mardi 29 mars 2016

Batman v Superman : L'Aube de la Justice

Titre original : Batman v Superman: Dawn of Justice

Date de sortie française : 23 mars 2016

Réalisateur : Zack Snyder

Scénario : Chris Terrio et David S. Goyer d'après les personnages DC Comics créés par Bob Kane, Bill Finger, Jerry Siegel et Joe Shuster

Directeur de la photographie : Larry Fong

Montage : David Brenner

Musique : Junkie XL et Hans Zimmer

Durée : 2h31

Avec : Ben Affleck, Henry Cavill, Amy Adams, Jesse Eisenberg, Laurence Fishburne, Jeremy Irons, Gal Gadot

Synopsis Ayant peur que les actions d'un super-héros semblable à un dieu ne soient pas contrôlées, le redoutable justicier de Gotham City se confronte au Messie des temps modernes de Metropolis, alors que le monde se demande de quel sorte de héros il a vraiment besoin. Et alors que Batman et Superman sont en guerre l'un contre l'autre, une nouvelle menace surgit, mettant l'humanité face à un danger d'une ampleur sans pareil. (Source : Premiere.fr)


Mon avis


ATTENTION, CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS !

Deux ans et demi après son Man of Steel qui avait fort divisé (moi-même avait trouvé la première partie du film très réussie et la seconde ratée), Zack Snyder revient avec l'affrontement que tous les fans de comics attendaient, celui opposant les deux super-héros les plus populaire existant, Batman contre Superman, le justicier de Gotham contre le demi-dieu de Métropolis.

Alors que je doute de plus en plus de revoir un jour un bon film de super-héros du côté de chez Marvel (je parle par-là du MCU), j'avais l'espoir de voir avec ce Batman v Superman quelque chose de différent, loin des productions édulcorées et sans aucune prise de risque du concurrent.
Alors que les bandes-annonces en dévoilaient déjà beaucoup, je me suis un peu désintéressé du film pour ne pas risquer de connaître tous les tenants et aboutissants de ce combat épique, puis les première critiques sont tombées, descendant pratiquement en chœur le film que certains décrivent même comme la plus grande déception depuis la Menace Fantôme ! De quoi en retourne-t-il donc ?

Le film commence directement par quelque chose qui m'a gêné, le fait de remontrer l'assassinat des parents du jeune Bruce Wayne, le traumatisme qui a suivi, etc. Pourquoi ? Tout le monde connaît ça, était-il vraiment nécessaire de le remontrer une nouvelle fois ? Surtout que la scène est montrée avec ce fameux ralenti assez moche dont Snyder à l'habitude et qui rend le truc assez lourd.


Bref, passons cette première scène finalement assez insignifiante, le vrai début du film est dans la continuité directe de Man of Steel avec Bruce Wayne qui assiste, impuissant, au combat destructeur entre Superman et Zod. Cette séquence est assez intéressante dans le sens où elle permet de revoir en quelque sorte la fin de Man of Steel sous un angle beaucoup plus humain, ça permet aussi au passage à Zack Snyder de répondre aux critiques dont avait fait l'objet la fin du film précédent.
Toute cette séquence fait très 11 septembre, particulièrement ce plan où Bruce s'enfonce dans un nuage de poussières émanant d'un building effondré qui m'a froidement rappelé les images que je voyais à la télé le jour des attentats.

D'ailleurs, de manière générale, la première partie du film est plutôt convaincante. Il y a une très longue exposition, on présente les enjeux, les raisons de la tension entre Batman et Superman. C'est un Batman inédit au cinéma qu'on nous présente ici, Bruce le dit lui-même, il est "plus vieux que son père ne l'a jamais été". Il combat le crime depuis 20 ans à Gotham mais pourtant il a l'impression que rien n'a changé, les criminels courent toujours les rues.
L'annonce de Ben Affleck dans le costume du chevalier noir avait fait hurler (je faisais partie du camp des optimistes), il s'avère qu'il campe au final un excellent Batman, très imposant, très sombre. J'émettrais par contre plus de réserves quant à son interprétation de Bruce Wayne, un peu trop unilatéral à mon goût.
J'ai un peu plus de mal avec l’interprétation trop lisse de Henry Cavill, Superman ayant parfois l'air d'un gros bébé qui boude plus que d'un super-héros.

Quitte à parler des personnages, parlons de l'antagoniste principal, Lex Luthor, qui aurait vraiment pu être réussi si Jesse Eisenberg ne cabotinait pas autant. On est ici à la limite du supportable, un mélange peu raffiné de Mark Zukerberg et d'un psychopathe (n'est pas le Joker qui veut). Il y a un vrai problème de direction d'acteur à ce niveau car on sent qu'Eisenberg essaie de "voler" toutes les scènes dans lesquelles il apparaît mais ça ne réussit jamais.


Wonder Woman fait sa grande apparition au cinéma sous les traits de Gal Gadot mais son rôle ne se limite au final qu'à l'intégrer à la Justice League (et encore, on pourrait se demander pourquoi l'avoir mise en avant elle et pas les Flash ou autre Aquaman), le personnage ne sert pas à grand-chose si ce n'est servir de deus ex machina une unique fois à la fin du film.

Son arrivée est en plus accompagnée d'un thème que j'ai trouvé accrocheur sur le coup mais complètement en décalage avec le film après l'avoir ré-écouté.
La musique, d'ailleurs, est composée par Hans Zimmer (habitué du genre à force) et son "protégé" Junkie XL qui varie entre le très bon (Mad Max : Fury Road) et le très mauvais (Night Run) pour un résultat finalement assez générique et oubliable pour ma part (tout en restant bien au-dessus de ce que peut faire un Brian Tyler par exemple).

Je voudrais également revenir sur la rivalité entre Batman et Superman : je trouve que celle-ci est déjà assez mal amenée, autant je comprends que Bruce Wayne en veuille à Superman, autant la réciproque me paraît un peu tirée par les cheveux. Le pire, cependant, c'est tout de même l'événement qui va amener la réconciliation entre les deux héros, complètement foireuse...je n'expliciterai pas exactement de quoi il en retourne mais dites-vous que Batman et Superman passent de pires ennemis à meilleurs amis du monde en l'espace d'à peu près 15 secondes.

Tout ça pour mener à un combat final qui avait été salement spoilé par la bande-annonce et qui s'avère totalement foiré.
D'une part, je trouve le design de Doomsday foiré et d'autre part, Zack Snyder se lâche sur tous ses effets horribles : le filtre sépia dégueulasse, les ralentis, le découpage foireux. Il y a surtout, comme dans beaucoup des scènes d'action du film, un problème de lisibilité qui n'est en plus pas aidé par les "tics" du metteur en scène.


Au final, si le film n'est clairement pas la bouse décrite par les critiques, il manque quand même quelque chose pour en faire un très bon film de super-héros. Pourtant le film ne manque pas d'idées et Snyder a toujours ses quelques fulgurances au niveau de la réalisation mais le film est quand même plombé par un combat final qui ne tient pas ses promesses et par les lourdeurs habituelles du réalisateur.
Je retiens principalement le Batman de Ben Affleck, vraiment convaincant et les scènes de baston du Chevalier Noir, très bien chorégraphiées (même si pas toujours très lisibles, comme dit plus haut).
Je n'ai pas parlé de Jeremy Irons qui campe le nouveau Alfred car il apparaît peu mais je l'ai plutôt bien aimé : il n'est certes pas aussi badass que Alfred de Gotham (la série) mais il apparaît  davantage comme un coéquipier de Bruce qui l'aide sur le terrain (depuis la Batcave) que comme un majordome.

Il n'en demeure pas moins que je préfère 1000 fois le chemin qu'emprunte l'Univers cinématographique DC à ce que fait Marvel depuis Iron Man 3 car j'y vois quand même de l'espoir : Suicide Squad m'intéresse vraiment et l'arrivée de Justice League également. Il n'est pas non plus exclu de revoir Snyder nous refaire le coup de l'excellent Watchmen à l'avenir.
Donc oui, je vous encourage tout de même à aller le voir car un flop (qui semble quand même peu probable vu l'excellent démarrage du film) donnerait finalement raison à la politique Marvel de la quantité au détriment de la qualité, la dédramatisation de chaque instant au détriment d'un univers plus sombre.
Et ça, je vous le dit, ça me ferait vraiment chier...


lundi 15 février 2016

Deadpool (2016)

Titre : Deadpool

Date de sortie française : 10 février 2016

Réalisateur : Tim Miller

Scénario : Rhett Reese et Paul Wernick d'après les personnages de Rob Liefeld et Fabian Nicieza

Directeur de la photographie : Ken Seng

Montage : Julian Clarke

Musique : Junkie XL

Durée : 1h48

Avec : Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein, T.J. Miller, Gina Carano, Brianna Hildebrand, Stefan Kapicic, Karan Soni

Synopsis Deadpool est l’antihéros le plus atypique de l’univers Marvel. De son vrai nom Wade Wilson, cet ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire a subi une expérience hors norme qui a accéléré ses pouvoirs de guérison. Armé de nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, celui qui est désormais Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie. (Source : Premiere.fr)


Mon avis


En voilà un projet qui aura mis longtemps à se concrétiser ! Le plus atypique des personnages Marvel devait à l'origine être un des tout premier à avoir droit à son film, finalement il apparaîtra pour la première fois à l'écran dans le très décrié X-Men Origins: Wolverine où son traitement choqua considérablement les fans. Suite à ça, le projet est resté longtemps en stand-by, la Fox préférant se concentrer sur la franchise X-Men et ses spin-off.
Ce n'est finalement qu'en 2014, après la sortie de Days of Future Past, que la Fox confirme que le tournage va débuter, avec toujours Ryan Reynolds dans le rôle principal et Tim Miller, plutôt spécialisé dans les effets spéciaux, à la réalisation.

Difficile d'avoir échappé au phénomène Deadpool ces derniers mois. La campagne marketing très agressive, savamment orchestrée et s'axant principalement sur les réseaux sociaux, n'y est certes pas étrangère. Le film promettait un héros au plus proche des comics, à mille lieux du Deadpool muet de X-Men Origins: Wolverine. Sa classification en Rated R (interdits aux mineurs non accompagnée d'un adulte aux Etats-Unis) promettait déjà un film violent et irrévérencieux...mais est-il finalement si subversif que ça ?


Pour commencer, autant le dire tout de suite : le film est drôle ! J'ai rigolé de bon coeur à plusieurs reprises. Certes les blagues se situent souvent sous la ceinture, c'est très irrévérencieux, timbré mais je n'ai jamais trouvé ça lourd pour autant.
Les blagues qui fonctionnent le mieux sont pourtant celles qui tiennent un discours meta sur le cinéma en général, sur Marvel, sur les X-Men, sur Ryan Reynolds lui-même ou la culture geek. Dès le générique d'intro (franchement bien trouvé) on est plongé là-dedans et ça continuera pendant tout le film, les plus assidus pourront d'ailleurs s'amuser à chercher toutes les références car il y en a énormément.

Dans les comics, Deadpool a ça de particulier qu'il sait qu'il est dans une BD et ne se gêne jamais de casser le 4ème mur pour interpeller directement le lecteur. On s'attendait donc à ce que le procédé soit repris et ça n'a pas manqué.
A plusieurs reprises, le personnage se sépare de l'action pour s'adresser au public, c'est d'ailleurs lui qui raconte sa propre histoire à coups de flashbacks au milieu d'une scène d'action (qui va d'ailleurs occuper une grande partie du film). Sur cet aspect, le personnage est très bien respecté, les fans seront ravis.
Le problème, c'est que j'aime bien être surpris par un bris du quatrième mur, qu'il arrive de manière totalement inattendue, ce n'est clairement pas le cas ici puisqu'on attend justement le film pour ça. Du coup je trouve que l'effet tombe un peu à l'eau, j'aurais aimé que le personnage aille encore plus loin dans le délire pour vraiment me surprendre (pourquoi pas carrément prendre la place du réalisateur à un moment donné, ça aurait pu être génial !).


Cependant, on a beau rire, le film peine quand même à cacher un scénario on ne peut plus classique et calibré. On nous ressort donc l'inévitable "origin story" via un montage alterné raconté par le principal intéressé en plein milieu d'une scène d'action. Ils auraient vraiment pu s'en passer car quand je vais voir un film Deadpool, je veux voir Deadpool, pas l'histoire du comment le mec sous le masque est devenu Deadpool, d'autant plus que le film ne dure "que" 1h50 pour, au final, pas grand chose.
Le reste du scénario est tout autant convenu que n'importe quelle production Marvel récente avec un méchant qui tire des têtes de méchant et un combat final inintéressant. L'enjeu même du film est du réchauffé avec l'enlèvement de la copine du héros qu'il devra sauver des mains du méchant, c'est du vu et revu, même les blagues peinent à cacher le manque d'idées.

Tim Miller ne s'en sort pas trop mal niveau réalisation, il y a quelques bonnes idées lors de la scène sur l'autoroute et l'action est plutôt lisible (à ce niveau on est bien au-dessus du niveau abyssal des frères Russo par exemple). Par contre, il est fâcheux de constater à nouveau une absence totale de photographie, tout est complètement fade et rien ne démarque le film de n'importe quelle production Disney-Marvel récente (chez la Fox ils ont pourtant la chance d'avoir Bryan Singer qui fait vraiment de l'excellent travail sur la franchise X-Men).
Quand on a un personnage aussi taré que Deadpool, on serait en droit d'avoir un film qui tente des choses folles visuellement mais ce n'est clairement pas le cas. Le même constat se fait d'ailleurs pour le scénario, le caractère du personnage donnait une occasion presque unique de faire un truc complètement subversif, qui casserait les codes du genre mais bien évidemment, ça attirerait moins les gens et ça ne serait du tout du goût de la Fox...


Finalement, je pense que la meilleure manière de résumer Deadpool serait un film complètement classique et formaté avec un personnage timbré et des vannes à gauche à droite qui, même si elles font souvent mouche, peinent tout de même à cacher un vide certain. Non, Deadpool n'est pas le film subversif que l'on aurait pu attendre mais pourtant il ne manque pas de qualités, je le comparerais à cet égard un peu à Ant-Man qui bénéficiait grandement des idées de Edgar Wright mais qui restait un film ô combien classique dans sa forme et dans son fond.

Cela ne m'empêche cependant pas d'attendre la suite (déjà confirmée) qui sera débarrassée de cette origin story inintéressante et qui pourrait enfin proposer quelque chose de frais, à condition de trouver un réalisateur adéquat et que la Fox accepte de prendre certains risques.


dimanche 31 janvier 2016

The Revenant (2016)

Titre : The Revenant

Date de sortie française : 24 février 2016 (27 janvier en Suisse romande)

Réalisateur : Alejandro Gonzáles Iñárritu

Scénario : Mark L. Smith et Alejandro Gonzáles Iñárritu (basé en partie sur le roman de Michael Punke)

Directeur de la photographie : Emmanuel Lubezki

Montage : Stephen Mirrione

Musique : Alva Noto et Ryuichi Sakamoto

Durée : 2h36

Avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Forrest Goodluck, Paul Anderson, Kristoffer Joner, Joshua Burge

Synopsis Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption. (Source : Allociné)


Mon avis


Dire que j'attendais The Revenant serait se targuer d'un bel euphémisme, tant j'attendais le retour de Alejandro G. Iñárritu même pas un an après son Birdman qui m'avait déjà soufflé par sa maîtrise (j'en parlais d'ailleurs ici lors de sa sortie).
Il était donc clair que voir le réalisateur s'attaquer au western survival avec Leonardo DiCaprio et Tom Hardy au casting réveillait en moi une attente qui a enfin été comblée avec la sortie en salle du nouveau long-métrage de l'auteur mexicain.

Il faut tout d'abord rappeler que le tournage s'est étendu sur plus de 9 mois en raison de l'abnégation de Iñarritu et de son chef opérateur Emmanuel Lubezki de filmer uniquement en lumière naturelle, limitant le temps de tournage à un maximum de 1h30 par jour. Il a en plus fallu ajouter à ça les caprices de la météo et du climat en général quand ils ont été contraint de délocaliser le tournage en Amérique du Sud en raison du manque de neige au Canada malgré la saison pourtant propice.
C'est ainsi que le tournage a pris fin en août 2015 alors que le projet était déjà dans les petits papiers d'Iñarritu bien avant l'oscarisé Birdman.

Maintenant, en tant que spectateur, je vais bien entendu donner mon avis sur le produit final, ma principale crainte était surtout de voir un film beau mais vide, se rapprochant plus de l'exercice de style sans avoir grand-chose pour meubler. Verdict ?


Déception il n'y a en tout cas pas ! Je savais que le film serait beau mais là on atteint un point où chaque plan m'a donné envie de prendre une télécommande et de faire un arrêt sur image. Le mérite revient bien évidemment au réalisateur, qui tenait absolument à tourner dans ces contrées sauvages, mais également (et surtout), à la photographie à tomber par terre de Emmanuel Lubezki qui arrive toujours à capter la beauté la plus pure de chaque paysage qu'il a devant les yeux.
Le chef opérateur est décidément fait pour travailler avec des auteurs comme Alejandro G. Iñárritu ou Alfonso Cuarón, tant sa photographie se lie parfaitement au cinéma des deux réalisateurs mexicains.
Dans The Revenant, la réalisation atteint une maestria encore plus poussée que dans Birdman qui se déroulait dans un espace restreint, essentiellement constitué de couloirs et de grandes pièces. Ici, chaque long plan, chaque plan-séquence est une leçon de construction avec cette caméra qui suit les personnages et dont chaque mouvement amène un nouvel élément à l'action.
Une des premières scènes du film, où les trappeurs se font attaquer par les indiens, en est un parfait exemple : la caméra va nous emmener d'un personnage à l'autre et chercher avec nous la provenance du danger avant de s'emballer et de zigzaguer entre les arbres pendant qu'une grande partie de l'équipe est décimée par les flèches des assaillants.

Au vu des premières minutes du film, on pourrait s'attendre à un film sans aucun temps-mort, comme c'était le cas dans Birdman, il s'avère que Iñarritu prend cette fois-ci le temps de se poser et c'est ça qui fait la grande force du métrage. Les plus beaux moments sont clairement ceux où la caméra se pose, devient plus flottante et se désintéresse parfois même complètement du personnage de DiCaprio. Ces moments où on entre dans les rêves de Hugh Glass, bien que cassant un peu le rythme, sont d'excellents exemples de ce que j'entends par là. On pense ici à ce que fait Terrence Malick (principalement dans Le Nouveau Monde) où on se détache du récit pour atteindre un niveau plus mystique.
Tout ce rapport de l'homme à la nature est d'ailleurs un thème cher à Malick et est très présent dans The Revenant. La présence de Lubezki (chef opérateur de Malick depuis Le Nouveau Monde justement) à la photographie n'est certainement pas étrangère à cet élan très malickien qui ressort de certaines séquences.


Le film s'annonçait comme assez viscéral, il ne l'est finalement pas tant que ça. Il y a certes des scènes d'une violence très graphique, l'attaque de l'ours est très impressionnante et dure le temps d'un plan-séquence de plusieurs minutes, mais de manière générale on est plutôt spectateur de la survie et de la quête de vengeance de Hugh Glass dès le moment où il est laissé pour mort et que son fils est tué par un des trappeurs de son équipe, John Fitzgerald (Tom Hardy).

Survie et vengeance, c'est un peu de la sorte que l'on pourrait séparer les deux parties principales du film, avec la composante survival occupant bien le trois-quart du métrage. La partie où Glass se lance véritablement à la poursuite directe de Fitzgerald n'occupe grosso modo que la dernière demi-heure du film et je n'ai pas trouvé que c'était la plus réussie. Je pense même que le film aurait gagné à éclipser totalement cette dernière partie plus manichéenne, moins intéressante et moins belle que le reste.

Si le fait de voir Glass lutter pour avancer pendant la grande majorité du fait pourrait sembler barbant, dans les faits il s'avère que même si le film avait duré 3h, je ne me serais jamais lassé, tant la réalisation arrive à sublimer chaque séquence. De plus, l'enjeu du film n'est pas tant de savoir si Hugh Glass va arriver vivant à sa destination, ça semble évident, mais plutôt de comment il va y arriver et quels dangers il va devoir affronter.
Et tout ça fonctionne car on s'attache au personnage, on vit ses péripéties. Leonardo DiCaprio est, comme souvent, excellent et sa quantité restreinte de dialogue l'oblige à axer son jeu principalement sur le regard et son corps de manière générale.

Le reste du casting n'est pas en reste, le personnage de Tom Hardy est un connard fini mais on a de la peine à totalement le détester car ses motivations (l'argent principalement) ne sont pas dénuées de sens et font en quelque sorte écho au capitalisme moderne où les paysages tels que ceux vu dans The Revenant se font de plus en plus rare en raison de l'exploitation des ressources naturelles.


Le montage son vient apporter sa pierre à l'édifice avec une musique très présente mais sans être envahissante (bien qu'assez répétitive malheureusement). Je trouve qu'Iñarritu a parfaitement su choisir les scènes dans lesquelles la musique était importante ou non. La scène de l'ours se passe sans aucune musique par exemple, toute la séquence étant rythmée par les grognements et les hurlements, c'est viscéral...et c'est génial !
Sans rester dans les annales, la musique me sera au moins restée dans la tête de longues heures après le visionnage, principalement les quelques notes de violon qui parsèment le film d'un ton assez mélancolique.

The Revenant est une vraie expérience de cinéma, très sensorielle et belle à en tomber. C'est ce pourquoi j'attendais le film et c'est ce que j'ai reçu. Celui-ci à mes yeux encore plus abouti que Birdman et d'une maîtrise folle pratiquement du début jusqu'à la fin (encore une fois, j'émets quelques réserves sur la dernière partie).
Le film est un exemple de plus qui montre que le perfectionnisme de son auteur n'est pas une tare si le résultat est admirable de la sorte. C'est pour ça que je ne comprendrai jamais les critiques qui qualifient Alejandro G. Iñarritu de prétentieux, j'ai rarement entendu l'adjectif être utilisé pour David Fincher par exemple...

L'histoire de Hugh Glass en soi est assez extraordinaire (bien que romancée pour les besoins du cinéma, mais il n'y a que peu de documents qui relatent précisément ce qu'il a traversé) et je pense qu'il s'agit d'une de celles qu'il fallait raconter car elle raconte en plus de belles choses sur la conquête de l'ouest et sur cette nature qui perd année après année en ampleur.
Iñarritu ne s'y trompe d'ailleurs pas, en témoigne ce regard caméra final de DiCaprio qui prend le spectateur comme témoin de son aventure afin que celle-ci perdure...


jeudi 14 janvier 2016

Les Huit Salopards (2016)

Titre original : The Hateful Eight

Date de sortie française : 6 janvier 2016

Réalisateur : Quentin Tarantino (également scénariste)

Directeur de la photographie : Robert Richardson

Montage : Fred Raskin

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h47 (3h07 dans sa version 70mm)

Avec : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Demián Bichir, Tim Roth, Michael Madsen, Bruce Dern, James Parks, Channing Tatum




Synopsis Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie… (Source : Allociné)


Mon avis


La sortie d'un Tarantino est toujours un événement d'envergure pour les cinéphiles. Le réalisateur tennesséen a su, au fil des années, se forger un style unique et s'attirer le respect de ses paires.
Déjà trois ans se sont écoulés depuis Django Unchained (le rythme habituel de Tarantino étant donné que celui.ci est également scénariste de tous ses films) et QT avait annoncé très tôt qu'il resterait dans le genre du western qu'il avait réussi à sublimer avec son précédent film.

Pourtant, tout n'était pas gagné d'avance, on se souvient de la fuite du scénario qui avait eu lieu début 2014 et qui avait tellement énervé Quention Tarantino qu'il avait décidé de laisser tomber le projet.
Cependant, une lecture publique avec les acteurs pressentis a tout de même eu lieu plus tard dans l'année et, finalement, Tarantino décide de quand même tourner le long-métrage après avoir retravaillé le scénario.

Pour sa huitième réalisation, Tarantino a pris le pari très risqué de tourner en 70mm Panavision format très large pratiquement tombé dans l'oubli et qui avait fait les beaux jours de films mythiques tels que Lawrence d'Arabie ou Ben Hur pour ne citer qu'eux.
En connaissant l'amour de Tarantino pour la pellicule, ce choix fait sens et je pense qu'il n'y a aujourd'hui pas un réalisateur plus à même de maîtriser ce format.


Laissant de côté l'aridité de Django Unchained, QT nous emmène ici dans la neige et le blizzard du Wyoming où John Ruth (Kurt Russell), un chasseur de primes, est en route vers Red Rock où il doit livrer la dangereuse criminelle Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) dont la tête est mise à prix pour 15'000 dollars. Sur sa route, il va croiser le chemin du Major Warren (Samuel L. Jackson), également chasseur de primes, et de Chris Mannix (Walton Goggins), le nouveau shérif de Red Rock.
En raison de la tempête, ceux-ci sont obligés de faire une escale dans un chalet où ils tombent sur 4 autres personnes. Ils vont vite se rendre compte qu'une des personnes en question n'est pas celle qu'elle dit être et est de mèche avec Domergue dans le but de la libérer et lui éviter la corde.

Les Huit Salopards est donc un huis clos très paranoïaque avec ces 8 individus qui ne se font absolument pas confiance coincés dans une bâtisse . Les idéologies du western sont certes là, mais Tarantino a clairement filmé son histoire à la manière d'un film d'horreur, impossible de ne pas ressentir l'influence du cinéma de Carpenter (surtout quand, en plus, ça se passe dans la neige et que Kurt Russell est présent).
L'excellente bande-son de Ennio Morricone va d'ailleurs également dans ce sens-là, en atteste cette incroyable piste d'ouverture qui accompagne un très long plan tout aussi fabuleux sur le Christ crucifié avant de voir apparaître la diligence. En un seul plan, en une seule note, Tarantino et Morricone nous plongent dans l'histoire.

Niveau références, c'est peut-être le film de Tarantino qui en fait le moins, on peut certes faire un rapprochement évident avec La Chevauchée des Bannis ou Le Grand Silence mais dans l'ensemble c'est plutôt dans le propre cinéma de QT qu'il faudra chercher les influences.
A ce niveau, c'est clairement de Reservoir Dogs que se rapproche le plus des Huit Salopards, on retrouve des personnages qui discutent dans un espace clôt avant de basculer dans la violence propre au cinéaste. On retrouve d'ailleurs Michael Madsen et Tim Roth, respectivement Mr. Blonde et Mr. Orange de Reservoir Dogs...une manière pour Quentin Tarantino de boucler la boucle en quelque sorte.


Comme tout film de Tarantino, les dialogues et les personnages sont savoureusement écrits, peut-être même encore plus que dans ses anciens films. Les personnages ont ça d'intéressant qu'il n'y a pas vraiment de héros dans l'histoire, ce sont tous plus ou moins des salauds attirés par l'appât du gain. Il n'y a finalement que O.B, le cocher (James Parks) qui entraîne de la sympathie et s'il y a un personnage auquel il faudrait s'identifier, je pense que ce serait lui.

Comme je l'ai dit, l'écriture de Quentin Tarantino fait à nouveau des merveilles, d'un côté le film raconte beaucoup de choses sur l'Amérique post-sécession avec les tensions toujours présentes entre les nordistes et les sudistes ainsi que le racisme (thème déjà largement abordé dans Django Unchained), mais en plus il s'écarte des clichés habituels de la narration, ce qui rend le film très imprévisible...il est difficile de savoir à l'avance qui va se faire descendre et à quel moment, tout peut arriver !

C'est pour ça que le film, malgré sa longueur, reste passionnant. On est toujours en train d'essayer de deviner qui est qui et quelles sont les intentions dans l'esprit des personnages. Et quels personnages d'ailleurs ! On connaît la géniale direction d'acteurs de QT et Les Huit Salopards ne déroge pas à la règle. Samuel L. Jackson est, comme toujours chez le cinéaste, parfait ; il nous offre d'ailleurs à nouveau un monologue d'anthologie, peut-être le plus violent qu'on ait vu chez Tarantino.
Kurt Russell a une trogne énorme et ça fait vraiment plaisir de le revoir dans une production de ce type. Tim Roth est génial, rempli d'ironie et de fausse légèreté, je soupçonne d'ailleurs Tarantino d'avoir écrit son rôle pour Christoph Waltz car on a vraiment l'impression de le voir à l'écran à certains moments.

Le personnage le plus intéressant est peut-être finalement celui de Jennifer Jason Leigh car, là encore, Tarantino prend le contre-pied de ses personnages féminins forts habituels (on repense à Kill Bill, à Jackie Brown) en en faisant un punching-ball qui va prendre des poings, du sang, du ragoût dans la figure sans jamais broncher. Elle a peu de dialogues mais c'est le personnage qui fait passer le plus de choses par son jeu.


Comme je l'ai déjà dit, l'utilisation du 70mm était un véritable défi pour Tarantino, surtout pour filmer un huis-clos. Le format est généralement très bien adapté pour filmer les grands espaces et QT le fait à la merveille dans la première partie (encore une fois, la scène d'introduction est juste sublime). Cependant, c'est vraiment lors des scènes en intérieur que le réalisateur innove en réussissant à filmer cet espace clos sous à peu près tous les angles possibles. Chaque cadre est choisi à la perfection et la largeur du format permet d'avoir plusieurs protagonistes à l'écran sans jamais l'encombrer. La profondeur de champ est aussi assez dingue et Tarantino joue beaucoup là-dessus pour mettre en évidence certains de ses personnages par rapport à d'autres.

L'évolution des relations entre les personnages passe également par la mise en scène : au début, il y a beaucoup de gros plans sur leurs visages et, au fur et à mesure que les tensions montent, que le doute s'installe, les cadres sont de plus en plus larges et il y a très souvent plus d'un personnage à l'écran.
On voit ici une très claire volonté de Tarantino de raconter son histoire par l'image autant que par les dialogues. Je trouve d'ailleurs que le la réalisation du cinéaste tennesséen n'a jamais été récompensée à sa juste valeur car son cinéma c'est vraiment un tout et ce n'est pas demain la veille qu'on retrouvera un réalisateur comme Quentin Tarantino, autant amoureux que lui du cinéma et autant généreux dans ce qu'il montre à l'écran.


mercredi 6 janvier 2016

Tops/Flops 2015


Une nouvelle année s'achève et, comme d'habitude, celle-ci a été marqué par de grands films mais également par certains long-métrages que l'on préférerait oublier.
Comme le veut la tradition, je me lance donc aussi dans mon Top/Flop 5 de l'année écoulée avec un classement basé sur 72 films sortis au cinéma cette année que j'ai eu l'occasion de visionner. C'est parti !


Top


1) Mad Max: Fury Road de George Miller



Le grand retour de Mad Max, 30 ans après un 3ème épisode en demi-teinte, est une réussite éclatante à tous les niveaux. Du haut de ses 70 ans, George Miller donne une leçon d'inventivité et de cinéma durant 2h de folie furieuse et d'orgasmes visuels et auditifs (cette scène dans la tempête est un des trucs les plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de voir dans une salle de cinéma, rien que ça).
Fury Road est ma plus grosse baffe de 2015 qui était d'ailleurs vraiment une année exceptionnelle pour le cinéma d'action.
Mon avis détaillé sur Mad Max; Fury Road ici


2) Seul sur Mars de Ridley Scott



Comme quoi les papys étaient en forme cette année ! Avec Seul sur Mars, Ridley Scott nous livre un film étonnamment optimiste avec un excellent Matt Damon qui ne perd jamais son humour malgré le peu d'espoirs de survie. L'adaptation du best-seller de Andy Weir est une grande réussite (dotée en plus d'une très bonne 3D) dont on ressort avec un grand sourire.
Mon avis détaillé sur Seul sur Mars ici


3) Sicario de Denis Villeneuve



Le génial Denis Villeneuve enchaîne les films ces derniers temps. Après les deux très bons thrillers Prisoners et Enemy, le réalisateur québécois nous emmène cette fois-ci au cœur des cartels mexicains dans un film à la noirceur glaçante et au suspense à vous coller dans votre siège.
Doté de la très belle et épurée photographie de Roger Deakins et des percussions angoissantes de Jóhann Jóhannsson, Sicario est un tout, un film à l'atmosphère incroyable dirigé de main de maître par son auteur qui bascule aussi magnifiquement dans le cinéma d'action sans jamais en faire trop.
Le film est également porté par une belle brochette d'acteurs tous au top. Si le spectateur s'identifiera probablement au personnage d'Emily Blunt (à nouveau impeccable), droit dans ses bottes et dans un certain sens victime du système, je ne peux pas m'abstenir de mentionner l'énorme Benicio Del Toro qui écrase le film dès qu'il apparaît à l'écran, particulièrement sur la fin où le film se sépare du point de vue d'Emily Blunt. Quelle gueule, quelle présence, quel charisme mes amis !
A la vue de ce qu'est capable de réaliser Denis Villeneuve, on peut se dire que la suite de Blade Runner est en de bonnes mains...en tout cas j'ai vraiment hâte !


4) Birdman de Alejandro González Iñárritu



Première claque de l'année me concernant, Birdman se hisse également dans ce top avec à nouveau un casting bien fourni (dont l'énorme mise en abîme de Michael Keaton) et surtout cette réalisation qui consiste à faire passer le film entier pour un unique plan séquence (rendant les coupes invisibles ou presque), c'est très impressionnant et ça marche très bien tout en étant raccord avec le monde du théâtre que le film retranscrit.
Mon avis détaillé sur Birdman ici


5) Vice-versa de Pete Docter et Ronnie Del Carmen



J'ai longuement hésité pour cette 5ème place mais j'ai quand même décidé de récompenser la (désormais) avant-dernière création des studios Pixar qui nous livrent ici leur meilleur film depuis Toy Story 3 (et faut en profiter parce qu'on aura pratiquement que des suites jusqu'en 2019).
J'ai rigolé, j'ai été ému (pas aux larmes parce que j'ai un coeur de pierre), bref j'ai un peu vécu ce qu'il se passe dans la tête de la petite Riley pendant les 1h30 de ses péripéties.
Mon avis (un peu plus) détaillé ici


Mentions spéciales : parmi les films qui entreraient dans mon top 15, sans ordre particulier je retiens également Kingsman, Le Pont des Espions, Irrational Man, Blackhat et It Follows. A most Violent Year, Ex Machina, Mission Impossible 5, Straight Outta Compton, Les Nouveaux Sauvages


Flop


1) Robin des bois, la véritable histoire de Anthony Marciano



Un supplice, le pire du pire que peut nous proposer la comédie française. J'avais plutôt apprécié Les Gamins du même réalisateur et déjà avec Max Boublil mais là rien ne va plus.
Dès le premier plan on sent que ça va être un supplice en fait, avec une caméra qui part dans tous les sens. Rien n'est à sauver, déjà que l'humour est hyper lourd ils insistent en plus sur les mêmes running gags tout le long du film...j'ai juste horreur de ça ! A croire qu'ils pensent que le public est trop con et qu'ils ne vont pas rire au gag la première fois. Ici, on ne rigole pas la première fois et il n'y a aucune chance de rigoler la 50ème fois...j'exagère à peine, il y a un gag qui est répété 5 fois en 1 minute et qui revient encore une fois plus tard dans le film !
J'ai plutôt de la sympathie pour Max Boublil, j'aime bien sa tête mais là c'est juste pas possible, ça me fait même mal de voir le mythe de Robin des Bois être sali à ce point...faire une bonne parodie n'est pas chose aisée et ce film nous le prouve bien.
Je ne parlerai même pas du reste du casting (ou plutôt de la bande de potes puisque c'est plus de ça qu'il s'agit), on retrouve notamment un Gérard Darmon en roue libre totale qui fait plutôt peine à voir.
Bref c'est dégueulasse, ignoble, insupportable, poubelle !


2) Pourquoi j'ai pas mangé mon père de Jamel Debbouze



En sortant de la salle, je m'étais dit : "ça va, ça aurait pu être pire", puis avec le recul, plus j'y pensais et plus je me disais que le film était vraiment de mauvais goût. J'ai déjà beaucoup de peine avec le fait que Jamel ait voulu faire le personnage à son image (avec un bras handicapé) alors qu'avec les techniques actuelles il aurait été facilement possible de passer outre, ça recherche vraiment la compassion du public en plus d'être assez narcissique comme démarche.
L'animation ainsi que la direction artistiques sont complètement à la ramasse, c'est limite honteux quand on sait qu'il y a de très bon animateurs en France. Ils auraient aussi pu se passer de l'hommage complètement WTF à Louis de Funès parce que putain c'est glauque quoi !


3) Divergente 2 : L'Insurrection de Robert Schwentke



Je n'avais pas détesté le premier Divergente, peut-être par effet de surprise je ne sais pas...il s'avère que le deuxième m'a désespéré. Le film est un concentré de tout ce qui m'horripile dans le genre : c'est con, c'est mal joué, c'est mal réalisé...Bon, sur le coup je l'ai pris à la rigolade mais faut vraiment qu'on en finisse avec ces conneries, surtout que, une nouvelle fois, le dernier bouquin sera divisé en deux films pour un max de pépèttes.
Mon avis (un peu plus) détaillé ici


4) Gunman de Pierre Morel



Ici nous avons l'exploit de l'année, un film d'action devant lequel j'ai réussi à m'emmerder du début à la fin. Après avoir converti Liam Neeson aux films d'action débiles avec TakenPierre Morel essaye ici la même chose avec Sean Penn mais c'est complètement raté car ce dernier ne dégage absolument rien niveau charisme (alors que Neeson était plutôt badass dans Taken). J'espère que Sean Penn reviendra dans un registre qui lui correspond mieux parce que ça va vraiment pas le faire.
Mon avis (un peu plus) détaillé ici


5) Les Quatre Fantastiques de Josh Trank



L'exemple typique du film massacré par les studios. Pourtant avec Josh Trank à la réalisation j'étais plutôt enthousiaste car j'avais adoré Chronicle et j'avais hâte de voir si le réalisateur allait pouvoir apporter quelque chose au genre. Malheureusement, il n'a pas pu faire le film qu'il voulait, il a dû effectuer des re-shot sous pression de la Fox et lui-même est déçu du résultat final. On se retrouve donc avec un film de 1h30 ,dont 1h entière d'exposition (et il ne se passe que dalle pendant cette heure !), avec des effets spéciaux à la ramasse et un combat final complètement raté. Pourtant y'avait vraiment quelque chose à en tirer : le casting est plutôt bon (sur le papier) et le duo Marco Beltrami / Philip Glass à la musique ne s'en sort pas trop mal tout finit dans un océan de médiocrité rempli de charabia scientifique sans queue ni tête...Le plus triste dans cette histoire ce que, au final, Chronicle est une bien meilleure adaptation des Quatre Fantastiques, merci la Fox !


Autres (sans ordre particulier) : Taken 3, Avengers 2, Into the Woods, Les Minions, Air, Terminator Genisys


2015 s'avère au final une année plutôt bonne en matière de cinéma, bien que moins bonne que l'année précédente à mes yeux. Je retiens surtout l'excellente forme du cinéma d'action et des "anciens" réalisateurs qui montrent qu'il faut toujours compter sur eux.
A voir ce que 2016 nous réservera ! La nouvelle année commencera dans tous les cas sur les chapeaux de roues avec Les Huit Salopards, Creed et The Revenant qui sortiront tous les deux en janvier chez nous !

mercredi 23 décembre 2015

Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force (2015)

Titre original : Star Wars Episode VII: The Force Awakens

Date de sortie française : 16 décembre 2015

Réalisateur : J.J. Abrams

Scénario : Lawrence Kasdan, J.J. Abrams, Michael Arndt

Directeur de la photographie : Daniel Mindel

Montage : Maryann Brandon et Mary Jo Markey

Musique : John Williams

Durée : 2h15

Avec : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Domhnall Gleeson, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, Peter Mayhew


Synopsis Plus de trente ans après la bataille d'Endor, la galaxie n'en a pas fini avec la tyrannie et l’oppression. Les membres de la Résistance menés par la générale Leia Organa combattent les nouveaux ennemis de la République, le Premier Ordre. A la tête de ce nouveau régime brutal se trouvent le Leader suprême Snoke et son apprenti, le jeune Kylo Ren. Dépassés, les résistants ont besoin de Luke Skywalker. Mais le dernier des maîtres Jedi se cache depuis bien longtemps.
La résistance envoie sur Jakku son meilleur pilote, Poe Dameron, pour récupérer une carte qui les mènera à Luke. Mais l'arrivée de Kylo Ren et ses soldats leur complique la tâche... (Source : Wikipédia)

ATTENTION : CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS, DES GROS ÉLÉMENTS DE L'INTRIGUE SONT DÉVOILES, SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM VOUS ÊTES PRÉVENUS !

Mon avis


Ça y est, l'épisode VII tant attendu de la plus célèbre franchise de soap opera est enfin sorti dans les salles noires et les avis ont vite commencé à pleuvoir de tous les côtés. Me concernant, c'est plutôt un soulagement car je dois avouer que le rouleau compresseur marketing de Disney commence sérieusement à me taper sur le système et j'ai bien hâte que tout ceci se tasse (même si ce ne sera bien entendu qu'éphémère avec la sortie du premier spin-off l'an prochain et de l'épisode VIII en 2017).

N'étant pas un grand fan de Star Wars (j'aime bien les films mais je ne suis pas ce qu'on peut appeler un fan hardcore), je n'avais pas d'attentes particulières concernant Le Réveil de la Force, j'espérais juste qu'Abrams arrive à nous offrir quelque chose de neuf et puisse poser un regard sur la franchise autre que celui du fan qu'il est lui-même de la première trilogie. Les bandes-annonce ne m'ayant pas vraiment vendu de rêve, j'espérais donc être surpris en bien lorsque se présenterait devant mes yeux ce premier épisode de la saga chapeauté par Disney.

Les événements se passent 32 ans après Le Retour du Jedi, le Premier Ordre né des restes de l'Empire et dirigé par le Leader Suprême Snoke (Andy Serkis) et son jeune apprenti Kylo Ren (Adam Driver) est à la recherche de Luke Skywalker, le dernier Jedi en vie, qui est porté disparu.
De son côté, la Résistance menée par la générale Leia Organa (Carrie Fisher) souhaite également retrouver la trace de Skywalker et envoie sur la planète Jakku son meilleur pilote, Poe Dameron (Oscar Isaac) afin de retrouver une carte qui indique l'emplacement précis de Luke et de la mettre hors d'atteinte du Premier Ordre.
Poe se fait cependant capturer par Kylo Ren et son armée et confie la carte à son droïde BB-8 qui s'échappe dans le désert pour finalement tomber sur une pilleuse d'épave, Rey (Daisy Ridley). Celle-ci va se retrouver un peu malgré elle une cible privilégiée et se retrouve obligée de fuir Jakku en compagnie d'un Stormtrooper, Finn (John Boyega) qui a quitté le Premier Ordre en aidant Poe à s'échapper et qui s'est écrasé sur Jakku.
Lors de leur fuite, ils vont croiser le chemin de Han Solo (Harrison Ford) et Chewbacca (Peter Mayhew) qui vont les aider à rejoindre la planète où se trouve la Résistance afin de leur transmettre la carte. Le Premier Ordre essayera ensuite par tous les moyens de récupérer la carte qui s'avère être incomplète et dont ils possèdent la deuxième moitié.


Si je passe plus de temps que d'habitude sur l'histoire, c'est parce qu'elle est la cause du principal problème du film dont je vais parler tout de suite : c'est un copié-collé de l'épisode IV. On y retrouve à peu de choses près les mêmes enjeux et les mêmes personnages que dans le tout premier film de 1977 : Rey est Luke Skywalker, Poe est Han Solo, ce dernier est plutôt devenu Obi-Wan, Finn est aussi un ersatz de Han Solo, on peut considérer Kylo Ren comme Dark Vador (mais j'y reviendrai), Snoke comme Sidious et même BB-8 n'est rien d'autre qu'un R2-D2 modifié.
Le fan-service atteint ici un niveau qui m'a vraiment posé problème car il y a une absence totale de prise de risque de la part de J.J. Abrams, que ce soit par fainéantise ou par peur de dénaturer l'oeuvre originale...je ne sais pas. Les fans seront certainement enchantés de voir l'univers respecté mais j'ai payé mon billet pour aller voir Star Wars VII, pas un vulgaire remake d'Un Nouvel Espoir.
Et l'épisode IV n'est pas le seul dans lequel est allé piocher Abrams, certaines séquences sont reprises pratiquement plan pour plan de l'Empire contre-attaque et du Retour du Jedi.
On me dira déjà que je chipote, mais le principal problème que ça pose c'est que ça rend le film passablement prévisible alors qu'il ne contient de base pas beaucoup de rebondissement (je commence d'ailleurs à me demander si tout ce secret autour du scénario n'était pas juste un leurre pour éviter de montrer le peu qu'ils avaient).

Des rebondissements, j'en compte d'ailleurs deux principaux : le premier est celui où on apprend que Kylo Ren est le fils de Han et Leia, révélation qui tombe d'ailleurs un peu comme un cheveu dans la soupe puisque placée au beau milieu d'une discussion (on est loin de la révélation de la fin de l'épisode V), et le second est la mort de Han de la main de son fils justement (dont le prénom est Ben, encore une fois Abrams ne s'est pas foulé) que j'avais vu arriver dès le début de la séquence.
On ne pourra pas reprocher à Abrams de rester fidèle à la tradition oedipienne de la saga avec des personnages principaux souvent liés de près ou de loin entre eux, mais au vu du secret qui entourait cet épisode, je m'attendais tout de même à des révélations de plus grande envergure.


Pour moi cet aspect est le plus gros point noir du film, le scénario en tant que tel ne m'a pas dérangé malgré les nombreuses coïncidences un peu tirées par les cheveux qui font avancer l'histoire (BB-8 tombe comme par hasard sur la seule personne de tout Jakku qui a un lien avec la Force, Rey et Finn tombent comme par hasard sur le Faucon Millénium pour fuir, Han et Chewbacca tombent comme par hasard sur ce même Faucon Millénium sur leur chemin, etc.). Les ficelles narrative sont visibles mais c'est pardonnable car le film est plutôt bien rythmé malgré un creux vers les trois quarts, la première moitié du film est d'ailleurs excellente ! J'émets plus de réserves sur la dernière partie avec quelques aspects du scénario vraiment étranges comme le fait que Rey arrive à manier la force ou un sabre-laser sans n'avoir jamais suivi de formation (on se rappelle de l'entraînement intensif de Luke dans l'Empire contre-attaque) ou qu'elle se débarrasse assez facilement de Kylo Ren, certes affaibli, dans le combat final. J'espère que la suite apportera des réponses car si George Lucas avait osé faire ça, les fans lui seraient encore tombés dessus.

Les nombreux personnages connaissent des fortunes diverses et ne bénéficient pas tous du même développement (ce qui est normal en 2h15). J'ai beaucoup aimé le personnage de Rey qui est en bonne voie pour devenir le personnage central de cette nouvelle trilogie, Finn m'a surpris en bien car il est beaucoup plus "charismatique" que les trailers ne le laissaient entrevoir (c'est d'ailleurs un personnage plutôt drôle).
Le cas Kylo Ren est un peu plus délicat dans le sens où il en impose pas mal avec son masque et sa voix. Par contre il est à des années-lumières de Dark Vador niveau charisme, on pourra lui mettre ça sur le compte de la jeunesse mais le voir piquer une crise et tout casser avec son sabre-laser quand il n'obtient pas ce qu'il veut c'est quand même un peu ridicule.
Poe et le Général Hux (Domhnall Gleeson) sont clairement sous-exploités et c'est vraiment dommage car ils sont interprétés par deux acteurs que j'aime beaucoup mais ils n'ont pas assez de temps d'écran pour vraiment s'affirmer, surtout Hux qui n'est pas du tout intimidé par Ren et semble même à sa hauteur, il y avait matière à en faire un personnage vraiment intéressant.
Quant au Leader Suprême Snoke, j'ai eu beaucoup de peine avec lui car je trouve qu'il ne s'intègre pas du tout à l'univers Star Wars qui nous avait habitué à des antagonistes principaux humains (ou au minimum humanoïdes).

Concernant les anciens, Han est celui qui a le plus grand rôle et Harrison Ford campe toujours son personnage à la perfection malgré les années écoulées. Sa mort très naïve vient un peu ternir le tableau mais dans l'ensemble c'est plutôt agréable de le retrouver.
Leia est devenue cheffe de la Résistance mais a vraiment un petit rôle dans le film (c'était surtout l'occasion de voir qu'avec le maquillage et une coiffure adéquate, Carrie Fisher n'a pas si mal vieilli que ça). En parlant de petit rôle, si vous attendez ce film pour Luke Skywalker, passez votre chemin car l'apparition de celui-ci se limite aux dernières secondes du film, il devrait avoir un rôle beaucoup plus conséquent dans les suites.


Et pourtant, malgré la pléthore de défauts, j'ai plutôt apprécié le film car, comme je l'ai déjà mentionné, il est bien rythmé et propose son lot de scènes d'action. J.J. Abrams n'est pas un excellent réalisateur mais il arrive à donner un certain dynamisme à ses plans, malgré quelques mouvements de caméra parfois étranges (je pense particulièrement à la séquence où le Faucon Millénium quitte Jakku).
Abrams a de nouveau travaillé avec Daniel Mindel, le chef opérateur qui avait éclairé les deux derniers Star Trek, mais s'est forcé à limiter au maximum les lens flair qui polluaient complètement ses précédentes réalisations pour rester dans l'esprit de la franchise. Dans le même esprit, il a décidé de recourir le moins possible aux effets spéciaux numériques, ce qui est plutôt appréciable même si le film en contient tout de même un certain nombre.

C'est toujours un plaisir de redécouvrir les musiques de John Williams...enfin surtout les anciennes car je n'ai retenu aucun nouveau thème même si j'ai cru en percevoir 1 ou 2 au détour d'une séquence. Encore une fois c'est un peu dommage car ça aurait vraiment été l'occasion de recomposer des thèmes épiques et marquants comme tous ceux ayant accompagné les deux premières trilogies (la prélogie elle-même avait son lot de musiques inédites et mémorables).
Après, je ne pense pas qu'on puisse jeter la pierre à John Williams qui commence quand même à ressentir le poids des années et je vois mal Abrams lui laisser carte-blanche complète, il a certainement dû lui donner des consignes claires quant aux compositions à réorchestrer.

Le Réveil de la Force est donc un film appréciable mais finalement assez peu intéressant. Il reprend beaucoup trop d'éléments des anciens films sans jamais vraiment oser proposer quelque chose de nouveau. C'est dommage car J.J. Abrams avait plutôt bien dépoussiéré Mission Impossible et Star Trek mais ici il se retrouve un peu prisonnier du fait d'être lui-même un grand fan de la première trilogie. Le fait que cet épisode serve un peu d'introduction au VIII me gêne aussi car finalement ça fait monter une hype qui sera finalement décalée à plus tard. Un Nouvel Espoir avait le mérite de se suffire à lui-même tout en permettant une suite et faisait beaucoup moins dans l'exposition.
Il s'avère que j'ai quand même envie de voir la suite car je trouve le personnage de Rey très intéressant et que je suis curieux de voir ce que Rian Johnson (dont j'avais adoré Looper) va pouvoir faire avec ce que lui laisse Abrams, espérons qu'il aura moins peur d'oser !


dimanche 20 décembre 2015

(Re)visionnages récents - 3


La Bataille de la Montagne du Tigre (2015) - Tsui Hark


Premier film de Tsui Hark que je visionne et j'étais vraiment curieux de voir ce qu'avait à nous offrir le cinéaste hong-kongais.
Financé par le gouvernement chinois pour mettre en avant un héros de la Chine populaire, le film est en fait inspiré d'une histoire vraie d'un soldat de l'armée rouge qui, peu après la Seconde Guerre Mondiale, s'infiltre au sein d'un gang de bandits qui sème la terreur dans les montagnes. L'histoire nous est en faite contée en 2015 par un jeune homme et qui laissera toujours planer le doute quant à s'il s'agit d'une légende ou non.
Tsui Hark nous offre ici un excellent film d'action (encore un en cette année 2015 décidément très bonne pour le genre) complètement décomplexé, dans la veine de ce que faisait Hollywood il y a une vingtaine d'année et qu'il n'ose plus faire désormais, avec des scènes d'action épiques et magnifiquement filmées avec, pour le coup, des ralentis vraiment très stylisés sans être tape à l’œil car Hark sait toujours exactement où placer sa caméra).
Ayant été pensé totalement pour la 3D, je n'ai malheureusement pas eu la chance de le voir en relief, faut à une distribution assez dégueulasse en Suisse mais j'ose imaginer que certaines scènes (celle du tigre par exemple) doivent être particulièrement impressionnantes avec la profondeur.
Même sans le relief, le film conserve de beaux atouts visuels avec une magnifique photographie et une direction artistique au top, en plus des fabuleux paysages enneigés.
Le film peut donner par moment une impression de gros n'importe quoi, mais en m'informant, il s'avère que c'est l'essence même du cinéma de Hark qui rejoint son identité visuelle très prononcée.
Très beau film donc qui m'a fortement donné envie de me plonger plus en profondeur dans la filmographie du réalisateur et qui apporte un petit vent de fraîcheur dans le cinéma d'action très typé hollywoodien.


Tideland (2005) - Terry Gilliam


Terry Gilliam réalise jusque-là un quasi sans-faute, il n'y a pas vraiment de raté dans sa filmographie, chacune de ses œuvres présentant cette patte si particulière à l'auteur.
Pour Tideland cependant, c'est la première fois où je reste sur un sentiment amer, l'impression d'avoir eu devant les yeux quelque chose d'inabouti. Peut-être trop personnel, Tideland reprend les thématiques chères à Gilliam comme le rêve et les univers saupoudrés de fantastique mais il va cette fois-ci trop loin dans le délire. Je m'explique : on a toujours retrouvé ce côté glauque dans les films de Gilliam, cette ambiance qui nous met un poil mal à l'aise malgré les personnages hauts en couleurs. Ici, on a un film extrêmement malsain, vraiment limite parfois (l'histoire entre la fille et Dickens) où dès le début la mère de Jeliza-Rose (l'excellente Jodelle Ferland au passage) meurt d'une overdose sans que personne n'en ait quelque chose à faire.
Ça pourrait passer si l'univers était intéressant, là ce n'est pas le cas : c'est plat et surtout c'est vraiment chiant, le film dure 2h et j'ai dû faire plusieurs pauses en chemin tant je m'ennuyais.
Gilliam a fait quelques tentative pour plonger dans son univers fantastique à travers l'imagination de la jeune fille et ses rêves (dont une référence évidente à Alice aux Pays des Merveilles) mais ça ne prend jamais, la faute à une intrigue inintéressante.
C'est vraiment dommage car le film a vraiment du potentiel, la première partie est d'ailleurs vraiment très intéressante avec cette maison délabrée perdue au milieu de nulle part qui n'a rien à envier à ce qu'on voit dans un film d'horreur.
Malheureusement Gilliam se perd en chemin et va vraiment trop loin avec le glauque et oublie presque d'en faire une vraie histoire derrière. Reste des personnages plutôt attachants (la petite fille, le débile, la "sorcière") mais qui ne font que remplir le vide malheureusement beaucoup trop présent.


Les Minions (2015) - Kyle Balda, Pierre Coffin


A moins de vous être retranché dans une cabane au fin fond de l'Amazonie ces dernières années, difficile d'être passé à côté du phénomène Minions, vous savez, ces petites créatures rigolotes qui sont apparues pour la première fois dans le premier Moi, Moche et Méchant en 2010. Les petits serviteurs de Gru lui volaient alors souvent la vedette en faisant office de comic relief dans un film ne se prenant déjà pas au sérieux de base. On les avait ensuite retrouvé dans la suite alors qu'était annoncé au même moment un film entièrement centré sur les petites créatures jaunes.

J'avais de grande craintes concernant le film, principalement en raison du format : en effet l'humour des Minions est le plus efficace par petites dose, quand eux-même ne sont pas au centre de l'histoire mais faire brûler la flamme pendant 90 minutes était quand même un pari risqué et malheureusement le résultat est un peu ce que je craignais : on s'amuse bien dans les 30 premières minutes et après ça s’essouffle inexorablement.
Ce qui est vraiment dommage c'est qu'on voit toutes les meilleures vannes dans les bandes-annonces et que ça n'arrive pas à se renouveler ensuite (où alors ça essaie mais ça abrutit plus qu'autre chose). On également oubliera vite le personnage de Scarlett (la grande méchante de l'histoire), vide et inintéressante. Les scénaristes nous font aussi le coup du la fausse mort du héros histoire de mettre un petit peu d'émotion à la fin mais franchement, qui y croit ?
Au final, ce qui me dérange le plus dans ce film c'est vraiment la pompe à fric qui ne se cache même pas, combien de pubs Minions on a du se taper avant la sortie ? Combien de produit dérivés vont se vendre comme des petits pains auprès des gosses ? Je trouve la démarche assez malhonnête car au final ce n'est plus un simple spin off que l'on a devant les yeux, mais une véritable machine marketing, une montagne d'argent qui servira à tous les coups à faire une suite et je ne vois vraiment pas comment on pourra renouveler le concept 90 minutes de plus...


La Rage au Ventre (2015) - Antoine Fuqua


Drôle de projet que ce Southpaw (j'utiliserai le titre original qui est plus simple) : histoire écrite comme étant une métaphore de la vie de Eminem avec un premier rôle qui avait été écrit pour lui à la base, c'est finalement Jake Gyllenhaal qui a repris le rôle après que le rappeur de Detroit se soit retiré du projet.

Dans la peau de Billy Hope (pour la symbolique y'avait moyen de faire plus subtil), un boxeur au sommet de sa gloire et qui va tout perdre après la mort de sa femme (la toujours délicieuse Rachel McAdams), Gyllenhaal réalise une grosse performance physique sans pour autant être toujours convaincant en ce qui concerne la performance d'acteur (quand il s'énerve on a l'impression qu'il nous fait une crise d'adolescent le pauvre).
L'histoire suit les clichés habituels du genre, qu'on voyait déjà dans Rocky 2 (et qui est commun à bon nombre de films traitant du sport) : sportif au sommet, dégringolade, doute, rédemption, reprise de confiance en soi, retour au sommet.

Le fait est que l'histoire m'a touchée ! Je ne sais pas si c'est parce que je savais que c'était une transposition de l'histoire de Eminem dans un boxeur (avec certaines libertés prises évidemment), avec notamment la chute représentant les années où Marshall Mathers se camait à tout va avant de partir en cure de désintoxication.
Oui je l'avoue ça m'a touché, l'aspect tire-larme y est sans doute pour quelque chose aussi, même si je ne suis d'ordinaire par fan des films qui se forcent à faire passer des émotions, sans grande subtilité.

Southpaw n'est pas un grand film, on a déjà vu des combats de boxe bien mieux filmés dans Raging Bull ou Ali, l'histoire est vue et revue mais le fait est que j'ai quand même pris du plaisir en le visionnant et franchement c'est le plus important...


Air (2015) - Christian Cantamessa


Film intriguant au casting plutôt intéressant (Norman Reedus que les fans de Walking Dead doivent bien connaître et Djimon Hounsou qui crevait l'écran dans Blood Diamond), Air est un film post-apocalyptique, première réalisation du scénariste de Red Dead Redemption Christian Cantamessa et produit Robert Kirkman, créateur de The Walking Dead (ceci explique cela).
L'histoire se passe alors que l'air sur terre est devenu irrespirable, deux techniciens travaillent dans un bunker sous-terrain afin de permettre à certains humains triés sur le volet de recoloniser la Terre quand celle-ci sera purifiée.

Une première réalisation n'est jamais aisée, surtout quand on vient d'un autre milieu et qu'on n'a pas vraiment de convictions cinématographiques.
Et ici on n'y échappe pas avec un film chiant au possible, sans rythme, mal filmé avec une photographie ignoble.
Le concept pouvait être intéressant sur le papier mais il est traité de manière tellement inintéressante que j'avais qu'une seule envie c'était que le film se termine le plus rapidement possible.

Alors certes les acteurs sont bons mais ça ne suffit pas quand il s'agit de camper des personnages tels celui de Reedus qui est nihiliste au possible et qui est opposé à celui de Hounsou qui est totalement humaniste.
Bref, 1h30 d'ennui (heureusement que ce n'était pas plus d'ailleurs) devant ce grand vide qui ne restera en tout cas pas dans les annales du genre. Rappelons tout de même que nous avons eu Mad Max (dont vous pouvez lire mon avis ici) cette année comme film post-apocalyptique...eh oui ça calme !


Pixels (2015) - Chris Columbus


Tiré du génial court-métrage homonyme, Pixels avait titillé ma curiosité, me demandant si le film allait réussir à rendre l'hommage que la pop-culture et le jeu vidéo méritent.
Raté ! Alors bon ce n'est pas horrible mais on pouvait en attendre plus de la part de Chris Columbus qui est loin de ce qu'il avait pu nous apporter avec Madame Doubtfire ou les deux premiers Harry Potter.
Il faut dire qu'un scénario écrit par Adam Sandler ça peut faire peur (encore plus quand celui-ci joue dedans), du coup on se tape tous les clichés possibles et imaginables en plus de présenter une vision assez misérable des geeks (le héros était fort aux jeux-vidéos quand il était gosse, du coup il rate sa vie, Josh Gad est gros et vit enfermé chez lui, le seul qui n'était pas doué aux jeux-vidéos devient...Président des Etats-Unis ? Sérieux !!!). Je ne reviendrai pas sur les différents clichés mais je peux dire sans même spoiler que le héros se tape la nana à la fin (pas taper !).
Reste que le casting s'en sort plutôt bien, avec un Peter Dinklage super fun dans son rôle et un Adam Sandler pour une fois supportable.
Les effets spéciaux sont très réussi, les différents personnages issus des plus grands jeux-vidéos apportent de la couleur et le tout est toujours encadré par la réalisation de Columbus qui fait le job sans jamais rien transcender.

Certes ce n'est pas désagréable mais je pense que c'est typiquement le genre de concept qui marche très bien en version courte (et là je vous encourage vivement à occuper les 2 minutes suivantes de votre vie à regarder le travail de Patrick Jean).
Ça plaira certainement à certaines personnes mais ceux qui s'attendent à un véritable hommage à la pop-culture pourront passer leur chemin et plutôt se tourner sur ce qu'a fait Edgar Wright il n'y a pas si longtemps de cela avec Scott Pilgrim.


Crimson Peak (2015) - Guillermo del Toro


Projet typiquement taillé pour Guillermo del Toro, Crimson Peak était annoncé comme son auteur comme le meilleur film qu'il ait réalisé et je dois admettre que j'étais plutôt impatient de voir le résultat. Au final c'est une déception, pas grande certes mais j'ai trouvé le film très inégal.
Tout d'abord, le gros point fort : qu'est-ce que c'est beau ! Doté d''une direction artistique à tomber par terre et d'une photographie léchée (qui faisait déjà la force de Pacific Rim), le style du réalisateur du Labyrinthe de Pan se ressent dans tous l'aspect visuel de l'oeuvre qui est certainement à ce jour le plus beau film "d'horreur" (del Toro le catalogue plutôt comme une romance gothique) existant.
Malheureusement, le scénario ne suit pas, je n'ai pas trouvé celui-ci suffisamment bien écrit pour être intéressant. L'histoire d'amour ne m'a pas intéressé et j'ai trouvé l'emploi de jump scare extrêmement irritant alors que le cinéma de del Toro n'en a clairement pas besoin.
Tom Hiddleston trouve ici un rôle taillé pour lui et il incarne à la perfection son personnage, pareil pour Mia Wasikowska. Je suis par contre resté beaucoup plus dubitatif concernant Jessica Chastain, pas vraiment crédible et qui cabotine beaucoup.
En gros, je reste vraiment sur ma faim, le film m'a certes ébloui visuellement mais je ne me suis jamais attaché aux personnages, jamais intéressé à l'histoire et n'ai pas trouvé les enjeux vraiment dignes d'intérêt. Un petit del Toro donc (alors que le film était totalement fait pour lui) mais un film d'horreur plutôt intéressant si on le compare à ce qui se fait dans le milieu ces derniers temps...


Shaun of the Dead (2005) - Edgar Wright



Premier volet de sa trilogie Cornetto qui a révélé Edgar Wright aux yeux de tous, Shaun of the Dead marque les retrouvailles entre le réalisateur et ses amis Simon Pegg et Nick Frost qu'il avait déjà dirigé dans la série Spaced et qui seront les personnages principaux de la trilogie (bien que les films ne soient pas liés entre eux).

Shaun of the Dead est une comédie rendant hommage aux plus grands films de zombies, genre popularisé par George Romero dans les années 70. Bien plus qu'une vulgaire parodie, nous avons ici un vrai film de zombie superbement écrit et génialement réalisé. On y trouve déjà tout ce qui fera le style Wright : des bars, des personnages incapables d'assumer leur rôle d'adulte et ce montage si particulier, très découpé du cinéaste.
Véritable déclaration d'amour au genre, Shaun of the Dead est aussi une très grande comédie, hilarante mais à la fois touchante à la vue de ces deux amis que rien ne semble pouvoir séparer.

Ce premier volet est à n'en pas douter l'une des toutes meilleurs comédies des années 2000, essai qui sera d'ailleurs transformé avec tout autant de maestria avec Hot Fuzz 2 ans plus tard. Il a également mis en avant le génie du tandem Edgar Wright / Simon Pegg (co-scénaristes des 3 films de la trilogie) qui n'est désormais plus à prouver.
Un bijou, tout simplement !


Terminator Genisys (2015) - Alan Taylor


Accompagné d'une promotion désastreuse, Terminator Genisys, s'annonçait dès ses premières annonces comme le fils bâtard des deux volets de James Cameron en faisant abstraction de Terminator 3 et de Renaissance. Le fiasco promettait d'être total et ça n'a pas manqué.
Les bandes-annonces s'étant fait un malin plaisir à nous spoiler le principal rebondissement, il ne reste absolument rien de ce film si ce n'est 2h de fan-service nauséabond allant même jusqu'à reprendre des plans des deux premiers Terminator.
C'est bourré d'incohérences à croire que les scénaristes en avaient eux-mêmes rien à foutre, même s'ils tentent de les expliquer par du charabia scientifique sans queue ni tête.
Le film commence par un rappel du Jugement Dernier avec cette explosion pleine de CGI moches qui ne faisaient qu'annoncer le naufrage à venir...et pourtant je dis ça alors que j'ai quand même trouvé les 20 premières minutes assez prometteuses !
Puis il y a le casting...Mon dieu, non, juste non ! On a de nouveau droit à Jai Courtney et son charisme d'huître, Jason Clarke qui n'a rien du John Connor badass de l'époque, Arnold Schwarzenegger qui est "vieux mais pas obsolète" (mais surtout trop vieux pour ces conneries) et, sûrement la pire, Emilia Clarke, qui est fausse de bout en bout (mais dans le genre navrant au possible) en plus de décrédibiliser entièrement la Sarah Connor que l'on connaissait.
On nous sert aussi un J.K. Simmons en roue libre total histoire de compléter un peu l'afficher avec les acteurs à la mode.
Après, on pourrait le prendre comme un simple divertissement con, sauf que le problème c'est que c'est Alan Taylor (Thor : Le Monde des Ténèbres) qui est au commande et qu'il nous refourgue un produit générique au possible, découpé comme une série (il vient de la télévision, on lui doit entre-autres certains des épisodes de Game of Thrones) et avec des scènes d'action illisibles, sans aucun fun, du néant.

Pour tous les fans des Terminator de Cameron (dont je fais partie), passez votre chemin, à moins que votre curiosité masochiste ne prenne le dessus. Terminator Genisys est un nouvel exemple d'une franchise mythique détruite sur l'hôtel du pognon (et qui s'avérera d'ailleurs un échec total puisque le film s'est planté au box-office, mettant en stand-by les suites qui étaient d'ores et déjà prévues).


L'homme Irrationnel (2015) - Woody Allen


Il est en forme Woody Allen ces derniers temps, très en forme ! Alors que ça fait un moment maintenant qu'il a trouvé son rythme de croisière en sortant 1 film par année, il nous avait offert l'année dernière le génial Magic in The Moonlight (dont j'avais d'ailleurs parlé ici) et annonçait déjà son projet de 2015, L'homme Irrationnel avec à nouveau l'irrésistible Emma Stone et l'arrivée de Joaquin Phoenix dans le rôle d'un professeur de philosophie alcoolique et dépressif.
Un rôle typiquement "allenien" pour Phoenix, qui n'est pas si loin de ce qui se trouvait chez Colin Firth l'année passée.

Même si l'on atteint pas les hauteurs de Magic in The Moonlight, le film est tout bonnement remarquable en tout points une fois passée les 20 premières minutes un peu en-dessous.
Il reprend certaines des thématiques qu'on retrouve souvent chez le réalisateur new-yorkais, notamment la thématique du hasard et de la chance qui constitue d'ailleurs le gros tournant du film au milieu de celui-ci et qui va complètement faire basculer l'histoire et le caractère du personnage de Joaquin Phoenix. Un twist subtile, tout comme son scénario intelligemment écrit  avec une fin superbement bien trouvée et surprenante dans bien des aspects.
A nouveau, tout le charme de Emma Stone (ce regard bordel, je fonds à chaque fois !) est mis en avant par Woody Allen qui multiplie les plans serrés sur le visage de cette étudiante qui va tomber amoureuse de son professeur. L'amour se voit, il se ressent et la mise en scène n'y est clairement pas étrangère. A noter également la magnifique photographie, à nouveau, de Darius Khondji qui ne cesse de démontrer qu'il est certainement un des meilleurs chef opérateur du moment.
Une excellente cuvée à nouveau que cet Homme Irrationnel qui reste dans la lignée des meilleures "comédies romantiques" chères à Woody Allen. Reste maintenant à espérer que celui-ci continuera ses collaborations avec Emma Stone car une telle fraîcheur dans ce monde de brutes ça vaut tout l'or du monde.


Knock Knock (2015) - Eli Roth


Drôle de projet à  mi-chemin entre Funny Games US et Hard Candy, Knock Knock est le premier film de Eli Roth qui ait attisé ma curiosité (il faut dire que le torture porn de Hostel je m'en branle totalement).
L'histoire est un huis-clos dans lequel Evan (Keanu Reeves), resté seul à la maison pour travailler alors que sa femme et ses enfants sont partis à la plage, reçoit la visite chez lui de deux belles jeunes femmes : Genesis (Lorenza Izzo) et Bel (Ana de Armas) qui cherchent à joindre un ami.
Elles vont le charmer jusqu'à ce que celui-ci couche avec elles. La suite ressemble à ce qu'on voyait chez Haneke (la maîtrise en moins) avec les filles qui vont faire payer Evan par tous les moyens possible d'avoir couché avec elles, en allant jusqu'à utiliser le chantage au viol.
Le problème du film c'est qu'avec un sujet pareil, il faut vraiment pousser le truc loin, surtout quand on a déjà eu Funny Games US qui est passé avant. Le film reste finalement très gentillet et les deux filles sont plus des pouffiasses que de véritables psychopathes.
Je n'a jamais vraiment Evan en danger, c'est sûrement dû en partie au fait que Keanu Reeves joue très mal la peur mais j'en suis carrément arrivé à un moment où je m'attendais à ce que le film se finisse sur le même twist que The Game.
J'ai également eu de la peine à voir où le film voulait vraiment en venir, s'il y avait un vrai message derrière. Pour résumé ce n'est pas désagréable mais terriblement oubliable...heureusement que les deux demoiselles ont un joli minois !


Babysitting 2 (2015) - Philippe Lacheau


L'an passé, Babysitting avait été un carton surprise au box-office français. Le film de Philippe Lacheau et Nicolas Benamou sortait du lot des comédies française trop formatées de ces dernières années en important un concept qui est utilisé à un peu toutes les sauces outre-atlantique mais très rare dans l'hexagone : le found-footage.
Considéré comme le "Projet X français" (même si Philippe Lacheau affirme avoir eu l'idée bien avant la sortie de celui-ci), Babysitting était une bouffée d'air frais qui m'avait fait rire de très bon coeur. Du coup, comme la recette a marché, une suite a très vite été annoncée, toujours avec la Bande à Fifi au casting mais avec uniquement Philippe Lacheau à la réalisation cette fois-ci.
Cette fois-ci, l'histoire se passe au Brésil, durant des vacances entre potes qui vont tourner au cauchemar, et c'est plutôt moyen ! Sûrement pour faire vendre, le film a repris "Babysitting" dans son titre mais l'histoire n'a plus rien à voir avec une quelconque garde d'enfant, celui-ci est remplacé par une grand-mère qui va revivre une seconde jeunesse avec la bande.
Le film est beaucoup moins drôle que le premier et l'effet de surprise du premier n'est plus là, du coup j'espérais au moins assister à de folles aventures dans la jungle mais même à ce niveau là le film vise un peu à côté. Il n'y a jamais vraiment de situation "épique", on ne sent jamais que les personnages sont en danger. On pourra féliciter le fait que le casting effectue lui-même ses cascades, notamment le saut en parachute depuis un avion, mais quand je vois ça j'ai plus l'impression de regarder une vidéo Youtube qu'un véritable film.
Le found footage montre également assez vite ses limites, surtout lors des scènes où les personnages courent qui m'ont provoqué un début de mal de tête (mais c'est peut-être dû au fait que j'étais très proche de l'écran). Rajoutons encore un Christian Clavier en roue libre totale qui n'en finit plus de cachetonner ces derniers temps et vous obtenez un film pas dégueulasse mais clairement en-dessous du premier, l'essai n'est donc pas transformé.


Star Wars, épisode IV : Un Nouvel Espoir (1977) - George Lucas


En prévision de la sortie imminente du Réveil de la Force, j'étais quasi obligé de me replonger dans la saga qui a révolutionné la science-fiction et créé un genre à part entière, je veux bien entendu parler de Star Wars.
Sorti en 1977, le premier épisode (qui deviendra le quatrième après le lancement de la prélogie) aura marqué son époque et s'est installé depuis dans la culture geek qui lui voue un culte quasiment inégalé.
Il faut dire que George Lucas a fait très fort, alors que le nouvel Hollywood arrivait à son crépuscule, il réunit tout ce qui fera la crème des blockbuster des années à suivre avec un héros auquel tout le monde peut s'identifier, une princesse à sauver, un méchant charismatique et des situations épiques.
On découvre dans cet épisode fondateur, tout ce qui fera l'essence de la série par la suite : les combats au sabre laser, les différents planètes et leurs créatures, les droïdes, les fameux volets utilisés pour les transitions entre les scènes par George Lucas (inspirés, comme pas mal d'éléments d'ailleurs, du cinéma d'Akira Kurosawa) mais surtout l'univers de manière général qui a été créé par Lucas et qui est d'une richesse folle. Rajoutez à ça les mémorables compositions de John Williams (le film se regarde juste pour la scène du coucher des deux Soleils sur Tatooine avec le thème de Williams) et vous obtenez la recette qui a marqué toute une génération et qui continue à faire rêver aujourd'hui au vu des records que s'apprête à exploser le 7ème épisode.


Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque (1980) - Irvin Kershner


Après l'immense succès du premier film, il était bien entendu question de la suite. L'Empire contre-attaque (devenu l'épisode V) sort 3 ans après et va s'imposer comme étant certainement le meilleur Star Wars et c'est sans doute cet épisode qui va définitivement encrer la franchise dans l'imaginaire collectif.
En matière d'essai transformé, L'Empire contre-attaque est une référence. Reprenant ce qui avait fait le succès du premier film, il ne tombe pas dans le piège de la rédite en proposant des aventures encore plus épiques (la bataille de Hoth reste extrêmement impressionnante aujourd'hui) et en introduisant pour la première fois l'Empereur Palpatine (bien que son rôle soit encore mineur). Dark Vador acquière vraiment son statut de grand méchant charismatique dans cet épisode avec un temps d'écran plus conséquent et une menace plus grande.
Le film s'améliore sur à peu près tous les aspects, exit George Lucas à la réalisation, c'est Irvin Kershner qui s'occupe de cet épisode avec une maîtrise de tous les instants (et qui nous rappelle que Lucas, tout bon créateur d'univers et conteur d'histoires qu'il est, n'est pas le meilleur réalisateur existant). Le film est bien entendu connu pour son twist légendaire et ses nombreuses scènes cultes, c'est aussi celui qui introduira pour la première fois la Marche Impériale et Yoda.
L'Empire contre-attaque est très certainement le plus grand classique du space-opera et le meilleur Star Wars à ce jour. Si Un Nouvel Espoir avait inventé un genre lors de sa sortie, c'est bel et bien cet épisode-ci qui aura permis à la franchise d'avoir l'aura qu'elle a aujourd'hui...à voir au moins une fois dans sa vie !


Star Wars, épisode VI : Le Retour du Jedi (1983) - Richard Marquand


Qu'il fut dur de passer après L'Empire contre-attaque ! Cette fois-ci, c'est à Richard Marquand que revient la tâche de mettre en scène la dernière partie de la trilogie imaginée par George Lucas.
Et pourtant, le film n'a vraiment pas à rougir de la comparaison ! Toujours autant épique (malgré le passage chez Jabba, beaucoup trop long à mon goût) et techniquement ébouriffant (malgré le coup de vieux inévitable), le film vient conclure de superbe manière la trilogie. L'écriture est toujours autant efficace et met enfin en avant le véritable maître à penser Palpatine et sa voix traînante inoubliable.
Le film nous offre la bataille spatiale la plus virtuose de la trilogie et ses plus grands moments de bravoures. Le combat sur le chantier de l'Étoile de la Mort, haut en tension, tient toutes ses promesses tandis que les symphonies de John Williams viennent une fois de plus inonder nos oreilles de bonheur.
Le film a une notoriété certes moins grande que son illustre prédécesseur, en raison d'un nombre moins important de scènes cultes, mais il serait réducteur de le considérer uniquement comme la suite de L'Empire contre-attaque.
Le Retour du Jedi est une conclusion digne de ce nom (bien que j'aurais préféré un happy end moins insisté) à la plus grande franchise space-opera existante et se place à mes yeux juste derrière l'épisode V mais devant le IV.



Star Wars, épisode I : La Menace Fantôme (1999) - George Lucas


Après les classiques, le mal aimés ! Plus de 15 ans après Le Retour du Jedi, George Lucas se lance dans la prélogie et reprend lui-même les commandes du premier film de celle-ci, La Menace Fantôme.
Le film a énormément divisé à sa sortie, les fans hurlant au scandale tandis que ceux qui découvraient l'univers étaient plutôt charmés. Me concernant, ça a également été mon premier Star Wars et pendant longtemps, d'ailleurs, l'unique film de la franchise que j'aie visionné.
Pourtant, mérite-t-il vraiment d'être conspué à ce point ? La question mérite légitimement d'être posée car le film fourmille de bonnes idées, bien que celles-ci peinent à contre-balancer les mauvaises.
Le film est résolument adressé à un jeu public, bien plus qu'Un Nouvel Espoir qui avait déjà une ambiance assez bon enfant. Le personnage de Jar Jar Binks est l'incarnation même de cet état d'esprit et si le personnage est autant détesté c'est parce qu'il dote la prélogie d'un comic relief incessant dont elle n'avait pas besoin, R2-D2 et C-3PO jouant déjà bien mieux ce rôle (rappelons qu'ils sont inspirés de Laurel et Hardy).
L'aspect très politique que va prendre la prélogie avait également beaucoup gêné avec le blocus de Naboo et le sénat qui joue un rôle très important dans la (non-)résolution du conflit.

J'esquiverai le coup des midi-chloriens qui démystifient complètement la force pour retenir les deux principales forces du films qui justifient pratiquement à elles-seules son visionnage. Tout d'abord la course de module, référence claire à Ben-Hur, très impressionnante bien qu'un peu gratuitement insérée dans l'intrigue, puis surtout le combat final contre Dark Maul, très certainement le combat de sabres-laser le plus réussi de toute la franchise (qui ne sera malheureusement jamais renouvelé dans les épisodes suivants) qui porte pratiquement le film à lui seul : c'est bien chorégraphié, bien filmé et montre que Lucas peut faire de belles choses derrière une caméra.


Star Wars, épisode II : L'Attaque des Clones (2002) - George Lucas


Si La Menace Fantôme valait le coup du visionnage juste pour les courses de modules et le combat contre Dark Maul, il n'y a malheureusement pas grand chose de positif à tirer de L'Attaque des Clones dont les événements interviennent 10 ans après ceux de l'épisode I.
D'habitude très bon scénariste, George Lucas donne ici l'impression de ne plus trop s'intéresser à son histoire, préférant mettre le paquet sur la technique (très réussie certes). On se retrouve donc devant un film très mal écrit et ne sachant jamais vraiment où aller. Les dialogues sont parmi les pires de la saga et Hayden Christensen brille par son jeu d'acteur à la ramasse, on n'est pas loin de casser complètement le mythe Dark Vador.
Après, si le film proposait quelque chose d'intéressant en-dehors des scènes dans la prairie avec Padmé et Anakin (insupportables de par leur niaiserie) je serait prêt à lui accorder un semblant d'intérêt. Le fait est que ce n'est pas le cas et même l'intrigue parallèle avec la mission de Obi-Wan semble assez vaine au final.
Les fans se réjouiront sûrement d'en apprendre un peu plus sur l'origine des clones et de Boba Fett, moi je retiens surtout la première apparition de Christopher Lee dans la peau du charismatique Comte Dooku et la partie finale sur Geonosis avec son combat plutôt impressionnant qui donne enfin l'occasion de voir les Jedi se battre dans une bataille de masse.
L'Attaque des Clones est clairement le plus mauvais Star Wars de la franchise et l'exemple typique d'une ambition débordante ensevelie sous un amas de défauts. Reste les mélodies toujours autant savoureuses de John Williams, mais la musique à elle seule ne fait pas un bon film.


Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith (2005) - George Lucas



Attendu comme l'épisode venant mettre un terme à la prélogie ayant beaucoup divisé tout en faisant enfin le lien avec la première trilogie, La Revanche des Sith est finalement aussi un peu la revanche de George Lucas lui-même par rapport à l'épisode II, tant cette conclusion est supérieure en tous points.
Réussissant enfin à montrer quelque chose d'intéressant, Lucas ne se désintéresse plus du récit comme dans L'attaque des Clones et propose enfin du spectacle, en témoigne cette magnifique scène introductive qui pose tous les enjeux de cette conclusion et du passage de Anakin vers le côté obscur.
Le jeu de Hayden Christensen n'est toujours pas au beau fixe, mais son temps de présence à l'écran en même temps que Natalie Portman est réduit et c'est tant mieux.
Cet épisode introduit à nouveau un méchant qui est vraiment classe (Grievous) mais malheureusement à nouveau sous-exploité, comme Dark Maul et Dooku avant lui.
Palpatine joue un rôle central dans cet épisode mais son rapprochement avec Anakin se fait de manière beaucoup trop rapide, il aurait peut-être fallu commencer le développement à ce niveau dans L'attaque des Clones déjà plutôt que de nous infliger le reste.
Reste que cet épisode III est une belle réussite, le rythme est très soutenu et l'écriture de Lucas s'égare bien moins, malgré des dialogues toujours assez minables. Le combat entre Anakin et Obi-Wan est impressionnant mais clairement sur-chorégraphié et vraiment trop long (tandis que celui entre Sidious et Yoda part rapidement dans le n'importe quoi).
Dans l'ensemble, il se trouve que j'ai assez de facilité à pardonner les défauts de ce dernier épisode en date (avant la sortie du Réveil de la Force), surtout quand on voit dans quel pétrin s'était embourbé George Lucas avec l'épisode II. La Revanche des Sith est le meilleur film de la prélogie et contient son lot d'action et de scènes fortes (rien que cette scène silencieuse à la fin avec Sidious et Vador qui contemplent la construction de l'Etoile Noire est symboliquement très puissante).
La prélogie dans son ensemble restera évidemment bien inférieure à son aînée, mais il serait de mauvaise foi de cracher sur tout ce qu'a tenté Lucas dans ces préquelles et on ne pourra en tout cas jamais lui enlever ses idées assez révolutionnaires qui, même s'il a souvent eu du mal à les concrétiser, ont au moins eu le mérite de donner à l'Univers Star Wars cette aura si particulière.