréable de le retrouver.
Leia est devenue cheffe de la Résistance mais a vraiment un petit rôle dans le film (c'était surtout l'occasion de voir qu'avec le maquillage et une coiffure adéquate, Carrie Fisher n'a pas si mal vieilli que ça). En parlant de petit rôle, si vous attendez ce film pour Luke Skywalker, passez votre chemin car l'apparition de celui-ci se limite aux dernières secondes du film, il devrait avoir un rôle beaucoup plus conséquent dans les suites.


Et pourtant, malgré la pléthore de défauts, j'ai plutôt apprécié le film car, comme je l'ai déjà mentionné, il est bien rythmé et propose son lot de scènes d'action. J.J. Abrams n'est pas un excellent réalisateur mais il arrive à donner un certain dynamisme à ses plans, malgré quelques mouvements de caméra parfois étranges (je pense particulièrement à la séquence où le Faucon Millénium quitte Jakku).
Abrams a de nouveau travaillé avec Daniel Mindel, le chef opérateur qui avait éclairé les deux derniers Star Trek, mais s'est forcé à limiter au maximum les lens flair qui polluaient complètement ses précédentes réalisations pour rester dans l'esprit de la franchise. Dans le même esprit, il a décidé de recourir le moins possible aux effets spéciaux numériques, ce qui est plutôt appréciable même si le film en contient tout de même un certain nombre.

C'est toujours un plaisir de redécouvrir les musiques de John Williams...enfin surtout les anciennes car je n'ai retenu aucun nouveau thème même si j'ai cru en percevoir 1 ou 2 au détour d'une séquence. Encore une fois c'est un peu dommage car ça aurait vraiment été l'occasion de recomposer des thèmes épiques et marquants comme tous ceux ayant accompagné les deux premières trilogies (la prélogie elle-même avait son lot de musiques inédites et mémorables).
Après, je ne pense pas qu'on puisse jeter la pierre à John Williams qui commence quand même à ressentir le poids des années et je vois mal Abrams lui laisser carte-blanche complète, il a certainement dû lui donner des consignes claires quant aux compositions à réorchestrer.

Le Réveil de la Force est donc un film appréciable mais finalement assez peu intéressant. Il reprend beaucoup trop d'éléments des anciens films sans jamais vraiment oser proposer quelque chose de nouveau. C'est dommage car J.J. Abrams avait plutôt bien dépoussiéré Mission Impossible et Star Trek mais ici il se retrouve un peu prisonnier du fait d'être lui-même un grand fan de la première trilogie. Le fait que cet épisode serve un peu d'introduction au VIII me gêne aussi car finalement ça fait monter une hype qui sera finalement décalée à plus tard. Un Nouvel Espoir avait le mérite de se suffire à lui-même tout en permettant une suite et faisait beaucoup moins dans l'exposition.
Il s'avère que j'ai quand même envie de voir la suite car je trouve le personnage de Rey très intéressant et que je suis curieux de voir ce que Rian Johnson (dont j'avais adoré Looper) va pouvoir faire avec ce que lui laisse Abrams, espérons qu'il aura moins peur d'oser !


dimanche 20 décembre 2015

(Re)visionnages récents - 3


La Bataille de la Montagne du Tigre (2015) - Tsui Hark


Premier film de Tsui Hark que je visionne et j'étais vraiment curieux de voir ce qu'avait à nous offrir le cinéaste hong-kongais.
Financé par le gouvernement chinois pour mettre en avant un héros de la Chine populaire, le film est en fait inspiré d'une histoire vraie d'un soldat de l'armée rouge qui, peu après la Seconde Guerre Mondiale, s'infiltre au sein d'un gang de bandits qui sème la terreur dans les montagnes. L'histoire nous est en faite contée en 2015 par un jeune homme et qui laissera toujours planer le doute quant à s'il s'agit d'une légende ou non.
Tsui Hark nous offre ici un excellent film d'action (encore un en cette année 2015 décidément très bonne pour le genre) complètement décomplexé, dans la veine de ce que faisait Hollywood il y a une vingtaine d'année et qu'il n'ose plus faire désormais, avec des scènes d'action épiques et magnifiquement filmées avec, pour le coup, des ralentis vraiment très stylisés sans être tape à l’œil car Hark sait toujours exactement où placer sa caméra).
Ayant été pensé totalement pour la 3D, je n'ai malheureusement pas eu la chance de le voir en relief, faut à une distribution assez dégueulasse en Suisse mais j'ose imaginer que certaines scènes (celle du tigre par exemple) doivent être particulièrement impressionnantes avec la profondeur.
Même sans le relief, le film conserve de beaux atouts visuels avec une magnifique photographie et une direction artistique au top, en plus des fabuleux paysages enneigés.
Le film peut donner par moment une impression de gros n'importe quoi, mais en m'informant, il s'avère que c'est l'essence même du cinéma de Hark qui rejoint son identité visuelle très prononcée.
Très beau film donc qui m'a fortement donné envie de me plonger plus en profondeur dans la filmographie du réalisateur et qui apporte un petit vent de fraîcheur dans le cinéma d'action très typé hollywoodien.


Tideland (2005) - Terry Gilliam


Terry Gilliam réalise jusque-là un quasi sans-faute, il n'y a pas vraiment de raté dans sa filmographie, chacune de ses œuvres présentant cette patte si particulière à l'auteur.
Pour Tideland cependant, c'est la première fois où je reste sur un sentiment amer, l'impression d'avoir eu devant les yeux quelque chose d'inabouti. Peut-être trop personnel, Tideland reprend les thématiques chères à Gilliam comme le rêve et les univers saupoudrés de fantastique mais il va cette fois-ci trop loin dans le délire. Je m'explique : on a toujours retrouvé ce côté glauque dans les films de Gilliam, cette ambiance qui nous met un poil mal à l'aise malgré les personnages hauts en couleurs. Ici, on a un film extrêmement malsain, vraiment limite parfois (l'histoire entre la fille et Dickens) où dès le début la mère de Jeliza-Rose (l'excellente Jodelle Ferland au passage) meurt d'une overdose sans que personne n'en ait quelque chose à faire.
Ça pourrait passer si l'univers était intéressant, là ce n'est pas le cas : c'est plat et surtout c'est vraiment chiant, le film dure 2h et j'ai dû faire plusieurs pauses en chemin tant je m'ennuyais.
Gilliam a fait quelques tentative pour plonger dans son univers fantastique à travers l'imagination de la jeune fille et ses rêves (dont une référence évidente à Alice aux Pays des Merveilles) mais ça ne prend jamais, la faute à une intrigue inintéressante.
C'est vraiment dommage car le film a vraiment du potentiel, la première partie est d'ailleurs vraiment très intéressante avec cette maison délabrée perdue au milieu de nulle part qui n'a rien à envier à ce qu'on voit dans un film d'horreur.
Malheureusement Gilliam se perd en chemin et va vraiment trop loin avec le glauque et oublie presque d'en faire une vraie histoire derrière. Reste des personnages plutôt attachants (la petite fille, le débile, la "sorcière") mais qui ne font que remplir le vide malheureusement beaucoup trop présent.


Les Minions (2015) - Kyle Balda, Pierre Coffin


A moins de vous être retranché dans une cabane au fin fond de l'Amazonie ces dernières années, difficile d'être passé à côté du phénomène Minions, vous savez, ces petites créatures rigolotes qui sont apparues pour la première fois dans le premier Moi, Moche et Méchant en 2010. Les petits serviteurs de Gru lui volaient alors souvent la vedette en faisant office de comic relief dans un film ne se prenant déjà pas au sérieux de base. On les avait ensuite retrouvé dans la suite alors qu'était annoncé au même moment un film entièrement centré sur les petites créatures jaunes.

J'avais de grande craintes concernant le film, principalement en raison du format : en effet l'humour des Minions est le plus efficace par petites dose, quand eux-même ne sont pas au centre de l'histoire mais faire brûler la flamme pendant 90 minutes était quand même un pari risqué et malheureusement le résultat est un peu ce que je craignais : on s'amuse bien dans les 30 premières minutes et après ça s’essouffle inexorablement.
Ce qui est vraiment dommage c'est qu'on voit toutes les meilleures vannes dans les bandes-annonces et que ça n'arrive pas à se renouveler ensuite (où alors ça essaie mais ça abrutit plus qu'autre chose). On également oubliera vite le personnage de Scarlett (la grande méchante de l'histoire), vide et inintéressante. Les scénaristes nous font aussi le coup du la fausse mort du héros histoire de mettre un petit peu d'émotion à la fin mais franchement, qui y croit ?
Au final, ce qui me dérange le plus dans ce film c'est vraiment la pompe à fric qui ne se cache même pas, combien de pubs Minions on a du se taper avant la sortie ? Combien de produit dérivés vont se vendre comme des petits pains auprès des gosses ? Je trouve la démarche assez malhonnête car au final ce n'est plus un simple spin off que l'on a devant les yeux, mais une véritable machine marketing, une montagne d'argent qui servira à tous les coups à faire une suite et je ne vois vraiment pas comment on pourra renouveler le concept 90 minutes de plus...


La Rage au Ventre (2015) - Antoine Fuqua


Drôle de projet que ce Southpaw (j'utiliserai le titre original qui est plus simple) : histoire écrite comme étant une métaphore de la vie de Eminem avec un premier rôle qui avait été écrit pour lui à la base, c'est finalement Jake Gyllenhaal qui a repris le rôle après que le rappeur de Detroit se soit retiré du projet.

Dans la peau de Billy Hope (pour la symbolique y'avait moyen de faire plus subtil), un boxeur au sommet de sa gloire et qui va tout perdre après la mort de sa femme (la toujours délicieuse Rachel McAdams), Gyllenhaal réalise une grosse performance physique sans pour autant être toujours convaincant en ce qui concerne la performance d'acteur (quand il s'énerve on a l'impression qu'il nous fait une crise d'adolescent le pauvre).
L'histoire suit les clichés habituels du genre, qu'on voyait déjà dans Rocky 2 (et qui est commun à bon nombre de films traitant du sport) : sportif au sommet, dégringolade, doute, rédemption, reprise de confiance en soi, retour au sommet.

Le fait est que l'histoire m'a touchée ! Je ne sais pas si c'est parce que je savais que c'était une transposition de l'histoire de Eminem dans un boxeur (avec certaines libertés prises évidemment), avec notamment la chute représentant les années où Marshall Mathers se camait à tout va avant de partir en cure de désintoxication.
Oui je l'avoue ça m'a touché, l'aspect tire-larme y est sans doute pour quelque chose aussi, même si je ne suis d'ordinaire par fan des films qui se forcent à faire passer des émotions, sans grande subtilité.

Southpaw n'est pas un grand film, on a déjà vu des combats de boxe bien mieux filmés dans Raging Bull ou Ali, l'histoire est vue et revue mais le fait est que j'ai quand même pris du plaisir en le visionnant et franchement c'est le plus important...


Air (2015) - Christian Cantamessa


Film intriguant au casting plutôt intéressant (Norman Reedus que les fans de Walking Dead doivent bien connaître et Djimon Hounsou qui crevait l'écran dans Blood Diamond), Air est un film post-apocalyptique, première réalisation du scénariste de Red Dead Redemption Christian Cantamessa et produit Robert Kirkman, créateur de The Walking Dead (ceci explique cela).
L'histoire se passe alors que l'air sur terre est devenu irrespirable, deux techniciens travaillent dans un bunker sous-terrain afin de permettre à certains humains triés sur le volet de recoloniser la Terre quand celle-ci sera purifiée.

Une première réalisation n'est jamais aisée, surtout quand on vient d'un autre milieu et qu'on n'a pas vraiment de convictions cinématographiques.
Et ici on n'y échappe pas avec un film chiant au possible, sans rythme, mal filmé avec une photographie ignoble.
Le concept pouvait être intéressant sur le papier mais il est traité de manière tellement inintéressante que j'avais qu'une seule envie c'était que le film se termine le plus rapidement possible.

Alors certes les acteurs sont bons mais ça ne suffit pas quand il s'agit de camper des personnages tels celui de Reedus qui est nihiliste au possible et qui est opposé à celui de Hounsou qui est totalement humaniste.
Bref, 1h30 d'ennui (heureusement que ce n'était pas plus d'ailleurs) devant ce grand vide qui ne restera en tout cas pas dans les annales du genre. Rappelons tout de même que nous avons eu Mad Max (dont vous pouvez lire mon avis ici) cette année comme film post-apocalyptique...eh oui ça calme !


Pixels (2015) - Chris Columbus


Tiré du génial court-métrage homonyme, Pixels avait titillé ma curiosité, me demandant si le film allait réussir à rendre l'hommage que la pop-culture et le jeu vidéo méritent.
Raté ! Alors bon ce n'est pas horrible mais on pouvait en attendre plus de la part de Chris Columbus qui est loin de ce qu'il avait pu nous apporter avec Madame Doubtfire ou les deux premiers Harry Potter.
Il faut dire qu'un scénario écrit par Adam Sandler ça peut faire peur (encore plus quand celui-ci joue dedans), du coup on se tape tous les clichés possibles et imaginables en plus de présenter une vision assez misérable des geeks (le héros était fort aux jeux-vidéos quand il était gosse, du coup il rate sa vie, Josh Gad est gros et vit enfermé chez lui, le seul qui n'était pas doué aux jeux-vidéos devient...Président des Etats-Unis ? Sérieux !!!). Je ne reviendrai pas sur les différents clichés mais je peux dire sans même spoiler que le héros se tape la nana à la fin (pas taper !).
Reste que le casting s'en sort plutôt bien, avec un Peter Dinklage super fun dans son rôle et un Adam Sandler pour une fois supportable.
Les effets spéciaux sont très réussi, les différents personnages issus des plus grands jeux-vidéos apportent de la couleur et le tout est toujours encadré par la réalisation de Columbus qui fait le job sans jamais rien transcender.

Certes ce n'est pas désagréable mais je pense que c'est typiquement le genre de concept qui marche très bien en version courte (et là je vous encourage vivement à occuper les 2 minutes suivantes de votre vie à regarder le travail de Patrick Jean).
Ça plaira certainement à certaines personnes mais ceux qui s'attendent à un véritable hommage à la pop-culture pourront passer leur chemin et plutôt se tourner sur ce qu'a fait Edgar Wright il n'y a pas si longtemps de cela avec Scott Pilgrim.


Crimson Peak (2015) - Guillermo del Toro


Projet typiquement taillé pour Guillermo del Toro, Crimson Peak était annoncé comme son auteur comme le meilleur film qu'il ait réalisé et je dois admettre que j'étais plutôt impatient de voir le résultat. Au final c'est une déception, pas grande certes mais j'ai trouvé le film très inégal.
Tout d'abord, le gros point fort : qu'est-ce que c'est beau ! Doté d''une direction artistique à tomber par terre et d'une photographie léchée (qui faisait déjà la force de Pacific Rim), le style du réalisateur du Labyrinthe de Pan se ressent dans tous l'aspect visuel de l'oeuvre qui est certainement à ce jour le plus beau film "d'horreur" (del Toro le catalogue plutôt comme une romance gothique) existant.
Malheureusement, le scénario ne suit pas, je n'ai pas trouvé celui-ci suffisamment bien écrit pour être intéressant. L'histoire d'amour ne m'a pas intéressé et j'ai trouvé l'emploi de jump scare extrêmement irritant alors que le cinéma de del Toro n'en a clairement pas besoin.
Tom Hiddleston trouve ici un rôle taillé pour lui et il incarne à la perfection son personnage, pareil pour Mia Wasikowska. Je suis par contre resté beaucoup plus dubitatif concernant Jessica Chastain, pas vraiment crédible et qui cabotine beaucoup.
En gros, je reste vraiment sur ma faim, le film m'a certes ébloui visuellement mais je ne me suis jamais attaché aux personnages, jamais intéressé à l'histoire et n'ai pas trouvé les enjeux vraiment dignes d'intérêt. Un petit del Toro donc (alors que le film était totalement fait pour lui) mais un film d'horreur plutôt intéressant si on le compare à ce qui se fait dans le milieu ces derniers temps...


Shaun of the Dead (2005) - Edgar Wright



Premier volet de sa trilogie Cornetto qui a révélé Edgar Wright aux yeux de tous, Shaun of the Dead marque les retrouvailles entre le réalisateur et ses amis Simon Pegg et Nick Frost qu'il avait déjà dirigé dans la série Spaced et qui seront les personnages principaux de la trilogie (bien que les films ne soient pas liés entre eux).

Shaun of the Dead est une comédie rendant hommage aux plus grands films de zombies, genre popularisé par George Romero dans les années 70. Bien plus qu'une vulgaire parodie, nous avons ici un vrai film de zombie superbement écrit et génialement réalisé. On y trouve déjà tout ce qui fera le style Wright : des bars, des personnages incapables d'assumer leur rôle d'adulte et ce montage si particulier, très découpé du cinéaste.
Véritable déclaration d'amour au genre, Shaun of the Dead est aussi une très grande comédie, hilarante mais à la fois touchante à la vue de ces deux amis que rien ne semble pouvoir séparer.

Ce premier volet est à n'en pas douter l'une des toutes meilleurs comédies des années 2000, essai qui sera d'ailleurs transformé avec tout autant de maestria avec Hot Fuzz 2 ans plus tard. Il a également mis en avant le génie du tandem Edgar Wright / Simon Pegg (co-scénaristes des 3 films de la trilogie) qui n'est désormais plus à prouver.
Un bijou, tout simplement !


Terminator Genisys (2015) - Alan Taylor


Accompagné d'une promotion désastreuse, Terminator Genisys, s'annonçait dès ses premières annonces comme le fils bâtard des deux volets de James Cameron en faisant abstraction de Terminator 3 et de Renaissance. Le fiasco promettait d'être total et ça n'a pas manqué.
Les bandes-annonces s'étant fait un malin plaisir à nous spoiler le principal rebondissement, il ne reste absolument rien de ce film si ce n'est 2h de fan-service nauséabond allant même jusqu'à reprendre des plans des deux premiers Terminator.
C'est bourré d'incohérences à croire que les scénaristes en avaient eux-mêmes rien à foutre, même s'ils tentent de les expliquer par du charabia scientifique sans queue ni tête.
Le film commence par un rappel du Jugement Dernier avec cette explosion pleine de CGI moches qui ne faisaient qu'annoncer le naufrage à venir...et pourtant je dis ça alors que j'ai quand même trouvé les 20 premières minutes assez prometteuses !
Puis il y a le casting...Mon dieu, non, juste non ! On a de nouveau droit à Jai Courtney et son charisme d'huître, Jason Clarke qui n'a rien du John Connor badass de l'époque, Arnold Schwarzenegger qui est "vieux mais pas obsolète" (mais surtout trop vieux pour ces conneries) et, sûrement la pire, Emilia Clarke, qui est fausse de bout en bout (mais dans le genre navrant au possible) en plus de décrédibiliser entièrement la Sarah Connor que l'on connaissait.
On nous sert aussi un J.K. Simmons en roue libre total histoire de compléter un peu l'afficher avec les acteurs à la mode.
Après, on pourrait le prendre comme un simple divertissement con, sauf que le problème c'est que c'est Alan Taylor (Thor : Le Monde des Ténèbres) qui est au commande et qu'il nous refourgue un produit générique au possible, découpé comme une série (il vient de la télévision, on lui doit entre-autres certains des épisodes de Game of Thrones) et avec des scènes d'action illisibles, sans aucun fun, du néant.

Pour tous les fans des Terminator de Cameron (dont je fais partie), passez votre chemin, à moins que votre curiosité masochiste ne prenne le dessus. Terminator Genisys est un nouvel exemple d'une franchise mythique détruite sur l'hôtel du pognon (et qui s'avérera d'ailleurs un échec total puisque le film s'est planté au box-office, mettant en stand-by les suites qui étaient d'ores et déjà prévues).


L'homme Irrationnel (2015) - Woody Allen


Il est en forme Woody Allen ces derniers temps, très en forme ! Alors que ça fait un moment maintenant qu'il a trouvé son rythme de croisière en sortant 1 film par année, il nous avait offert l'année dernière le génial Magic in The Moonlight (dont j'avais d'ailleurs parlé ici) et annonçait déjà son projet de 2015, L'homme Irrationnel avec à nouveau l'irrésistible Emma Stone et l'arrivée de Joaquin Phoenix dans le rôle d'un professeur de philosophie alcoolique et dépressif.
Un rôle typiquement "allenien" pour Phoenix, qui n'est pas si loin de ce qui se trouvait chez Colin Firth l'année passée.

Même si l'on atteint pas les hauteurs de Magic in The Moonlight, le film est tout bonnement remarquable en tout points une fois passée les 20 premières minutes un peu en-dessous.
Il reprend certaines des thématiques qu'on retrouve souvent chez le réalisateur new-yorkais, notamment la thématique du hasard et de la chance qui constitue d'ailleurs le gros tournant du film au milieu de celui-ci et qui va complètement faire basculer l'histoire et le caractère du personnage de Joaquin Phoenix. Un twist subtile, tout comme son scénario intelligemment écrit  avec une fin superbement bien trouvée et surprenante dans bien des aspects.
A nouveau, tout le charme de Emma Stone (ce regard bordel, je fonds à chaque fois !) est mis en avant par Woody Allen qui multiplie les plans serrés sur le visage de cette étudiante qui va tomber amoureuse de son professeur. L'amour se voit, il se ressent et la mise en scène n'y est clairement pas étrangère. A noter également la magnifique photographie, à nouveau, de Darius Khondji qui ne cesse de démontrer qu'il est certainement un des meilleurs chef opérateur du moment.
Une excellente cuvée à nouveau que cet Homme Irrationnel qui reste dans la lignée des meilleures "comédies romantiques" chères à Woody Allen. Reste maintenant à espérer que celui-ci continuera ses collaborations avec Emma Stone car une telle fraîcheur dans ce monde de brutes ça vaut tout l'or du monde.


Knock Knock (2015) - Eli Roth


Drôle de projet à  mi-chemin entre Funny Games US et Hard Candy, Knock Knock est le premier film de Eli Roth qui ait attisé ma curiosité (il faut dire que le torture porn de Hostel je m'en branle totalement).
L'histoire est un huis-clos dans lequel Evan (Keanu Reeves), resté seul à la maison pour travailler alors que sa femme et ses enfants sont partis à la plage, reçoit la visite chez lui de deux belles jeunes femmes : Genesis (Lorenza Izzo) et Bel (Ana de Armas) qui cherchent à joindre un ami.
Elles vont le charmer jusqu'à ce que celui-ci couche avec elles. La suite ressemble à ce qu'on voyait chez Haneke (la maîtrise en moins) avec les filles qui vont faire payer Evan par tous les moyens possible d'avoir couché avec elles, en allant jusqu'à utiliser le chantage au viol.
Le problème du film c'est qu'avec un sujet pareil, il faut vraiment pousser le truc loin, surtout quand on a déjà eu Funny Games US qui est passé avant. Le film reste finalement très gentillet et les deux filles sont plus des pouffiasses que de véritables psychopathes.
Je n'a jamais vraiment Evan en danger, c'est sûrement dû en partie au fait que Keanu Reeves joue très mal la peur mais j'en suis carrément arrivé à un moment où je m'attendais à ce que le film se finisse sur le même twist que The Game.
J'ai également eu de la peine à voir où le film voulait vraiment en venir, s'il y avait un vrai message derrière. Pour résumé ce n'est pas désagréable mais terriblement oubliable...heureusement que les deux demoiselles ont un joli minois !


Babysitting 2 (2015) - Philippe Lacheau


L'an passé, Babysitting avait été un carton surprise au box-office français. Le film de Philippe Lacheau et Nicolas Benamou sortait du lot des comédies française trop formatées de ces dernières années en important un concept qui est utilisé à un peu toutes les sauces outre-atlantique mais très rare dans l'hexagone : le found-footage.
Considéré comme le "Projet X français" (même si Philippe Lacheau affirme avoir eu l'idée bien avant la sortie de celui-ci), Babysitting était une bouffée d'air frais qui m'avait fait rire de très bon coeur. Du coup, comme la recette a marché, une suite a très vite été annoncée, toujours avec la Bande à Fifi au casting mais avec uniquement Philippe Lacheau à la réalisation cette fois-ci.
Cette fois-ci, l'histoire se passe au Brésil, durant des vacances entre potes qui vont tourner au cauchemar, et c'est plutôt moyen ! Sûrement pour faire vendre, le film a repris "Babysitting" dans son titre mais l'histoire n'a plus rien à voir avec une quelconque garde d'enfant, celui-ci est remplacé par une grand-mère qui va revivre une seconde jeunesse avec la bande.
Le film est beaucoup moins drôle que le premier et l'effet de surprise du premier n'est plus là, du coup j'espérais au moins assister à de folles aventures dans la jungle mais même à ce niveau là le film vise un peu à côté. Il n'y a jamais vraiment de situation "épique", on ne sent jamais que les personnages sont en danger. On pourra féliciter le fait que le casting effectue lui-même ses cascades, notamment le saut en parachute depuis un avion, mais quand je vois ça j'ai plus l'impression de regarder une vidéo Youtube qu'un véritable film.
Le found footage montre également assez vite ses limites, surtout lors des scènes où les personnages courent qui m'ont provoqué un début de mal de tête (mais c'est peut-être dû au fait que j'étais très proche de l'écran). Rajoutons encore un Christian Clavier en roue libre totale qui n'en finit plus de cachetonner ces derniers temps et vous obtenez un film pas dégueulasse mais clairement en-dessous du premier, l'essai n'est donc pas transformé.


Star Wars, épisode IV : Un Nouvel Espoir (1977) - George Lucas


En prévision de la sortie imminente du Réveil de la Force, j'étais quasi obligé de me replonger dans la saga qui a révolutionné la science-fiction et créé un genre à part entière, je veux bien entendu parler de Star Wars.
Sorti en 1977, le premier épisode (qui deviendra le quatrième après le lancement de la prélogie) aura marqué son époque et s'est installé depuis dans la culture geek qui lui voue un culte quasiment inégalé.
Il faut dire que George Lucas a fait très fort, alors que le nouvel Hollywood arrivait à son crépuscule, il réunit tout ce qui fera la crème des blockbuster des années à suivre avec un héros auquel tout le monde peut s'identifier, une princesse à sauver, un méchant charismatique et des situations épiques.
On découvre dans cet épisode fondateur, tout ce qui fera l'essence de la série par la suite : les combats au sabre laser, les différents planètes et leurs créatures, les droïdes, les fameux volets utilisés pour les transitions entre les scènes par George Lucas (inspirés, comme pas mal d'éléments d'ailleurs, du cinéma d'Akira Kurosawa) mais surtout l'univers de manière général qui a été créé par Lucas et qui est d'une richesse folle. Rajoutez à ça les mémorables compositions de John Williams (le film se regarde juste pour la scène du coucher des deux Soleils sur Tatooine avec le thème de Williams) et vous obtenez la recette qui a marqué toute une génération et qui continue à faire rêver aujourd'hui au vu des records que s'apprête à exploser le 7ème épisode.


Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque (1980) - Irvin Kershner


Après l'immense succès du premier film, il était bien entendu question de la suite. L'Empire contre-attaque (devenu l'épisode V) sort 3 ans après et va s'imposer comme étant certainement le meilleur Star Wars et c'est sans doute cet épisode qui va définitivement encrer la franchise dans l'imaginaire collectif.
En matière d'essai transformé, L'Empire contre-attaque est une référence. Reprenant ce qui avait fait le succès du premier film, il ne tombe pas dans le piège de la rédite en proposant des aventures encore plus épiques (la bataille de Hoth reste extrêmement impressionnante aujourd'hui) et en introduisant pour la première fois l'Empereur Palpatine (bien que son rôle soit encore mineur). Dark Vador acquière vraiment son statut de grand méchant charismatique dans cet épisode avec un temps d'écran plus conséquent et une menace plus grande.
Le film s'améliore sur à peu près tous les aspects, exit George Lucas à la réalisation, c'est Irvin Kershner qui s'occupe de cet épisode avec une maîtrise de tous les instants (et qui nous rappelle que Lucas, tout bon créateur d'univers et conteur d'histoires qu'il est, n'est pas le meilleur réalisateur existant). Le film est bien entendu connu pour son twist légendaire et ses nombreuses scènes cultes, c'est aussi celui qui introduira pour la première fois la Marche Impériale et Yoda.
L'Empire contre-attaque est très certainement le plus grand classique du space-opera et le meilleur Star Wars à ce jour. Si Un Nouvel Espoir avait inventé un genre lors de sa sortie, c'est bel et bien cet épisode-ci qui aura permis à la franchise d'avoir l'aura qu'elle a aujourd'hui...à voir au moins une fois dans sa vie !


Star Wars, épisode VI : Le Retour du Jedi (1983) - Richard Marquand


Qu'il fut dur de passer après L'Empire contre-attaque ! Cette fois-ci, c'est à Richard Marquand que revient la tâche de mettre en scène la dernière partie de la trilogie imaginée par George Lucas.
Et pourtant, le film n'a vraiment pas à rougir de la comparaison ! Toujours autant épique (malgré le passage chez Jabba, beaucoup trop long à mon goût) et techniquement ébouriffant (malgré le coup de vieux inévitable), le film vient conclure de superbe manière la trilogie. L'écriture est toujours autant efficace et met enfin en avant le véritable maître à penser Palpatine et sa voix traînante inoubliable.
Le film nous offre la bataille spatiale la plus virtuose de la trilogie et ses plus grands moments de bravoures. Le combat sur le chantier de l'Étoile de la Mort, haut en tension, tient toutes ses promesses tandis que les symphonies de John Williams viennent une fois de plus inonder nos oreilles de bonheur.
Le film a une notoriété certes moins grande que son illustre prédécesseur, en raison d'un nombre moins important de scènes cultes, mais il serait réducteur de le considérer uniquement comme la suite de L'Empire contre-attaque.
Le Retour du Jedi est une conclusion digne de ce nom (bien que j'aurais préféré un happy end moins insisté) à la plus grande franchise space-opera existante et se place à mes yeux juste derrière l'épisode V mais devant le IV.



Star Wars, épisode I : La Menace Fantôme (1999) - George Lucas


Après les classiques, le mal aimés ! Plus de 15 ans après Le Retour du Jedi, George Lucas se lance dans la prélogie et reprend lui-même les commandes du premier film de celle-ci, La Menace Fantôme.
Le film a énormément divisé à sa sortie, les fans hurlant au scandale tandis que ceux qui découvraient l'univers étaient plutôt charmés. Me concernant, ça a également été mon premier Star Wars et pendant longtemps, d'ailleurs, l'unique film de la franchise que j'aie visionné.
Pourtant, mérite-t-il vraiment d'être conspué à ce point ? La question mérite légitimement d'être posée car le film fourmille de bonnes idées, bien que celles-ci peinent à contre-balancer les mauvaises.
Le film est résolument adressé à un jeu public, bien plus qu'Un Nouvel Espoir qui avait déjà une ambiance assez bon enfant. Le personnage de Jar Jar Binks est l'incarnation même de cet état d'esprit et si le personnage est autant détesté c'est parce qu'il dote la prélogie d'un comic relief incessant dont elle n'avait pas besoin, R2-D2 et C-3PO jouant déjà bien mieux ce rôle (rappelons qu'ils sont inspirés de Laurel et Hardy).
L'aspect très politique que va prendre la prélogie avait également beaucoup gêné avec le blocus de Naboo et le sénat qui joue un rôle très important dans la (non-)résolution du conflit.

J'esquiverai le coup des midi-chloriens qui démystifient complètement la force pour retenir les deux principales forces du films qui justifient pratiquement à elles-seules son visionnage. Tout d'abord la course de module, référence claire à Ben-Hur, très impressionnante bien qu'un peu gratuitement insérée dans l'intrigue, puis surtout le combat final contre Dark Maul, très certainement le combat de sabres-laser le plus réussi de toute la franchise (qui ne sera malheureusement jamais renouvelé dans les épisodes suivants) qui porte pratiquement le film à lui seul : c'est bien chorégraphié, bien filmé et montre que Lucas peut faire de belles choses derrière une caméra.


Star Wars, épisode II : L'Attaque des Clones (2002) - George Lucas


Si La Menace Fantôme valait le coup du visionnage juste pour les courses de modules et le combat contre Dark Maul, il n'y a malheureusement pas grand chose de positif à tirer de L'Attaque des Clones dont les événements interviennent 10 ans après ceux de l'épisode I.
D'habitude très bon scénariste, George Lucas donne ici l'impression de ne plus trop s'intéresser à son histoire, préférant mettre le paquet sur la technique (très réussie certes). On se retrouve donc devant un film très mal écrit et ne sachant jamais vraiment où aller. Les dialogues sont parmi les pires de la saga et Hayden Christensen brille par son jeu d'acteur à la ramasse, on n'est pas loin de casser complètement le mythe Dark Vador.
Après, si le film proposait quelque chose d'intéressant en-dehors des scènes dans la prairie avec Padmé et Anakin (insupportables de par leur niaiserie) je serait prêt à lui accorder un semblant d'intérêt. Le fait est que ce n'est pas le cas et même l'intrigue parallèle avec la mission de Obi-Wan semble assez vaine au final.
Les fans se réjouiront sûrement d'en apprendre un peu plus sur l'origine des clones et de Boba Fett, moi je retiens surtout la première apparition de Christopher Lee dans la peau du charismatique Comte Dooku et la partie finale sur Geonosis avec son combat plutôt impressionnant qui donne enfin l'occasion de voir les Jedi se battre dans une bataille de masse.
L'Attaque des Clones est clairement le plus mauvais Star Wars de la franchise et l'exemple typique d'une ambition débordante ensevelie sous un amas de défauts. Reste les mélodies toujours autant savoureuses de John Williams, mais la musique à elle seule ne fait pas un bon film.


Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith (2005) - George Lucas



Attendu comme l'épisode venant mettre un terme à la prélogie ayant beaucoup divisé tout en faisant enfin le lien avec la première trilogie, La Revanche des Sith est finalement aussi un peu la revanche de George Lucas lui-même par rapport à l'épisode II, tant cette conclusion est supérieure en tous points.
Réussissant enfin à montrer quelque chose d'intéressant, Lucas ne se désintéresse plus du récit comme dans L'attaque des Clones et propose enfin du spectacle, en témoigne cette magnifique scène introductive qui pose tous les enjeux de cette conclusion et du passage de Anakin vers le côté obscur.
Le jeu de Hayden Christensen n'est toujours pas au beau fixe, mais son temps de présence à l'écran en même temps que Natalie Portman est réduit et c'est tant mieux.
Cet épisode introduit à nouveau un méchant qui est vraiment classe (Grievous) mais malheureusement à nouveau sous-exploité, comme Dark Maul et Dooku avant lui.
Palpatine joue un rôle central dans cet épisode mais son rapprochement avec Anakin se fait de manière beaucoup trop rapide, il aurait peut-être fallu commencer le développement à ce niveau dans L'attaque des Clones déjà plutôt que de nous infliger le reste.
Reste que cet épisode III est une belle réussite, le rythme est très soutenu et l'écriture de Lucas s'égare bien moins, malgré des dialogues toujours assez minables. Le combat entre Anakin et Obi-Wan est impressionnant mais clairement sur-chorégraphié et vraiment trop long (tandis que celui entre Sidious et Yoda part rapidement dans le n'importe quoi).
Dans l'ensemble, il se trouve que j'ai assez de facilité à pardonner les défauts de ce dernier épisode en date (avant la sortie du Réveil de la Force), surtout quand on voit dans quel pétrin s'était embourbé George Lucas avec l'épisode II. La Revanche des Sith est le meilleur film de la prélogie et contient son lot d'action et de scènes fortes (rien que cette scène silencieuse à la fin avec Sidious et Vador qui contemplent la construction de l'Etoile Noire est symboliquement très puissante).
La prélogie dans son ensemble restera évidemment bien inférieure à son aînée, mais il serait de mauvaise foi de cracher sur tout ce qu'a tenté Lucas dans ces préquelles et on ne pourra en tout cas jamais lui enlever ses idées assez révolutionnaires qui, même s'il a souvent eu du mal à les concrétiser, ont au moins eu le mérite de donner à l'Univers Star Wars cette aura si particulière.

dimanche 15 novembre 2015

007 Spectre (2015)

Titre original : Spectre

Date de sortie française : 11 novembre 2015)

Réalisateur : Sam Mendes

Scénario : John Logan, Neal Purvis, Robert Wade et Jez Butterworth, d'après les personnages imaginés par Ian Fleming

Directeur de la photographie : Hoyte Van Hoytema

Montage : Lee Smith

Musique : Thomas Newman

Durée : 2h28

Avec : Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux, Ralph Fiennes, Monica Bellucci, Ben Whishaw, Naomie Harris, Dave Bautista, Andrew Scott


Synopsis Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre. Pendant ce temps, à Londres, Max Denbigh, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale, remet en cause les actions de Bond et l’existence même du MI6, dirigé par M. Bond persuade Moneypenny et Q de l’aider secrètement à localiser Madeleine Swann, la fille de son vieil ennemi, Mr White, qui pourrait détenir le moyen de détruire Spectre. Fille de tueur, Madeleine comprend Bond mieux que personne… 
En s’approchant du cœur de Spectre, Bond va découvrir qu’il existe peut-être un terrible lien entre lui et le mystérieux ennemi qu’il traque… (Source : Allociné)

Mon avis


La sortie d'un nouveau James Bond est toujours un événement qui attire plusieurs générations qui ont connu "leur" âge d'or du célèbre agent secret, qu'il soit incarné par Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton ou Pierce Brosnan. La franchise a alterné le bon et le moins bon mais a toujours su déchaîner les passions.
Le nouvel arc débuté avec Casino Royale en 2006 voyait déjà une polémique éclore sur le choix de Daniel Craig, premier acteur blond à incarner 007.
Il avait vite réussi à les faire mentir car le film de Martin Campbell avait été une belle réussite et inaugurait un aspect beaucoup plus sombre de la franchise.

Après un Quantum of Solace raté, on se disait pourtant que la série allait retomber dans ses travers, c'était sans compter sur un Sam Mendes au sommet de son art qui allait redonner toutes ses lettres de noblesse à la série avec un Skyfall remarquable sur pratiquement tous les points.
On ne pouvait donc n'être qu'enchantés lorsque la nouvelle que celui-ci rempilait pour un second épisode tomba, surtout quand le titre de celui-ci avait été révélé et qu'il annonçait le retour de Spectre, la fameuse organisation criminelle qui était déjà au centre des péripéties de James dans la quasi-totalité des films avec Sean Connery.


Ici, Spectre va s'avérer être à l'origine de tout ce que James a eu à affronter depuis Casino Royale. La tête pensante de l'organisation, incarnée par Christoph Waltz, va être présentée en quelque sorte comme la némésis ultime de 007 qu'il va devoir affronter afin de boucler la boucle.
De gros enjeux sont donc posés et la grande majorité de l'intrigue va donc consister à faire monter la tension jusqu'à la confrontation tant attendu entre les "frères ennemis" (une partie de l'intrigue va d'ailleurs justifier cette formulation qui n'est pas choisie au hasard).

J'ai été très vite enthousiasmé car le film débute en trombe avec un long plan-séquence virtuose, qui n'est pas sans rappeler celui de La Soif du Mal, dans les rues de Mexico alors que se déroule la fête des morts. La caméra va suivre James et sa conquête du jour entrer dans un hôtel, aller dans une chambre avant de continuer à suivre 007 seul sur les toits pour aller descendre sa cible.
Cette séquence introductive se place certainement comme l'une des toutes meilleures de la franchise et nous envoie un message clair : Sam Mendes n'a rien perdu de sa superbe !

Toute la première moitié du film est d'ailleurs très bonne ; outre la partie à Mexico, les événements qui se passent à Rome sont aussi très intéressants et la poursuite en voiture qui s'en suit, qui n'est de loin pas la plus spectaculaire de la franchise, est bien réalisée et toujours très lisible (après comparaison avec l'horreur qu'était la poursuite introductive de Quantum of Solace, découpée à la tronçonneuse, c'est de l'eau et du vin).
La réalisation de Sam Mendes est d'ailleurs toujours très solide et toujours lisible dans l'action. On n'a certes plus le grand Roger Deakins pour éclairer tout ça mais le travail de Hoyte Van Hoytema à la photographie est excellent (ne vous attendez toutefois pas à voir des scènes d'une beauté telle que celle de la séquence finale de Skyfall avec la maison isolée).


Cependant, dès la moitié du film, la machine s'enraye et plusieurs défauts viennent ajouter une ombre au tableau. Tout d'abord, on ressent assez vite que l'intrigue avec Spectre n'avait pas été pensée dès Casino Royale, le film doit donc user de ficelles parfois assez grossières pour gommer les incohérences inhérentes à ce genre de problème. Ainsi, la relation entre James et Franz Oberhauser / Ernst Stavro Blofeld est un peu tirée par les cheveux et ne sert au final qu'à justifier la confrontation.
Cette confrontation, d'ailleurs, est le centre de l'intrigue de Spectre et la tension monte tandis que le mystère se dissipe peu à peu autour du personnage de Franz qui n'apparaît que très peu dans la première partie (si ce n'est les très beaux plans de Mendes, bien que déjà vue, lors du Conseil à Rome). Une telle icônisation du personnage laissait promettre un final en apothéose qui finirait en beauté l'arc narratif "Casino Royale - Spectre". Le problème c'est que cette confrontation est vraiment décevante au final.

On touche ici au problème principal du scénario qui, à force de vouloir trop en raconter, ne raconte au final pas grand chose. On va en apprendre plus sur le passé de James Bond mais également sur ses anciens ennemis, on va aussi connaître les véritables intentions de Franz Oberhauser.
Le film pèche donc de par sa seconde moitié trop mollassonne, à se demander parfois si on est encore en face d'un film d'action. Ce n'est pas vraiment un problème de rythme car Sam Mendes sait très bien le gérer mais véritablement des enjeux qui construisent trop d'attente pour ce qu'ils sont vraiment.
C'est vraiment dommage car Christoph Waltz est très bon dans la peau de Franz Oberhauser mais il n'est pas aidé par le scénario qui ne le met pas assez en avant. Il restera de ce fait bien moins mémorable que Silva dans Skyfall ou Le Chiffre dans Casino Royale.
Spectre dans son ensemble n'est d'ailleurs pas assez menaçant à mon goût. On ressent certes plus son danger que le Syndicat dans le dernier Mission Impossible (que j'avais quand même adoré comme vous pouvez le lire ici) mais on n'en est pas non plus au point où on se sent étouffé par lui (un des personnages dit pourtant un moment que Spectre est absolument partout).


Daniel Craig campe toujours à la perfection le personnage et y ajoute une petite touche d'humour qui, même si moins prononcée que les James Bond de Roger Moore, fait souvent mouche. On est beaucoup moins dans l'introspection que Skyfall et de retour vers un James Bond plus classique.
Léa Seydoux a été choisie pour incarner la James Bond girl de cet opus et il est agréable de voir que son rôle est beaucoup plus conséquent que celui de Bérénice Marlohe dans le film précédent. Elle a un charme certain mais reste au final également sous-exploité tandis que sa relation avec James est un peu tirée par les cheveux.
Alors que les principaux personnages du MI6 étaient mis un peu en retrait dans les derniers épisodes (à l'exception de M qui avait un rôle central dans Skyfall), il est agréable de plus les voir ici, surtout qu'on a quand même Ralph Fiennes (le nouveau M), l'excellent Ben Whishaw (Q) et ses gadgets ainsi que Naomie Harris qui campe une Eve Moneypenny qui n'aura peut-être jamais eu un rôle aussi important que dans Spectre.
Monica Bellucci par contre bénéficie de tellement peu de temps d'écran qu'on peut presque parler de caméo à ce stade-là, elle n'est en plus vraiment pas convaincante pour le peu de temps qu'on la voit.
J'ai indiqué avoir été déçu par le personnage de Franz, par contre Dave Bautista campe un excellent méchant secondaire : il a très peu de dialogues mais sa carrure en impose forcément et n'est pas sans rappeler celle du mythique Requin par exemple.

La musique a toujours tenue une part importante dans les James Bond, si le thème principal créé par Monty Norman est connu de tous, la franchise a toujours eu une identité musicale très marquée.
C'est à nouveau Thomas Newman qui est à la barre et son travail est toujours excellent, ses compositions transpirent l'esprit James Bond sans être trop appuyées. Il reprend d'ailleurs assez subtilement le thème du générique assez régulièrement dans le film.
La chanson du générique justement, interprétée par Sam Smith, avait le redoutable honneur de passer après l'oscarisée Adèle qui avait mis à peu près tout le monde d'accord il y a 3 ans. La chanson de Sam Smith va clairement diviser : elle ne sonne pas vraiment comme une musique de James Bond et j'étais moi-même circonspect en l'entendant pour la première fois mais il s'avère que, finalement, elle s'intègre assez bien avec le générique (qui est toujours bien réalisé sans être le meilleur que l'on ait vu dans un James Bond). Certes on n'est pas au niveau de Skyfall mais on aurait pu s'attendre à vraiment pire.


Spectre souffre finalement du fait qu'il ait dû passer après Skyfall, Sam Mendes avait à cœur de réitérer l'exploit et il y arrive par moments mais dans l'ensemble, nous avons quand même un film inférieur à son prédécesseur qui se perd un peu en voulant à tout prix faire monter la tension autour du personnage de Franz/Ernst. Attention cependant à ne pas déformer mes propos, ça reste un excellent James Bond et un très bon film d'action qui vient d'ailleurs conclure une année assez exceptionnelle pour le genre.
Il y a une envie claire de revenir à l'essence même des James Bond (d'ailleurs, le gun barrel est de retour au début du film, une première dans l'ère Daniel Craig) et on peut se dire que la suite nous apportera à nouveau son lot d'action et des gadgets en tous genres alors que Skyfall avait parfois été critiqué car il n'était pas assez "James Bond". Il faudra cependant faire sans Sam Mendes tandis que le mystère règne autour de Daniel Craig : alors qu'on le pensait lié pour encore un film après Spectre, il avait révélé récemment qu'il commençait à être fatigué du personnage. Quoi qu'il en soit, ce ne serait pas une surprise de le voir partir car on peut considérer que l'arc narratif débuté avec Casino Royale est désormais clos.


samedi 24 octobre 2015

Seul sur Mars (2015)

Titre original : The Martian

Date de sortie française : 21 octobre 2015 (7 octobre en Suisse romande)

Réalisateur : Ridley Scott

Scénario : Drew Goddard d'après le roman Seul sur Mars (The Martian) de Andy Weir

Directeur de la photographie : Dariusz Wolski

Montage : Pietro Scalia

Musique : Harry Gregson-Williams

Durée : 2h21

Avec : Matt Damon, Jessica Chastain, Kristen Wiig, Jeff Daniels, Michael Peña, Sean Bean, Kate Mara, Sebastian Stan, Aksel Hennie, Chiwetel Ejiofor


Synopsis Lors d’une expédition sur Mars, l’astronaute Mark Watney est laissé pour mort par ses coéquipiers, une tempête les ayant obligés à décoller en urgence. Mais Mark a survécu et il est désormais seul, sans moyen de repartir, sur une planète hostile. Il va devoir faire appel à son intelligence et son ingéniosité pour tenter de survivre et trouver un moyen de contacter la Terre. A 225 millions de kilomètres, la NASA et des scientifiques du monde entier travaillent sans relâche pour le sauver, pendant que ses coéquipiers tentent d’organiser une mission pour le récupérer au péril de leurs vies. (Source : Allociné)

Mon avis


Alors qu'il est loin de faire l'unanimité avec ses dernières réalisations pourtant loin d'être à jeter, Ridley Scott revient à un genre qu'il affectionne particulièrement et qui l'a fait connaître auprès du grand public : la science-fiction.
Si pour beaucoup, Alien reste la référence lorsqu'on parle de science-fiction et du réalisateur, il ne faut pas oublier qu'on lui doit également le chef-d'oeuvre de dystopie Blade Runner.
Sa dernière excursion dans le genre, Prometheus, ne remonte qu'à 2012 mais avait énormément divisé, que ce soit les fans d'Alien ou les fans du cinéaste en soi.
Alors que Prometheus 2 est en chantier, Ridley Scott a laissé de côté sa suite pour se lancer dans l'adaptation du premier best-seller de Andy Weir dont le scénario, entièrement écrit par Drew Goddard (Cloverfield, World War Z), l'a immédiatement emballé.

Marquant le retour en force de la "hard SF" réaliste, Seul sur Mars est une véritable bouffée d'air frais parmi le nombre de productions du genre résolument tournées vers le solennel et le sérieux (Gravity et Interstellar en sont les exemples les plus récents).
Le film prend le contre-pied total des œuvres susmentionnée (mais également de son auteur lui-même, généralement assez pessimiste) en offrant une vision totalement décomplexée du genre pour un résultat absolument génial !


Le film relate les mésaventures de Mark Watney (Matt Damon), un botaniste en mission sur Mars, laissé pour mort après une tempête qui a forcé tous ses partenaires à retourner en direction de la Terre. Celui-ci se réveille le lendemain (les jours sur Mars sont comptés en Sol) et se rend compte que pour survivre, il devra cultiver de quoi se nourrir.
Lorsqu'il réussit enfin à contacter la Terre, ceux-ci se rendent compte qu'une course contre la montre vient de se lancer pour retourner sauver Watney qui est désormais seul sur la planète rouge à plus de 225 millions de kilomètres de la Terre.

Alors que les circonstances ouvraient clairement les portes à quelque chose de dramatique, le film adopte intentionnellement un ton très léger et nous montre Watney affronter les épreuves qu'il endure avec une bonne humeur magnifiquement transmise au spectateur via le carnet de bord qu'il tient grâce aux différentes caméras présentes dans la base scientifique installée sur Mars.
Le film est très bien écrit et dose à la perfection l'humour qui est omniprésent mais sans jamais tomber dans la dédramatisation. On peut également compter sur un casting très bien dirigé avec en tête un Matt Damon qui a l'air de ne pas avoir pris autant son pied depuis longtemps. Tout le monde se rallie à la cause de Watney et il n'a a pas vraiment d'antagoniste dans le film si ce n'est la planète Mars en soi.

Tel le réalisateur extrêmement pictural qu'il est, Ridley Scott sublime son film en proposant des plans de la planète rouge tous plus beaux les uns que les autres avec notamment de gigantesques plans zénitaux qui ne font que renforcer encore plus l'isolement de ce pauvre Watney.
Scott s'est à nouveau attaché les services de son directeur de la photographie depuis Prometheus, Dariusz Wolski, qui a également réalisé un magnifique travail avec ces tons très chaleureux et orangés (qui n'est pas sans rappeler ce qui avait été fait sur Fury Road) donnés à Mars où, paradoxalement, pratiquement tout peut vous tuer. Il y oppose de plus de manière criante toutes les scènes sur Terre, au centre de la NASA, qui sont très froides comme pour représenter l'espoir qui s'amenuise chez les responsable du programme spatial américain.


Un film, c'est un tout, c'est pour ça que je voulais aussi mettre en avant le super travail de montage de Pietro Scalia : c'est dynamique, hyper cohérent et il n'y a aucune baisse de rythme de tout le film, je mets réellement quiconque au défi de s'ennuyer ne serait-ce qu'une minute pendant les 2h20 que dure le métrage...clairement une des plus grandes réussites du film !
Dans les très bons points aussi : la musique de Harry Gregson-Williams, entraînante par moment, souvent épique mais sans tomber dans les grosses percussions à la Zimmer, il se permet même d'insérer du ABBA sans jamais tomber dans le kitsch (car c'est en raccord avec un running gag du film concernant les goûts musicaux du personnage de Jessica Chastain).

Retour en force donc pour Ridley Scott qui nous offre certainement un des films de science-fiction les plus enthousiasmants de ces dernières années. Avec Seul sur Mars, le cinéaste nous livre son "Seul au Monde" décomplexé et complètement optimiste saupoudré d'un Matt Damon qui fait plaisir à voir et de visuels à couper le souffle. Loin du sérieux d'un Interstellar tout en conservant cet aspect réaliste inhérent à la hard SF, le film plaira certainement au plus grand nombre qui appréciera certainement ce voyage à des millions de kilomètres de notre planète bleue.


dimanche 4 octobre 2015

N.W.A : Straight Outta Compton (2015)


Titre original : Straight Outta Compton


Date de sortie française : 16 septembre 2015

Réalisateur : Felix Gary Gray

Scénario : Jonathan Herman, Andrea Berloff, S. Leigh Savidge, Alan Wenkus

Directeur de la photographie : Matthew Libatique

Montage : Billy Fox

Musique : Joseph Trapanese

Durée : 2h27

Avec : O'Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell, Neil Brown Jr., Aldis Hodge, Paul Giamatti


Synopsis En 1987, cinq jeunes hommes exprimaient leur frustration et leur colère pour dénoncer les conditions de vie de l'endroit le plus dangereux de l’Amérique avec l'arme la plus puissante qu'ils possédaient : leur musique. Voici la véritable histoire de ces rebelles, armés uniquement de leur parole, de leur démarche assurée et de leur talent brut, qui ont résisté aux autorités qui les opprimaient. Ils ont ainsi formé le groupe de rappeur des N.W.A. en dénonçant la réalité de leur quartier. Leur voix a alors déclenché une révolution sociale qui résonne encore aujourd'hui. (Source : Allociné)


Mon avis


S’il y a bien un genre qui a la côte au cinéma de nos jours, c’est le biopic. L’académie des Oscars adore en général ces films retraçant la vie de tel ou tel sportif, personnalité politique, chanteur, tueur en série, etc. 

Dans la sous-catégorie des biopics sur la musique, par contre, le hip-hop est un genre qui est largement sous-représenté. Certes il y avait bien eu 8 Mile, mais on ne pouvait dans ce cas-là pas vraiment parler de biopic dans son sens premier car le film faisait certes référence à la vie de Eminem mais en la transposant dans celle du jeune B Rabbit
Plus récemment, nous avons eu droit au film sur Notorious B.I.G qui est passé plus ou moins inaperçu (et que je n’ai d’ailleurs jamais vu) mais force est de constater que les films se penchant sur une personnalité de la culture hip-hop ne courent pas les rues. 

Ceci pourrait cependant changer tout bientôt avec la sortie du film dont je vais parler aujourd’hui : Straight Outta Compton qui a fait un carton surprise aux Etats-Unis, rappelant aux grands pontes hollywoodiens qu’il y a un public derrière ce genre de production. 

Qu’est-ce donc que Straight Outta Compton ? C’est tout d’abord le nom du premier album du groupe N.W.A (Niggaz Wit Attitudes), considéré unanimement comme le fondateur du gangsta rap à la fin des années 80. Premier album devenu depuis un classique mais qui avait été très critiqué à l’époque pour la violence de ses propos. 
Le film va retracer la rencontre des membres emblématiques du groupe (Dr. Dre, Ice Cube, Eazy-E, MC Ren et DJ Yella), l’énorme succès de leur album, l’énergie unique qu’ils dégageaient sur scène mais également les tensions, la dissolution du groupe et les clashs qui ont suivi.


C'est à Felix Gary Gray qu'a été confiée la tâche de mettre en scène la carrière du mythique groupe Californien. Essentiellement connu pour avoir réalisé de nombreux clips (pour Ice Cube ou Jay-Z entre autres), il a également une certaine expérience du long-métrage, en témoigne le sympathique Négociateur, sorti en 1998.
En honnête faiseur qu'il est, F. Gary Gray s'en sort honorablement, malgré un début qui laissait présager le pire (une descente de police horriblement mal filmée). Il nous offre quelques longs plans pas dégueulasses et retranscrit plutôt bien la violence des banlieues de Los Angeles dans les années '80.
Le parti pris est assez évident : parler de cette success story à l'américaine en se mettant totalement du côté des membres du groupe. Le film parle d'ailleurs beaucoup des artistes et finalement peu des hommes derrière mais j'y reviendrai.

En grand fan de rap que je suis, ça a évidemment été un bonheur du début à la fin de redécouvrir en quelque sorte ce groupe que j'ai connu quand je devais avoir 10 ans et qui tournait en boucle dans mes écouteurs quand le MP3 s'est démocratisé.
Certes le film est fait avant tout pour glorifier les membres de N.W.A, certes c'est un film fait pour vendre, que ce soit les produits dérivés où S.O.C (l'album) dont une augmentation des ventes ces dernières semaines ne m'étonnerait pas (et m'enchanterais même d'ailleurs)...Le fait est que je suis tout à fait le public visé par ce film, même si je reste profondément persuadé que les personnes n'aimant pas particulièrement le hip-hop pourront aussi y trouver leur compte.


F. Gary Gray a fait le choix d'un casting composé d'illustres inconnus (à l'exception de Paul Giamatti bien entendu) pour camper Ice Cube (son fils, O'Shea Jackson Jr.), Dr. Dre (Corey Hawkins), Eazy-E (Jason Mitchell) et MC Ren (Aldis Hodge). Volonté claire, à nouveau, de mettre en lumière les artistes et pas "l'acteur qu'il y a derrière".
Alors certes, tous ne sont pas des sosies parfaits des membres originaux mais leur interprétation est vraiment satisfaisante, surtout en ce qui concerne la gestuelle.

Ice Cube et Dr. Dre n'ont évidemment pas pu reprendre leur propre rôle en raison de leur âge mais ils restent tout de même producteurs et ont clairement eu leur mot à dire sur ce dont allait parler le film, ce qui explique pourquoi celui-ci est finalement si aseptisé.
Le métrage se penche presque exclusivement sur les artistes, à l'exception du début où chaque personnage est présenté individuellement et de la fin avec l'agonie de Eazy-E.

Ne voulant certainement pas écorcher leur image, le film passe donc outre tous les problèmes de violence conjugale de Dr. Dre par exemple, où le diss entre ce dernier et Eazy-E qui n'est qu'effleuré alors que les tensions entre Ice Cube et le reste du groupe sont clairement montrées (d'ailleurs, le passage de No Vaseline est clairement l'un des meilleurs du film).
Alors certes c'est compréhensible que les deux stars n'aient pas voulu écorché leur image mais le film en devient finalement assez formaté car on idolâtre le groupe sans vraiment se pencher sur ce qui a également forgé la légende de ses membres : les clash.


Quand les artistes redeviennent humains, c'est finalement pour se presser autour du lit de mort de Eazy-E qui mourra le 26 mars 1995 du sida. L'hommage est très appuyé, peut-être un peu trop d'ailleurs, mais est assez touchant.
Le seul personnage qui est vraiment retranscrit très négativement (outre Jerry Heller pour lequel on ressentira presque de la pitié à la fin) est Suge Knight (R. Marcos Taylor), fondateur du label Death Row Records et connu pour sa manière très violente de gérer son business, usant d'intimidation pour parvenir à ses fins et qui a toujours été un personnage assez trouble (on le dit lié à la mort de Tupac sans que ça n'ait jamais été prouvé).

Je finirai par ce qui est évidemment le gros point fort du film : sa bande-son, recueil de tous les plus grand succès du groupe, de Ice Cube, de Dr. Dre et des membres emblématiques de Death Row (Tupac, Snoop Dogg). Certains titres inédits tirés du dernier album de Dr. Dre (sobrement intitulé Compton) viennent également s'ajouter à ce mélange qui ne manquera pas de provoquer un véritable orgasme auditif envers les amateurs de gangsta rap.

Straight Outta Compton est une réussite, pas exceptionnelle mais une réussite quand même. Le film retranscrit de belle manière les personnages fascinants qu'étaient les membres de N.W.A, leur énergie sur scène, leur "guerre" menée contre la police qu'ils considéraient comme discriminante envers les minorités ("Fuck Tha Police" n'est est qu'une illustration et l'affaire Rodney King étalera au grand jour ce problème quelques années plus tard) et leurs excès mais en laissant dans l'ombre certains épisodes moins glorieux de leurs carrières respectives.
Il n'en reste pas moins que le film est finalement une sorte de fantasme ultime de fan de hip-hop en général et de gangsta rap en particulier.
Tout le monde n'y trouvera pas son compte (un "clip" hip-hop de 2h20 passera sûrement mal pour les allergiques) mais on peut espérer que le succès du film ouvrira la voie à d'autres biopics du genre...espérons qu'ils soient réussis.